Je viens de le relire, ça m'a fait sourire, donc je vous repasse le plat...
vendredi 26 octobre 2007
- On s'enquille un petit jaune ? proposa Gros Louis, la bouteille de pastis déjà en main. Une première crampe, ça s'arrose, non ? Parce que, dis, c'est bien ton baptême de l'air, question trempette, ou je me berlure ?
- Non... grommela Riton, avec une certaine réticence, sans cesser de tripoter le noeud de cravate qui l'étranglait à moitié. Mais j'aimerais autant pas picoler... J'ai pas envie que Popaul parte en godille au moment de le pousser à dame, tu gaffes ?
- Ouais, bon, te caille pas trop la laitance avec ces histoires de dégodage, soupira Gros Louis en se servant une rasade à décorner un rhino. Si tu suis la feuille de route que je t'ai bidouillée, tu devrais mener le petit au bout sans problo. Tu veux qu'on récapitule le programme des réjouissances ? Histoire de voir si tu t'es bien tout carré dans la pensarde ?
- Ouais, s'tu veux... fit Riton, sans le moindre enthousiasme.
- Déjà, tu te mets pas la rate au court-bouillon avec les mignardises qu'on nous dit qu'il faut absolument faire pour déclencher les moiteurs des greluches : tout ça, c'est des bavasseries de tartineuses que personne les a jamais fait reluire. Si tu devais grimper au radada avec une mousmée pas déberlinguée, je dis pas qu'il te faudrait pas usiner dans le feutré. Mais avec la Roberta, y a pas de tracsir à avoir : elle en connaît un rayon, côté chibraques. À mon avis, si on mettait bout à bout tout ceux qu'elle s'est carrés dans la moniche depuis que son dabuche l'a virée de sa casbah, tu pourrais aller d'ici à sa carrée sans avoir besoin de poser un seul de tes écrase-merde sur le dur. C'est bien simple : l'est tellement ample du centre d'accueil, la Robertaga, que je sais même pas si t'arriveras à toucher les bords, chibré ouistiti comme je te sais...
Riton esquissa un vague geste de protestation, mais préféra y renoncer. Gros Louis laissa tomber un gros glaçon dans son verre et y ajouta quelques gouttes d'eau du robinet (il en tenait pour une incompatibilité définitive entre le pastis et l'eau minérale), avant de poursuivre :
- Bon, c'la dit, crois pas que tu doives te comporter comme un gougnafier sans éduquance non plus ! Même avec la Roberta. S'agit pas de te pointer sabre au clair, de la seringuer en deux coups les gros et de lui virguler ton bonheur avant même qu'elle aye commencé à grimper en mayonnaise. T'entraves c'que j'te bonnis, là ?
- Ouais, ouais... marmonna Riton, que son dépucelage imminent commençait à travailler sévèrement.
- Si tu veux te montrer galant et attentionné, tézigue-pâteux, le mieux c'est de te cantonner dans les figures imposées, pour une première. Tu commences par lui défriser le poilu à la menteuse, c'est un truc qui plaît toujours, ça. L'avantage, c'est que ça te laisse libre de tes paluches et que tu peux lui tripoter les embouts des roberts en même temps que tu lui délimites le pourtour. Si tu vois qu'elle répond bien de la babasse, tu peux aussi lui risquer un doigt dans l'oeil de bronze : c'est souvent apprécié, par les raffinées de l'empaffage comme la Roberta.
L'air moitié rêveur moitié imbibé, Gros Louis resta quelques secondes silencieux. Puis :
- Pour une première fois, je déconseillerais les manoeuvres de plus haute technicité, du genre de la pince Monseigneur : le pouce dans le frifri et l'indesque dans le plissé. Tu risques de déconcentrer et d'abaisser le pavillon au moment crucial. Bon, quand tu vois qu'elle est bien inondée du delta, plus d'hésitation : tu lui remontes le Chemin des Dames jusqu'à ce que t'aies les deux orphelines qui lui collent à l'escarguinche. Ensuite, tu piques des deux, en évitant de vider les étriers quand elle partira en digue-digue.
- Et après ? voulut savoir Riton.
Gros Louis le regarda avec un rien de commisération :
- Ben, après, tu remballes Popaul, tu décarres du pucier, tu remontes dans ta guinde et tu mets les adjas fissa, vu qu'on a rencart chez Marius pour l'apéro, je te rappelle. Et si la Roberta te la fait à la douceur pour que tu restes lui remettre le couvert, tu refuses poliment mais fermement : un homme, un vrai, ça doit pas se gaspiller le fluide vital inconsidérément, comme le premier foutriquet venu, moi je dis.
vendredi 26 octobre 2007
- On s'enquille un petit jaune ? proposa Gros Louis, la bouteille de pastis déjà en main. Une première crampe, ça s'arrose, non ? Parce que, dis, c'est bien ton baptême de l'air, question trempette, ou je me berlure ?
- Non... grommela Riton, avec une certaine réticence, sans cesser de tripoter le noeud de cravate qui l'étranglait à moitié. Mais j'aimerais autant pas picoler... J'ai pas envie que Popaul parte en godille au moment de le pousser à dame, tu gaffes ?
- Ouais, bon, te caille pas trop la laitance avec ces histoires de dégodage, soupira Gros Louis en se servant une rasade à décorner un rhino. Si tu suis la feuille de route que je t'ai bidouillée, tu devrais mener le petit au bout sans problo. Tu veux qu'on récapitule le programme des réjouissances ? Histoire de voir si tu t'es bien tout carré dans la pensarde ?
- Ouais, s'tu veux... fit Riton, sans le moindre enthousiasme.
- Déjà, tu te mets pas la rate au court-bouillon avec les mignardises qu'on nous dit qu'il faut absolument faire pour déclencher les moiteurs des greluches : tout ça, c'est des bavasseries de tartineuses que personne les a jamais fait reluire. Si tu devais grimper au radada avec une mousmée pas déberlinguée, je dis pas qu'il te faudrait pas usiner dans le feutré. Mais avec la Roberta, y a pas de tracsir à avoir : elle en connaît un rayon, côté chibraques. À mon avis, si on mettait bout à bout tout ceux qu'elle s'est carrés dans la moniche depuis que son dabuche l'a virée de sa casbah, tu pourrais aller d'ici à sa carrée sans avoir besoin de poser un seul de tes écrase-merde sur le dur. C'est bien simple : l'est tellement ample du centre d'accueil, la Robertaga, que je sais même pas si t'arriveras à toucher les bords, chibré ouistiti comme je te sais...
Riton esquissa un vague geste de protestation, mais préféra y renoncer. Gros Louis laissa tomber un gros glaçon dans son verre et y ajouta quelques gouttes d'eau du robinet (il en tenait pour une incompatibilité définitive entre le pastis et l'eau minérale), avant de poursuivre :
- Bon, c'la dit, crois pas que tu doives te comporter comme un gougnafier sans éduquance non plus ! Même avec la Roberta. S'agit pas de te pointer sabre au clair, de la seringuer en deux coups les gros et de lui virguler ton bonheur avant même qu'elle aye commencé à grimper en mayonnaise. T'entraves c'que j'te bonnis, là ?
- Ouais, ouais... marmonna Riton, que son dépucelage imminent commençait à travailler sévèrement.
- Si tu veux te montrer galant et attentionné, tézigue-pâteux, le mieux c'est de te cantonner dans les figures imposées, pour une première. Tu commences par lui défriser le poilu à la menteuse, c'est un truc qui plaît toujours, ça. L'avantage, c'est que ça te laisse libre de tes paluches et que tu peux lui tripoter les embouts des roberts en même temps que tu lui délimites le pourtour. Si tu vois qu'elle répond bien de la babasse, tu peux aussi lui risquer un doigt dans l'oeil de bronze : c'est souvent apprécié, par les raffinées de l'empaffage comme la Roberta.
L'air moitié rêveur moitié imbibé, Gros Louis resta quelques secondes silencieux. Puis :
- Pour une première fois, je déconseillerais les manoeuvres de plus haute technicité, du genre de la pince Monseigneur : le pouce dans le frifri et l'indesque dans le plissé. Tu risques de déconcentrer et d'abaisser le pavillon au moment crucial. Bon, quand tu vois qu'elle est bien inondée du delta, plus d'hésitation : tu lui remontes le Chemin des Dames jusqu'à ce que t'aies les deux orphelines qui lui collent à l'escarguinche. Ensuite, tu piques des deux, en évitant de vider les étriers quand elle partira en digue-digue.
- Et après ? voulut savoir Riton.
Gros Louis le regarda avec un rien de commisération :
- Ben, après, tu remballes Popaul, tu décarres du pucier, tu remontes dans ta guinde et tu mets les adjas fissa, vu qu'on a rencart chez Marius pour l'apéro, je te rappelle. Et si la Roberta te la fait à la douceur pour que tu restes lui remettre le couvert, tu refuses poliment mais fermement : un homme, un vrai, ça doit pas se gaspiller le fluide vital inconsidérément, comme le premier foutriquet venu, moi je dis.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens pour la première fois sur ce blog et je trouve votre texte formidable. Il me fait retomber dans ma jeunesse, quand je faisais mon service militaire à Toulon et que la grosse Lulu pigmentait nos soirées.
Je suis ému.
Je reviendrai vous lire.
Ah c'était ça l'argot.
RépondreSupprimerJe croyais que c'était le patois de par chez vous, un truc de vieux quoi.
Y en a qui donnent des cours de langues mortes?
On peut essayer la langue vivante ?
RépondreSupprimerQuestions : qui est l'auteur? Je ne connaissais pas, je le regrette! C'est vous? Compliments alors! Sinon, votre bibliothèque a un Enfer rafraichissant. C'est un morceau de bravoure ou tout est comme ça?
RépondreSupprimerLe Coucou : bien sûr que c'est moi ! Sinon, j'aurais "sourcé", comme on dit en langue vernaculaire journalistique...
RépondreSupprimerNicolas : vous voulez qu'on se mette en lien ?
RépondreSupprimerMélina : mais c'est un truc de vieux !
Nicolas : ou à la sauce piquante, si elle se parfume au tabasco...
Heu, je me suis empourpré, mais vous n'avez rien vu! Je m'en doutais un peu, remarquez. On trouve ça du côté du Brigadier, je suppose?
RépondreSupprimerNon, non, c'est un texte que j'avais écrit ex nihilo sur mon premier blog, auquel j'ai exploser sa race en novembre 2007... avant de rouvrir celui-ci trois jours plus tard !
RépondreSupprimerExplosÉ, pardon...
RépondreSupprimerUn titre de roman : LA MOULE SE DÉGUSTE AU TABASCO...
RépondreSupprimerY aurait comme un p'tit goût de pomme...
RépondreSupprimerY en a. Mais, en fait, ça louche plutôt du côté de San-A.
RépondreSupprimerune illustration de Boucq ?! trés bien ça ! bon ben je vais lire alors !
RépondreSupprimerOuais, mais nous on est des adultes!
RépondreSupprimerc'est une tentative de querelle entre les anciens et les modernes ? :)
RépondreSupprimertrés bon en tout cas
Et dire que l'argot était employé par nos constructeurs de Cathédrales pour que les zouaves de passage y entravent que dalle à leurs jactances secrètes concernant leur taf, durant leurs travaux en place publique.
RépondreSupprimerD'ailleurs ça vient d' "Art Goth". Ma source c'est Louis Pauwels.
Je ne comprends pas pourquoi depuis des semaines les textes des commentaires apparaissent en d'aussi petits caractères.
RépondreSupprimerPatrick,
RépondreSupprimerVos lunettes, bordel !
Moi je dis, vive les moules frites.
RépondreSupprimerCela dit, eune bonne fricadelle, ça fait pas d'mal. Très bon texte, poilant comme il faut. Je reprends dès demain. Bisous.
Bisous...
RépondreSupprimerDidier,
On vous aura tout fait...
Bisous aussi
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimerZ'avez plus qu'à ouvrir un skyblog.
Gaël : ah ? vous connaissiez ? Moi pâs, je l'ai pris au pif chez Goux gueule.
RépondreSupprimerNebo : méfions-nous de Pauwels, il n'était pas toujours très fiable dans ses sources (l'influence pernicieuse de Bergier, sans doute)...
Patrick : je ne comprends pas, pour moi tout est resté comme avant.
Homer : arrêtez de me faire des bisous en public : tout le monde se fout de nous maintenant !
G lu
RépondreSupprimerC chelou
G rien calculé à la tchatche entre Riton et Gros Louis mais comme tu parles de Chemin des Dames ça me le fait programme d'Histoire de l'année dernière la guerre du soldat inconnu et tout ça, et l'Histoire c'était pas mon truc.
Suzanne
Faut pas s'mettre la rate au court-bouillon, Suzon...
RépondreSupprimerJ'aime pas qu'on m'insulte de rate.
RépondreSupprimerSuzanne
Ce n'était pas cette rate-là : révisez votre San-Antonio, que diable !
RépondreSupprimerG demandé à ma daronne qui c'était, Santonio.
RépondreSupprimerElle m'a fait lire ça :
"La môme m'aère le Nestor avec une virtuosité de prestidigitateuse. J'ai à peine senti ses doigts sur mon grimpant que ses lèvres m'ont englouti jusqu'à la garde. Je ne peux réprimer un gloussement d'extase.
- C'est une suceuse d'exception, ma petite Suzie, n'est-ce pas ? Les Beauceronnes, c'est tout ou rien.
Des turlutes, on m'en a prodigué des milliers. Toi qui fais partie du club San-Antonio, tu serais sûrement capable de les dénombrer au travers de mes bouquins. Mais là, je peux te garantir sur facture que la môme Suzie est la plus sublime de toutes les pompeuses qui ont croisé ma biroute."
Puis elle m'a dit, avec un drôle d'air : "ton frère s'appelle Antoine, aussi"
C'est vrai que mon frangin s'appelle comme ça, que j'ai pensé-je.
Suzanne.