jeudi 23 juillet 2009

Connerie durable (billet gauchiste)

Quelle merveille que la crise ! J'ai découvert ça aujourd'hui. C'était placardé partout, dans les couloirs, les ascenseurs, pratiquement les chiottes, de l'entreprise qui me fait vivre (et réciproquement, mes frères, et réciproquement). Appelons-la Lebossu Active.

Chez Lebossu Active, on se soucie beaucoup des actionnaires. C'est-à-dire qu'on ne s'en soucie nullement, mais ce sont eux qui décident de tout. Donc, on ploie l'échine, on leur dit “Bonjour Monsieur”, voire “Bonjour Madame” quand ce sont des femmes. En réalité, on ne leur dit rien, puisqu'on ne les rencontre jamais : ce ne sont pas des gens, mais des idées. Même pas : des concepts – et encore.

Ces actionnaires savent qu'il y a une crise. Ils s'en foutent. Ils ont investi de l'argent, il s'agirait que ça rapporte. Là, maintenant, tout de suite, et beaucoup. Ils l'ont signifié à mes patrons. Lesquels, petits valets surpayés, ont obtempéré. Avec le sourire. Eux-mêmes sont actionnaires d'autre chose : ils savent de quoi ça cause.

Ce qui est amusant, dans une mondialo-boîte comme Lebossu Active, c'est qu'il n'y a, finalement, pas de patron. Que des grouillots. Très bien payés, mais grouillots. Mon super-grouillot-en-chef, on va dire qu'il s'appelle Gustave (pardon, M. Flaubert) Mescouilles.

Gustave Mescouilles, donc, a des tas de sous-grouillots sous ses ordres : c'est à ça qu'on reconnaît le super-grouillot comme Gustave. Les sous-grouillots sont évidemment très mal payés (mais mieux que vous, bande de salauds de pauvres cons !). Ils espèrent néanmoins “grimper dans la hiérarchie” – et, en effet, dans la plupart des cas, ils y parviennent.

Bref, pour les grouillots cravatés (costumes bon marché, minables, chaussures ressemblant à des écrase-merde, coupe de cheveux standard – même leur visage en vient à ressembler à celui de leur camarade de bureau, c'est fascinant...) qui commandent à nos vies, il importe de faire des économies, parce que les actionnaires (ces gens qui ne branlent rien, contrairement à ce que leur nom semble indiquer) en ont ainsi décidé. Des É-CO-NO-MIES. Mais il s'agit surtout de les faire passer pour ce qu'elles ne sont pas. Parce qu'il ne suffit pas de nous enculer, il faut surtout que l'on dise merci et qu'on se persuade d'y prendre du plaisir. Donc...

Donc, aujourd'hui, ceci. Placardé partout, cette annonce comme quoi nous devons, d'ici lundi, nous munir d'un nouveau badge (un de plus) afin de pouvoir utiliser les imprimantes. Très bien. Tout le monde pige qu'il s'agit d'empêcher tout salarié d'imprimer les deux pages de sa facture EDF, ou la lettre de son proprio, ou... enfin, bon : on ne peut plus imprimer quoi que ce soit de personnel. Or, on se trompe lourdement...

Oui, car le titre de cet inestimable document est le suivant : IMPRESSION DURABLE.

Vous avez parfaitement lu, et je vous prie de retenir votre éclat de rire. Il ne s'agit nullement, aux yeux de Lebossu Active, de racler les fonds de tiroirs pour conserver leurs sourires aux actionnaires, il est question de sauver la planète, d'être soudain vertueux en diable. Et, accessoirement, de prendre des centaines de salariés pour des cons. Car, enfin, qu'est-ce qu'une “impression durable” ? Est-ce que, la semaine dernière, nos impressions s'effaçaient dans la seconde ? La minute ?

Cet adjectif (au départ aussi noble qu'un autre) de “durable”, tout comme ce nom, “diversité”, ou ce merveilleux qualificatif de “jeune”, est-ce qu'il ne serait pas temps de vomir sur eux tout ce qu'ils méritent ? À vous de voir. Mais faites gaffe : les actionnaires sont en embuscade.

22 commentaires:

  1. ""Parce qu'il ne suffit pas de nous enculer,il faut surtout que l'on dise merci et qu'on se persuade d'y prendre du plaisir."" Donc...les actionnaires veulent ""UNE IMPRESSION DU RABLE.""
    Pour l'EXPRESSION, c'est à chier jouez la Lozerien , proposez donc les toilettes seches.

    RépondreSupprimer
  2. "Le développement durable n'est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l'économie de marché."
    Louis Schweitzer, PDG de Renault, 2004.

    RépondreSupprimer
  3. Il faudrait peut-être qu'ils commencent par recycler les tonnes de papier que je vois à chaque visite dans leurs énormes poubelles !

    RépondreSupprimer
  4. Méfiez-vous de le première impression, elle est souvent durable.

    RépondreSupprimer
  5. Encore un badge ? Mais vous allez ressembler à un général de l'armée soviétique avec son torse placardé de médailles !

    Malavita : surtout quand l'expression est écrite.

    RépondreSupprimer
  6. Vous allez nous faire une colère durable et prêcher bientôt pour la révolution authentique.

    RépondreSupprimer
  7. Didier, ce magnifique billet me rassure : je ne suis pas le seul à endurer l'impression de me faire mettre ! En prime, on nous a généreusement octroyé des corbeilles à recyclage de papier. Vidées hebdomadairement, ces dernières finissent... dans les containers à ordures !! Tout pour la gueule, normal on est à M. ( dit avec l'assent à la con !! )

    @Fidel Castor : même longueur d'onde. Amitiés ++

    RépondreSupprimer
  8. Le développement durable est un oxymore comme la sombre clarté ou la riante hécatombe. Juste un slogan de plus pour nous faire prendre leurs vessies pour nos lanternes

    RépondreSupprimer
  9. En fait votre boite ne fait que vous resservir le baratin du marketing des vendeurs d'imprimante. Le coup du badge c'est une possibilité offerte par les imprimantes modernes et performantes.
    Ce qui est drôle c'est que l'informatique proposait le "no paper" ce fut un échec pattant, maintenant c'est le durable, du moment que cela fait vendre...

    RépondreSupprimer
  10. Décidément. J'aime beaucoup la façon dont vous épinglez vos badges.
    :-)

    RépondreSupprimer
  11. @Appas:
    Vous êtes bien téméraire de citer le chef de la HALDE, Didier va avoir un coup de sang!

    RépondreSupprimer
  12. Didier,

    Bordel. Votre rôle dans la blogosphère est celui du troll réactionnaire. Pas gauchiste. J'vais servir à quoi, moi ?

    RépondreSupprimer
  13. Pardon à Nicolas et à tous : je ne sais pas ce qui m'a pris, d'agresser ainsi mes si bons patrons.

    J'le f'rai pus, promis...

    RépondreSupprimer
  14. Bonjour Didier, je voulais répondre à Nicolas mais probleme pour valider, donc j'ecris chez vous et merci pour le compliment.
    Il vient si il veut le Nicolas, sauf que le 27, la mere me rejoint a Avignon, mais solidaires nous sommes(billes et gauchistes) on pourrait rentrer pour le recevoir.

    RépondreSupprimer
  15. ou mieux, il passe à Avignon, il pourrait être hébergé....

    RépondreSupprimer
  16. Ca pourrait se faire ! Faites gaffe ! Vers le week-end prochain ?

    RépondreSupprimer
  17. Je suis un peu neu neu; je viens de comprendre le coup de l'impression durable. J'avais d'abord lu durable comme... qui dure, quoi. Une impression de bonne qualité. On prend la feuille imprimée, on l'abandonne dans la forêt, trois mois après le promeneur se penche et crie "chérie, viens voir la vielle feuille pleine de trous de vers, on distingue encore parfaitement les caractères, mon dieu, que cette encre est de bonne qualité, t'as vu comme cette impression est durable ?
    Ben non. Il s'agit d'une imprimante en plastique de maïs avec des rouages en gélatine animale, qui crache de l'encre de seiche ou du liquide couleur obtenu à partir de pastels broyés à la meule sur du papier reclyclé garanti sans phosphates.
    Et vous critiquez !
    Mauvaise langue, mauvais esprit, nature chafouine que vous êtes !

    RépondreSupprimer
  18. J'ai l'impression que Lebossu Active ne va pas durer.

    RépondreSupprimer
  19. P'tain, arrêtez vos conneries : c'est mon employeur !

    RépondreSupprimer
  20. et vous voulez qu'il garde de vous une impression durable ?

    bon ok, j'arrête.

    RépondreSupprimer
  21. Et même un commentaire sur ces odieux exploitateurs des prolétaires que sont les actionnaires alors que ça n'a que trop duré !
    Vous n'avez vraiment pas un lectorat de gauchisses ! :-))

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.