jeudi 15 février 2018

Les chats tarés


On pourra sans exagérer considérer mon titre comme un quasi pléonasme, tant les chats dans leur ensemble, s'ils étaient évalués à l'aune de nous autres humains, relèveraient à peu près tous du vocabulaire psychiatrique. Je sais bien qu'on ne peut pas faire de statistiques sur un petit nombre, mais enfin, tout de même, chez nous, les tarés représentent très précisément 100 % d'un cheptel de deux.

Commençons par le plus ancien : Golo. Voilà un félidé qui passe l'essentiel de ses journées (et par conséquent des nôtres) à vouloir sortir quand il est dans la maison, et y rentrer lorsqu'il est dehors. Ce qui a pour effet principal de lui faire passer des heures soit devant la porte – en miaulant bruyamment et d'un ton comminatoire –, soit sur l'appui de fenêtre du salon, en maculant la vitre de la boue récoltée sous ses coussinets, et pour effet induit de transformer son maître en une sorte de groom bénévole, ce qui a tendance à l'agacer un peu – surtout en fin de journée. Et je ne dirai rien des acrobaties auxquelles il se livre pour aller boire dans la grande poubelle qui recueille sous la gouttière les eaux de pluie, alors que si, émus et compatissants, nous lui proposons une gamelle emplie de cette même eau, il la dédaignera avec une mine offensée.

Cette seconde aberration, Golo la partage avec Cosmos, mais selon des modalités un peu différentes. Pour elle (car Cosmos et Golo sont deux femelles, ce qui constitue bien sûr un facteur aggravant sitôt qu'il est question de comportements déments, ou à tout le moins incompréhensibles à l'entendement des humains normaux – je veux dire : des hommes), peu lui chaut que l'eau soit issue d'un robinet plutôt que de la nue : elle la lapera tout pareil ; mais à condition d'aller en récupérer les gouttes parcimonieuses au fond de l'évier de la cuisine, et non – au grand jamais ! – dans l'une des trois récipients mis à la disposition de l'arche, en différents endroits de la maison.

Cosmos a une autre particularité, bien à elle celle-là. Voilà un chat qui ne peut pas me voir m'installer dans un fauteuil sans bondir aussitôt sur son accoudoir afin de mendier caresses et gratouillis avec force ronronnements orgasmiques. Mais entré-je cinq minutes plus tard dans une pièce où il se trouve, le voici qui, donnant les signes de la plus intense panique, prend sa queue à son cou et file se réfugier sous le premier meuble salvateur, comme si sa vie en dépendait, ou si j'étais un habitué du coup de savate en hypocrite ; pour revenir juste après quémander sa ration de câlins.

Pendant ce temps, Charlus vit tranquillement sa vie de chien, prenant dans son panier un repos nécessaire, après avoir abondamment coursé dans toute la maison les deux échappés d'asile dont je viens de vous entretenir.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.