Dans le livre ardu mais passionnant que je lis depuis trois jours : Antifragile de Nassim Nicholas Taleb, je tombe sur un paragraphe qui me paraît correspondre idéalement à l'époque absurde et très-comique que nous vivons en ce moment même, et dont l'absurdité a été opportunément réactivée par la remise à l'honneur du Grand Claquemurage. Ne reculant devant nul sacrifice ni peine, je recopie donc les quelques lignes en question, que l'on est prié, pour d'évidentes raisons prophylactiques, de lire sans ôter sa petite muselière à élastiques auriculaires. On les retrouvera dans leur contexte à la page 466 de l'édition des Belles Lettres que j'ai proposée en lien plus haut. Voici :
« Conséquence de la déformation rétrospective, les gens qui n'avaient bien sûr pas vu arriver un événement vont se rappeler une de leurs pensées prouvant le contraire, et réussir à se convaincre eux-mêmes qu'ils avaient prévu l'événement en question, avant d'entreprendre d'en convaincre les autres. Après chaque événement, il y a toujours beaucoup plus de “post-visionnistes” que de véritables prévisionnistes – des gens qui ont eu une idée sous la douche sans l'amener jusqu'à sa conclusion logique, et, comme beaucoup de gens prennent beaucoup de douches […], ils n'auront que l'embarras du choix parmi les idées qu'ils ont eues. Ils ne se souviendront pas de la pléthore d'idées qui leur sont venues dans le passé sous l'effet du bain, et qui n'étaient que du “bruit” ou contredisaient le présent observé – mais comme les êtres humains aspirent vivement à être cohérents avec eux-mêmes, ils ne retiendront que les bribes de pensées passées qui sont cohérentes avec leur perception du présent. »
Bien entendu, on aura toujours le loisir de se dire que ce pauvre M. Taleb raconte vraiment n'importe quoi. Ou encore que ce malheureux D.G. n'a vraiment rien compris à ce qu'il a lu. Ce qui, hélas, n'est pas totalement à exclure.
Je suis sûre que vous n'avez même pas profité du "claquemurage" pour regarder la série consacrée à De Gaulle, intitulée : "De Gaulle, l'éclat et le secret" ?
RépondreSupprimerJe ne regarde jamais aucune série française.
Supprimer(Et on écrit "de" Gaulle, sans majuscule…)
Quelle est la règle? Est-ce que ça dépend du fait qu'il soit noble ou pas?
SupprimerPar ailleurs : on écrit souvent Villepin, mais jamais Gaulle : quand a-t-on le droit de faire sauter la particule ?
Contrairement à ce qu'un vain peuple et quelques secrétaires de rédaction s'imaginent, le fait d'être ou non noble n'entre nullement en ligne de compte. Le "De" ne prend une majuscule que lorsque le nom est néerlandais (ou flamand). Car, alors "De" est l'équivalent du "Le" français et fait donc partie intégrante du nom.
SupprimerPour ce qui est de l'élision de la particule : en principe, "du", "des" et "d'" sont toujours inamovibles. Seul le "de" doit sauter, SAUF quand le nom ne comporte qu'une syllabe ou deux avec la seconde muette. Ainsi, on dira "de Thou" et non "Thou" et… "de Gaulle" et non "Gaulle".
Là-dessus, il faut tenir compte des exceptions engendrées par la coutume. C'est ainsi qu'on dit "Sade" pour parler du marquis, alors que, en toute logique, on devrait dire "de Sade", selon la règle énoncée plus haut.
Pour ce qui concerne précisément le Général, il y a un argument qui doit, me semble-t-il, prévaloir sur tous les autres, et c'est que lui-même signait "Charles de Gaulle" sans majuscule. Il serait donc ridicule de lui attribuer une autre orthographe.
Merci; c'est loin d'être facile à appliquer, on ne peut pas toujours savoir si un nom est d'origine néérlandaise ou flamande! Et s'il l" est, mais que celui qui le porte ignore cette règle ? Supposons que De Gaulle soit d'origine flamande ( ce qui est bien possible, il est né tout près des Flandres), mais comme il signait "Charles de Gaulle"....
SupprimerD'où la règle qui doit toujours prévaloir : souplesse et adaptation.
SupprimerJe comprends enfin pourquoi les Goncourt, dans leur Journal, parle toujours de "de Sade", ce qui m'énervait un peu. En fait, ils respectaient la règle (mais auraient mieux fait de respecter l'usage).
SupprimerOui, c'est le côté "m'as-tu-vu-quand-j'écris" des Goncourt, très souvent irritant, et encore bien plus dans leurs romans que dans le journal.
SupprimerLe Journal est quand même extraordinaire (et une source fabuleuse sur les écrivains et artistes de l'époque). Au fait, vous aurez corrigé de vous-même la faute d'inattention dans mon message précédent...
SupprimerOh, mais j'ai lu et relu le journal des Goncourt ! Ce doit être mon côté "amateur de ragots".
SupprimerPour votre seconde phrase, la réponse est : oui…
Mais JE SUIS le meilleur d'entre nous !
RépondreSupprimerd'autant plus que nul ne peut entrer dans cerveau du douché. votre ami Taleb enfonce des portes de salle de bains ouvertes.
RépondreSupprimerJuvénal ne disait-il pas « rara avis in terris nigroque simillima cygno » ? Hein ? Je vous le demande ...
RépondreSupprimerMais si, il le disait ! et plutôt deux fois qu'une, encore !
SupprimerEt pour le dire en chanson :
RépondreSupprimerhttp://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2017/01/2017.il-y-a-peu-de-chance-qu-on-detrone-le-roi-des-cons-georges-brassens-en-live.html
L'antifragilité est un néologisme inutile pour remplacer un terme existant : la robustesse.
RépondreSupprimerHalte au jargon !
Que fait l'académie française ?
Rien, comme d'habitude !
Taleb prend bien soin, dès les premières pages du livre, d'expliquer en quoi les notions de robustesse et d'antifragilité ne sont nullement synonymes.
SupprimerEn très gros : la robustesse est la simple capacité de résister aux chocs, alors que l'antifragilité est ce qui permet de tirer des chocs un surcroît de force. En un sens, la robustesse est passive, l'antifragilité active.
Le contraire de fragile, c'est ductile.
RépondreSupprimerLa ductilité, ou l'art d'absorber les chocs tout en récupérant l'énergie cinétique qui en résulte.
Sur le plan strictement physique, vous avez raison. Mais, ici, il s'agit de toute autre chose.
SupprimerCette définition évoque beaucoup le mécanisme humain de la résilience
SupprimerDix contre un que la propriété qui exprime le mieux l'antifragilité ductible et résiliente d'un objet, c'est sa 'bordance' !
SupprimerLe noeud bordant : ici
Opposition actif/passif appliquée au fatalisme.
RépondreSupprimerFatalisme actif : Aide-toi et le ciel t'aidera
Fatalisme passif : Si Dieu le veut, ou Inch Allah
Mais que vient faire Dieu dans ton boulot, espèce de feignant
Il faut bien que, de loin en loin, je serve à quelque chose…
RépondreSupprimerAvant l'invention de l’échographie, un gynécologue avait une recette infaillible pour répondre à la question du sexe de l'enfant à naitre.
RépondreSupprimerIl disait verbalement à la mère : ce sera un garçon.
Et sur le dossier médical, il notait : ce sera une fille.
Il était sûr de toujours trouver une justification à sa prédiction.
Ça, c'était avant le genre.
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