C'est le cas de Marius Tournadre, auquel Pierre Moulier – l'homme à qui rien de ce qui touche à l'Auvergne n'est étranger – vient de consacrer un livre, savoureux comme un pavé de salers saignant. Il est vrai que, quand on est porté à l'humour voire à une certaine truculence de l'esprit, le sujet était en or.
D'abord, quelle idée, quand on a vu le jour dans le Cantal et que vos parents vous ont sagement prénommé Louis Jacques, d'aller vous faire appeler Marius, comme n'importe quel clampin de Canebière ? Ce ne sera là que la première excentricité de notre Tournadre. Car bien que mort à 40 ans, en 1901, sa vie fut convenablement remplie, malgré qu'il en ait passé une assez bonne partie dans les diverses prisons de la République.
Détailler les facéties, les mystifications, les “foutages de bordel électoral” auxquels s'est livré Marius Tournadre durant la dernière décennie du XIXe siècle déborderait de notre cadre et, finalement, reviendrait presque à paraphraser tout le livre de Pierre Moulier, en prenant le risque d'en amoindrir la verve.
Disons simplement que, durant ces nineties de l'autre siècle, Marius a tout fait pour mériter amplement cette double épithète d'“anarchiste fumiste” que Moulier lui décerne comme on décerne une médaille. Son génie pour foutre la République cul par-dessus tête lui a valu que le pompeux Jaurès lui consacrât un discours au Palais Bourbon, et qu'il eut même, en 1892, les honneurs d'un article dans le New York Herald Tribune, ce qui n'est pas donné au premier “anar” venu.
À l'époque où d'autres jetaient des bombes dans les cafés parisiens, Marius Tournadre avait choisi d'affubler de gros nez rouges et de chaussures de clown les importants de la société de son époque, ce qui était à peine plus pardonnable… mais permettait tout de même d'éviter la bascule à Charlot.
Lorsqu'il eut fini d'allumer ses lampions contestataires et de faire exploser ses pétards libertaires, on vit Marius Tournadre quitter Paris et revenir, presque sagement, mourir à Marchal, ce village de Haute Auvergne qui l'avait vu naître. Et où Pierre Moulier, cent vingt ans plus tard, est venu le tirer de son état de gisant pour lui faire effectuer sous nos yeux un dernier tour de piste.
Lequel mérite amplement votre attention et vos applaudissements.
Vous avez raison, Céline était un sacré con, comme bon nombres d'anarchistes de droite et d'extrême-droite, très éloigné de cet anarchiste facétieux.
RépondreSupprimerVous l'avez bien vendu. Et le pubertaire plutôt rigolo et pas faux. (je peux mes potes nanar sont tous de l'autre côté)
RépondreSupprimerPubertaire mais a DLC limitée ces oiseaux. Comme votre Marius.
Dites, ça a l'air pas mal ce bouquin !
RépondreSupprimerVous devriez casser votre tirelire et vous l'offrir : je vous assure que vous ne le regretterai pas…
SupprimerRegretterEZ, imbécile !
SupprimerJe suis en train de lire Guerre de Céline et je n'ai pas lu Mort à crédit. L'éditeur, en préface, nous explique que les deux opus de notre "antisémite préféré" serait assez proche sur le plan stylistique. Guerre ne me fait pas fort impression, pour l'instant.
RépondreSupprimerJe tiens à préciser que je n'ai, pour ma part, aucune sympathie pour les thèses antisémites. Céline était une saloperie et aussi un écrivain. Tâchons de garder le souvenir de l'écrivain, hein ?
Vous avez parfaitement le droit de découper Céline en tranches… ou même en petits dés si cela vous chante.
RépondreSupprimerIl reste que l'impression que vous donnez, celle de lire le "salopard" avec un masque à élastique pour éviter la contagion, est assez comique…
Du reste, plutôt que Guerre, vous eussiez mieux fait de lire Mort à crédit, je pense.
Pas besoin de masque. J'ai été immunisé, très tôt. Et ce totem d'immunité me rend les livres de Céline très respirables, du coup.
RépondreSupprimerPour "Mort à crédit", je vais sans doute suivre votre conseil éclairé, m'étant arrêté pour l'heure à la lecture de "Voyage au bout de la nuit".
À mon humble avis (mais il était déjà celui de Marcel Aymé…), les deux meilleurs romans de Céline sont Mort à crédit ainsi que Nord. Mais il serait sans doute un peu dommage de lire le second cité sans avoir lu avant D'un château l'autre.
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