jeudi 29 décembre 2022

Pensées du dernier jour (ou presque)

Les gens qui se font un blé noir ont les moyens de déjeuner tous les jours de pain blanc.   

 

– Une prostituée native de Sainte-Mère-l'Église, dont le nom de guerre serait Omaha Bitch.

 

–  L'homme descend du singe : le darwinisme. L'homme descend des singes : un safari. 

 

–  S'il se trouvait, par ici, un spécialiste des peuples guerriers de l'Antiquité, je lui serais reconnaissant de bien vouloir laisser, de son savoir, quelques Thraces sur ce Scythe.

 

Un chrétien qui séduit une jeune et belle juive est un véritable play-goy.  

 

Si tu voulais manger du homard, il aurait suffi que tu me l'écrivisses. 

 

Le monde à l'envers : mon chien est décédé et le voisin mord. 

 

Lire une grammaire comme un récit de voyages. 

 

L'Italien, un Monsieur qui s'ignore. 

 

Quand un Ibère et une Helvète engendrent une fille, c'est une Hispano-Suiza, en général superbement carrossée. 

 

En cas de régime strict, ne jamais déjeuner en compagnie d'un gros mangeur : il y a risque d'obésité passive. 

 

Un Croate peut-il se permettre d'être acerbe ? 

 

– Donner régulièrement du sucre à son cheval, afin de lui éviter l'hippoglycémie.

 

– Très mauvais pour le souffle, le riz indien peut même rendre basmatique.

 

– L'homme est une truie qui doute d'être habitée par un cochon qui sommeille. 

mardi 27 décembre 2022

Tomber dans le panneau… mais lequel ?

3 Billboards est un film émouvant, dur et drôle : bizarre cocktail mais parfaitement réussi par Martin McDonagh, déjà auteur d’un savoureux Bons Baisers de Bruges, avec notamment Colin Farrell et Brendan Gleeson, subtil acteur irlandais à trogne de buveur de stout. Ce film-ci est porté par un trio d’acteurs eux aussi parfaits : le toujours remarquable Woody Harrelson, le toujours jubilatoire Sam Rockwell… et Frances McDormand, colonne centrale du dit trio.

Il n’est nullement étonnant que l’actrice se retrouve là, elle qui illumina littéralement le Fargo des frères Coen, ses mari et beau-frère : 3 Billboards doit beaucoup aux deux frangins, plus précisément à leur art presque unique de dessiner des personnages englués dans une bêtise congénitale qui leur est à la fois un cocon et une prison, dans laquelle ils se lovent ou se débattent avec plus ou moins de conviction et d’atouts ; en tout cas, ils tentent de faire avec. Et l’émotion naît – une émotion non sollicitée, non frelatée, et donc singulièrement efficace – lorsque, soudain, parce qu’il s’est passé quelque chose, cette bêtise est déchirée par un brusque et inattendu éclair. Le personnage qui est ainsi brutalement “éclairé” peut alors (c’est souvent) dérailler complètement, mais il peut aussi (parfois) s’acheminer vers une sorte de rédemption, s’élever de quelques centimètres au-dessus de lui-même. C’est ce qui se produit pour le personnage joué par Sam Rockwell, peut-être le plus intéressant des trois que j’évoquais il y a un instant.

 Bref, voilà un film, et ils ne sont pas si nombreux finalement, qui doit fort bien supporter d’être revu trois, quatre, six fois, à intervalles plus ou moins longs, sans jamais en souffrir, et même en y gagnant un peu de patine à chaque fois. C’est d’ailleurs, aussi, le cas de Fargo.

samedi 17 décembre 2022

Goncourt de prison

Jurés Goncourt procédant au vote final.

 Découverte, à l'instant, d'une chose absolument merveilleuse, qui me fait osciller de l'incrédulité à l'hilarité – et retour. 

En plus de cette invention déjà ancienne – et néanmoins absurde – qui s'appelle le “Goncourt des lycéens”, voici qu'existe désormais un “Goncourt des détenus”. Tout premier du genre, celui de cette année, nous apprend l'Académie du même nom, a été attribué par cinq cents taulards votant dans 31 centres pénitentiaires.

C'est évidemment une excellente initiative, mais je la trouve tout de même un peu trop “attrape-tout”, un peu trop globale. Et je le verrais bien, ce Goncourt des détenus, se ramifier presque à l'infini : Goncourt des assassins par égorgement, Goncourt des violeurs, Goncourt des pilotes de camions fous, Goncourt des voleurs de sacs à l'arraché, Goncourt des flambeurs de voitures, etc. 

Si l'on diversifie suffisamment, on devrait vite arriver à ce que chaque roman publié en septembre obtienne son petit Goncourt en décembre. 

Ce qui serait, n'en doutons pas, un grand facteur d'apaisement au sein de la gent livresque.

lundi 12 décembre 2022

Durs à queer


 Deux titres d'Atlantico, le premier d'hier, le second de ce jour, qu'il serait sans doute particulièrement nauséabond de prétendre rapprocher l'un de l'autre. Je le fais pourtant, n'étant pas plus que cela dérangé par les relents méphitiques se dégageant de ma personne :

1) Selon une étude de Cambridge, moins de la moitié des étudiants se déclarent désormais hétérosexuels.

2) Le nombre des adolescents atteints de troubles mentaux ou qui se suicident explose.

Ce sera tout pour ce matin.

samedi 10 décembre 2022

Le mobil du crime


 Désireux de me reposer un peu des fracas de la guerre de 14, qui fait actuellement rage dans le Journal de Maurice Garçon, j'ai saisi à main gauche l'un des trois volumes de Donald Westlake qui m'attendaient sans impatience notable sur la desserte. Son titre français était : Comment voler une banque.

Le petit pion syntactique qui loge dans une partie de ma tête soulève aussitôt la paupière de celui de ses deux yeux qui ne dort jamais et fronce simultanément le sourcil lui correspondant : ce titre est incorrect ! On ne peut pas voler une banque : on peut juste la dévaliser ; ou à la rigueur, si l'on tient à l'encanaillement, la braquer – ce qui n'est déjà pas si mal.

Il ne m'a fallu qu'une vingtaine de pages pour comprendre que le pion avait tort et que, dans le roman-ci, Dortmunder et son guignol's band avaient effectivement en projet de voler une banque ; au sens propre.

L'affaire était rendue envisageable par le fait que, en attendant la démolition puis la reconstruction de cette agence de Long Island, les guichets et surtout le coffre-fort avaient été installés de l'autre côté de la rue, dans un imposant mobil home. Il ne va donc s'agir “que” de trouver une cabine de semi-remorque, de l'atteler à l'engin et d'emporter la banque ailleurs, loin, dans un coin discret, pour lui faire tranquillement sa fête.

Lorsque Stan Murch, le chauffeur attitré de la bande pénètre dans l'arrière-salle du O.J. Bar, il apporte aux autres deux nouvelles, une bonne et une mauvaise comme il est de règle. La bonne, c'est que le mobil home en question est bel et bien muni d'un crochet permettant de l'arrimer à un camion.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'il est totalement dépourvu de roues.

À l'heure où je mets sous presse, nous en sommes là.

lundi 5 décembre 2022

En revenant de la Nouvelle-Orléans

 

Treme – à prononcer Trémé – est un quartier de la Nouvelle-Orléans ; c'est même l'un des plus anciens. Il est aussi le centre de la culture noire et créole de la ville. La série qui porte ce nom, Treme, a été imaginée, créée, et en grande partie écrite, par David Simon, auquel on devait déjà la meilleure série policière jamais proposée à la télévision : Sur Écoute, en anglais : The Wire.

Treme est une réussite au moins égale à Sur Écoute.

Ses quatre saisons, originellement diffusées de 2010 à 2013, se déroulent donc à la Nouvelle-Orléans, durant les trois années qui ont suivi le passage de l'ouragan Katrina, en 2005. S'agit-il d'une série politique ? Policière ? Musicale ? Sociale ? Intimiste ? C'est tout cela à la fois, et encore davantage, les différents plans s'entrelaçant et s'équilibrant d'une manière absolument parfaite, servis par un rythme jamais défaillant, totalement exempt de ces “trous d'air” qui plombent trop de séries télévisées.

Évidemment, la dimension musicale est prépondérante. Si le jazz se taille la part du lion, il est loin d'être le seul genre représenté, et représenté “en action”. Car de très nombreux musiciens, locaux ou internationaux, viennent faire preuve de leurs divers talents au fil des épisodes, mais jamais de façon gratuite, plaquée : toujours en étroite relation avec l'un ou l'autre des événements et des personnages. Ils sont présents dans les bars, les clubs, sur scène, au coin des rues ou lors de ces nombreuses fêtes et processions qui ponctuent la vie néo-orléanaise, le point culminant étant le Mardi-Gras et ses étonnants “Indiens” qui, de fait, sont tous des noirs plus ou moins métissés.

Les personnages, disais-je. Ils sont divers, subtils, changeants, jamais manichéens ni tout d'une pièce : ils vivent, là, sous nos yeux. Ils vivent si bien que, lorsqu'il parvient au dernier épisode de la quatrième saison, le spectateur se surprend à ressentir cette forme particulière de mélancolie nostalgique que l'on éprouve lorsque, déménageant d'une ville pour une autre, on sait bien que l'on ne retrouvera plus jamais les gens que l'on a fréquentés, parfois aimés, et qu'on laisse derrière soi. 

On laisse aussi derrière soi les questions en suspens et les problèmes non résolus. La plupart sont liés aux ravages exercés par l'ouragan, aggravés ou au moins prolongés par l'incurie des pouvoirs publics, la bêtise tatillonne des administrations, la mauvaise foi des compagnie d'assurance, la rapacité d'un certain nombre de “reconstructeurs” ; tout cela sur fond d'inefficacité d'une police trop souvent brutale et encline à cacher “la merde au chat” sous les tapis, ou plutôt, ici, dans les décombres des maisons dévastées. Pour tous ces aspects “sociaux”, on retrouve le très grand savoir-faire de David Simon, celui qui avait permis à Sur Écoute d'être la série qu'elle est. 

Mais quelles que soient la maîtrise et l'intelligence avec lesquelles sont traités ces “arrière-fonds”, c'est aux personnages qu'il faut revenir. Car tout commence par eux, tout vit et palpite à travers eux, servis qu'ils sont par des acteurs presque tous remarquables (certains d'entre eux arrivent directement de Sur Écoute, ils ont juste eu à changer de costume…). Parfois découragés mais jamais abattus, optimistes mais non béats, idéalistes sans être niais, ils sont les ornements les plus précieux de la série, les perles du collier dont la Nouvelle-Orléans est le fil.

Pour conclure, je signalerai à l'attention des messieurs de l'assistance – mais aussi à celle de nos sœurs de Lesbos – qu'on croise et recroise au fil des saisons trois ou quatre jeunes femmes non tout à fait désagréables à regarder.

C'est anecdotique mais ça ne gâte rien.

jeudi 1 décembre 2022

Winston aux manettes


Ce fut le cas durant une bonne partie de novembre.