jeudi 21 août 2008

Fallait pas venir, Nicolas !

Il y a une dizaine de minutes à peine, j'étais installé dans mon petit salon et je discutais avec Nicolas. Il va peut-être s'en trouver un peu surpris, vu qu'il n'était évidemment pas là. Mais - vous, je ne sais pas - quand je bois, j'aime bien discuter avec les gens. Ils m'opposent les arguments que je leur prête, j'en profite pour peaufiner les miens. Donc, histoire d'entretenir la couperose qu'a cru me voir la délicieuse Mademoiselle S, je buvais. Du cognac-coca. Là, je sens que ça réclame une petite explication.

Plus tôt dans la journée, ayant eu au téléphone mon Irremplaçable Épouse (stupide et soumise, comme se doit de l'être la légitime d'un gros beauf de droite), je lui ai glissé qu'il ne me restait que trois bières dans le frigo conjugal. Prise d'un accès de faiblesse coupable, elle m'a indiqué où elle planquait l'excellent cognac qu'elle avait acheté pour ses diverses recettes en nécessitant. Mes trois petites mousses vidées, je me suis précipité sur le placard en question, et je suis en train de lui assécher sa bouteille de nectar. Mais, comme je ne voulais pas boire trop, j'ai eu cette idée bizarre de me confectionner des long drinks avec du coca light. J'ai bien conscience que si un Charentais pur sucre passe par ce blog, il va aussitôt mettre un contrat sur ma tête ; je prends le risque.

Donc, je polémiquais gentiment avec Nicolas. Je lui expliquais que je détestais les militants, de quelque bord qu'ils fussent, et que je ne pourrais jamais m'entendre avec ces gens-là, qu'il ne me viendrait même pas à l'idée de perdre mon temps à prendre langue (beurk !) avec eux. Bien entendu, Nicolas m'a aussitôt répondu quelque chose comme : « D'un autre côté, des militants, il en faut. » Avec la vivacité d'esprit qui me caractérise lorsque je carbure au cognac-coca, je lui ai répondu que l'argument était spécieux, et hautement. Car les gens qui vous tiennent ce type de discours, vous l'aurez remarqué vous aussi, veulent en fait dire quelque chose comme : « Des militants qui pensent comme moi (c'est moi qui souligne ; normal : je suis tout seul), il en faut. » En réalité, les militants des partis adverses, et même des partis « amis », ils s'en passeraient fort volontiers. Et, même, s'il pouvait les passer à la sulfateuse, ils ne s'en priveraient pas, on le sent. D'ailleurs, parfois, ils le font. Je suis certain que les rêves des militants socialistes sont emplis d'écolos et de trotskars déchiquetés par des rafales de balles dum-dum, avec la tripaille qui gicle au ralenti comme dans un film de Coppola. Pareil à droite.

Il était scié, le Nicolas. Je profitais honteusement de son état de faiblesse, vu que, je vous le rappelle, il n'y avait plus de bière à la maison, et que le bonhomme (bourré de préjugés bourgeois, malgré qu'il en ait) se refuse au cognac-coca. En plus, j'avais achevé de le destabiliser en mettant un disque de Boulat Okoudjava, alors qu'il n'entrave que dalle au russe, bien que vivant au Kremlin. (Moi non plus, mais j'avais, rusé, réussi à lui faire croire que oui, en apprenant, avant sa survenue, la traduction des chansons par coeur.) J'en profitais donc pour lui asséner que, comme troll, je faisais parfois preuve d'une immense mansuétude, mais que personne ne s'en apercevait.

Par exemple, deux ou trois heures plus tôt, l'un de ses commentateurs habituels, un certain Moïse93, avait déclaré que, pour un mec de droite, j'étais « plutôt sympa ». À chaud, j'avais concocté à ce connard satisfait une réponse d'une quinzaine de lignes, qui le transformait en un petit tas d'allumettes usagées : la puissance de la dialectique, on appelle ça. Puis, finalement, le doigt déjà posé sur la souris de mise à feu, je me suis ravisé, ai effacé mon commentaire et ai juste répondu un truc du genre : « Monsieur est trop bon pour moi. »

À ce stade de la discussion, ce bon Nicolas a compris qu'il avait trouvé son maître. Ses beaux grands yeux se sont emplis de larmes cristallines. Pour qu'il ne reste pas sur une mauvaise impression de la maison Goux, j'ai habilement détourné son attention vers le décolleté de Mlle Fiso, que je ne connais pas personnellement mais qui semble lui avoir fait une grande impression. Un émouvant sourire est revenu sur cette face enfantinement rubiconde, puis il a brutalement disparu de mon salon. J'espère que les Pépères ne l'ont pas becqueté avant qu'il atteigne le portail, mais je n'y crois qu'à moitié. Il faut dire que, pour des amateurs de viande, il est plutôt tentant, le Nicolas.

40 commentaires:

  1. Didier,

    J'espère que ne vais pas, non plus, intervenir dans vos rêves érotiques.

    Votre histoire de Cognac-coca me rappelle une cuite mémorable de ma jeunesse qui mériterait un billet sur mon blog, mais je vais la raconter ici rien que pour vous faire chier à prouver que je peux aussi raconter n'importe quoi en cinq minutes sans même me relire.

    J'étais à l'époque un vigoureux militant associatif (ben ouais, je n'ai pas toujours été un bourgeois réactionnaire) et l'association en question tenait son assemblée générale dans les environs d'Auray (pour les incultes : on s'en fout où ça se trouve). Passés les heures de réunions autant stériles qu'imbéciles, nous passâmes à la buvette.

    Au bout de quelques heures, nous nous retrouvâmes comme des cons : les stocks avaient été écoulés plus rapidement que prévu. Notre secrétaire nous alors dit d'aller nous coucher.

    Mais... avec mon copain Philippe (celui-là dont je parle dans mon billet de ce matin) et mon copain Gildas, nous avions encore soif. Je me suis alors miraculeusement souvenu que mes parents disposaient d'une résidence secondaire à une dizaine de kilomètres (ouais... on peut être gauchiste et avoir des parents avec une résidence secondaire avec vue sur le golfe du Morbihan, bordel). Hop ! Dans la voiture. Par miracle, les casques bleus de l'ONU n'opéraient pas de contrôle d'alcoolémie dans les parages et nous voilà à la maison.

    Je fouille tous les placards et à mon grand désespoir, toutes les réserves d'alcool étaient vides à part une modeste bouteille de rosé qui n'a pas tenue cinq minutes.

    Je vais donc dans la cuisine et fouille sous l'évier ! Miracle ! Une bouteille de Cognac de cuisine. Vous savez, ces machins imbuvables qui servent à corser certains desserts.

    Je goûte. Je confirme, c'est imbuvable... mais c'est alcoolisé. C'est alors que je me rappelle un pack de bouteilles d'Orangina astucieusement rangée dans l'armoire de la chambre de mes parents.

    C'est ainsi qu'avec Philippe et Gildas (sans jeu de mot sur ce brave animateur télé de notre jeunesse), nous avons pris une cuite mémorable à base de Cognac-Orangina.

    Alors vous n'allez pas essayer de m'impressionner avec votre histoire de cognac-coca. On boit Français, nous, Monsieur Goux.

    Mesdames, Messieurs,

    Ceci était le plus beau commentaire jamais laissé sur un blog francophone. On s'étonnera, après, que je devienne un blogueur zinfluent.

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  2. Très belle histoire ! Et comme on sent le vécu ! L'avantage que j'ai, à la maison, c'est que, même pour la cuisine, l'Irremplaçable achète du TRÈS BON cognac.

    (Enfin, pas du Delamain non plus, mais du parfaitement buvable.)

    (Putain, si Mademoiselle S passe par ici, c'est pour le coup qu'elle va avoir confirmation de ce qu'elle semble penser de nous...)

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  3. PS : pour les rêves érotiques vous concernant, je compte fermement sur le cognac pour m'en dispenser...

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  4. J'espère qu'elle va passer et pouvoir rétablir une vérité : je bois du cognac de prolo alors que vous vous pervertissez dans le luxe.

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  5. Je me lève aux aurores (même pas vrai, il fait encore nuit ) et il n'y a plus de cafééééé ! Je suis à l'eau minérale. Il reste du très bon whisky mais bon, j'ai un train à prendre !

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  6. L'alcool aidant, vous prenez langue avec un militant virtuel pour lui dire que vous ne pourriez pas discuter avec un militant ? Z'avez l'alcool compliqué, vous !
    Il est temps qu'Elle rentre !
    :-)))

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  7. Absence d'épouse + cognac = Nicolas? C'est décidé, j'arrête de boire (pour aujourd'hui)

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  8. Nicolas,
    pour vos plaidoiries après votre billet du 21/08, je me suis fendue d'un commentaire chez vous (c'était le moins que je me devais ! ).

    Didier
    vous avez un avocat d'envergure, on dirait.

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  9. Merci Nicolas, je vous ai répondu ;
    Didier,
    je me suis rendu compte à ma grande honte que je n'ai rien dit à Catherine, alors qu' Elise Pellerin a tout de suite réagi ! Où est donc passé mon féminisme ?
    Chère Catherine :
    alors, après avoir lu vos commentaires devant cette bassesse (malheureusement les femmes sont parfois d'une cruauté invraisemblable), je vous trouve admirable de ne pas vous mettre dans une colère noire. La vie certes est trop précieuse , pour que de telles attaques puissent gâcher une seule journée que
    nous pouvons avoir le bonheur de vivre.
    Anna R.

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  10. Didier Goux (et Nicolas tant qu'on y est) quand j'étais barmaid en angleterre et qu'on me demandais un cognac and coke (ou brandy and coke selon les porte monnaie) je devais me retenir pour ne pas cracher dans le verre, tant cela est indigne.

    Surtout dans le cas d'un type qui demande expressément la bouteille de meilleure qualité.

    Tiens maintenant que j'y repense, c'était principalement des rappeurs avec des breloques en or qui me demandaient ça et ils payaient en sortant une énorme liasse de billets de la poche arrière de leur baggie.

    Vraiment, vous avez tous les deux des goûts de branleur...

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  11. Nef,

    Pas du tout ! Tes rappeurs sont des branleurs car ils avaient le choix...

    Didier et moi étions coincés. Lui avec un bon alcool mais à un moment où il n'était pas disposé à boire du Cognac et moi avec un alcool dégueulasse.

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  12. Nef tu arrêtes avec les rappeurs maintenant !

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  13. Mouais, vu sous cet angle... (je suis trop pleine de mauvaise foi pour admettre que tu as sûrement raison)
    Pauvre cognac n'empêche... (celui de l'Irremplaçable surtout, qui est bon et donc ne méritait pas ça... )

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  14. Gaël : le blog de Didier Goux n'est pas l'endroit idéal pour débattre de musiq...sons modernes, le taulier n'y entravant que dalle et c'est son droit (j'ai promis de ne plus me moquer).
    Donc,je te propose une blogowar sur nos blog respectifs, dans un mois histoire de fourbir les armes...

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  15. Gaël et Nefisa : si vous voulez balancer les scuds ici, je n'y vois aucun inconvénient...

    Réponse globale, ou plutôt petite précision à propos du cognac : je me suis tout de même un peu vanté hier soir, dans la mesure où la bouteille était déjà environ à moitié vide. En plus, ce matin, j'ai constaté qu'elle ne faisait que 50 cl et non 70 comme d'ordinaire. Par conséquent, je l'ai jouée assez petits bras, finalement. D'où ma surprenante absence de gueule de bois ce matin.

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  16. Vous venez de me donner le début d'une explication quant à la disparition d'une bouteille que j'avais achetée pour la cuisine et qui s'était volatilisée. Mon époux avait dû faire une soirée (virtuelle ou non) avec Nicolas.... Avant même que nous le connaissions !

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  17. Didier goux: c'est gentil de proposer , mais non, il y a trop de blogowar chez vous, votre blog va finir par ressembler à Verdun. On va faire ça chez nous, y'a encore pas trop de tranchées et de trou d'obus...

    zoridae : mes soupçons pencheraient plutôt pour kéké...

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  18. Nef,

    Il n'était pas encore né !

    (Pourquoi tu parles de Blogowar ?)

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  19. Zoridae : oh ce défaut des femmes de ne rien oublier, jamais !
    :-))

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  20. Monsieur Poireau,

    Tout de suite ! Défaut !

    C'est juste que cette histoire est devenue une légende urbaine de notre coupe ;) !

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  21. @zoridae vous avez la même coupe ?!

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  22. non c'est un laspus révélateur, c'est elle qui l'a bu en cachette, mais elle ne s'en souviens plus...

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  23. Nefisa : elle ne s'en souvienS plus ? Vous voulez que je vous dénonce à M. votre père ?

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  24. Bah allez -y, il ne viens (niack) pas me rendre visite avant octobre, d'ici là, il aura oublié. Alzeihmer, tout ça, l'âge vous savez (il n'a que deux ans de moins que vous après tout)

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  25. Arg ! Couple ! Je bas ma coulpe !

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  26. cher Didier Goux, vous êtes très drôle et c'est aussi pour ça que je vous aime bien; je soupçonne que vous savez que je ne rigole pas tous les jours.. donc ce matin grâce à vous, j'ai souri, you are my YMMD's boy en quelque sorte.. ce qui m'a rappelé Bergson et son rire; allons bon, est-ce que , enfin? je comprendrais Bergson (j'ai pas dit aimer ou être d'accord, faut pas pousser trop non plus..) ?? ou c'est juste une faiblesse de fin de moi d'août??
    je me demande même, si l'Irrempe et vous n'allez pas me réconcilier avec l'idée de couple -- sans coupe, bien sûr-- ...

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  27. Nefisa, vous êtes une insolente !

    Geargies : si j'ai un tel pouvoir, je vais peut-être songer à faire payer l'accès à ce blog...

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  28. Ah non !
    Vous regrettez vos gens de 1914, vous auto-proclamez vieux réac, vous qualifiez vous même de "vieux" sur mon blog, englobant mon père dans la description et après vous me traitez d'insolente ! Alors que je ne fais que rebondir sur vos propos ! Je suis outrée !
    Ou-trée !

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  29. Eh bien, Nefisa ? Qui, en principe, s'arroge le droit de taxer les jeunes péronnelles d'insolence, sinon les vieux croûtons racornis ?

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  30. Raah, pareil que Geargies : "vous êtes très drôle et c'est aussi pour ça que je vous aime bien"

    Vous devriez d'ailleurs compléter votre définition en "vieux con réac et drôle", ça serait plus nuancé.

    Je ne peux simplement ajouter que je me suis bien bidonné. Phénonème étrange, j'ai discuté avec vous, aussi, en votre absence, un truc sur la disparition des pandas, des dinosaures et des Didier Goux. Je vous ai dit que vous étiez une sorte d'"écologiste de l'occident", en fait. On ne s'est pas compris. Même absent, vous êtes parti en claquant la porte.

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  31. Balmeyer : donc, si je comprends bien, même quand je ne suis pas là je suis insupportable et intolérant ? Ça me rassure...

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  32. Mais non, voyons. Vous étiez parti chercher une autre bouteille à la cave. (on se rattrape comme on peut).

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  33. Ah, je fus eue !!

    J'aurais dû vous dire que vous me tendiez la perche, vous auriez répondu un truc salace, j'aurais pu vous traiter de pervers atteint de priapisme...

    Soit maudit esprit d'escalier...

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  34. ... Ne me parle pas de Grenoble, c'est rien que des sportifs et des prétentieux!

    A Marseille, tu croises une fille, tu lui mets la main au panier, elle rougit, elle baisse les yeux.
    Tu fais çà à Grenoble! Elle te fait une prise de jujitsu : ouah con de dieu! Ne me parle pas de Grenoble!

    iPidiblue marseillais gros comme une maison

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  35. iPidiblue, vous faites très bien le Marseillais, je n'en attendais pas moins !

    (Mais qui a parlé de Grenoble ? Ça existe, Grenoble ?)

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  36. Oui le regretté Fernand Raynaud aurait beaucoup à dire avec son gros bon sens terrien et auvergnat sur la situation des blogs en général et de la France en particulier !

    iPidiblue intello qui a honte et qui se cache derrière les pitres de service

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  37. Emma, comme je l'ai déjà dit, ce billet m'a plutôt fait rire. Pour moi, c'est juste des "françaises". Seuls Yanka et Didier peuvent comprendre. Désolée, je n'en dirai pas plus sur ce blog, mais si on se rencontre ...

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  38. Balmeyer, vous vous êtes trompé de Goux. La spécialiste de la disparition des dinosaures, du permien et tout ça, c'est moi. Et jamais Didier ne partirait en claquant la porte, moi si !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.