C'est toujours comme ça, à Pacy-sur-Eure, à la boulangerie de la mairie. Vous entrez, pour faire l'emplette d'une baguette tradition.
[ Pause : les pauvres sont vraiment des cons : ils achètent des baguettes ignoblement insipides, pour économiser dix centimes, puis ressortent de la boulangerie, le portable à l'oreille, forfait payé, pour aller acheter des packs de Coke, voire des frites surgelées au lieu d'un kilo de patates : les pauvres sont vraiment des cons, et, en plus, ils se fringuent de manière immonde.]
Bref : dans cette boulangerie, on exhibe les baguettes blanches (comprenez : mal cuites). Si vous avez un goût normal, si vous demandez “deux traditions bien cuites”, la boulangère (ou ses petits mitrons) file très discrètement dans l'arrière-boutique, rougissant d'un air complice, et vous rapporte en effet deux vraies baguettes (dont le “croûton” ressemble de manière troublante à la bite de Tonnégrande en érection), mais avec un petit sourire presque coupable.
Exactement comme, au XIXe siècle, dans certaines librairies interlopes, on vous rapportait de l'arrière-boutique certains opusucules montrant des femmes à poil (vos grands-mères et les miennes), mais dont les poils, justement, avaient été pieusement gommés.
Du coup, je regarde ma baguette d'un œil différent. Et légèrement allumé.
[ Pause : les pauvres sont vraiment des cons : ils achètent des baguettes ignoblement insipides, pour économiser dix centimes, puis ressortent de la boulangerie, le portable à l'oreille, forfait payé, pour aller acheter des packs de Coke, voire des frites surgelées au lieu d'un kilo de patates : les pauvres sont vraiment des cons, et, en plus, ils se fringuent de manière immonde.]
Bref : dans cette boulangerie, on exhibe les baguettes blanches (comprenez : mal cuites). Si vous avez un goût normal, si vous demandez “deux traditions bien cuites”, la boulangère (ou ses petits mitrons) file très discrètement dans l'arrière-boutique, rougissant d'un air complice, et vous rapporte en effet deux vraies baguettes (dont le “croûton” ressemble de manière troublante à la bite de Tonnégrande en érection), mais avec un petit sourire presque coupable.
Exactement comme, au XIXe siècle, dans certaines librairies interlopes, on vous rapportait de l'arrière-boutique certains opusucules montrant des femmes à poil (vos grands-mères et les miennes), mais dont les poils, justement, avaient été pieusement gommés.
Du coup, je regarde ma baguette d'un œil différent. Et légèrement allumé.
La baguette vous rend lubrique, Mon Cher Didier...
RépondreSupprimerAh ! La sociologie appliquée aux miches, cela vous va bien !
Et votre goût pour le bon pain ne m'étonne pas. Car qu'est-ce que la bière à l'état solide, hein ? En plein dans le mille : du pain.
Ah et, au fait, ma Comtesse me fait vous dire qu'elle aime beaucoup le pain pas cuit. Tout fout le camp, j'vous l'dis, moi !
M'étonne pas ! les filles sont bêtes, même de noble extraction, et sauf la mienne !
RépondreSupprimerCela dit, si jamais nous vous recevons un jour, nous saurons quoi acheter comme pain...
Pas question ! Les gens qui viennent chez nous mangent ce qu'on leur sert. Point final.
RépondreSupprimerHep ! Je suis là, je surveille, alors on ne parle pas dans mon dos de la sorte, je vous prie !
RépondreSupprimerLes « filles bêtes », je dois le prendre comme un compliment, de votre part ?
Catherine : Bien, Madame.
RépondreSupprimerMais pourrai-je me charger du dessert, alors ?
Comtesse : pour le dessert, c'est d'accord : ce n'est pas ce que l'Irremplaçable réussit le lieux.
RépondreSupprimerSinon, pour les filles bêtes... Je vous sens bien plus intelligente que ce petit con de Pascal, mais vous n'êtes évidemment pas obligé de le lui répéter...
Promis, je garde le secret.
RépondreSupprimerJ'ai goûté ma première baguette enfant, chez une de mes sœurs qui habitait en France à Blagny, près de Carignan dans les Ardennes (vous savez tout), et même que son mari était un Espagnol (Galicien) travaillant dans une tréfilerie de fer à Messempré, si j'ai bon souvenir (et ça, ça vous en bouche un coin). Ce n'était peut-être pas ma première baguette, à dire vrai, car avec ma tante et mon oncle nous allions souvent, le dimanche, taper la cloche à Carignan (chez Petitpas), Sedan et autres lieux mémorables - mais celle-ci m'a marqué durablement : comment du simple pain pouvait-il avoir si bon goût ? Et là-dessus, rien : du camembert. Un concentré de paradis sur Terre...
RépondreSupprimerOh oui oui, Yanka, ce que vous dites me fait penser à ce célèbre journaliste américain qui, venant pour la première fois en France, fut littéralement émerveillé par le premier pain qu'il goûta (chez Poilâne tout de même) : un bâtard.
RépondreSupprimerTellement émerveillé qu'il laissa la charcuterie et le fromage prévus pour l'accompagnement, et se régala simplement de ce pain.
Le drame, c'est qu'il consacra sa vie à découvrir, écrire et promouvoir le bon pain, sans jamais retrouver cette jouissance inaugurale...
Morbidité du dépucelage !
Ah ! Ygor, vous ne pouvez pas savoir ce qu'est pour moi l'association "Carignan - Sedan" ! Lorsque nous venions d'Allemagne (1961 - 1966) jusque chez mes grands-parents, Carignan, pour l'enfant que j'étais, était le dernier NOM avant d'arriver, le mot ultime que prononçaient mes parents avant d'entrer dans Sedan (ville immense, alors), puis, enfin, de tourner dans le boulevard Fabert, territoire d'enfance veritable.
RépondreSupprimerCarignan, venant d'Allemagne, était l'quivalent de la Marfée, lorsque, moi encore plus petit, nous arrivions à Sedan venant de Châlons ou nous nous habitions alors.
Maintenant que j'y pense, je crois que la véritable antienne était : "Carignan - Balan - Sedan", avec cette rime miraculeuse qui pourrait bien me tirer encore des larmes si je me la répétais un peu.
Didier, oui, allo, vous me parlez ? Ah non, bon bon bon ...
RépondreSupprimerLe précédent billet est écrit avec la queue ! Tant pis : il restera tel...
RépondreSupprimerAvec la queue, donc... C'est un nouveau concept ?
RépondreSupprimerEmoustillé par un symbole phallique rappelant la bite à Tonnegrande ? Tonton. Vraiment...
RépondreSupprimerDidier, vous me semblez en savoir très long sur la bite à Tonnegrande...bizarre, bizarre etc... ( smiley smiley )
RépondreSupprimerCatherine : bien parlé ! Quant à la boisson, il en est de même j'espère ! ;-))
Pluton évidemment ! Eau plate, vous pensez bien...
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerDidier, on trouve donc encore du poil pubien arraché à nos grand meres dans les baguettes tradition de Pacy,les mêmes baguettes que je trempais dans le café lorsque j'étais petit?
Vous avez raison Catherine,Descendez quelques baguettes , je ne ferai pas le difficile sur ce coup là.
bises
Catherine : eau plate ? Mais allons-y donc !
RépondreSupprimerSi vous désirez passer, les jours prochains, dans nos contrées tarnaises (il y a aussi de beaux papillons bleus), vous permettrez que je serve à votre affectionnable époux (et à vous-même évidemment)un petit Gaillac fort honnête...
« Lorsque nous venions d'Allemagne... »
RépondreSupprimerVous avez été Nazi, c'est vrai... ;-)
« la véritable antienne était : "Carignan - Balan - Sedan »
RépondreSupprimerOui. Balan, c'est pour ainsi dire le seuil de Sedan quand on vient de Carigan. J'ai aussi des souvenirs de ce côté-là, car nous avions de la famille à Bazeilles et des amis à Floing (ou le contraire, chais pu).
J'adorais aller en France à cause des bagnoles qu'on ne voyait pas en Belgique et dont j'étais un toqué : des 403, des Arondes, des Arianes, des 4CV, etc., pourries inimaginablement (pas de contrôle technique en France à cette époque, mais bien en Belgique, si bien que les voitures aux carrosseries tout en dentelles et aux planchers en gruyère ne passaient pas). Et puis il y avait autre chose. Quand on entre en France en venant de Florenville par Chassepierre, par une route appelée « Le Fond des Saulx », passé l'ancienne douane, quelque chose de magique arrive, dû à la nette transition du paysage, au sortir de la forêt : des prairies ceintes de haies vives remarquables, de vieux vergers couvert de gui, et des hameaux comme jaillis du XIXe siècle, avec les personnages qui vont avec. Je ne le dis pas en mauvaise part. En Belgique, à cause des remembrements successifs, les parcelles étaient regroupées et séparées par du barbelé (rien de très jouissif, même pour un Nazi).
Plus tard, je me suis souvent baladé à vélo dans cette région (où j'allais au surplus draguer les filles de France). J'ai encore deux sœurs de ce côté-là, une à Carignan, l'autre à Matton... et une troisième à Mulhouse, mais ça, c'est plus à l'Est.
Nous sommes de vieux animaux nostalgiques, voilà.
Méfiez-vous, Yanka : le fait de ne pas aimer plus que ça les barbelés est moins anodin qu'il n'y paraît. Du reste, qui sait si nous n'apprendrons pas un jour que, à l'instar de Didier Goux vendant Le Monde libertaire à la sortie de son lycée, vous avez autrefois distribué Alternative libertaire dans les rues de Liège ou de Namur ?
RépondreSupprimerDe toute manière, ce n'est pas par plaisir de vous contrarier mais je doute qu'un homme qui déteste les chiens puisse véritablement faire un nazi acceptable.
Ah mais Chieuvrou, je ne déteste pas les chiens, je préfère seulement les chats : ils n'obéissent pas, et moi j'aime les rebelles (yeah !).
RépondreSupprimerSinon, eh bien, vous n'êtes pas loin de la vérité. Une ex-amie à moi écrivait pour Alternative Libertaire, et moi-même, à 18-19 ans (en 80-81 donc), j'étais abonné à une gazette anarchiste de l'ASBL 22 mars, et je crois bien que c'était Alternative Libertaire, vu que ce sont eux qui l'éditent. C'était les premiers numéros, si je ne m'abuse. Ça ne m'a pas excité très fort, j'étais plutôt écologiste, du genre environnementaliste, pas du tout intéressé par la politique et les états d'âme des opprimés du Bantoustan Oriental. Je suis resté écologiste, sans la barbe, sans les cheveux, sans références marxo-pin'doursistes, sans chemises à fleurs et sans guitare. Si j'ai donc été alternatif libertaire un an de ma vie, je n'ai jamais eu de sympathie pour les Brigades Rouges, Baader-Meinhof et toute cette clique crépusculaire.
Je suis devenu Nazi avec l'âge, la rancœur et les frustrations, c'est un classique.
Grande forme ! extraordinaire ce billet :)
RépondreSupprimerMerci à tous d'être passé. Pas le temps de répondre dans le détail : je me suis levé en retard et on m'espère du côté de Levallois...
RépondreSupprimerÀ Yanka, tout de même : Pendant ce temps (enfin, un peu avant, tout de même, dans les années 60...), nous faisions, nous, le trajet inverse pour aller acheter du chocolat et des cigarettes en paquets de 25. Ce qui frappait alors (et encore aujourd'hui), lorsqu'on passait de France en Belgique, c'était la propreté des villages, leur côté pimpant (comparativement). Et on allait manger une tarte au riz à Bouillon.
Pour moi le carignan ça donne du vin, pas du pain, mais ces gens du nord sont encore un peu barbares...
RépondreSupprimerOui Didier : au début, je parlais aussi des années 60. Nous allions souvent en France parce que mon oncle était amateur de bon vin et il avait une cave. Tout un temps, il embouteillait lui-même. Je me souviens d'un Loupiac que mon oncle avait acheté en tonneau pour le mariage de sa fille en juillet 69. Et je revois les caves d'Epernay, mon oncle (qui ne conduisait pas) un peu pompette pour avoir un peu trop goûté tel et tel vin...
RépondreSupprimerMa sœur de Blagny est revenu habiter en Belgique à la fin des années 70, mais elle a conservé le goût des... Gauloises françaises en paquet de 20 (et meilleures il est vrai que les Gauloises belges). Aux dernières nouvelles, c'est encore ça qu'elle fume exclusivement.
La tarte au riz est la seule chose que je faisais parfaitement quand je boulangeais (puisque, si vous vous en souvenez, j'ai été apprenti boulanger-pâtissier). Vous réveillez mes « papys » gustatifs, là...
Je vous croyais macho. Traitre !
RépondreSupprimerCe billet est un aveu de faiblesse.
Vous marchez à la baguette !
http://max-la-terreur.blogspot.com/2009/05/cette-jupe-nest-pas-une-pipe.html
Yanka : je me souviens fort bien. Je trouve très amusant ce chassé-croisé des Belges allant acheter des Gauloises à Sedan (ou ailleurs), cependant que les Sedanais allaient se fournir en (en quoi, d'ailleurs?) cigarettes à Bouillon.
RépondreSupprimerPS : l'une de mes tantes habite Balan...
PRR : si vous me dites encore une fois que je marche à la baguette, je vous colle un pain.
Un pain blanc ? j'accepte.
RépondreSupprimerNous partagerons ce pain en bons chrétiens ?
Cigarettes courantes en Belgique à cette époque ? Boules Nationales, Saint-Michel, Boule d'Or, Visa, Johnson, Belga... Mais peut-être allaient-ils se fournir en tabac pour pipe de la vallée de la Semois (excellent) ? Ils font maintenant des cigares qui sont une merveille.
RépondreSupprimerSaint-Michel me dit quelque chose ! Je vais demander à mon père à la première occase...
RépondreSupprimerNi tabac à pipe, ni cigares : de cela je suis sûr.
PRR: en bons chrétiens ? C'est un titre dont le non-croyant que je suis ne peut hélas se prévaloir...
RépondreSupprimerSaint-Michel ? Un coup d'œil ici peut-être...
RépondreSupprimerOui, oui ! le paquet vert me dit très nettement quelque chose...
RépondreSupprimerQuant aux "légères", ce n'était pas le genre de la maison...
Didier et son christiannisme
RépondreSupprimerJe me fiche pas mal de votre opinion sur votre propre christiannisme. Au regard de Dieu, vous l'êtes (et vous y avez intérêt), seul compte à mes yeux son jugement. Bref, vous n'avez pas le choix mais il serait judicieux que fassiez le bon. Vous me suivez toujours Pascal ?
En colère ?
LOL, Didier, Dieu n'est pas un châtiment, c'est notre monde le châtiment.
Je vous bénis moi-même au cas Dieu l'aurait oublié. On ne sait jamais quand même.
Pierre : votre bénédiction me suffit. au moins pour le moment.
RépondreSupprimerPierre Robes-Roule : Si c'est à moi que vous vous adressez, je crains de ne pas trop vous suivre, non...
RépondreSupprimerEclairez-moi !...
Je pense que Pierre Robes-roule est complètement siphonné (ce qui ne nuit nullement au charme des échanges avec lui)
RépondreSupprimerJe vous aurais bien parlé du plus mauvais pain de France, qu'il me faut acheter par devoir, et de l'excellente miche de contrebande que je me procure sur commande à la ville pour me consoler, noire, avec une croûte de cinq ou six millimètres… Mais le temps de publier ce commentaire, vous en serez déjà à "faire saigner les 98 plaies de Notre Seigneur"…
RépondreSupprimerSuzanne : ce blog soutient expressément les types complètement siphonnés, plutôt que les "gentils" qui censurent leurs petits camarades avec le sourire.
RépondreSupprimerLe Coucou : pourquoi donc achetez-vous du mauvais pain par devoir ?
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerTiens, je rigole. Il y a trente ans, mon ami Juan (Espagnol venu en France malgré qu'il en ait) se moquait d'une pétasse "de gauche" (il y a trente ans : rien ne change) qui affirmait préférer manger du mauvais pain fait par un boulanger de gauche plutôt que du bon fait par un boulanger de droite.
RépondreSupprimerJuan était un homme, un vrai, de gauche, mais sachant ce que qu'était le pain.
@Suzanne,
RépondreSupprimerMerci. En pensant vous me pansez.
Pierre RR : j'ai essayé pendant cinq minutes de trouver un jeu de mots vec kyste en panse, pas grand chose, mais il est tard.
RépondreSupprimerCe pain gué-riiit no-tre mi-sèèère
RépondreSupprimerEt nous li-bèèè-reuh de la peur,
Il vient don-nééé-r'à no-tre tèèèrre
L'a-mour et laaa joie du Sei-gneuuur ! –
Rien de tel, pour clore une longue journée, qu'un petit cantique avant de se mettre au lit.