Si elle avait créé l’association L’Autre, mon semblable, ce n’était nullement parce que le racisme l’indignait ou qu’elle ait eu à en souffrir personnellement. D’ailleurs, ses petits camarades bénévoles – à commencer par Maryvonne – auraient été sincèrement choqués si elle avait eu la bêtise de leur dévoiler le fond de sa pensée à ce sujet. À savoir que la France n’était pas un pays spécialement raciste, beaucoup moins en tout cas que les six ou sept pays africains qu’elle connaissait, où les populations étaient incapables de se penser autrement qu’en termes d’ethnies – lesquelles ethnies se massacraient les unes les autres avec entrain, dès que l’occasion se présentait de ressortir les machettes des placards.
La France n’était pas raciste, donc, de cela Clodette aurait pu témoigner. Seulement, les Français avaient été persuadés par leurs soi-disant “élites” qu’ils l’étaient, qu’ils devaient avoir honte de l’être, et faire tout ce qui était en leur pouvoir pour s’amender et se faire pardonner par les innombrables victimes dont ils avaient jonché la planète.
Par conséquent, s’était rapidement dit Clodette, il fallait jouer sur cette culpabilité pour tirer de ces pauvres imbéciles décervelés le maximum d’argent et de pouvoir. Labourer le champ de l’antiracisme militant, devenu quasiment professionnel, c’était l’assurance d’une récolte abondante, grasse et extrêmement rentable.
C’est dans cette optique que Clodette, bien aidée par Bertrand, avait créé son association. Pour commencer. Se tailler une première petite place dans l’organigramme des nantis, des parasites grassement nourris. Elle n’avait certainement pas l’intention de végéter longtemps dans ces locaux en préfabriqué, cernés par des HLM de pue-la-sueur sans ambition, à inspirer des tracts et des manifestes inutiles à des bénévoles idiots ! Car, dans son esprit, il ne s’agissait que d’une première marche. Et ce qu’elle visait, c’était le haut de l’escalier, la grande et belle terrasse, avec vue panoramique.
Seulement, lorsque leurs regards s’étaient croisés, la première fois, au cours de cette fameuse manif, Clodette Youmgane avait compris sans coup férir tout ce qu’elle pouvait tirer de cette fille, qui semblait croire aux slogans tout faits qui sortaient de sa bouche presque sans interruption. Pour peu qu’on la mette sur les bons rails et qu’on lui fournisse le carburant dont elle avait besoin, elle ferait une excellente et infatigable bête de somme, que Clodette se faisait fort d’utiliser à son profit exclusif.
Et c’est exactement ce qui s’était passé.
Bien vu ! Bon dimanche
RépondreSupprimerJe commente peu chez vous mais je lis, et j'apprécie!
RépondreSupprimerPourquoi cette Clodette me fait penser à Rokhaya Diallo?
Ah, il y a sans doute de ça, oui. Même si je n'y ai pas pensé consciemment.
RépondreSupprimeret c'est publié ce genre de truc ? Et dans l'affirmative, c'est lu ?
RépondreSupprimerBen tiens ! où crois-tu que je prenne l'argent pour acheter des fromages ?
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