La blogosphère, le dimanche, ça ressemble à une petite ville de province au début des années soixante. Ou même, si l'on veut, à un roman d'Anatole France. Mais transposé dans les années soixante, j'y tiens beaucoup. Le matin, tout guilleret de cette longue journée sans travail, on fait sa grande toilette hebdomadaire, dans l'évier de la cuisine, on récure bien dans tous les coins qu'on n'a pas le temps de visiter la semaine, parce qu'on travaille plus pour gagner trois fois nib. Ensuite, on enfile ses beaux habits, on se met un peu de pommade dans les cheveux si on est célibataire - sinon, c'est pas la peine.
Comme on est libre penseur, on saute la messe sans le moindre problème de conscience, tout admiratif de soi-même. Mais on se fait quand même un peu chier en attendant que la bourgeoise revienne de l'église. D'autant plus qu'on commence à avoir la dent et que le poulet rôti sent drôlement bon, dans le four.
On mange un peu trop lourdement, un peu trop richement, un peu trop longuement. Puis, enfin, vient l'heure de la promenade sur le mail, où l'on va pouvoir se montrer, échanger de brefs saluts, quelques mots à propos des Russes, ou du franc qu'il ne saurait être question de dévaluer, ou de la bombe qui détraque le temps.
Sauf que, sur le mail, il n'y a personne. Parce qu'il fait trop chaud, parce qu'il fait trop froid, parce qu'il pleut, parce que le casimir cogne trop fort sur les crânes pommadés, entre les branches des ormes. On a beau le parcourir trois fois dans chaque sens, pas mèche de lier un brin de causerie avec quiconque.
On finit par rentrer en silence, dans le petit appartement de la rue Saint-Éloi, un peu triste et des auréoles de transpiration sous les bras. En se disant qu'on aurait mieux fait de lancer une belote avec Auguste et sa femme, en sirotant la mirabelle de tante Suzanne.
Et c'est encore le gamin qui prend, parce qu'il a sali son costume en allant faire le con au bac à sable avec le petit des Michaud, bien qu'on le lui ait interdit cent fois - René, ce gosse me rendra folle.
Comme on est libre penseur, on saute la messe sans le moindre problème de conscience, tout admiratif de soi-même. Mais on se fait quand même un peu chier en attendant que la bourgeoise revienne de l'église. D'autant plus qu'on commence à avoir la dent et que le poulet rôti sent drôlement bon, dans le four.
On mange un peu trop lourdement, un peu trop richement, un peu trop longuement. Puis, enfin, vient l'heure de la promenade sur le mail, où l'on va pouvoir se montrer, échanger de brefs saluts, quelques mots à propos des Russes, ou du franc qu'il ne saurait être question de dévaluer, ou de la bombe qui détraque le temps.
Sauf que, sur le mail, il n'y a personne. Parce qu'il fait trop chaud, parce qu'il fait trop froid, parce qu'il pleut, parce que le casimir cogne trop fort sur les crânes pommadés, entre les branches des ormes. On a beau le parcourir trois fois dans chaque sens, pas mèche de lier un brin de causerie avec quiconque.
On finit par rentrer en silence, dans le petit appartement de la rue Saint-Éloi, un peu triste et des auréoles de transpiration sous les bras. En se disant qu'on aurait mieux fait de lancer une belote avec Auguste et sa femme, en sirotant la mirabelle de tante Suzanne.
Et c'est encore le gamin qui prend, parce qu'il a sali son costume en allant faire le con au bac à sable avec le petit des Michaud, bien qu'on le lui ait interdit cent fois - René, ce gosse me rendra folle.
Merde, il n'y a pas d'Arabes dans cette histoire.
RépondreSupprimerVous les avez oubliés ou quoi!
Une erreur d'inattention, probablement… ou un début d'alzheimer…
RépondreSupprimerJe ne sais pas ce que vous vouliez tester, c'est gênant. Je vais peut-être tomber dans un piège. Mais je crois que si je devais me voir dans les années 60 à la campagne en tant que Paysan, je me verrais, en tant que blogueur, plus facilement à la campagne (dans une ferme) que dans une ville de province.
RépondreSupprimerOn a beau être le dimanche, il faut s'occuper des bêtes et s'il fait beau mais que l'orage risque d'arriver (ce que je sais parce que les corps aux pieds de la grand mère lui font mal), je m'occupe des foins plutôt que de penser à la messe et au repas du midi.
le jeux des vacances ! enfin ! ce bon saint Eloi, heureusement qu'il fût la, pour remettre ce fameux bénouze à l'endroit, et illustrer mappy. j'ai pas trouvé le test. mais en tout cas le Sonntag Spaziergang ferait un excellent titre de groupe de rap country non ?
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerLe hic, c'est que dès la fin des années soixante, il n'y en avait plus, des ormes. (Ou presque.)
RépondreSupprimer"Vous les avez oubliés ou quoi!"
RépondreSupprimerBen non, c'est historique, ça se passe au début des années 60. Adoncques...
Il a oublié les ritals ! Je vais le dénoncer à Dorham.
RépondreSupprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Graphiose_de_l'orme alors ça c'est dégueulasse !
RépondreSupprimerM. Goux,
RépondreSupprimerComment imaginer le dimanche sans la visite chez la grande-tante qui pique quand on l'embrasse.
C’est tout à fait la description d’un dimanche après-midi du mois d’août au Plessis. Si, si, je vous assure… Z’ont 50 ans de retard…
RépondreSupprimerAh! J'ai bien le crâne luisant mais il n'est pas pommadé, na!
RépondreSupprimerPluton capillofuge.
Nous feriez pas une petite nostalgite Didier ? Ce petit billet transpire le souvenir d'enfance.
RépondreSupprimerOn sent bien que c'est du vécu!
RépondreSupprimer"Mais on se fait quand même un peu chier en attendant que la bourgeoise revienne de l'église."
RépondreSupprimerJe ne crois pas, parce que pendant que la bourgeoise est à l'église, lui, il est au bistro avec les copains !
Beau Texte. J'aurais plutôt dit années 50 ou 30, mais beau texte.
RépondreSupprimerDidier, faut-il lire ou avoir lu l'Anatole ? Premier prix Nobel de littérature me semble-t-il sur wikiflemme ?
RépondreSupprimer"Les Ormes du mail" ? Pas lu. N'empêche ce communiste d'Anatole, quel beau style français!
RépondreSupprimerAh bon, "l'orme du mail" d'Anatole France" ! Mais constatez que nombreux sont ceux qui sont prêts à vous attribuer ce texte. C'est pas rien.
RépondreSupprimerça sent bon la France, je dirais vers les années 50 plutôt et pour la matinée, au bistro bien sûr, les bonshommes !
RépondreSupprimerY'a un brin de Rimbaud en sous texte , et de Brel aussi. .. Avec un coup de shaker maison , ça le fait drôlement bien... Geargies
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