samedi 18 janvier 2014

Beaux seins, belles fesses : demandez le programme !


Il y a tout de même, dans les romans lointains, y compris lorsqu'ils sont contemporains, une certaine étrangeté exotique, qui forme comme un écran translucide entre le lecteur occidental et lui ; ou encore une sorte de lunette éloignante, qui fait que l'on ne peut jamais avoir cette sensation de se trouver soi-même au cœur du livre : en dépit de tout l'intérêt que l'on peut prendre à sa lecture, de l'empathie qui naît envers les personnages, quoi qu'on fasse on restera spectateur ; et avec cette sensation un peu frustrante que l'essentiel est probablement en train de nous échapper. Petite réflexion que je me faisais, hier, alors que j'arrivais au terme des cent premières pages (sur presque neuf cents…) de Beaux seins, belles fesses (mais oui !), roman du Chinois Mo Yan, prix Nobel de littérature en 2012, œuvre que je qualifierais volontiers de “picaresque”, si je ne craignais de me risquer sur les mots compliqués, hasardeux et un peu fourre-tout. Cette sensation d'éloignement par rapport au roman aurait d'ailleurs été tout aussi présente s'il avait été philippin, nigérian ou esquimau (mais y a-t-il des romans esquimaux ?) ; curieusement, je ne l'ai jamais éprouvée envers ceux venant d'Amérique latine, il serait sans doute bon de se demander pourquoi ; peut-être parce que les Sud-Américains sont restés, au moins en partie, des Européens transplantés, je ne sais.

Pour revenir à Mo Yan, dont le nom de plume, me dit Wikimachin, signifie “celui qui ne parle pas”, en quoi il a bien raison, il serait né le 17 février 1955 ou bien en mars 1956 : je trouve assez étrange cet écart d'une année, surtout mis en regard de la précision de la première date proposée (mais que de “de”, mais que de “de” !). Fort de ce flou, j'ai décidé unilatéralement que Guan Moye (son vrai nom) serait désormais né en mars 1956, et même le 19, de façon à être mon exact contemporain en ce monde. J'espère qu'il aura le bon goût, s'il l'apprend, de s'en montrer flatté.

7 commentaires:

  1. On ne dit plus "esquimau". C'est mal.
    Dorénavant, à l'entr'acte des cinémas, on déguste des inuits.

    RépondreSupprimer
  2. Vous devriez modifier wikitruc en conséquence.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne tiens pas à me mettre toute la Chine communiste à dos.

      Supprimer
  3. En Chine, à l'époque de ce monsieur, la maternité vous remettait un acte de naissance. Ensuite il fallait se rendre au commissariat du domicile de la mère pour déclarer l'enfant, d'après ce qu'on m'a dit. Je ne sais pas ce qu'il en est précisément aujourd'hui, mais il est possible que les parents n'aient pas fait de déclaration au commissariat ou bien qu'ils aient égaré l'acte de naissance, j'en connais...

    RépondreSupprimer
  4. Le romancier comme le naturiste esquimau est rare. Allez savoir pourquoi...

    RépondreSupprimer
  5. S'il vous reste un petit appétit de littérature chinoise après ce gros livre, et si vous ne refusez pas de vous intéresser à la sexualité des Chinoises, je vous conseille "Grenouilles" du même auteur. C'est drôle et ça fait peur.

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.