lundi 2 février 2015

Entre tatillons de la syntaxe…


Terminé hier, juste avant le dîner, le journal 2014 de Renaud Camus, intitulé Morcat.(la libraire est par là). Tout au long de ces six cents pages, je n'ai cessé de me féliciter d'avoir renoncé à la lecture quotidienne en ligne, qui m'avait beaucoup frustré en 2013 : ces deux derniers jours, j'ai retrouvé, intact, le plaisir que j'ai depuis au moins huit ans maintenant, à lire ce journal d'une seule coulée. Évidemment, c'est la loi du genre, certaines parties m'ont moins intéressé que d'autres ; c'est notamment le cas de toutes les péripéties politiques, la campagne électorale du NON, en particulier. Mais enfin, c'est loin d'être l'essentiel du volume, Dieu merci. Pour le reste, je me suis trouvé particulièrement sensible (ben tiens !) à la façon dont Camus traite de la fuite du temps, de la perte en général, du monde que l'on va peut-être quitter (je veux dire : peut-être bientôt…), dont on regrettera les splendeurs, mais certainement pas ce qu'il est si acharné à devenir.

J'ai beaucoup souri. En raison de cet  humour dont Camus se départ assez rarement, et qui est très efficace sur moi, mais aussi grâce à son comique involontaire, lequel intervient dès qu'il est question de ses ennuis de santé, et principalement urinaires (ce n'est certes pas le monorénal que je suis qui lui jettera la pierre…). Camus fait partie de ces gens, que je crois assez nombreux – peut-être le bon docteur Pluton saura-t-il nous éclairer à ce sujet, ou le bon docteur Arié –, qui révoquent presque systématiquement en doute ce que leurs disent les médecins de leur état et qui, aussitôt, s'empressent d'établir à la place du leur un diagnostic hautement fantaisiste de leur cru. Parmi les écrivains du XXe siècle, ils sont au moins deux, à ma mince connaissance, à être, ou avoir été, affectés de cette étrange maladie mentale : Marcel Proust et Renaud Camus. Je crois que, dans ce domaine, le second fait preuve d'une loufoquerie encore plus réjouissante que le premier – mais il faudrait se reporter à la correspondance de Proust pour pouvoir comparer utilement.

Le lecteur pourra s'amuser également d'une chose qui n'est nullement drôle pour l'auteur, à savoir ses démêlés internétiques avec trois ou quatre aliénés, fous furieux, déments en liberté même pas surveillée ; des guignols bave aux lèvres qui ne cessent de l'accuser des pires maux du temps (racisme, antisémitisme, extrême-droitisme, etc.), mais qui pimentent leurs cris d'orfraies et leurs indignations de chaisières de ce qui se fait de plus crapuleux et ordurier en matière d'insultes anti-homosexuelles. On ne donnera aucun nom (mais Camus, lui, les donne…) ; disons que le chef de file de ces camisolards s'est fait, dans la blogoboule, la réputation – méritée – d'écrire le français comme un Basque espagnol.

Une autre bonne nouvelle (mais quelle était donc la première, déjà ?) est que, Camus ayant moins voyagé en 2014 que certaines autres années, le journal est moins envahi par les jérémiades hôtelières ; il y en a juste ce qu'il faut pour convaincre et rassurer le visiteur régulier que, oui, ouf ! on est bien chez Camus et nulle part ailleurs. 

Le dernier membre de la phrase précédente est tout à fait bancal syntactiquement (rassurer que…), je le sais mais le laisse néanmoins, car il va nous faire office de transition. À la date du 23 juillet (page 349), Camus aborde justement cette question de la correction, voire de l'hyper-correction, au travers de quelques exemples de phrases qui, d'après lui, ne devraient pas pouvoir s'écrire (même si, pour l'une d'elles, il reconnaît qu'elle n'aurait nullement gêné un Saint-Simon). Ainsi : « Je ne voulais pas qu'il vienne et c'est exactement ce qu'il a fait. » Il a bien sûr raison, la phrase pêche par sa syntaxe, dans la mesure où le “ce qu'” de “ce qu'il a fait” ne se rapporte à rien.  Mais, aussitôt, Camus convient que la solution de remplacement, correcte, elle, n'est guère satisfaisante : « Je n'avais aucune envie de le voir venir, et c'est exactement ce qu'il a fait. » En effet, la première phrase est beaucoup plus satisfaisante pour l'œil et l'oreille, si elle ne l'est pas pour la syntaxe ; plus rapide, plus fluide, plus élégante en un mot.

Il cite un autre exemple, qu'il dit caricatural, et de fait, on peut trouver qu'il est, qu'il se constitue presque en gag. Néanmoins, je me sentirais tout prêt à l'avaliser, à l'accueillir, à lui fournir des papiers en règle et des prestations sociales d'urgence, tant les substituts corrects qu'on peut lui trouver font lourdauds à côté de lui. Voici : « Elle adore tout ce qui est anglais, et d'ailleurs elle y passe l'été. » Si une telle phrase me venait sous la plume, je suis presque certain que je la garderais ; même si, en dehors de Camus qui est hors concours, il n'est pas facile de trouver plus tatillon de la syntaxe que moi. Mais je ne le suis pas au point de me muer en une sorte de syntaxidermiste – Camus non plus, d'ailleurs.

C'est en tout cas le précieux mérite de ce journal ; de ce journal dans son immense ensemble, pas uniquement du volume qui vient de paraître : on peut, presque à chaque page, s'arrêter de lire pour dialoguer silencieusement et à perte de vue avec son auteur, sans le lasser jamais.

Des reproches ? Non, en vérité aucun. Vraiment ? Même pas un tout petit, pour jouer les critiques objectifs ? Allez, si vous y tenez : pourquoi diable Renaud Camus s'obstine-t-il, tout au long de ce livre, à écrire “minuit et demi” au lieu de “minuit et demie” ?

61 commentaires:

  1. Parce qu'on dit "un demi, s'il vous plaît" et non "une demie de blanc, je vous prie" ...
    Par ailleurs, délicieux article pour débuter ce lundi, face à la neige qui tombe dru sur les arbres ---

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  2. "pourquoi diable Renaud Camus s'obstine-t-il, tout au long de ce livre, à écrire “minuit et demi” au lieu de “minuit et demie” ?"

    c'est tout simple , pour fâcher les féministes ,

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  3. "Pourquoi diable Renaud Camus s'obstine-t-il, tout au long de ce livre, à écrire “minuit et demi” au lieu de “minuit et demie” ?"

    Je me suis posé la même question… Mais il semble que la forme soit attestée…

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    1. On dirait, en effet. Elle continue de "me faire" bizarre, néanmoins.

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  4. Il en est toujours ainsi : on commence à accepter l'inacceptable tant "les substituts corrects... font lourdaud" et on finit par écrire en charabia.

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  5. Selon Littré : Minuit et demi, et non demie. Demi (se rapportant à l'heure) est ici invariable. De plus "minuit" est un mot masculin (le milieu de la nuit) et trente minutes de plus ne nous font pas sortir de cette période. Sachant cela, j'écris toujours "minuit et demie".
    Enfin : "je ne pensais pas qu'il vînt" (au lieu de "qu'il vienne") ? C'est une question hein ! Ce foutu subjonctif et moi...

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    1. Demie au féminin me paraît tout de même plus logique. C'est : minuit plus UNE demi-heure.

      Pour le reste, vous avez lu trop vite ; la phrase est : « Je ne voulais pas qu'il vienne. » Sinon, avec "pensais", elle devient tout à fait incorrecte, pour le coup. Pour l'imparfait vous avez raison, en stricte concordance des temps. Mais bon…

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    2. A part Nicolas qui est toujours la au demi, les autres seront la à la demie
      Sinon il neige chez vous ?

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    3. Bon, je vais aller boire trois pintes et demie.

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    4. Vous pouvez aussi prendre trois pintes et un demi…

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    5. Attention Nicolas, parce qu'au delà de 3 pintes, la diction devient un peu confuse et à la commande d'un nouveau demi (ou demie pinte) le patron risque d'entendre : "et à nouveau deux muids" (ancienne unité de capacité variant selon les régions, mais qui à Paris signifiait quelques 460 litres ou 2 fois 230) Va falloir les payer avant de les boire hein ! Je vous aurai prévenu !

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  6. “minuit et demi” au lieu de “minuit et demie” ?

    Minuit, nom masculin.

    si le mot heure était de "midi", midi pourrait s'accorder avec le féminin de heure : deux heures et demie
    demie peut s'accorder avec le féminin, mais pas avec le pluriel.

    Enfin, ce que j'en dis .....

    hélène

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    1. Mais non, c'est illogique ! La formule ne signifie pas : minuit et UN demi-minuit, mais bien : minuit et UNE demi-heure.

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    2. (Murmure à l'oreille) : je suis d'accord avec vous ... encore les accords :-)

      Pour le reste, la grammaire et l'orthographe Français ont des raisons que la raison ne connaît pas.

      En effet, dans cette règle, pourquoi demi qui suivrait un nom féminin s'accorderait, mais ne s'accorderait pas après les noms au pluriel ? mystère et boule de gomme.

      Dans mon précédent commentaire, j'ai omis d'écrire : "suivi" (si le mot heure était SUIVI de "midi")

      Quoiqu'il en soit, si vous écrivez un bouquin, il vaudrait mieux que vous vous conformiez au conformisme, mais franchement le mot "demi" ne peut se rapporter qu'à une heure, un point c'est tout, vous avez raison.

      hélène
      hélène

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    3. D'autant que minuit et demi, ça fait minuit trois quart !

      Et merde, j'avais plein de bonnes raisons pour défendre le minuit "et demi", qui me vient toujours à l'esprit, et que je finis par accorder au féminin... mais que je trouve maniéré. Voilà : ma-nié-ré. Elle fait des chichis, votre "demieure", à vouloir s'accorder.

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    4. D'autant que quand on écrit "ce que leurs disent les médecins", hein...

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    5. Et tiens, Goux, prends ça dans ta goule !

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    6. Oh misère !!!

      Quand je relis le boulgi boulga que j'ai fait en mélangeant les mots ... j'en conclus que les questions de Didier Goux me font perdre la tête, alors que les réponses sont simples : elles trouvent leur source dans une règle grammaticale, que j'ai même pas été foutue d'écrire correctement.

      Saints professeurs des collèges, je vous salue bien bas ! :-)

      hélène

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    7. De rien, Didier. Vous pouvez me renvoyer le trois-quart nuit que je voulais remplacer "et demi" (in petto et à moi-même : andouille !)

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  7. Bien que ne voie pas au nom de quoi un pays démocratique pourrait interdire qu'on allât passer ses vacances estivales dans un adjectif, j'avoue que la phrase citée me paraît ridicule.

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    1. Tout dépend de l'éclairage, du contexte, du style général de celui qui l'écrit. Enfin, il me semble.

      Mais je reconnais bien volontiers qu'elle est "limite".

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  8. Je suis largué, là ; en quoi la formule « Je n'avais aucune envie de le voir venir, et c'est exactement ce qu'il a fait. » serait-elle correcte ? Qu'est-ce qu'il a « fait exactement» ? Il s'est vu venir ?
    À la limite, le très malsonnant « Je n'avais aucune envie de le voir venir, et c'est exactement ce que j'ai fait. » ( = « je l'ai vu venir ») aurait été plus logique...

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    1. Il a fait quoi ? Venir. C'est donc correct. Dans la première formulation : Il a fait quoi ? Qu'il vienne. Incorrect.

      Pour la deuxième partie de votre commentaire, je jette l'éponge…

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    2. "Il a fait quoi ? Venir."
      Mais non; d'après la phrase : « Voir venir» , pas «Venir». Mettons qu'il s'est vu venir...

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    3. Docteur, il n'y a pas à tortiller : l'un de nous deux est en train de basculer dans la démence.

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    4. Mais non, c'est simple...
      Dans :"...voir venir, ce qu'il a fait", il me semble que " ce qu'il" ne peut renvoyer qu'à " voir ", pas à " venir".

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    5. Non, non et non ! Dans "voir venir", c'est "je" qui voit et "il" qui vient !

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    6. Il faudrait un grammairien pour nous départager : pour moi, l'action, c'est "Voir venir" , et non "venir", ce n'est pas la même chose; je crois que vous ne pouvez pas la scinder en deux pour n'en conserver qu'une partie .

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    7. Non, il y a bien évidemment deux "actions" : l'un des protagonistes "voit" ; et il voit quoi ? L'autre venir.

      Je m'étonne que vous ne compreniez pas une chose aussi simple.

      D'ailleurs j'abandonne.

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    8. Alors j'en profite pour avoir le dernier mot : "ce qu'il a fait" renvoie à " Voir venir" ; pour qu'il puisse renvoyer à "venir", la phrase (très lourde) devrait être « Je n'avais aucune envie de voir qu'il viendrait, et c'est exactement ce qu'il a fait. »

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    9. Je craignais que vous ne continuassiez à raconter n'importe quoi, et c'est ce que vous avez fait.

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    10. Savez-vous pourquoi mes propos vous semblent incompréhensibles - et peut-être le sont-ils en effet ?

      Parce que, ne faisant, je crois, que très peu de fautes de grammaire ou de syntaxe, je n'en connais absolument aucune règle, je suis incapable de les énoncer ; mais je suis très sensible à une sorte de logique de ces règles - qui, oui, me semblent très logiques - et, dans ce cas particulier, la logique est celle que je ressens et défends ici .Mais il faudrait un grammairien pour l'énoncer sous forme de "règle" .

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    11. Bon courage pour en trouver un…

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  9. Goux, pauvre innocent, vous avez déchaîné les forces infernales des syntaxophiles et des orthographolâtres ! Tous les commentaires vont enculer les mouches jusqu'à la fin des siècles ! regardez les quinze premiers !

    Pour tenter de mettre fin à ces souffrances publiques et à vos questions sur Camus, je n'aurai qu'un mot : syllepse. En français, tas d'incultes, il est possible de branler les phrases selon l'esprit et non selon la règle. Cela évite ce que vous releviez justement: la lourdeur de la forme correcte, juste sur le papier mais atroce dans les faits.
    Quand je pense que j'ai eu droit à une réflexion perfide de votre part parce que j'avais eu l'imprudence, un jour de lassitude, d'écrire "au final" (au lieu de l'adverbe) dans un de mes commentaires...

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    1. Ah mais je persiste et signe : au final est impardonnable !

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    2. Eh bien d'accord, branlons les phrases autant que faire se peut. Mais il n'en restera pas moins que "au final" est abominable !

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  10. Un jour, il faudra que je vous consulte sur l'usage du couple ainsi/tel dans les comparaisons, qui m'est une épine dans le pied depuis longtemps.

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    1. Si vous voulez, mais je crains de ne guère pouvoir vous aider, dans la mesure où je ne vois même pas où peut se situer votre problème…

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  11. Ne vous embêtez plus. Dites: minuit trente!

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    1. Alors, ça, plutôt crever ! Et pourquoi pas "zéro heure trente" pendant que vous y êtes ?

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    2. Dites plutôt il est une heure bâtarde.
      Comme ça, point s'embrouille.

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    3. en faisant référence à l'astronomie , on peut dire
      il est minuit gibbeux montant

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  12. Et personne au final pour vous remercier, ne serait-ce qu'à demi, pour toute la peine que vous vous donnez.
    D'abord à nous offrir d'appétissants articles, puis à les napper d'enrichissantes notions langagières. Crème fouettée à déguster par petites touches en attendant le prochain plat de résistance. S'il vous plaît ...

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    1. Je me disais qu'à cause de ma petite remarque finale, personne ne se préoccupait du journal de Camus. Enfin, c'est ça, la blogoboule…

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    2. Il est vrai qu'elle tourne (je n'oserais le "e pure si muove") ...
      Et c'est pourtant bien vous, Merlin l'Enchanteur, qui la faites tourner à votre guise. Pour nous faire languir dans l'attente de l'oracle.

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    3. Mais non, ni Merlin, ni oracle mais Luminaire Céleste ! pffff…

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    4. Bonjour à vous, dame Catherine !
      C'était pour tenter d'accélérer un peu le tourner de roue. Mais en réalité, que peut-on contre l'entropie masculine ?

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    5. Elle a dit "au final", m'sieur ! ELLE L'A DIT !

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    6. Bon, Madame Schreyer, Beboper a raison : comment voulez-vous que je fasse l'éducation de ces garçons, si les filles leur donnent systématiquement le mauvais exemple ?

      (Dieu que ces enfants sont pénibles ! Mais Dieu que ces enfants sont pénibles !…)

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    7. Finalement quelqu'un l'a vu !
      Toutes mes félicitations monsieur BEBOPER, vous avez l'œil de l'aigle.
      Mais quand même, ce n'est pas joli, joli de balancer ...

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    8. Moi aussi, je l'avais vu, à dire vrai. Mais il est toujours délicat de faire ricaner bêtement les cancres du fond de la classe, en faisant une remarque à la bonne élève du premier rang…

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    9. La dénonce, c'est atavique, madame Barbara. Quand je repère l'occasion, je maîtrise plus ! Je paie pour les aïeux...

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  13. « Je n'avais aucune envie de le voir venir, et c'est exactement ce qu'il a fait. »

    Sous entendu : il a respecté mon envie, il n'est pas venu
    ou
    bien que je n'avais aucune envie de le voir venir, il est venu quand même.

    hélène

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    1. La première proposition n'est pas cohérente, syntactiquement ; seule la seconde l'est.

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  14. Heureusement que je reçois un mail à chaque commentaire, moi.

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  15. Attention arnaque ! A aucun moment on ne voit les fameuses chaussures !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.