Le livre m'est arrivé par l'attention d'un ami cher, en même temps que deux autres – deux autres livres – dont nous reparlerons peut-être. Son titre est celui que j'ai pris pour ce billet ; il est sous-titré : 1848 – 1918 : belle époque qui se termine mal, comme l'on sait. J'avais lu, il y a longtemps, un livre de Pierre-Robert Leclercq consacré à Bernanos ; il est peut-être encore ici, enfoui quelque part. Celui-ci, que publient les Belles Lettres, est évidemment plus léger, mais il n'est pas moins érudit. Et ce fut une lecture parfaite pour un dimanche paresseux et ensoleillé. J'ai évidemment appris des tonnes de choses, puisque je ne savais rien, en dehors des quelques noms d'artistes qui traînent encore dans ma mémoire et dans les vôtres. J'ignorais par exemple que les musicos, dont notre fatuité fait une abréviation moderne, existaient déjà à la fin du Premier Empire, qu'ils étaient dits aussi goualeurs et goualeuses, et qu'ils pouvaient être itinérants ou attachés à un lieu fixe dans un quartier donné. Voici, en quelque sorte, l'acte de naissance des futurs caf'-conc' :
« […] un soir de l'hiver 1729, chez Landelle, naît la Société du Caveau. Le lieu a imposé le nom. Le règlement qui acompagne la création est sans surprise : à chaque réunion, faire preuve de son amour du vin et des femmes ; avoir composé une chanson et la chanter ; toute œuvre jugée médiocre expose au châtiment suprême, boire un verre d'eau ; chacun paie son dîner. Il n'est pas stipulé que la présence des femmes n'est pas souhaitée. Cela va de soi. »
Et l'on voit tout au long de ces 180 pages défiler ces grands disparus dont les noms seuls, parfois aussi un titre sauvé de l'oubli, surnagent encore : Dranem, Georgius, Eugénie Buffet, Fragson, Montéhus et, bien entendu, Félix Mayol, qui fut le dernier grand et dont je vous ai fait, pour commencer, visiter la cabane Bambou afin de vous mettre un peu en joie ; Mayol dont Proust écrivait, dans une lettre à Reynaldo Hahn : « Si je pensais pouvoir pour une somme modique le faire venir et lui faire chanter Viens, Poupoule ! et Un ange du pavé je le ferais. Il a quelque chose de Cléo qui dansait en marchant. » On imagine très bien Mayol se dandinant et se livrant à ses chatteries au pied du petit lit de fer, dans la chambre tapissée de liège…
Mais c'est assez parlé. Je vous laisse avec Eugénie Buffet. Sois bonne, ô ma chère inconnue…
Ah bravo ! Promouvoir sur son blog des artisses racisses, sexisses et homotruc, ça tombe sous le coup de la loi et p'têt même sous le coup de PLEIN de lois, comme a coutume de s'exprimer not' notre Président.
RépondreSupprimerHomotruc, à propos de Mayol, tout de même… Bon, c'est vrai, il y a Chevalier derrière…
SupprimerCliquez sur la "chanson grivoise" (quelques jolies photos de femmes à poil) ; et , une fois que vous l'aurez écoutée, vous aurez le choix entre "C'est la grosse bite à Dudule" et "Tripote-moi la bite avec les doigts" .
SupprimerHé bé...Vous avez vu les chansons qui apparaissent, une fois qu'on a écouté celle d' Eugénie Buffet ?
RépondreSupprimerAh, non, tiens ! Je vais y aller…
SupprimerBen quoi ? Je note que l'on peut, si l'on veut, écouter la même chanson mais par Édith Piaf, enregistrée pour le French Cancan de Jean Renoir.
SupprimerJ'ai répondu plus haut, je me suis trompé de paragraphe
SupprimerLe yoyo.
RépondreSupprimerMerveilleux ! Merci.
SupprimerYoutoube personnalise ses propositions, donc on peut parier qu'Elie Arié se voit offrir Sans chemise sans pantalon de Rika Zaraï. C'est un des effets de bord indésirables du communautarisme.
RépondreSupprimerMoi, on me propose ça que je trouve plutôt pas mal : Ouvre la fenêtre
Comment ai-je pu vivre jusqu'à 59 ans sans connaître ce chef-d'œuvre ?
SupprimerCharles Trenet avait aussi cité Felix Mayol dans l'une de ses chansons je crois mais je ne sais plus laquelle. j'aime beaucoup celle là aussi : https://www.youtube.com/watch?v=G7AoJVu_dHk
RépondreSupprimerMireille
C'est dans Moi, j'aime le music-hall :
SupprimerLes jeunes fillettes d'antan
Du monde ou d'l'usine
Qui sont dev'nues à présent
De vieilles grands-mamans
Ce fut vraiment Félix Mayol
L'bourreau des cœurs d'leur music-hall.
M'étonne que personne n'ait encore cité celle-ci, ma préférée :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=oW0Z-V6QbCQ
Alain
Je suppose que la Cléo dont parle le petit Marcel est la fort jolie Cléo de Mérode ( http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fa/Cleo_de_Merode_with_dance_dress-Reutlinger-1901.jpg ), qui à ma connaissance est la seule a avoir réussi à faire condamner Simone de Beauvoir. Rien que pour cela elle mérite de rester dans les mémoires.
RépondreSupprimerQuant au Café-Concert, je me souviens de Gaston Ouvrard, qui fut je crois le dernier vestige de cette époque, qui se produisait encore dans les émissions de Jean Nohain et de Guy Lux.
yes ,même qu'il souffrait , entre autres, de la rate
SupprimerAh oui, Beauvoir avait classé Cléo parmi les hétaïres dans un chapitre du "Deuxième sexe". Elle a en effet gagné son procès et son nom a été supprimé dans les rééditions de l'ouvrage.
SupprimerCe qui en dit quant au mépris de Beauvoir quant aux femmes qui n'ont pas fait profession de féminiser en pontifiant. C'est vrai quoi, quelle différence entre une demi-mondaine comme Liane de Pougy et une danseuse comme Cléo de Mérode. C'est du pareil au même. Ceci dit, les grandes cocottes, pour beaucoup, ne furent pas que de ravissantes idiotes, loin de là.
SupprimerConcernant Liane de Pougy, n'oublions pas qu'elle a terminé son existence en forte odeur de sainteté !
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