mardi 3 novembre 2015

Jusqu'où descendrons-nous ?


Le film, fantastico-thrilleresque, s'intitule Fin ; ce qui, en espagnol, signifie “Fin” : on voit que les distributeurs français se trouvaient devant un épineux problème à résoudre. Il y a peu de chose à dire de l'œuvre elle-même, sinon qu'elle est plutôt moins bonne que si les Américains s'en étaient chargés et nettement meilleure que si le scénario était tombé entre les griffes d'un gâcheur de pellicule hexagonal. Mais revenons à notre titre. Comment faire, se sont demandé les professionnels de la profession, pour attirer le public français ? Quel titre donner au film, qui sera capable de faire saliver des gens tout imprégnés du génie particulier de la France ? À force de se triturer les lobes, la goutte de génie a fini par tomber sur la feuille blanche : en France, le film s'est appelé The end.

On peut rire, bien sûr ; ce billet est fait pour ça, en un sens. En un autre sens, il pourrait aussi nous plonger dans un désespoir si agissant que l'envie nous viendrait spontanément d'aller défoncer quelques crânes de distributeurs de chez nous au moyen de koalas préalablement congelés (l'Amiral Woland ne faisant plus de billets, je lui ai racheté à prix cassés son stock de bestioles). Mais on aurait tort : ces cuistres malfaisants ne sont que le reflet d'un mal qui les dépasse largement : le renoncement à être soi-même qui infecte désormais toutes les catégories plus ou moins “pensantes” de notre pays – et de l'Europe, plus généralement –, le désir abject et délicieux de se vautrer dans sa soue, devant l'œil mi-goguenard, mi-navré de nos anciens serviteurs qui, notre bonne volonté leur semblant sans limites, ne devraient plus tarder à prendre le contrôle des abattoirs. Bien alignés, nous irons en grognant d'impatience et de ravissement, à condition toutefois que l'on préserve nos petits nerfs en ne prononçant jamais le mot Fin.

38 commentaires:

  1. Bonsoir didier, grande surprise en apercevant le titre de ce billet sur une blogroll (celle de notre ami Nicolas pour tout dire).
    je sortais de la lecture d'un article qui concerne la descente de la sonde Rosetta vers le noyau de la comète.

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    1. Le noyau de la Comète de Nicolas ?

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    2. Celle-là prend une majuscule. Il s'agit de "Tchouri"

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  2. Faudrait tout de même savoir ce que vous voulez : vous ne cessez de dénigrer le cinéma français ! ( je me demande bien pourquoi, d'ailleurs; parce que, tout de même, Jean Renoir, Eric Rohmer, et quelques autres....)

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    1. Si vous me lisiez mieux, vous sauriez que je déteste le cinéma français de ces quarante dernières années (en très gros et avec des exceptions), mais pas du tout celui d'avant.

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    2. En gros, vous détestez le cinéma français depuis qu'un nombre de croûtes incroyables est financé par le CNC. Un peu pareil. Aujourd'hui lorsqu'on écoute certains artistes, on se demande comment Renoir et quelques autres ont réussi à faire des films...D'ailleurs quelles sont ces exceptions. Personnellement, je trouve que Jacques Audiard est un très grand réalisateur...allez je vais oser la comparaison: notre Scorsese français...même si je crois savoir que vous n'aimez pas trop. Moi quand il y a une belle bagnole, une belle gonzesse et quelques bastons, je suis preneur...bien à vous.

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    3. En gros, oui. Et surtout depuis que le cinéma français est envahi par un nombre invraisemblables de réalisatrices, bidouillant des films "de filles" emmerdants comme la pluie.

      Pour ce qui est d'Audiard, je me demande si j'ai déjà vu un seul de ses films. Quant à Scorsese, c'est sa fascination pour la pègre qui me déplaît. Mais je dois reconnaître qu'il a fait un certain nombre de films remarquables ; et que c'est, de toute façon, un vrai cinéaste.

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    4. @ Didier Goux

      "je déteste le cinéma français de ces quarante dernières années (en très gros et avec des exceptions), mais pas du tout celui d'avant."

      Ah, je n'avais pas compris.Ça va mieux en le disant.

      Mais n'est-ce pas vrai pour presque tout le cinéma, français ou pas , dont l'âge d'or ( " à quelques exceptions près") nous semble passé ? On ne peut tout de même pas voir que des films iraniens, israéliens, italiens ou portugais !

      Mais qu'est-ce que cela prouve ? Tout simplement que nous sommes vieux, cher Monsieur Goux ( "Ah, de mon temps, le cinéma, c'était autre chose ! ")

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    5. Quand un homme né en 1956 prend plaisir à voir et revoir des films des années trente à soixante, on peut difficilement dire que c'est par nostalgie du cinéma "de son temps"…

      Et puis, non : il me semble que les Américains sont encore capables de produire de très bons films, les Espagnols font des choses très bien (notamment dans le genre "horreur"), les Coréens, Japonais et Chinois aussi. Pour les autres, j'avoue mon incompétence à peu près totale.

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    6. "Quand un homme né en 1956 prend plaisir à voir et revoir des films des années trente à soixante, on peut difficilement dire que c'est par nostalgie du cinéma "de son temps""

      Que devrais-je dire, moi qui habite en face de la Cinémathèque, qui passe 4 ou 5 films par jour, sans pub (film direct), tous en VO, et à laquelle j'ai un acc-s ilmlimité grâce à un Libre Pass à 11 € par mois...

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  3. Je pensais, en lisant ce titre, que nous aurions droit à un résumé de l’œuvre cinématographique, et je me préparais à jubiler devant mon écran. il faut dire qu'avec un pareil titre on pouvait s'attendre à une attaque de taureaux zombis contre des toréadors réfugiés dans une hacienda perdue dans la sierra..
    Malheureusement vous nous plongez dans la réalité de la crétinerie boboïde des gens de cinéma.
    La dépression nous guette!

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    1. Le film n'est pas assez mauvais – il est même assez honorable, dans son genre – pour mériter une petite critique “à ma sauce”.

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  4. Bientôt on pourra lire "Nihaya" (نهاية).

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  5. Magnifique. Voilà un beau billet comme je les aime, énigmatique et complexe. On peut s'y faufiler et y revenir par un tout autre chemin.
    Et lâchement, je vais donc attendre les premières entrées en matière pour définir mes positions...

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    1. Faites tout de même attention de ne pas vous perdre. Ou alors, munissez-vous de quelques fusées éclairantes.

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  6. La question qui me taraude est: tout ceci est-il juste le fruit de notre effondrement culturel ? N'y a t-il pas là, également, le signe d'une dégradation génétique; l'impression d'une hélice ADN qui ne tourne plus rond, un air de fin de race ?

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  7. Très drôle et un poil inquiétant, en effet.
    Mais le pire c'est que sur votre photo je ne vois aucun Noir ni aucun asiatique. Les Ricains n'auraient pas commis cette infamie.

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    1. Je crois que les Espagnols manquent encore d'acteurs exotiques. Mais ça viendra sûrement.

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    2. Pourtant, ils ne manquent pas de marocains. Il va falloir avertir l'Union Européenne, la diversité n'est pas respectée. Vive les quotas.

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    3. Ils n'ont pas encore acquis les bons réflexes progressistes, ça viendra.

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  8. Et à la fin ou si vous préférez : at the end, "on mangera le roquefort de Baltimore, le cassoulet du Nevada, on boira du Bordeaux de Virginie et du champagne de Floride", ainsi que l'explique Philippe de Villiers.
    Et gare aux récalcitrants : 82 000 multinationales et leurs 870 000 filiales disséminées de par le monde pourront les traduire devant un tribunal arbitral et leur réclamer des millions de dollars de dommages-intérêts.
    Ben quoi ? Va falloir vous y habituer, c'est tout !

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    1. Mais je m'habitue, je m'habitue !

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    2. Cela dit on sait faire du très bon Bordeaux en Virginie, j'en ai déjà goûté. Cela dit ils ont pas le droit de l'appeler "Bordeaux", comme quoi tout ne part pas en couille.

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  9. Je propose une standing ovation pour nos amis québecois qui ont sorti le film sous le titre : FIN (la preuve) !

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    1. De ce point de vue, en effet, leur pourriture semble moins avancée que la nôtre. Mais ils ont aussi leurs fameux “accommodements raisonnables”…

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    2. Vive les anciennes colonies, merci Léopold Sedar Senghor...

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  10. "vous sauriez que je déteste le cinéma français de ces quarante dernières années (en très gros et avec des exceptions"

    En gros, Didier Goux est un patriote qui déteste à peu près tout de la France depuis 40 ans

    louis

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    1. C'est tout à fait normal puisque depuis les années70 on nous explique, films à l'appui, que les Français se sont déshonorés avec l'occupant, qu'ils sont des collabos, que la patrie est une notion niaise, qui plus est dangereuse, à remplacer par la seule patrie qui vaille - celle des droits de l'homme - vous en voulez encore ?

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    2. Trouvez-vous perspicace le fait de résumer la "patrie" à un genre cinématographique à un instant T.
      Si je n'aime pas 90% de la variété froncaise, alors je ne mérite pas le titre de patriote?
      C'est un peu fort de Ricoré votre raisonnement..

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  11. Je pense sérieusement qu'il s'agit là d'un vaste programme expérimental organisé par l'UE et visant à la déstabilisation psychologique de certains états européens. L'incroyable vague migratoire actuelle en ferait également partie, ces flux soudains de gens jeunes, cultivés, bien portants et relativement aisés paraissent en effet incongrus, pour le moins.
    Les causes d'une telle manipulation paraissent encore floues, mais ne sauraient tarder à se révéler au cours de futurs développements...

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  12. Je ne vois qu'une façon de clore les débats:
    This is the end, beautiful friend
    This is the end, my only friend, the end
    Of our elaborate plans, the end
    Of everything that stands, the end
    No safety or surprise, the end
    I'll never look into your eyes, again

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  13. Au fait : pourquoi cette habitude d'écrire "Fin", "The End", etc., lorsque le film est terminé ? Il y a des gens qui ne comprennent pas, après avoir vu défiler le générique de fin et les lumières de la salle s'allumer (ou l'émission de télé qui suit démarrer) que le film est fini ?

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    1. Cela date du début du cinéma.
      Si vous Lisez une pièce de Labiche, de Claudel ou de Sartre, après la dernière réplique vous lirez -en grosses lettres- RIDEAU.
      Marc.

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  14. J'ai eu l'occasion de voir le film et je l'ai trouvé pas mal du tout, même si le scénario est un peu cousu de fil blanc. Ces jeunes cinéastes espagnols évitent de se regarder le nombril (à la différence de leurs confrères français) et savent créer une atmosphère, distiller une sorte d'angoisse étrange (la scène avec les chiens enragés fout vraiment les chocottes) ; si vous avez l'occasion de tomber dessus, je vous conseille vivement un autre thriller espagnol très bien joué et très bien filmé : "La Isla minima" (cette fois-ci, bizarrement, les distributeurs ont gardé le titre original !).

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.