jeudi 3 mars 2016

Gloire au bâtiment !


On aurait voulu goupiller l'affaire qu'on n'y serait jamais parvenu avec une précision telle. À trois heures et demie, au moment où je désengageais Liselotte de l'autoroute A13 pour la diriger vers Pacy, sonnait le téléphone portatif de Catherine ; c'était le peintre. Pour nous informer qu'il venait de terminer entièrement son chantier, c'est-à-dire le nôtre, et qu'il s'apprêtait à regagner ses pénates. Lui ayant demandé de nous attendre une dizaine de minutes, c'est lui-même qui nous a fait les honneurs d'une maison aux plafonds et aux murs rutilants, où pas un grain de poussière ni la moindre trace de peinture intempestive n'était décelable à l'œil nu. Il ne restait plus qu'à nourrir chats et oiseaux, et à mettre le riesling au frais ; ce que fis.

26 commentaires:

  1. J'en ai vu des choses étonnantes dans ma chienne de vie. Mais un artisan fiable et/ou ponctuel, ça dépasse tout !

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  2. On se croirait chez Monsieur des Collines !

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    1. On en a deux, des comme ça : le peintre et le plombier. Pour l'électricité, la perle rare reste encore à trouver…

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  3. Bravo, je suis contente pour vous !

    Bon Riesling !

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  4. N'ayant jamais eu le loisir d'observer un écrivain en bâtiment en plein travail, je m'interroge : arbore-t-il la même tenue ?

    Alain

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    1. Surtout le masque, en raison des émanations toxiques de sa prose.

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  5. Vous auriez pu demander au peintre de nourrir les oiseaux et les chats en vous attendant. Pour le "vin au frais", je conçois que cela aurait été risqué, mais le brave homme n'aurait pas démérité en buvant une bouteille ou deux en vous attendant.

    Vous faiblissez.

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    1. Les chats avait à manger au sous-sol. Quant au peintre, il a déjà sorti puis rentré les poubelles, le jour où le camion passait…

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  6. Le principal, c'est que le travail soit bien fait.

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  7. Je ne peux pas vous croire : ne pas respecter les délais promis fait partie de la charte éthique des professions du bâtiment.
    Dans le village égyptien de Der-el-Médine, où vivaient les ouvriers qui travaillaient aux tombes de la vallée des rois de Louxor, on a trouvé un tesson commandant une fenêtre pour une maison, et exigeant que, cette fois, elle soit terminée à la fin de la semaine, comme promis: il s'agit donc d'une tradition très ancienne, d'origine quasi-divine.

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    1. D'une certaine manière, on peut dire que les délais n'ont pas été respectés, puisque le chantier devait être terminé vendredi soir et qu'il l'a été jeudi après-midi.

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    2. Vous avez dû engager des peintres immigrés clandestins au noir, les seuls à peu près fiables, parce qu'encore mal intégrés à nos usages.

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  8. M'inquiétant quelque peu de votre silence, je me demande si le Riesling était vraiment bon.
    Sinon, en me promenant sur les allées "internétiques"j'ai trouvé ça à votre sujet :

    " Le bâtiment a perdu un artisan, la littérature y a gagné un artiste."

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    1. Que le bâtiment ait perdu, c'est à peu près indubitable ; pour le reste…

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  9. Bon, vous ne voudriez pas refaire un billet sur votre roman, que je vous dise ce que j'en pense ?

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    1. Ah, non, alors ! J'en ai soupé, moi, de ce roman ! Si vous avez des choses à en dire, je vous en prie, ne vous gênez pas, faites-le ici même.

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    2. Ça me fait penser qu'il faut que je demande à la reine mère si elle a fini votre truc ou si elle a calé une armoire avec.

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  10. Ok.

    Les bons points d'abord :
    Je n'ai pas vu de fautes et il n'y a presque pas de coquilles (celles que j'ai vues sont insignifiantes). C'est important, ça, pour un auteur, alors je vous félicite.

    Le personnage de Jonathan est intéressant. A mon avis, c'est le plus intéressant de la bande (parce qu'Evremont ne m'a pas convaincu). Ah ! il y a aussi Houellebecq, bien sûr, qui est franchement réussi. J'ai lu toutes ses interventions avec son visage en tête et tout collait parfaitement; l'impression de réalité est saisissante, et s'il lit votre roman il devrait en être troublé, je pense.

    J'ai aimé également certaines descriptions, les passages autour du fleuve, les trouvailles drolatiques (commandos-paillasse; mère moderne qui "gère" à donf; les lesbiennes frontistes; les noms de rue politiquement corrects...). Le coup des mots et formules en italiques fonctionne bien dans le genre clin-d'oeil(c'est la patte ou l'influence de M. Desgrange, si je ne m'abuse).

    Maintenant, si vous m'y autorisez, je voudrais pointer ce qui m'a paru moins réussi.

    Les premiers chapitres sont assez lents, et en vérité, à part la première colère de Jonathan, qui met un coup de fouet, je crois que le roman ne commence vraiment qu'au bas de la page 215. Je n'ai pas été convaincu par les discours et les portraits de Charlie, de sa meuf, d'Evremont et du Black tombeur de blanches. Je crois que vous n'avez pas voulu charger Evremont et en faire un vrai réactionnaire. C'est un tort, car en fin de compte il manque d'épaisseur. Il fait des phrases mais à part ça, ses pérégrinations sont un peu creuses. Le passage chez le père, par exemple : très bonne restitution d'une ambiance lourde et particulière, mais on ne voit pas ce que cela vient faire dans le roman, comment ça s'intègre. On dirait un aparté. Pourquoi se barre-t-il ? Ce n'est pas clair. La fuite finale non plus, d'ailleurs. Est-il un loser ? Un type incapable de s'installer dans la vie ? On dirait bien, mais alors pourquoi l'avoir fait si gentillet ? Il commence par trouver Jonathan très bête et pourtant il devient en quelque sorte son ami avant même que celui-ci ait montré sa face intéressante. A tout prendre, et je vais vous paraître sévère, je crois que le Régicide est plus profond, dans son décalage, plus inquiétant et plus intéressant.
    (...)

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  11. (...)

    Je ne comprends pas non plus pourquoi tout le monde est si gentil, d'ailleurs. L'épicier Kabyle, le p'tit Arabe trop mignon calqué sur Gavroche, sa meuf. Tiens, au passage, je crois franchement impossible qu'une lycéenne sorte avec un collégien (l'inverse arrive). J'aime bien la coloc de Valérie, au contraire, qui a un peu plus de raison d'être et donne toute sa dimension tragique au destin de Jonathan, lequel passe à côté du bonheur comme un con. Heureusement quand même que Jonathan est un grand malade, parce que tous les autres sont si doux, si cools, si attentionnés, qu'on se croirait parfois dans la petite maison dans la prairie sans la fille Olson (je sais, c'est vache ce que je viens de dire : c'est juste pour vous taquiner).

    Comme je n'ai jamais écrit de roman mes conseils pourront vous paraître ridicules, mais je crois que vous vous êtes à la fois trop retenu et trop étalé. Trop retenu sur Evremont, qui est fantomatique, et trop étalé sur des personnages secondaires qui me semblent ne rien apporter. La "première fois" des deux gamins, franchement, c'est de l'eau de rose allongée de miel... Et puis que font-ils là, au fond ? Pour le Black, d'accord, il fallait un détonateur à Jonathan, et le coup des Blanches en pamoison est réaliste, mais après vous en faites une sorte de mec sympa sans rôle à jouer.

    C'est sans doute trop sévère, et je me lâche un peu parce qu'il ne doit plus y avoir grand monde sur ce fil. Je ne voudrais pas vous casser la baraque. Et puis j'ai tout lu, quand même, alors que je dois me farcir un roman tous les quinze ans en moyenne, ce qui est plutôt flatteur pour vous. Je dis les choses comme je les ressens, ne m'en veuillez pas. Vous devriez persévérer en chargeant un peu plus le personnage-pivot. Il faudrait qu'il cache un vrai mystère, qu'il nous accroche davantage.

    Sinon, bravo quand même. C'est une aventure, ce roman, et si vous ressuscitez Jonathan dans une suite, je retire toutes mes critiques illico.

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    1. Eh bien, vous voyez, tout arrive : non seulement vous avez lu un roman, non seulement vous en avez tiré une critique construite et parfaitement recevable, mais en plus, cerise sur ce gâteau, cela va (enfin !) vous valoir les honneurs de mon journal !

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    2. La gloire !
      Et ne vous méprenez pas, hein, j'ai vu pas mal de bonnes choses dans votre bouquin, au final.

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    3. Mais je n'ai pas à me méprendre, de toute façon : tout lecteur a le droit de penser ce qu'il veut de ce qu'il lit, et l'auteur doit l'accepter. Sinon, l n'avait qu'à pas publier. C'est bien pour cela que, dès la parution du roman, j'ai décidé d'inclure dans mon journal toutes les critiques qu'il susciterait (ce qui, finalement, ne devrait pas l'encombrer beaucoup), des plus laudatives aux plus incendiaires.

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