lundi 18 mai 2020

Nous, le troupeau


L'épisode tragi-comique du petit Chinois nous aura au moins appris une chose : personne ou presque n'en a rien à faire de la liberté, tout le monde ou presque est disposé à se laisser traiter comme une bande d'enfants irresponsables, et même à exiger de l'être encore davantage. Du moment qu'on nous laisse le droit d'applaudir chaque soir, à heure fixe, à nos balcons. En clair, nous venons, collectivement, d'administrer la preuve que nous étions mûrs, et même plutôt enthousiastes, pour n'importe quelle dictature à qui il plaira de nous mettre en rangs, pour peu qu'elle ait la bonne idée de nous fournir gratuitement les mouchoirs en papier destinés à éponger nos larmes de reconnaissance pour le soin qu'elle prend de son trémulant troupeau. 

Et je n'arrive pas à déterminer ce qui l'emporte, dans cette lugubre pantalonnade, entre son côté comique – les pleurnicheries et les hurlements d'indignation des froussards – et son aspect tragique – cette soumission empressée aux contraintes les plus absurdes et les plus humiliantes, cette cavalcade panique vers la servitude volontaire. 

Je suppose que cela doit dépendre de mon humeur du moment.

13 commentaires:

  1. Bon, allez, c'est rouvert…

    Mais je ne veux voir personne avec un masque sur le museau !

    RépondreSupprimer
  2. En janvier ou février, quand nous apprenions que les Chinois étaient confinés chez eux, combien de Français s'épatèrent de cette belle discipline, en remarquant, mi désolés mi fiers : c'est pas en France qu'on respecterait un black out comme ça ! Sous-entendu on est des rebelles de derrière les fagots, on ne nous cloitrera pas comme ça ! Tu parles ! Ils en sont à réclamer des protections encore plus radicales, à taper du pied pour qu'on les isole de plus belle ! Je vois des gens seuls porter des masques dans leur bagnole, sur l'autoroute, les deux mains cramponnées au volant, les yeux vides...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est les mêmes qui mettent un préservatif quand ils dorment seuls.

      Supprimer
  3. Depuis 1945 , très peu de de gens ont connu guerre ou pandémie violente.
    Nous sommes devenus des moutons ,nous avons peur du loup qui n'existe plu6alors que c'est le berger qui nous emmène à l'abattoir.

    RépondreSupprimer
  4. Ah ben voilà,z'avez rouvert !
    J'en suis fort heureux mais du diable si je me souviens de quoi est-ce que je voulais vous entretenir.

    RépondreSupprimer
  5. J'espère que vous exprimez votre totale liberté de différentes manières: ne jamais porter de masque, ne jamais prendre les médicaments prescrits, rouler à toute vitesse en traversant votre village, jouer du clairon la nuit parce que ça vous plait, vous promener nu dans les rues, etc... L'exemple du clairon est mal choisi, je ne vous vois pas du tout jouer du clairon..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il est tout à fait savoureux de se voir reprocher de jouer du clairon et de se promener à poil dans les rues, quand on est soi-même sanglotant d'admiration devant la moindre pédo-fierté, manifestation de masse qui consiste à torturer toute une ville avec des décibels primaires, tout en arpentant ses rues vêtu d'un string en cuir et une plume fluo fichée dans le fondement !

      Et le clairon est le seul instrument dont j'ai jamais tenté de jouer, justement, vers 11-12 ans. Pas de bol…

      Sinon, en effet, je refuse de m'affubler de l'un de ces masques qui vous sont si chers.

      Supprimer
    2. Quand je joue du clairon, c'est pour avoir l'heure la nuit.

      Supprimer
  6. Le masque sert avant tout à protéger les autres, en portant un masque vous limitez les risques de contaminer les autres.
    La seule chose que vous démontrez en refusant de porter un masque, ce n'est pas votre liberté ou votre amour du risque, puisque par ailleurs, vous honorez très bien vos rendez vous chez les différents médecins, c'est votre motivation purement égoïste.
    Ce n'est pas grave, tout le monde est égoïste, mais c'est toujours mieux de ne pas se faire d'illusion sur soi même.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, ça, c'est le discours officiel que l'on tient et se tient. Je n'y crois guère, et pense que les gens portant masque et exigeant que tous le monde en porte le font par trouille, pour tenter de protéger leur précieuse petite existence, et non celle des autres dont, comme de juste, ils se foutent.

      Cela dit, vous avez raison : j'ai une nette tendance à l'égoïsme, et ne vous ai nullement attendu pour le constater.

      Supprimer
    2. Cette distinction entre égoïsme et altruisme me paraît simpliste. L'altruisme est le plus souvent un égoïsme futé (ou "bien compris").

      Supprimer
  7. Soyons logiques : un égoïste tout à fait cohérent ne se contenterait pas de refuser de porter soi-même un masque, il EXIGERAIT AUSSI que les autres en portassent !

    RépondreSupprimer
  8. Perso, j'aurais mis en illustration un troupeau de veaux.
    Nous sommes français, non ?

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.