jeudi 10 juin 2021

En suivant les éboueurs…

La signification d'un acte, son sens profond, dépend en grande partie, ce me semble, du regard que l'on porte sur lui. Je pensais à cela il y a quelques minutes, en regardant passer les éboueurs.

L'ensemble de l'attelage est composé d'un camion-benne, d'un conducteur et d'un second homme chargé de transvaser le contenu des poubelles dans la benne : rien que du classique, en somme. 

À la ferme qui est derrière chez nous, et que l'on voit fort bien de notre terrasse, il y a toujours beaucoup de poubelles, plus des cartons et emballages divers empilés à côté. Arrivé là, et contrairement à ce qui se passe devant les simples maisons d'habitation à une ou deux poubelles seulement, le conducteur du camion descend de sa cabine afin d'aller prêter main forte à son coéquipier. 

« Altruisme ! Solidarité ! Sens de l'entraide ! » s'exclameront, ravis, les progressistes.  « Calcul purement égoïste ! grommelleront les pessimistes de la nature humaine : en aidant son acolyte, le conducteur du camion permet à la tournée de durer moins longtemps et sera donc, ainsi, rentré plus vite chez lui. » 

Il est probable que les deux auront raison, mais il resterait à déterminer dans quelle proportion, c'est-à-dire la part exacte de l'altruisme et celle de l'intérêt personnel. 

Une tâche d'autant plus délicate que cette proportion doit varier assez fortement selon que le camion est ce jour-là conduit par Marcel, “qui a le cœur sur la main, une vraie crème”, ou par Jean-Paul, “qui n'en a jamais rien à foutre des autres”…

Mes puissantes réflexions se sont arrêtées là, car il fallait encore que j'aille rentrer mes propres poubelles, irréprochablement vidées.

19 commentaires:

  1. Arrêtez vos conneries : ça fout trop la trouille !

    Sinon, ici, à la campagne, l'homme de derrière est toujours seul. Peut-être parce que les maisons sont moins "à touche-touche" qu'en ville ?

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  2. L'" ultralibéralisme"(j'adore ce mot, surtout appliqué à la France) supprimera d'abord l'homme de derrière (le conducteur peut bien descendre devant chaque maison et faire tout seul le boulot), puis le camion lui- même; que chacun se débrouille pour pprter lui-même ses saloperies à la déchetterie.

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    1. À noter que "L'Homme de derrière" est le titre d'une chanson de Kent, laquelle est entièrement consacrée… à votre très humble serviteur !

      Les paroles de ce chef-d'œuvre sont ici.

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    2. Ah, c'est chez les bouquinistes que vous écoulez votre production ? Ce doit être rentable : j'y ai trouvé une fois ( il y a très longtemps !)" Bagatelles pour un massacre" ( Gallimard ), mais hors de prix, et emballé pour qu'on ne puisse pas le feuilleter.

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    3. (Ma réponse lapidairissime s'adressait à M. Maque…)

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    4. Entièrement consacrée ? C'est donc vous aussi qui consolez la star éplorée ?

      k.

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    5. Oui, bon : il a un peu enjolivé, d'accord.

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  3. J’ai remarqué que les éboueurs travaillaient sans perdre une seconde.
    Notamment lorsque le camion bloque la voie de circulation. (on ne peut pas en dire autant de certains livreurs ...)
    A mon avis c’est l’usage de faire la tournée le plus rapidement possible.
    Ce qui n’empêche en rien d’avoir également l’esprit solidaire.

    J’imagine la collecte de poubelle chez Landru 😥

    Hélène

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  4. Je vois que c'est le cas chez vous aussi (je suis dans une "grande" ville), mais il y a quelques années il y avait encore deux éboueurs à l'arrière du camion pour effectuer tout le travail, qui ne manque pas.

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    1. Peut-être cette "réduction de personnel" est-elle due au fait que, désormais, les camions sont automatisés, soulèvent et rabaissent les poubelles sans aide humaine ?

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    2. Il me semble qu'il y a vingt-trente ans qu'ils sont déjà automatisés, il y avait deux salariés alors, et les camions dernier cri comportent toujours double emplacement à l'arrière, de chaque côté, au cas où, désormais...

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  5. A Loudéac, les tournées viennent d'être réorganisées et, effectivement, cela ressemble à une préparation de tournées sans ripeur.

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  6. Quant à moi, Parrain, le "discret étalon" planqué sous l'édredon m'a plus intéressée que vos pauvres éboueurs !

    P.S. Me sera-t-il permis de demander ici à l'Oncle Jacques, pourquoi je ne peux plus commenter chez lui ?

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    1. "m'a plus intéressé" ! Saint Grevisse priez pour nous !

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    2. Ah, moi j'aurais mis un "e" également, vous êtes bien une femme Mildred, le "m'" c'est vous non ?

      Saint Didier, à l'aide ! on y perd son latin, on vient à douter de tout...

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    3. Il faut bien un "e" en effet.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.