vendredi 17 décembre 2021

Balzac, premier apôtre transgenritudinal


 Si on m'avait dit ça de lui… Et pourtant, il faut se rendre à l'évidence : c'est bel et bien du cœur de La Comédie humaine qu'a jailli ce transgenrisme, cette transgenritude dont notre époque s'enorgueillit à bon droit. C'est plus précisément dans les premières pages du Père Goriot que l'on en découvre la très-précieuse graine. Présentant sa fameuse pension de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, Balzac écrit ceci (c'est lui qui souligne) :

« On entre dans cette allée par une porte bâtarde, surmontée d'un écriteau sur lequel est écrit : MAISON-VAUQUER, et dessous : Pension bourgeoise des deux sexes et autres. »

On se pince, on inspire profondément, on croit avoir été passagèrement le jouet d'une illusion, on relit… Mais oui, les mots sont bien là, on n'a pas rêvé : Pension bourgeoise des deux sexes et autres !

De là à imaginer Honoré remplissant son petit dossier afin d'être autorisé à devenir Honorine, il y a évidemment un pas de cyclope que je me garderai de faire. Néanmoins, une petite voix enveloppante, insidieuse, dégenrée, continue à me murmurer que si Balzac a éprouvé le besoin d'intituler l'un de ses romans justement Honorine, ce ne put être entièrement le fruit du hasard…

36 commentaires:

  1. Vous avez évidemment raison, et je n'ai fait que "galéjer".

    En réalité, ce "et autres" est le tout premier indice, imperceptible pour qui n'est pas relecteur de l'œuvre, de l'homosexualité de Vautrin, pilier de la pension Vauquer. Puisqu'aussi bien Balzac, ailleurs (dans Splendeurs et Misères si je ne me trompe), qualifie les homosexuels de "troisième sexe".

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  2. Ce qui plaide pour un Balzac visionnaire, à l'opposé du Balzac réaliste de nos cours de français.

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    1. S/Z ? S/Z ? Vraiment, je ne vois pas… Je dois être un peu embrumé, ce matin…

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    2. S/Z est un essai de Roland Barthes, publié en 1970 consacré tout entier à l'analyse d'une nouvelle de Balzac "Sarrasine". Merci qui ? Merci Google !!

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    3. Ah zut, excusez-moi. Je ne me rendais même plus compte que Sarrasine ne s'appeleait pas S/Z.

      Et sinon, dans la confusion des genres, mon préféré est largement "La fille aux yeux d'or" (que je n'ai pas compris immédiatement, dans ma grande innocence).

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  4. À condition, justement, de ne pas y prendre pension soi-même !

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  5. Tout de même, il est un peu rétrograde votre Balzac, si il avait été « up to date », il aurait écrit juste en dessous :
    « Booth sexes and others »

    Nos progressistes humanistes pensent aux Anglo Saxons qui ne maîtrisent pas cette langue morte qu’est le Français. Ainsi sur votre C.I. Vous aurez d’écrit dessous la mention « nom », la traduction « name ».

    Hélène
    Elen

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  6. Ce qui reste énigmatique ou saisissant est le caractère intradiégétique (si j'ose dire) de ce "et autres". Ce n'est pas l'auteur ni le narrateur qui ouvertement se permet cette sorte de plaisanterie, mais la Pension Vauquer qui est censée l'avoir affichée.

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  7. Vous avez raison, ça reste un peu mystérieux. Mais comme beaucoup de choses chez Balzac, du reste.

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  8. Pas si sûr.
    Désormais à l’université en Algérie, en première langue l’Anglais remplace le Français.

    Ainsi, l’assimilation en Europe passera d’abord par la langue Anglo-Americaine. CQFD

    Elen1er
    Hélène the last and the best 👌

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  9. Cela me rappelle la notice d'une tondeuse à gazon ( sans doute traduite de l'indonésien en français par un japonais ): " Attention : lames très puissantes, peuvent couper un bras, une jambe, ou tout autre membre ".

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  10. A l'époque, on devait rechercher des pensions pour jeunes filles, pour dames, pour jeunes hommes ou messieurs célibataires.
    Peut-être que le "autres" englobe toutes ces catégories, y compris touristes, étudiants, fonctionnaires mais exclut les familles ?

    Simple supposition.

    You

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  11. Au début du texte Balzac signale que la pension Vauquer "admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards" Voilà qui nous met sur une piste.

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    1. Même réponse que juste au-dessus…

      On va finir par y arriver !

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  12. Pension bourgeoise des deux sexes et autres Zambinella

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  13. J'ai du passer devant la maison Vauquer trois ou peut être quatre fois ce qui n'est pas enorme en 80 ans, mais son coté "transgenritudinal" ne m'avais jamais frappé. Que faire maintenant? y retourner aurait un coté voyeur, refuser d'y retourner afin de ne pas risquer d'y retrouver M. Goux ricanant devant cette pension serait un peu comme abandonner Balzac au LGBTisme et autre queerisme (et autres machins dont je n'arrive jamais à me souvenir du nom). Je ne vous remercie pas, M, Goux, de mettre ainsi vos lecteurs dans l'embarras.

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    1. Si vous vous présentez de ma part, Maman Vauquer aura soin de planquer tous les travelos sous le tapis, afin que vous vous sentiez "comme chez vous".

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  14. Sortir de l'hôpital, reprendre la lecture des blogs et apprendre que Balzac est une espèce de tarlouze postmoderne... Qu'ai-je fait au bon dieu ?

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    1. Je sais, je sais : j'aurais dû vous préparer en douceur à un choc pareil ! Je suis impardonnable…

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    2. Au fait : de quel sexe/genre est ce dieu si bon (" si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse") dont tant de gens parlent ? Et si c'ètait un(e)Noir(e), voire un((e) pygmée ? Et pourquoi barbu(e) ?

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  15. Un théorème célèbre de la Physique dit qu'un trou noir n'a pas de cheveu (n'a pas d'imperfection). Cette même idée peut sans doute trouver à s'appliquer plus communément. Par exemple, ici: "Une tarlouze n'as pas de moustache".
    Non, je ne crois pas. Balzac n'était pas une tarlouze ou un transgenre. D'ailleurs, il portait la moustache.
    Est-ce que vous portez la moustache, Monsieur Goux ?

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  16. Un Noël joyeux, laïc et multigenres à tous.

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  17. Je continue à lire vos textes avec intérêt, plaisir et attention (il vaut mieux!), mais commenter c'est une autre histoire !
    Cependant, l'esprit de Noël me souffle de souhaiter aux humains et animaux de votre maison une belle journée de Noël "normale"...Sans oublier vos lecteurs,que je lis et qui me lisent aussi pour le coup! C'est dingue!
    Bibi

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    1. Les animaux vous remercie de vos vœux et vous présente les leurs en retour. Pour ce qui est des humains, il n'y en a qu'un seul, moi, Catherine étant partie pour trois semaines à Québec, chez ses filles. Mais enfin, si elle était là, nul doute qu'elle se joindrait au reste de la "meute"…

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  18. Joyeux Noël à vous, à votre épouse et vos copains de blog.
    Bisous à tous les poils et plumes de votre home.
    Hélène

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  19. Aller en plein hiver au Québec ???

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    1. L'hiver n'est pas une chose qui impressionne beaucoup les Québécois. Heureusement pour eux, d'ailleurs !

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  20. Très peu de commentaires sur un tel sujet, mais toute la France et la francophonie s'apprêtent à réveillonner en lisant votre journal de décembre- qui sera mis en ligne avant minuit, espèrent-elles.

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    1. Le journal sera en ligne le 1er à sept heures du matin, comme chaque mois. C'est-à-dire à l'heure où tout le monde sera en train de cuver.

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    2. Il faut savoir faire des concessions envers ceux de vos lecteurs qui n'ont que votre blog pour réveillonner ! ( Et aussi faire un peu de marketing et relancer les blogueurs disparus : Mildred, jazzman, etc.)
      Mais comment influencer un influenceur ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.