mercredi 27 juillet 2022

Un Italo chasse l'autre

Effet du grand âge, effet agaçant et même pénible, il m'arrive de plus en plus fréquemment d'oublier le nom de personnages qui me sont pourtant fort familiers (le genre dont on dit généralement : c'est énervant, je ne connais que lui…). Autant que faire se peut, je m'efforce de ne pas aller le rechercher, ce nom, ailleurs que dans ma mémoire délabrée ; environ deux fois sur trois, au bout d'un temps variable, j'y parviens en effet, ce qui constitue chaque fois une petite victoire bien agréable. 

Le pis arrive lorsque, au nom que je cherche, vient inopinément s'en substituer un autre, dont je sais qu'il n'est pas le bon, mais qui s'installe quand même à l'avant-scène, prend aussitôt toutes ses aises et la place, rendant impossible la survenue du nom véritable.

Cela vient de se produire à l'instant. Je ne sais pourquoi, ayant commencé à relire Le Roman de Ferrare de Giorgio Bassani, je me suis mis à songer à La Conscience de Zeno, roman de… de… J'ai cru un moment que je m'en sortirais tout seul. C'est alors qu'a surgi Italo Calvino. Je savais bien entendu que jamais Calvino n'a écrit La Conscience de Zeno ; mais, une fois sorti de l'ombre, ce bougre de Rital refusait d'y rentrer, et même me regardait en ricanant bêtement ! La tête et l'œil bas comme un pigeon blessé, il m'a bien fallu me traîner jusqu'à la Case pour rendre à Italo Svevo son dû.

Ce qui m'étonne le plus est que le prénom commun à Calvino et à Svevo ne m'ait pas mis sur la bonne voie, tel un complaisant aiguillage. C'est sans doute le signe que le mal progresse : bientôt, je ne saurai même plus que ces Italo-là ont pu, un jour, écrire des livres…
 
Dans un sens, je serai sans doute plus tranquille.


 

10 commentaires:

  1. Tant que c'est les noms, ce n'est que la face émergée de l'iceberg. Je confuse dans les mots. Où je recherche leur blaze et ne le trouve plus.cela a aussi le don de m'irriter, puis je regarde le ciel à travers la treille de la vigne et avec un soupir, je me dis qu'on a un bel été.

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  2. Si vous comptez sur moi pour vous aider, vous êtes mal barrés...

    Italii, c'est le pluriel d'Italo ? Je comprends plus rien, en plus.

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    1. Ce sont des maîtres Italo : à ce titre, ils sont tous les deux exposés au pavillon de Breteuil.

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  3. Attention à cette vieillesse qui rôde dans la 13e avenue, Monsieur William.

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  4. Vous allez peut-être pouvoir m'aider : impossible de retrouver le nom du papier qu'utilise les libraires pour protéger leurs livres. Pas du papier cristal mais du papier ??

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    1. Je suis au désespoir de vous avouer… que je n'en ai aucune idée !

      (Ou alors j'ai oublié…)

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    2. Papier de soie, bordel ! Ca ne protège pas les livres mais les gravures et choses comme ça dans les livres. Faut que je fasse tout, ici ?

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    3. Papier de soie ! Mais c'est bien sûr : ça va de soi.

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  5. Non, le papier de soie sert pour les vêtements (par exemple). C'est beaucoup plus souple.
    Apparemment c'est bien le papier cristal. Ça doit être un abus de langage si on l'utilise pour le papier des fleuristes qui est plutôt de la cellophane.
    Je suis persuadée qu'il y avait un autre nom mais j'ai dû rêver.
    En tout cas merci à tous deux. Je vais aller commander mon papier.

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    1. Vous serez bien aimable de nous fournir la clé de l'énigme… si vous la trouvez !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.