Il est des rencontres à ce point improbables qu'elles finissent par se produire ; il en est d'autres que tout semble favoriser et qui n'ont jamais lieu : c'est ce qui s'est passé entre Philippe Muray et moi.
Je suis entré au journal qui m'emploie encore à ce jour en octobre 1982, suite à la démission brutale de Bernard T., le chef du rewriting. Bernard n'avait pas de souci de trésorerie et pouvait se permettre ce coup d'éclat : il était l'homme caché derrière le pseudonyme de Michel Brice, le créateur de la série Brigade mondaine.
Sa place a donc été occupée par le chef-adjoint de ce même service, Michel D., avec lequel je m'entendais fort bien et qui allait, quelques années plus tard, devenir le propriétaire-président des Belles-Lettres.
Et, donc, l'éditeur de Philippe Muray.
Un an plus tard est arrivé dans ce service du rewriting, mon futur ami Yves J. Yves, qui s'apprêtait alors à devenir père d'une petite fille, avait déjà deux garçons d'un premier mariage, lesquels avaient alors une dizaine d'années - je ne saurais dire avec plus de précision. Je les ai vus grandir et les connais encore aujourd'hui, au moins l'aîné qui travaille à son tour chez Hachette-Filipacchi. Ces deux garçons partageaient alors leur existence entre la maison de leur père et l'appartement de leur mère, laquelle était également remariée.
Remariée avec Philippe Muray.
Dans les derniers mois de 1985, par l'intermédiaire de celle qui allait devenir sa femme et qui était une amie à moi, j'ai eu l'occasion de rencontrer Gérard de Villiers, qui m'a demandé si je voulais écrire des Brigade mondaine pour lui. La raison était que le créateur de la série, Bernard T. souhaitait prendre un peu de champ et que le second auteur ne pouvait à lui seul assurer les huit titres par an.
Le deuxième auteur en question était Philippe Muray.
C'est ainsi que, pendant environ dix ans, jusqu'à ce que Muray ait la possibilité de vivre de ses écrits personnels, nous avons, chacun de son côté, assuré les huit, puis dix titres de cette série, sans jamais nous rencontrer. Je crois bien me souvenir que nous nous sommes parlé une fois au téléphone, brièvement, pour régler en quelques minutes une affaire sans importance de remise de manuscrit.
Durant toute cette période, je n'ai jamais lu un livre de Muray et n'ai commencé à en ressentir l'envie que quelques mois avant sa mort, sans qu'il y ait, bien sûr, aucun lien entre ces deux choses.
Ai-je du regret de cette non-rencontre ? Même pas. J'ai plusieurs fois parlé de lui avec A., son beau-fils que je vois régulièrement, notamment à propos du journal que tenait Philippe Muray et que nous ne lirons probablement jamais. Je trouve au contraire plutôt amusant, et un peu étrange, que, durant presque 25 ans, nous ayons cheminé ainsi, sur des voies parallèles, où ne manquaient pas les échangeurs, sans jamais, lui ni moi, songer à s'engager sur un seul d'entre eux.
Je suis entré au journal qui m'emploie encore à ce jour en octobre 1982, suite à la démission brutale de Bernard T., le chef du rewriting. Bernard n'avait pas de souci de trésorerie et pouvait se permettre ce coup d'éclat : il était l'homme caché derrière le pseudonyme de Michel Brice, le créateur de la série Brigade mondaine.
Sa place a donc été occupée par le chef-adjoint de ce même service, Michel D., avec lequel je m'entendais fort bien et qui allait, quelques années plus tard, devenir le propriétaire-président des Belles-Lettres.
Et, donc, l'éditeur de Philippe Muray.
Un an plus tard est arrivé dans ce service du rewriting, mon futur ami Yves J. Yves, qui s'apprêtait alors à devenir père d'une petite fille, avait déjà deux garçons d'un premier mariage, lesquels avaient alors une dizaine d'années - je ne saurais dire avec plus de précision. Je les ai vus grandir et les connais encore aujourd'hui, au moins l'aîné qui travaille à son tour chez Hachette-Filipacchi. Ces deux garçons partageaient alors leur existence entre la maison de leur père et l'appartement de leur mère, laquelle était également remariée.
Remariée avec Philippe Muray.
Dans les derniers mois de 1985, par l'intermédiaire de celle qui allait devenir sa femme et qui était une amie à moi, j'ai eu l'occasion de rencontrer Gérard de Villiers, qui m'a demandé si je voulais écrire des Brigade mondaine pour lui. La raison était que le créateur de la série, Bernard T. souhaitait prendre un peu de champ et que le second auteur ne pouvait à lui seul assurer les huit titres par an.
Le deuxième auteur en question était Philippe Muray.
C'est ainsi que, pendant environ dix ans, jusqu'à ce que Muray ait la possibilité de vivre de ses écrits personnels, nous avons, chacun de son côté, assuré les huit, puis dix titres de cette série, sans jamais nous rencontrer. Je crois bien me souvenir que nous nous sommes parlé une fois au téléphone, brièvement, pour régler en quelques minutes une affaire sans importance de remise de manuscrit.
Durant toute cette période, je n'ai jamais lu un livre de Muray et n'ai commencé à en ressentir l'envie que quelques mois avant sa mort, sans qu'il y ait, bien sûr, aucun lien entre ces deux choses.
Ai-je du regret de cette non-rencontre ? Même pas. J'ai plusieurs fois parlé de lui avec A., son beau-fils que je vois régulièrement, notamment à propos du journal que tenait Philippe Muray et que nous ne lirons probablement jamais. Je trouve au contraire plutôt amusant, et un peu étrange, que, durant presque 25 ans, nous ayons cheminé ainsi, sur des voies parallèles, où ne manquaient pas les échangeurs, sans jamais, lui ni moi, songer à s'engager sur un seul d'entre eux.
Je crois qu'il s'agit là d'un immense respect et d'une part d'orgueil, (orgueuil?) qu'on a tous en nous.
RépondreSupprimerOu peut-être également la peur de matérialiser les hommes simples que vous êtes, qui écrivent des histoires un peu plus alambiquées.
Ne pas rompre ce charme est parfois nécessaire.
Des bizettes.
Tandis qu'avec Scarlett vous auriez moins d'embarras à engager une conversation serrée ...
RépondreSupprimerC'est fou finalement comme les relations humaines tiennent à peu de choses !
ah ben voilà !
RépondreSupprimerAh ben voilà, quoi ?
RépondreSupprimerLa conclusion est d'un homme sage... :)
RépondreSupprimerJe ne pense pas que vous preniez cela en mauvaise part, vous n'êtes plus adolescents je crois... ;)
bonjour,
RépondreSupprimerJe me permets une question : pourquoi dites-vous, concernant le journal de Philippe Muray "que nous ne le lirons probablement jamais" ?
avez-vous des infos à ce sujet ?
il me paraît très important que ce journal soit publié....
cordialement,
J'ai en effet des informations à ce sujet. Mais comme elles sont d'ordre strictement privé, vous comprendrez que je ne puisse les donner ici.
RépondreSupprimerCela étant, tout cela remonte à environ un an et il est fort possible que les empêchements à la publication aient été depuis levés.
bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre réponse concernant ma question (concernant le journal de Philippe Muray). Je comprends votre "devoir de réserve" mais il convient de rappeler que celui-ci, au cours de nombreux entretiens avait déclaré que son journal devait être publié après sa mort....
Cordialement,
Oui, c'est ce qu'il a déclaré en effet. Mais vous savez comme moi que ce sont les héritiers qui, au bout du compte, disposent...
RépondreSupprimeroui cela est historiquement connu....le testament de louis XIV a bien été cassé non ?
RépondreSupprimerqd vous dites les héritiers, vous parlez de son épouse ? il me semble qu'il n'avait pas d'enfants....
Cordialement,
Secret défense...
RépondreSupprimerbon très bien nous n'en saurons pas plus....je comprends vos silences.
RépondreSupprimerDans son ouvrage posthume "le portatif", Philippe Muray a pu écrire qu'il avait envisagé une suite à son ouvrage " le XIXème siècle à travers les âges", tome 2 resté en gestation (selon son expression, je crois..)
Ne serait-il pas opportun là aussi, de militer pour que cette ouvrage inachevé soit publié ?
Cordialement,
Cordialement anonyme, n'est-ce pas une anacoluthe de la civilité ?
RépondreSupprimer"anacoluthe de la civiité" ?
RépondreSupprimercomment ça ?
une anacoluthe est une figure stylistique de construction qui, par une rupture voulue de la construction syntaxique, conserve non seulement le sens, la facilité de compréhension mais apporte surtout un avantage à l'expression....(source Wikipédia)
tout cela nous éloigne du sujet principal....
Vive le 2ème tome inachevé du "XIXème siècle à travers les âges" !!
Parfois, je continue à penser à Philippe Muray..qu'aurait-il écrit de tous les évènements et notre époque (ou "nous avons le fatigant bohneur de vivre" selon Ch Baudelaire) ?
le mariage du "petit nerveux" de l'élysée, la "bravitude" etc etc...
bref, voilà pourquoi Philippe Muray nous manque tant...
Hello,
RépondreSupprimery a t'il moyen de savoir qui a signé les différents "Brigade mondaine", par titre ou numéro?
Merci d'avance à celui ou celle qui saura répondre.
PR
PR : à ma connaissance, non. J'ai conservé les miens, mais pas ceux écrits par les autres. Mais, de toute façon, vous seriez (si vous êtes un lecteur de Muray) fort déçu. Car, croyez-moi, pour les avoir tous lus, il n'y avait rigoureusement rien de Muray dans les BM qu'il a écrits.
RépondreSupprimerEt lesquels sont les vôtres, M. Goux ?
RépondreSupprimerBien cordialement,
L