Je n'ai trouvé que ça. Je veux dire : cette version tardive et "symphonique" de cette chanson (si on peut dire...) de Léo, datant de 1970. Je vous la mets néanmoins en lien, simplement parce que j'ai passé mon "prime time" à écouter Ferré (on comprendra mieux pourquoi demain matin). Et surtout pour que mes jeunes lecteurs sachent à quoi ont vibré les vieux machins - ou au moins certains d'entre eux.
Le Chien (Léo Ferré - 1970)
À mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
À mes compaings du pain rassis
À mes frangins de l'entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
A l'Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d'Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre
Sur les MIDNIGHT à moitié verre
Chez un bistre de ses clients
Aux spécialistes d'la scoumoune
Qui se sapaient de courants d'air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondit and Clowns
Aux pannes qui la langue au pas
En plein hiver mangeaient des nèfles
A ceux pour qui deux sous de trèfle
Ça valait une Craven A
A ceux-là je laisse la fleur
De mon désespoir en allé
Maintenant que je suis paré
Et que je vais chez le coiffeur
Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette Américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau
Ils t'ont pelé comme un mouton
Avec un ciseau à surtaxe
Progressivement contumax
Tu bêle à tout va la chanson
Et tu n'achètes plus que du vent
Encore que la nuit venue
Y a ta cavale dans la rue
Qui hennnit en te klaxonnant
Le Droit la Loi la Foi et Toi
Et une éponge de vin sur
Ton Beaujolais qui fait le mur
Et ta Pépée qui fait le toit
Et si vraiment Dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s'en débarrasser
Tu traînes ton croco ridé
Cinquante berges dans les flancs
Et tes chiens qui mordent dedans
Le pot-au-rif de l'amitié
Un poète ça sent des pieds
On lave pas la poésie
Ça se défenestre et ça crie
Aux gens perdus des mots FERIES
Des mots oui des mots comme le Nouveau Monde
Des mots venus de l'autre côté clé la rive
Des mots tranquilles comme mon chien qui dort
Des mots chargés des lèvres constellées dans le dictionnaire des
constellations de mots
Et c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens
particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses
Littéromanes
IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR soit rempli de mystère et non
de tabou, de péché, de vertu, de carnaval romain des draps cousus
dans le salace
Et dans l'objet de la policière voyance ou voyeurie
Nous mettrons de longs cheveux aux prêtres de la rue pour leur
apprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita Hayworth
monsieur l'abbé BB fricoti fricota et nous ferons des prières inversées
Et nous lancerons à la tête des gens des mots
SANS CULOTTE
SANS BANDE A CUL
Sans rien qui puisse jamais remettre en question
La vieille la très vieille et très ancienne et démodée querelle du
qu'en diront-ils
Et du je fais quand même mes cochoncetés en toute quiétude sous
prétexte qu'on m'a béni
Que j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies
ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS DANS LES
RUES
ET S'INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE L'AMOUR
INSTANTANE
Alors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité
JE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
JE PROVOQUE-À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION
YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR
Je vous l'ai dit
Des armes et des mots c'est pareil
Ça tue pareil
II faut tuer l'intelligence des mots anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras
IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE
Mettez-vous le bien dans la courbure
C'est râpé vos trucs et manigances
Vos démocraties où il n'est pas question de monter à l'hôtel avec
une fille
Si elle ne vous est pas collée par la jurisprudence
C'est râpé Messieurs de la Romance
Nous, nous sommes pour un langage auquel vous n'entravez que
couic
NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la
compagnie,
Ils se dérangent et on leur fout la paix
Nous voulons la Paix des Chiens
Nous sommes des chiens de " bonne volonté "
El nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à nous
certaines chiennes
Puisqu'elles sont faites pour ça et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la gueule
Des armes blanches et noires comme des mots noirs et blancs
NOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS ASSUMEREZ
BLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS ASSUMONS
NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la
compagnie,
II se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a quelque
chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutre
sur la margoulette
Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse l
JE CAUSE et je GUEULE comme un chien
JE SUIS UN CHIEN
ah ce bon Léo, il manque à notre quotidien ce bel anar.
RépondreSupprimermais je doute qu'il eut aimé ce qui se dit ici remarquez...
Chat huant : laissez Léo penser ce qu'il veut...
RépondreSupprimerbien chef !
RépondreSupprimersur ce blog faut filer doux...
mais remarquez bien qu'il s'agissait d'un doute de ma part
Il n'a pas besoin d'être un jeune truc ou un vieux machin pour vibrer sur un poème, une chanson ou une musique.
RépondreSupprimerToutefois le texte d'une chanson sans la musique est souvent décevant
Il est vrai que Ferré (comme certains autres) a eu le beau talent de lier intimes ses mots et sa musique qui savent en outre aller chacun de leur côté. Ce qui est très rare.
S'il vivait encore aujourd'hui, chanterait-il "je ne suis pas un sous-chien?"
RépondreSupprimerSuzanne (indigène de la République et sous-chienne de garde)
Ah, vibrer… La grande affaire, vibrer ! Vous croyez que Ben Laden vibre, aussi ?
RépondreSupprimer«Vous vibrez, mon petit ?»
RépondreSupprimerJacques Lacan
J'ai une machine à laver de marque Laden qui vibre à l'essorage, que dois-je faire ?
RépondreSupprimerSurtout ne pas vous asseoir dessus. Je le sais, j'ai la même !
RépondreSupprimerAh ben alors je vais essayer de m'asseoir dessus quand même pour arrêter les vibrations qui gênent les voisins à ce qu'il paraît...
RépondreSupprimerMon bonjour à Ben.
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