Depuis hier, je lis Danube, de Claudio Magris. Tout ce que j'aime. Littérature pure. Près de 600 pages de promenade le long de cette paresseuse cicatrice barrant l'Europe, l'unifiant tout autant qu'elle la sépare (non : plus l'un que l'autre), de Donauschingen à la mer. Sentiment géographique, à la Michel Chaillou, promenade historique, promenade littéraire, promenade tout court, à l'intérieur de l'esprit de l'auteur, si l'on peut dire. C'est d'ailleurs mal dire : l'esprit de l'auteur, pour être présent, ne se pousse pas du col ; il pousse en revanche très bien le voyageur qui accepte d'embarquer.
Il est possible que je sois obsédé, et me plante, mais Magris me semble foutrement camusien (foutrement est exagéré, dans la mesure où l'Italien se déclare radicalement hétérosexuel...). Les premières pages, les seules que j'aie encore lues, parlent de la source du fleuve, de cette source incertaine, multiple, disputée, toujours repoussée en amont, hasardeuse, jamais trouvée ; et ces pages semblent avoir été écrites sinon par du moins pour Renaud Camus, celui des Demeures de l'esprit ou du Département de la Lozère.
C'est un livre étale. Une écriture dont le but semble être de ralentir le fleuve, voire de l'annuler, si la chose était possible, une promenade hasardeuse dont, dès le début (je n'ai atteint que la page 70), on sent qu'elle va ressembler aux sources même : un pré spongieux, sans ruisseau visible, gros des flots de l'aval.
Un livre, mot qu'il conviendrait d'écrire en capitales, s'il nous prenait l'envie d'élever la voix.
Il est possible que je sois obsédé, et me plante, mais Magris me semble foutrement camusien (foutrement est exagéré, dans la mesure où l'Italien se déclare radicalement hétérosexuel...). Les premières pages, les seules que j'aie encore lues, parlent de la source du fleuve, de cette source incertaine, multiple, disputée, toujours repoussée en amont, hasardeuse, jamais trouvée ; et ces pages semblent avoir été écrites sinon par du moins pour Renaud Camus, celui des Demeures de l'esprit ou du Département de la Lozère.
C'est un livre étale. Une écriture dont le but semble être de ralentir le fleuve, voire de l'annuler, si la chose était possible, une promenade hasardeuse dont, dès le début (je n'ai atteint que la page 70), on sent qu'elle va ressembler aux sources même : un pré spongieux, sans ruisseau visible, gros des flots de l'aval.
Un livre, mot qu'il conviendrait d'écrire en capitales, s'il nous prenait l'envie d'élever la voix.
Vous trouvez qu'il ne fait pas assez chaud et vous nous emmenez dans des marécages spongieux et infestés de moustiques ? Tsss ...
RépondreSupprimerUn livre étal de fruits ? ou un livre étale comme la mer ?
iPidiblue suffoqué
Oui, bon, ça va : ça peut arriver à tout le monde !
RépondreSupprimer(C'est corrigé, et merci de votre amicale (je suppose...) vigilance.)
Foutre, foutre, toujours foutre, mais laissez donc le foutre où il est, n'y pensez plus !
RépondreSupprimerCertaines lectures, certaines musiques se mettent en valeur entre elles, et on les apprécie différemment et, j'oserais même dire, qu'on les redécouvre voire plus...de l'enchantement quoi!!! De même que certaines images sont sublimisées par de la musique et vice et versa...
RépondreSupprimerQuestion d'individu, d'état d'âme ou plus simplement, peut-être, de réceptivité à ce moment-là...
Jeffanne
Superbe commentaire qui donne envie de se précipiter chez le libraire le plus proche ! C'est la première fois que j'entends parler de Claudio Magris mais si son écriture se rappproche de celle de Renaud Camus, je suis déjà conquise.
RépondreSupprimerP.S. : j'aime beaucoup cette expression : "Un livre étale".
Geneviève: c'est un livre qui vaut tout le plaisir d'un voyage, vous épargnant touristes, moustiques et autres désagréments.
RépondreSupprimerSuzanne
Si ce livre permet de voyager avec les yeux ... si l'imagination fait le reste ... alors merci de me l'avoir indiqué..
RépondreSupprimerJeffanne