Bon, comme Nicolas a l'outrecuidance de pondre un long compte-rendu d'une soirée où il ne fut point, je n'ai d'autre choix, pour l'édification des historiens futurs, de rétablir les faits, dans leur lumineux enchaînement et leur logique imparable.
Nous avions donc rendez-vous avec Zoridae et Balmeyer pour une soirée dînatoire (oui, quand je suis malade, je parle comme ça : j'ai le droit), à Bamako où ce charmant couple est actuellement en coopération technique, détaché, on suppute, par le gouvernement français.
[Lisant par-dessus mon épaule, l'Irremplaçable me signale qu'il ne s'agit nullement de Bamako, mais du XVIIIe arrondissement de Paris. Dont acte.]
Nous étions attendus à partir de sept heures, nous tournâmes donc le coin de la rue aux environs de sept heures moins vingt, n'étant pas de ces raclures branchouilles qui se croient déshonorées d'arriver à l'heure, quoi que puisse insinuer bassement Nicolas (se reporter au lien du dessus). Premier coup de chance, Catherine trouve DEUX places de stationnement consécutives et installe triomphalement notre poubelle lie-de-vin sur l'une d'elles. Sortant du véhicule, nous constatons que le mot peint sur le macadam n'est pas le "Payant" que nous attendions, mais un plus inquiétant "Police". Effectivement, nous sommes juste devant une petite annexe du commissariat de l'arrondissement. On déguerpit et se contente d'une place marquée "Livraison", qui nous semble moins grosse d'orages.
Puis, on marche un peu le long de cette rue rectiligne et je demande à Catherine de faire quelques photos pour ma documentation, en vue d'un prochain et néanmoins hypothétique roman. Avec la rigueur intellectuelle qui me caractérise, je reconnais très vite que j'ai exagéré en qualifiant ce sympathique quartier de "Bamako" : il tient également, pour partie, de la Kasbah d'Alger. Soudain, entre l'imprimerie Krishna et l'Espoir exotique (authentiques, les deux...), je tombe en arrêt devant un café s'appelant Au gamin de Paris. Mon premier réflexe est d'aller trouver les patrons et de leur demander de cesser cette provocation grossière. Au deuxième regard, la mention "Bar à vins" nous éclaire : il s'agit seulement d'une mini-réserve de bobos blancs, destinés, je suppose, à amuser la population locale. Ou alors, d'un "bar témoin", à l'usage des historiens dont je parlais plus haut. De fait, ils sont là, mes tout petits blancs bobos, tassés sur l'étroite terrasse. Leur mutisme désorienté contraste violemment avec le brouhaha joyeux qui emplit le reste de la rue.
Il est sept heures moins une lorsque nous sonnons chez nos hôtes. Balmeyer ouvre la porte, ce qui est tout de même la moindre des choses. Catherine a apporté deux Playmobils pour Kéké, dont nous savions qu'il serait absent (il est sur un coup, paraît-il, mais sa mère préfère l'ignorer). Mais tout le monde sait bien que les cadeaux pour les enfants sont avant tout destinés aux parents. Moi, j'ai apporté à Balmeyer un disque contenant des compositions contemporaines pour piano et alto, en clin d'oeil à son billet du jour (lien plus haut). Zoridae arrive, emphatiquement rousse (couché, Tonnégrande !), mais ce n'est pas de sa faute, elle est née comme ça.
De champagne il n'y a point, et c'est heureux : bien que natif de Châlons-sur-Marne, je ne goûte que très peu ce breuvage à bulles (contrairement à d'autres). Vin blanc très agréable, qui passe du verre à la glotte sans faire de chichis ni la ramener mal à propos. Puis, les deux bouteilles vidées, nous sortons pour rejoindre le restaurant que nos deux coopérants ont prévu pour nous. Comme Zoridae est persuadée que la fourrière va fondre sur notre modeste véhicule dès que nous aurons le dos tourné, et qu'une vraie place s'est miraculeusement libérée, Catherine s'installe au volant, démarre, sort de son stationnement illicite... et percute la camionnette qui arrivait tout tranquillement. Aucun dégât, tout baigne.
Le restaurant est assez loin. Sans doute dans l'idée de parvenir à me semer et de passer une soirée tranquille, Zoridae et Balmeyer, ces malfaisants patentés, ont opté pour un trajet n'empruntant que des rues qui montent. Alors que je vois bien que, partout sur notre chemin, on n'arrête pas de croiser des rues qui descendent : ce n'est plus Bamako, c'est Addis-Abeba.
L'établissement s'appelle quelque chose comme Ginette de la Côte d'Azur : je mets Ginette au hasard, mais je suis sûr du reste. Terrasse pleine, nous nous installons à l'intérieur d'une salle agréable et commandons quelques nourritures, simples prétextes à de nouvelles libations (Petit Chablis, cette fois). Au moment du café, quatre places se libèrent dehors et on fond dessus comme la Légion sur Kolwezi (décidément, on ne sortira pas d'Afrique ce soir). Le Petit Chablis n'existant pas en demi-bouteille, on se rabat (Maroc) sur un pichet de Quincy. Ce qui est idiot, dans la mesure où, des pichets, on va bien en voir défiler quatre, avant de se replier sur des bases préparées à l'avance.
Au retour, le couple infernal n'ayant plus aucune raison de me semer, comme par hasard les rues se mettent toutes à descendre. Après ça, on dira que je suis paranoïaque : tu parles, je sais bien ce que j'ai vu, allez...
Durant ces cinq heures, nous avons parlé de beaucoup de choses, et même de quelques autres. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquelles et vous raconter ma vie privée : on n'est pas sur un blog de tarlouze. L'anecdote fameuse de l'Irremplaçable régurgitant ses spaghettis sous l'oeil médusé de deux touristes japonais, à une terrasse de Burano, a eu le petit succès qu'elle a toujours.
Sur le pas de la porte de nos hôtes, nous nous séparâmes, embrassâmes, saluâmes, promîmes un renouvellement de l'expérience. Balmeyer avait un peu les yeux dans la graisse de bean, comme disent les Québécois, mais les miens ne devaient pas être beaucoup plus vifs (peut-être même moins). Et il n'a pas vomi, en tout cas pas tant qu'il fut dans notre champ de vision.
Le retour commença de manière un peu cauchemardesque, dans la mesure où les accès à l'A 14 étaient fermés pour la nuit et que nous nous sommes retrouvés à zoner dans Nanterre durant un petit moment. Puis, tout rentra dans l'ordre. L'Irremplaçable a gentiment fait grimper l'aiguille du compte-tours, tandis que, de mon côté, la fièvre faisait de même avec les degrés Celsius. Arrivés, on a nourri les chiens et dodo.
Ce matin, il m'a paru raisonnable d'être malade durant les deux jours qui viennent et de priver la presse française de mon précieux soutien.
Voilà.
Nous avions donc rendez-vous avec Zoridae et Balmeyer pour une soirée dînatoire (oui, quand je suis malade, je parle comme ça : j'ai le droit), à Bamako où ce charmant couple est actuellement en coopération technique, détaché, on suppute, par le gouvernement français.
[Lisant par-dessus mon épaule, l'Irremplaçable me signale qu'il ne s'agit nullement de Bamako, mais du XVIIIe arrondissement de Paris. Dont acte.]
Nous étions attendus à partir de sept heures, nous tournâmes donc le coin de la rue aux environs de sept heures moins vingt, n'étant pas de ces raclures branchouilles qui se croient déshonorées d'arriver à l'heure, quoi que puisse insinuer bassement Nicolas (se reporter au lien du dessus). Premier coup de chance, Catherine trouve DEUX places de stationnement consécutives et installe triomphalement notre poubelle lie-de-vin sur l'une d'elles. Sortant du véhicule, nous constatons que le mot peint sur le macadam n'est pas le "Payant" que nous attendions, mais un plus inquiétant "Police". Effectivement, nous sommes juste devant une petite annexe du commissariat de l'arrondissement. On déguerpit et se contente d'une place marquée "Livraison", qui nous semble moins grosse d'orages.
Puis, on marche un peu le long de cette rue rectiligne et je demande à Catherine de faire quelques photos pour ma documentation, en vue d'un prochain et néanmoins hypothétique roman. Avec la rigueur intellectuelle qui me caractérise, je reconnais très vite que j'ai exagéré en qualifiant ce sympathique quartier de "Bamako" : il tient également, pour partie, de la Kasbah d'Alger. Soudain, entre l'imprimerie Krishna et l'Espoir exotique (authentiques, les deux...), je tombe en arrêt devant un café s'appelant Au gamin de Paris. Mon premier réflexe est d'aller trouver les patrons et de leur demander de cesser cette provocation grossière. Au deuxième regard, la mention "Bar à vins" nous éclaire : il s'agit seulement d'une mini-réserve de bobos blancs, destinés, je suppose, à amuser la population locale. Ou alors, d'un "bar témoin", à l'usage des historiens dont je parlais plus haut. De fait, ils sont là, mes tout petits blancs bobos, tassés sur l'étroite terrasse. Leur mutisme désorienté contraste violemment avec le brouhaha joyeux qui emplit le reste de la rue.
Il est sept heures moins une lorsque nous sonnons chez nos hôtes. Balmeyer ouvre la porte, ce qui est tout de même la moindre des choses. Catherine a apporté deux Playmobils pour Kéké, dont nous savions qu'il serait absent (il est sur un coup, paraît-il, mais sa mère préfère l'ignorer). Mais tout le monde sait bien que les cadeaux pour les enfants sont avant tout destinés aux parents. Moi, j'ai apporté à Balmeyer un disque contenant des compositions contemporaines pour piano et alto, en clin d'oeil à son billet du jour (lien plus haut). Zoridae arrive, emphatiquement rousse (couché, Tonnégrande !), mais ce n'est pas de sa faute, elle est née comme ça.
De champagne il n'y a point, et c'est heureux : bien que natif de Châlons-sur-Marne, je ne goûte que très peu ce breuvage à bulles (contrairement à d'autres). Vin blanc très agréable, qui passe du verre à la glotte sans faire de chichis ni la ramener mal à propos. Puis, les deux bouteilles vidées, nous sortons pour rejoindre le restaurant que nos deux coopérants ont prévu pour nous. Comme Zoridae est persuadée que la fourrière va fondre sur notre modeste véhicule dès que nous aurons le dos tourné, et qu'une vraie place s'est miraculeusement libérée, Catherine s'installe au volant, démarre, sort de son stationnement illicite... et percute la camionnette qui arrivait tout tranquillement. Aucun dégât, tout baigne.
Le restaurant est assez loin. Sans doute dans l'idée de parvenir à me semer et de passer une soirée tranquille, Zoridae et Balmeyer, ces malfaisants patentés, ont opté pour un trajet n'empruntant que des rues qui montent. Alors que je vois bien que, partout sur notre chemin, on n'arrête pas de croiser des rues qui descendent : ce n'est plus Bamako, c'est Addis-Abeba.
L'établissement s'appelle quelque chose comme Ginette de la Côte d'Azur : je mets Ginette au hasard, mais je suis sûr du reste. Terrasse pleine, nous nous installons à l'intérieur d'une salle agréable et commandons quelques nourritures, simples prétextes à de nouvelles libations (Petit Chablis, cette fois). Au moment du café, quatre places se libèrent dehors et on fond dessus comme la Légion sur Kolwezi (décidément, on ne sortira pas d'Afrique ce soir). Le Petit Chablis n'existant pas en demi-bouteille, on se rabat (Maroc) sur un pichet de Quincy. Ce qui est idiot, dans la mesure où, des pichets, on va bien en voir défiler quatre, avant de se replier sur des bases préparées à l'avance.
Au retour, le couple infernal n'ayant plus aucune raison de me semer, comme par hasard les rues se mettent toutes à descendre. Après ça, on dira que je suis paranoïaque : tu parles, je sais bien ce que j'ai vu, allez...
Durant ces cinq heures, nous avons parlé de beaucoup de choses, et même de quelques autres. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquelles et vous raconter ma vie privée : on n'est pas sur un blog de tarlouze. L'anecdote fameuse de l'Irremplaçable régurgitant ses spaghettis sous l'oeil médusé de deux touristes japonais, à une terrasse de Burano, a eu le petit succès qu'elle a toujours.
Sur le pas de la porte de nos hôtes, nous nous séparâmes, embrassâmes, saluâmes, promîmes un renouvellement de l'expérience. Balmeyer avait un peu les yeux dans la graisse de bean, comme disent les Québécois, mais les miens ne devaient pas être beaucoup plus vifs (peut-être même moins). Et il n'a pas vomi, en tout cas pas tant qu'il fut dans notre champ de vision.
Le retour commença de manière un peu cauchemardesque, dans la mesure où les accès à l'A 14 étaient fermés pour la nuit et que nous nous sommes retrouvés à zoner dans Nanterre durant un petit moment. Puis, tout rentra dans l'ordre. L'Irremplaçable a gentiment fait grimper l'aiguille du compte-tours, tandis que, de mon côté, la fièvre faisait de même avec les degrés Celsius. Arrivés, on a nourri les chiens et dodo.
Ce matin, il m'a paru raisonnable d'être malade durant les deux jours qui viennent et de priver la presse française de mon précieux soutien.
Voilà.
Je confirme, c'était une soirée très agréable et j'ai vraiment été ravie de les rencontrer.
RépondreSupprimerAh voilà, vous partez dans des pays zexotiques et vous ramenez des saletés qui vous abiment la santé !
RépondreSupprimerMéfiez-vous toujours des alcools locaux !
:-))
Bwana Goux, la Légion a sauté sur Kolwezi, et non Entebbe.
RépondreSupprimerRendez à Tsahal ce qui appartient à Tsahal.
On n'est pas sur un blog de tarlouze, d'accord, mais c'est quand même bien une histoire de "tard-loose" que vous nous racontez là ... Non je sais elle est pas fameuse, d'autant que tout a l'air de s'être bien terminé finalement !
RépondreSupprimer"notre poubelle lie-de-vin"
RépondreSupprimerUne telle couleur me parait rassurante si vous devez ramener Balmeyer.
Je résume vous vous êtes grisés en buvant des blancs chez des noirs DANS LE SEUL BUT de me faire sortir cette plaisanterie idiote.
RépondreSupprimerEt un bouillon de poulet, un !
RépondreSupprimer"Les yeux dans la graisse de bean", oui, effectivement... je suis aujourd'hui aussi énergique que mon chat obèse.
RépondreSupprimerQuand le camion a foncé dans la voiture de l'Irremplaçable, on a cru qu'on vous portait la poisse, décidément, niveau conduite...
(Notez : je n'ai pas dit que c'était l'Irremplaçable qui avait foncé sur le camion)
Ah ! Quelle bonne soirée ce fut ! Et, contrairement à ce que je craignais, je ne suis point (moi !) malade !
RépondreSupprimerSuper compte-rendu qui m'a fait bien rire. Je vous laisse, j'ai du crépi à préparer !
Chieuvrou : bon sang, mais quel âne je fais ! Je corrige tout de suite, merci.
RépondreSupprimerDe rien, de rien, voyons, M'sieur Goux...
RépondreSupprimer(Je ne sais pas si ça le fait aux autres, mais ça m'impressionne toujours pour ma part quand le GMB – Grand Maître du Blogue – s'adresse directement à moi, comme Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï.)
Ben moi, il me parle tous les jours depuis des années, et ça me fait toujours cet effet là !
RépondreSupprimerCatherine et Chieuvrou (merde, je vais déclencher une nouvelle crise, là...) : n'en faites pas trop, tout de même, on nous regarde...
RépondreSupprimerUne crise dans les médias ?
RépondreSupprimer« n'en faites pas trop, tout de même »
RépondreSupprimerJe m'empresse quant à moi, ô GMB, d'appliquer ce Nouveau Commandement.
Ô Grand Maître, quelle est cette secte ?
RépondreSupprimerPluton décoiffé par la Goudale...
Pluton : j'en sais rien...
RépondreSupprimeriPidigoux décoiffé par la même
Oublions ça : simple accès d'enthousiasme dû à un léger excès de boisson de fin d'après-midi.
RépondreSupprimerChieuvrou ayant mis imprudemment le pied dans les vignes du Seigneur en dehors des heures de visite.
Ah ! mais c'est qu'on y est beaucoup mieux, en dehors des heures de visites : on n'a pas à jouer des coudes pour approcher du tonneau, et on n'est pas obligé de supporter les propos de comptoir...
RépondreSupprimer(Chieuvrou : je vous comprends parfaitement, moi ! Quand le GMB me réponds, je sursaute, comme si le présentateur de la météo m'adressait la parole tandis que je mange des chips !)
RépondreSupprimerManque plus que les groupies !
RépondreSupprimerZoridae et Balmeyer : un couple ? Mais je ne savais point, moi ?
RépondreSupprimerMerlinbreizh,
RépondreSupprimerPourtant c'est un secret de polichinelle :))
Au fait Didier, vous allez mieux quand même j'espère ?
Pas si mieux que ça, mais je l'ai apporté** chez le médecin ce matin.
RépondreSupprimer** on dit apporter, quand on apporte un mec qui n'a plus de permis.
Ouh la la !
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