Je n'ai pas pour habitude de regarder la télévision l'après-midi, mais je ne regrette pas l'exception d'aujourd'hui. Le diptyque de Clint Eastwood, consacré à la bataille d'Iwo Jima est superbe – de maîtrise, d'intelligence et de poésie non frelatée. C'est le genre de films qui parvient encore à me faire regretter de n'aller plus au cinéma.
Nous avions vu le versant japonais (Lettres d'Iwo Jima) il y a plusieurs mois, mais stupidement raté ces Mémoires de nos pères, regardées cet après-midi donc. La construction “enroulée” de ce film, jouant entre trois époques distinctes, m'a évidemment fait penser à celle de Bird, le film du même Eastwood consacré à Charlie Parker. La ressemblance s'arrête là. Eastwood filme la guerre sans aucune complaisance, sans fausse pudeur non plus. De même pour les sentiments et les émotions qu'il donne à voir : la distance entre la caméra et ce qu'elle capture est toujours la bonne.
J'ai été bien évidemment très sensible à la réflexion sur l'Histoire et la mémoire, sur leur imbrication, qui est le vrai sujet du film.Les hommes de la génération de Clint Eastwood peuvent encore invoquer la mémoire de leurs pères. Il n'est pas certain que nos enfants (je veux dire : les vôtres...) pourront faire de même. Il devient même très douteux que le mot Histoire puisse encore éveiller chez eux un quelconque intérêt. La question est en effet de savoir si, dans trente ou quarante ans, la conscience des siècles existera encore. Je crains que non – j'espère me tromper. Vous me raconterez...
Nous avions vu le versant japonais (Lettres d'Iwo Jima) il y a plusieurs mois, mais stupidement raté ces Mémoires de nos pères, regardées cet après-midi donc. La construction “enroulée” de ce film, jouant entre trois époques distinctes, m'a évidemment fait penser à celle de Bird, le film du même Eastwood consacré à Charlie Parker. La ressemblance s'arrête là. Eastwood filme la guerre sans aucune complaisance, sans fausse pudeur non plus. De même pour les sentiments et les émotions qu'il donne à voir : la distance entre la caméra et ce qu'elle capture est toujours la bonne.
J'ai été bien évidemment très sensible à la réflexion sur l'Histoire et la mémoire, sur leur imbrication, qui est le vrai sujet du film.Les hommes de la génération de Clint Eastwood peuvent encore invoquer la mémoire de leurs pères. Il n'est pas certain que nos enfants (je veux dire : les vôtres...) pourront faire de même. Il devient même très douteux que le mot Histoire puisse encore éveiller chez eux un quelconque intérêt. La question est en effet de savoir si, dans trente ou quarante ans, la conscience des siècles existera encore. Je crains que non – j'espère me tromper. Vous me raconterez...
Sale renaudcamusien, va !...
RépondreSupprimerOn ne se refait pas, hein...
RépondreSupprimerA qui le dites-vous !...
RépondreSupprimerFilms magnifiques, Eastwood est un grand réalisateur qui vieillit magnifiquement !
RépondreSupprimerSon dernier film, Gran Torino, n'est quand même pas ce qu'il a fait de mieux, à mon sens.
RépondreSupprimerEastwood est un faiseur cinématographique sur-estimé, m'est avis.
RépondreSupprimerCela dit, hormis quelques points de détail, son précédent film, L'Échange, m'avait plutôt bien plu – et même franchement déçu en bien, comme disent les Suisses romands, étant donné la tonalité assez négative des critiques que j'avais pu lire ou entendre à son sujet.
RépondreSupprimerJe persiste à penser que rien ne change vraiment dans ce monde, ce sont justes les moyens pour ne pas les faire changer qui évoluent. Quand, enfant, j'interrogeais les adultes qui avaient vécu la seconde guerre mondiale, une période pourtant exceptionnelle à plus d'un titre, j'étais toujours frappé par la trivialité de leur existence. Là où j'attendais, comme le suggère votre illustration, des drapeaux plantés sur le sommet de collines prises de haute lutte, il n'y avait que des histoires d'huile, de beurre, de saucisson. Dans le genre....Ah, Mireille, tu te rappelles le jour où j'ai passé en zone libre un cuisseau de chevreuil au nez et à la barbe des boches?....J'ai vu récemment un film qui me semble assez bien illustrer cette période d'occupation. Toutes les périodes d'ailleurs. Je ne me souviens plus du titre, mais les protagonistes sont un couple de petits fonctionnaires obsédés par la nourriture. Les pires atrocités se déroulent sous leur propre toit, mais ils ne voient que les terrines et les jambons qui s'ammoncèlent dans leur cave. A la libération, ils meurent d'avoir trop mangé. N'était pas Clostermann qui voulait. Et pourtant, l'histoire, telle qu'on la connaît, était en marche.
RépondreSupprimerJe pense qu'il en va de même pour l'époque contemporaine, simplement nous sommes aveuglés par la banalité de nos propres existences, le rabâchage médiatique du moindre fait divers aggravant sans doute ce manque de recul. Et cependant, l'Histoire continue.
"l'Histoire continue."
RépondreSupprimersurement. le côté trivial certainement aussi.
peut-être est-ce la conscience du tragique de l'existence qui disparait dans le festivisme et le vivrensemble contemporain.
jdis ça jdis rien..
"La question est en effet de savoir si, dans trente ou quarante ans, la conscience des siècles existera encore."
RépondreSupprimerVous serez peut-être au tombeau, mais moi pas, si tout se passe bien (ce qui n'est pas sûr, au demeurant). Je tâcherai de refiler Renaud Camus à mes petits enfants, pouvez en être sûr.
L'Histoire continue, c'est le sens qu'on pourrait lui donner qui est tout à fait masqué par l'époque. Il s'agit de vivre dans un continuum…
RépondreSupprimer:-)
[J'aime beaucoup Eastwood et je vais motiver les troupes pour voir cette bilogie !].
Pluton : je trouve aussi qu'il vieillit bien !
RépondreSupprimerChieuvrou : pas vu encore : j'attends qu'il passe à la télé... (Et pareil pour le précédent.)
Surestimé ? Oui, c'est possible. Mais cela ne viendrait-il pas de la médiocrité quasi générale de Hollywood ?
Manutara : on en revient toujours à Fabrice, "participant" à la bataille de Waterloo et ne voyant strictement rien de ladite bataille.
Hoplite : je souscris entièrement.
Hank : je compte sur vous pour organiser la résistance après moi !
Poireau : vous pouvez ! Je me demande d'ailleurs s'il ne serait pas plus judicieux de voir d'abord Mémoires de nos pères et ensuite Lettres d'Iwo Jima.
À propos, Monsieur Goux, pour clouer définitivement le bec à ceux qui viendraient vous ressortir la vieille histoire du caractère prétendûment bidon de la photo que vous avez reproduite en tête de votre billet, sachez que l'origine de cette rumeur, totalement infondée (tout en étant assise sur une méprise quant à la primeur de la scène immortalisée par le photographe), est expliquée en détail notamment ici.
RépondreSupprimerSinon, Manutara, le film que vous évoquez me dit vaguement quelque chose, mais, j'ai beau avoir cherché sur le ouèbe, je ne vois pas ce que c'est. Pourriez-vous me fournir une indication supplémentaire (date approximative, nom d'un acteur...) ? Merci d'avance. Il en va de mon sommeil.
"Les hommes de la génération de Clint Eastwood peuvent encore invoquer la mémoire de leurs pères. Il n'est pas certain que nos enfants (je veux dire : les vôtres...) pourront faire de même." (Didier Goux)
RépondreSupprimer"Les hommes ressemblent plus à leur temps qu'à leur père" (Guy Debord)
Réacs & situs, même combat !
Chieuvrou : le film d'Eastwood est scrupuleusement conforme à ce qui est raconté sur Wikipédia.
RépondreSupprimerJe pense que le film dont parle Manutara est "Au bon beurre", réalisé par Édouard Molinaro en 1981, avec Roger Hanin et Andréa Férreol.
RépondreSupprimerOups, j'ai oublié mon pseudo !Mais après tout, cela n'a guère d'importance...
RépondreSupprimer"Je n'ai pas pour habitude de regarder la télévision l'après-midi, mais je ne regrette pas l'exception d'aujourd'hui. "Ouf, l'espace d'un instant j'ai cru que vous alliez nous parler de Derrick.
RépondreSupprimerTinou : ben, non, vous ne l'avez pas oublié ! moi non plus, du reste...
RépondreSupprimerBalmeyer : J'ai déjà regardé des épisodes de Derrick, je le confesse...
Chievrou, vous êtes mal tombé avec moi. J'ai la sale habitude de regarder les films sans relever ni leur titre ni le nom des acteurs. Ce n'est pas "Au bon beurre" (j'ai lu le livre), là on est dans la collaboration active, tandis que les héros du film auquel je fais allusion n'ont aucune idée du monde dans lequel ils vivent, ils sont juste obsédés par la nourriture. Ainsi, lorsqu'une jeune femme inconnue vient s'installer dans une des chambres de leur petit pavillon, ils refusent de percevoir un loyer mais se contentent d'un paquet de victuailles tous les deux ou trois jours qui leur est livré par un cousin "agriculteur" de la dame. Que ce ne soit jamais le même cousin et que tous ces cousins "agriculteurs", porteurs de manteaux en cuir noir, parlent avec un fort accent germanique, ne les trouble pas le moins du monde, pas plus que ne les troublent les incessants va et vient nocturnes de ces cousins, porteurs de lourdes valises remplies de lingots d'or et de bijoux. Le couple reste dans la cuisine et se gave de cochonnailles sans, qu'un seul instant, le spectateur puisse le soupçonner de mauvaise foi. Tout comme certains marchent à côté de leurs pompes, eux marchent à coté de leur Histoire.
RépondreSupprimerBonjour Tinou,
RépondreSupprimerJ'ai bien pensé, moi aussi, tout d'abord à Au Bon Beurre. Cependant, outre le fait que l'adaptation d'Édouard Molinaro est un téléfilm en plusieurs épisodes et non à proprement parler un film de cinéma, les Poissonnard (le couple des affreux profiteurs de guerre à la petite semaine) ne sont pas des petits fonctionnaires, mais, par définition si je puis dire, des crémiers. Je ne me souviens pas non plus qu'ils meurent d'indigestion lors de la Libération, mais il est vrai que je n'ai pas lu le bouquin de Dutourd (ni aucune de ses œuvres, du reste) et que je n'ai jamais revu l'adaptation télévisée qui en a été faite depuis sa première diffusion.
Merci de votre collaboration (sans jeu de mots, bien sûr), mais j'en viens en fait maintenant à me demander si j'ai réellement vu le film dont parlait Manutara...
Ach ! Teufel ! Nos Kommentaires ze zont kroisés !
RépondreSupprimerJ'ai trouvé !http://www.leblogtvnews.com/article-22651472.html
RépondreSupprimerComme je ne sais pas si le lien est actif, je vous donne le titre : c'est "Villa Marguerite", un téléfilm avec Yolande Moreau, Luis Régo et Natacha Lindinger.
RépondreSupprimerAh oui, c'est ça. Elle trouve toujours tout, Tinou!
RépondreSupprimerC'est tant mieux, parce que, depuis le 13 décembre dernier, on ne pouvait plus mettre Derrick sur le coup.
RépondreSupprimerSinon, c'est bien ce que je pressentais de plus en plus, je n'ai finalement jamais vu ce téléfilm.
Je ne connais pas M. East Clintwood. La Renault Camus non plus d'ailleurs. Je suppose que c'est le nouveau modèle de la Régie ? Je préfère ma bonne vieille Peugeot 204 de 1965. Ça c'était de la bagnole, messieurs !
RépondreSupprimerPerso... Gran Torino, à mes yeux, c'est un petit chef d'oeuvre...
RépondreSupprimerVoyez là :
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2009/03/07/gran-torino-ii.html
et puis surtout là :
http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=4203