lundi 27 juillet 2009

Les Invasions barbares (d'après Métastase)

On ne se méfie jamais suffisamment des zapping-dodo. Il est près de minuit, le film vient de se terminer, vous êtes résolu à vous coucher de bonne heure (dans un premier temps, j'ai écrit : “de bonheur”...), ou en tout cas pas trop tard. Et puis, vous vous autorisez tout de même un rapide petit tour des chaînes en activité. Et vous tombez sur le générique de début des Invasions barbares, ce film de Denys Arcand que vous aviez bien aimé, mais sans plus, la première fois, peu après sa sortie.

Je me suis laissé embarquer et l'ai regardé jusqu'à la fin, avec un plaisir bien supérieur, plus intense, que lors de sa découverte. C'est un film sombre, pas amer mais très désenchanté, au parfum d'irrémédiable. Le titre est à lui seul une superbe trouvaille, puisque ces “invasions barbares” parlent tout autant du réensauvagement du monde, et singulièrement de l'Occident, de ce que d'autres ont appelé sa Grande Déculturation, que des métastases qui envahissent le corps de Rémy afin de le tuer. Les invasions barbares sont aussi à entendre au sens premier, historique, ou plutôt, pour ce qui nous occupe, post-historique. L'un des personnages parle du 11 septembre 2001 (le film est de 2003) comme d'une sorte de coup de théâtre, une inauguration : c'est la première fois, dit-il, que l'Empire (cet empire américain dont le même Arcand annonçait le déclin, près de vingt ans plus tôt) est frappé en son cœur, pour ne pas dire en son principe, en son essence, et ne fait plus seulement l'objet d'escarmouches à ses limes (Corée, Vietnam...).

Le film a bien sûr ses faiblesses : le personnage du fils de Rémy, trader inculte mais brillant dans son domaine, sert peut-être un peu trop de deus ex machina, chaque fois que se présente un problème matériel à résoudre. On en arrive à croire qu'il est la clé commode pour resserrer les boulons un peu lâches du scénario. Mais il y a aussi cet ultime face-à-face avec son père, et ce renversement soudain des positions, des statuts, qui fait que, pour l'ultime passage, c'est au fils de prendre en charge son père, de le protéger, de le guider, de dégager la route devant lui – au sens le plus plein, c'est lui qui doit mener la barque.

J'ai passé deux heures que je pourrais difficilement qualifier d'agréables, mais que je ne regrette nullement, tout en me demandant si je n'aurais pas mieux fait de passer outre. Car, allant finalement me coucher, je me suis avisé que je souffrais d'un effroyable mal de tête – lequel a disparu très rapidement, dès que la lumière fut éteinte et le silence établi.

10 commentaires:

  1. Métastase L'historien, I presume? heu le poète, je veux dire.. Geargies

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  2. J'ai beaucoup pleuré en regardant ce film à sa sortie... Notamment quand la fille s'adresse à son père depuis son voilier...

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  3. Sans rapport :
    Figure-toi ( si t'es vraiment ce que tu représentes,le tutoiement ne te gênera pas ! ) que l'icône de plume de presse m'a censuré au sujet de tous les messages que tu lui a envoyés ...comique , non ?
    Surtout de la part d'un bipède de mon genre qui adore dire du bien de mon cher et adoré Sarko , tout le conraire de toi...Apparemment O.Bonnet n'aime pas discuter avec l'opposition ...et toi t'es aussi intolérant que lui ,ou pire ?

    Je lui disais ceci : " il n'est pas mal ce D.Goux , il assume ce qu'il dit et j'apprécie beaucoup la manière dont il te définit...On est encore en démocratie en France et pour l'instant mon cher et adoré Sarko n'a toujours pas interdit Internet...Toi tu censures , lui pas : pour l'instant "
    D'autre part c'est pas en insultant les gens par l'intermédiaire des autres ( ou toi )que tu feras progresser les idées que tu représentes,ect...
    Signé:j.paul de la mata

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  4. Il me semble que c'est justement la caractéristique du deus ex machina de ne pas cacher ses ficelles.
    Une bonne occasion de lire ou relire Euripide.

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  5. J'ai honte, un peu (!) mais dès que je vois le mot "métastase", j'ai une pensée émue pour Desproges, qui disait fort justement :
    "Cherchez l'intrus : métastase, Schwartzenberg, chimiothérapie, avenir."

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  6. Puisque nous en sommes aux invasions barbares, à boire Tavernier !

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  7. Vous allez sans doute me répondre que vous préférez quant à vous attendre que les films passent sur votre fenestron pour les voir, mais, à propos de film québécois, je ne saurais trop recommander en ce moment l'impressionnant et en même temps fort réjouissant J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan.

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  8. Denys Arcand est un grand, entièrement d'accord avec la bacchante. Vous n'avez pas relevé la description cruelle du système de santé Québecois, une telle incorrection serait difficile en France du moins pas de cette manière sans avoir l'air d'y toucher.

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  9. j'ai adoré ce film....
    j'adore ce film.
    VOus lire me donne envie de le regarder à nouveau.
    Ou ai-je mis le DVD ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.