On avait d'abord envisagé la Nouvelle-Zélande. Mais il y a la barrière de la langue : se mettre à l'anglais à mon âge, franchement... Mais alors où aller ? Pour être certains d'être vraiment peinards, inatteignables, pour ainsi dire soustraits du monde tel qu'il va.
Eh bien, on a trouvé ça : Saint-Pierre-et-Miquelon. Plus improbable que Saint-Pierre-et-Miquelon, je ne vois pas. Personne n'aurait l'idée d'aller passer sa retraite à Saint-Pierre-et-Miquelon, absolument personne : c'est loin, il n'y a rien à faire, il fait froid et très humide – le rêve, quoi. Autre immense avantage : aucune liaison directe avec la métropole, il faut passer par le Canada, Terre-Neuve ou Halifax, je ne sais pas trop. Enfin bref : aucun risque de voir débarquer les fâcheux au moment des vacances. De toute façon, l'été à Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est 15° et brouillard à tous les étages : ça calme.
Et puis, dites : 6345 habitants pour 242 kilomètres carrés, 26 péquins au kilomètre, pas un de plus – ça fait envie, non ? Avec ça, pas pressés de sortir de chez eux, à cause de la neige qui bloque la porte du garage et du vent glacial qui déboule du Labrador. Alors, on ne sort pas. On relit L'Œuvre des mers d'Eugène Nicole, magnifique écrivain originaire de ces îles (dont je ne suis pas foutu de trouver le nom des habitants).
En clair, on se prépare une retraite tellement paisible, tellement monotone, tellement chiante, qu'elle va nous sembler merveilleusement longue. Quand le temps nous pèsera trop, on s'offrira un saut de puce jusqu'au Québec pour aller vider un flacon avec Ygor Yanka. On parlera de la France et on reprendra deux fois des rillettes. Après ça, on rentrera à la maison, retrouver nos chiens (des labradors, évidemment) que nos sympathiques et très vieux voisins auront gardés en notre absence. On leur rapportera un petit cadeau qui leur fera bien plaisir, et ils diront : « Mais non, il ne fallait pas ! »
À la fin, mais alors complètement à la fin, on mourra tranquillement, en choisissant un jour de brouillard pour avoir moins de regrets – et personne n'en saura rien car nous serons, depuis longtemps déjà, oubliés de tous.
Jean Jaurès aurait aimé passer sa retraite à Saint Pierre et Miquelon
RépondreSupprimerSinon, à l'inverse 8 habitants au metre carré, vous avez Roux et Combalusier, petite ile adepte de l'ascenceur social.
RépondreSupprimerDidier, votre billet me donne de ces envies de solitude... et de fraîcheur !!
RépondreSupprimerFidel Castor : je monte toujours à pied, histoire de brûler les carburants illicites..!
Et Catherine y prendra de si belles photos. C'est le genre d'île de rêve qui me tente aussi, fraicheur et solitude.
RépondreSupprimer@Pluton bonjour (et Emma n'itou).
RépondreSupprimer@Didier bonjour et Cathe ether).
Didier parle de fin de vie sur son ile, humide et froide, terminer sa vie sur l'ile que je décris en s'envoyant en l'air, c'est pas banal.
La Désirade, c'est en Guadeloupe, plutôt, non ?
RépondreSupprimerA priori, on dit Saint-Pierrais et Miquelonnais, du moins si l'on croit ce qui est écrit ici.
RépondreSupprimerSinon, veillez bien à être exigeant sur la provenance de vos rillettes.
On part quand ? J'ai hâte.
RépondreSupprimerJusqu'au jour où Dorham débarque et c'est le drame, mais il aura une caisse de vin d'Argiolas.
RépondreSupprimeralors déjà que pour vous avoir à ma table, c'est compliqué, là, ça va être carrément mort.
RépondreSupprimerEssayez Ouessant. Dans votre cas, ça sera suffisant.
RépondreSupprimerOu bien Saint-Louis.
RépondreSupprimerLes gens, vous faites un peu chier, à tout le temps parler quand je ne suis pas là !
RépondreSupprimerBon, pour Ouessant, je ne ne connais pas. Mais l'île de Sein nous tentais assez, quand on y est allé...
Je trouve quand même que S-P-e-M a plus de gueule.
Chieuvrou : je savais que vous diriez ça...
Pascal : possible, mais c'est Apollinaire qui commande...
Dorham : si vous venez "chargé", vous serez le bienvenu. Et je vous ferai lire Eugène Nicole.
Les autres : on va faire S-P-e-M le dernier endroit où il FAUT être !
Didier, vous oubliez que cet archipel dépend de la Métropole et de sa grasse redistribution fiscale aux collectivités territoriales d'outre-mer... Quand la France aura percuté le mur vers lequel elle va droit, le robinet à subventions se tarira...
RépondreSupprimerCriticus : merde, vous avez raison ! Je vais créer le parti autonomiste saint-pierre-et-miquelonais...
RépondreSupprimerDemandez plutôt le rattachement de Saint-Pierre-e-Miquelon au Québec.
RépondreSupprimerCe serait la logique même : si la France a gardé Saint-Pierre-et-Miquelon lors du Traité de Paris (1763), c'était pour conserver un domaine de pêche. Or, aujourd'hui, la pêche au poisson-torpille, hein...
L'idée est d'autant moins sotte que Catherine ayant la double nationalité il me serait facile de devenir canadien...
RépondreSupprimerDu reste, le Grand Nord canadien pourrait être une solution de repli...
RépondreSupprimerEncore mieux : le Manitoba. J'y suis allé à l'hiver 2006. Province centrale du Canada, 1,2 million d'habitants, avec même une ville francophone dans la banlieue de la capitale provinciale Winnipeg : Saint-Boniface. Croyez-moi, Didier, vous vous y replieriez en sûreté...
RépondreSupprimerJe note le Manitoba sur mes tablettes...
RépondreSupprimerVoici une (belle) vue satellitaire : http://maps.google.fr/maps?f=q&source=s_q&hl=fr&geocode=&q=manitoba&sll=53.760861,-98.813876&sspn=10.48155,19.753418&ie=UTF8&t=h&z=6
RépondreSupprimerVous voulez marcher sur les traces de Dantec ou quoi (et ne me dites pas que vous le détestez ! (car avec tous ces camusiens qui le détestent, hors SLRC...))
RépondreSupprimerJ'irazis volontiers m'installer à Thompson : ç'a l'air vraiment loin de tout...
RépondreSupprimerPascal : j'ai lu dix pages d'un de ses romans, qui m'est tombé des mains (oublié le titre : un truc de SF) Feuilleté aussi son journal, beaucoup mieux, sans doute, mais pas de quoi crier au génie (ni cryogénie d'ailleurs), à mon avis.
RépondreSupprimerinterlude —
RépondreSupprimerPourquoi, mais pourquoi, en apprenant que le pape s'est fracturé le poignet, j'ai éclaté de rire ?
— fin de l'interlude
Je rentre d'avoir été chassé le caribou, ma chainsaw à la ceinture, ma chemise carreautée maculée de poutine, et je lis que Ti-Goux envisage de venir chasser sur mes terres à sa retraite... M'en vas au dépanneur chercher de la bière, sti !
La prohibition a fait la fortune de S.P.E.M, il me semble. Prions pour qu'elle revienne.
RépondreSupprimerPour trouver du gris frois et 15° l'été, pourquoi ne pas rester en Normandie ?
RépondreSupprimer[Dites, quand j'avais 13-14 ans, j'avais une correspondante dans le coin ! ça a l'air d'être des gens charmants ! :-)) ].
Ygor, gardez quelques mousses : on arrive (dès qu'on peut...)...
RépondreSupprimerYanka, pour paraphraser votre (très) regretté compatriote Jacques Sternberg, je pense que Benoît a dû oublier de se donner la bénédiction, hier soir, avant de se mettre au lit.
RépondreSupprimer(oui, oui, je sais, les amis : en Iran, on ne se permettrait pas une telle plaisanterie avec le guide suprême, et gnin-gnin-gnin, et gnin-gnin-gnin)
Allez y passer un hiver, déjà, ça vous donnera des goûts de j'irai revoir ma Normandie.
RépondreSupprimer"L’archipel survit en partie grâce aux subventions directes et indirectes de la métropole. Le tiers de ses actifs sont des agents de l’Etat."
C'est bien, vous aurez de gentils camarades.
"Nombreuses sont les associations culturelles (théâtre, chant, peinture) et sportives."
Il n'y a pas de danse, dommage.
"Sur le plan économique, l’élevage et l’agriculture sont limités : 70 ha de terres arables et un climat peu propice à la culture ne permettent pas de grandes productions. Le ravitaillement en vivres dépend des importations."
Adieu les marchés, le jardin,les produits frais. Vive la viande de phoque bouillie, rôtie, braisée, en brochettes, en papillotes ou en hachis, et le camembert stérilisé en tube.
"Toute l’année, de nombreuses manifestations ont lieu comme la fête des marins, la fête du cheval, le festival musical des Déferlantes atlantiques, la fête basque, la fête western, etc"
Ouf, sauvés.
J'ai tapé "Saint-Pierre et Miquelon ennui" dans Google, j'ai obtenu 38 900 entrées.
Suzanne : je vois qu'on a "tapé" les mêmes sites ! On joue avec l'idée, rien de plus... mais elle est séduisante...
RépondreSupprimerBeau billet. Attention, Goux, vous allez finir écrivain.
RépondreSupprimer"le dernier endroit où il FAUT être !" Il faut placarder ça sur les portails de cimetière.
RépondreSupprimerHé ho ! Sans lire les commentaires, avant de vous casser, n'oubliez pas que vous me devez une bière.
RépondreSupprimerSuzanne, voyons, les hivers sont moins froids et moins enneigés qu'à Québec !
RépondreSupprimerCriticus, pourquoi pas le Saskatchewan pendant vous y êtes !
@ Catherine
RépondreSupprimer« Criticus, pourquoi pas le Saskatchewan pendant vous y êtes ! »
Pourquoi pas, en effet ? C'est le grenier à blé du Canada, pas de risque d'y mourir de faim. Et puis, comme au Manitoba, il y a une communauté francophone pour Didier, qu'on appelle les « Fransaskois ».
Criticus, j' HA-ÏS les têtes carrées ! Et je connais aussi bien que vous la géographie du Canada...
RépondreSupprimerLoin de moi l'idée de vous faire un cours de géographie du Canada, que je serais bien en peine de vous donner, Catherine. Mais les problèmes dont parle Didier s'appliquent également, dans une moindre mesure certes, au Québec et à l'Ontario. Alors qu'au Manitoba et en Saskatchewan, ça va...
RépondreSupprimerEssayez aussi le Causse Méjean : 1,4 habitants au kilomètre carré !
RépondreSupprimerBon, en juillet/août, il y a quelques touristes, mais comme ils n'empruntent que les chemins fréquentés...
L'automne et l'hiver sont très longs, et très très calmes là-haut !
Geneviève
Criticus, pour l'instant ! Et puisque je vous dis que je ne veux pas vivre au Canada anglais !
RépondreSupprimerGeneviève, voilà qui est tentant et... moins loin !
« Et je connais aussi bien que vous la géographie du Canada... »
RépondreSupprimerSauf qu'on dit LA Saskatchewan et non LE...
Et le Nunavut ? Un peu frette, mais bon, si c'est pour rester de toute façon à l'intérieur...