Échange de mails. Plus de trente-cinq années à vivre séparément. Lui, m'ayant oublié, forcément, moi y pensant sinon tous les jours du moins souvent. Très souvent, en fait. Professeur de français. Pas prof : professeur. Encore moins enseignant : professeur. Il ne parle pas de "gamins", ni de "gosses". Il est face à nous, futurs adultes sans doute, et il nous parle. Il s'enthousiasme à propos de certains écrivains (des écrivains qui ne m'enthousiasment plus et qui, peut-être, ne l'emballent plus guère non plus aujourd'hui – on n'en sait rien). Mais il nous les vend. Vachement bien. On s'enflamme ; on les lit : c'est le principal.
Trois décennies plus tard, on se dit qu'il s'est foutu un peu de nous, à nous vendre Pierre, Paul ou Jacques. S'est-il foutu de notre gueule ? Non. Il nous a fait ouvrir un livre. Deux. Trois. Il nous a plus ou moins éveillés. On peut bien rejeter Pierre, Paul ou Jacques : c'est tout de même lui qui nous a fait casser ces reliures, ouvrir ces livres. Lui, ce jeune homme de 24 ans. On se moquait, parfois. Il lui arrivait de postillonner. Mais c'est qu'il parlait – parlait pour de vrai, je vous jure.
Je revois tellement son visage, tellement ses yeux, tellement son sourire (une certaine distance dans le sourire, toujours, un décalage, un demi-ton) que j'en arrive à me demander si je ne serais pas un peu pédé – des fois.
Trois décennies plus tard, on se dit qu'il s'est foutu un peu de nous, à nous vendre Pierre, Paul ou Jacques. S'est-il foutu de notre gueule ? Non. Il nous a fait ouvrir un livre. Deux. Trois. Il nous a plus ou moins éveillés. On peut bien rejeter Pierre, Paul ou Jacques : c'est tout de même lui qui nous a fait casser ces reliures, ouvrir ces livres. Lui, ce jeune homme de 24 ans. On se moquait, parfois. Il lui arrivait de postillonner. Mais c'est qu'il parlait – parlait pour de vrai, je vous jure.
Je revois tellement son visage, tellement ses yeux, tellement son sourire (une certaine distance dans le sourire, toujours, un décalage, un demi-ton) que j'en arrive à me demander si je ne serais pas un peu pédé – des fois.
C'est pour ça que c'est bien d'être prof...
RépondreSupprimerVotre professeur fut sage : rien de mieux en effet que la formation par la pratique pour éviter le décrochage des apprenants.
RépondreSupprimer(pour la traduction, voir les derniers travaux de la Commission générale de terminologie et de néologie, tels que publiés au Journal officiel d'hier)
Pas prof, Christine : professeur...
RépondreSupprimerChieuvrou, arrêtez de me déprimer, allez vous coucher !
Encore un beau billet merci Didier !
RépondreSupprimer"j'en arrive à me demander si je ne serais pas un peu pédé"
RépondreSupprimerA la limite, ce n'est pas grave. Ca arrive. Mais devenir amoureux, à votre âge, de gros noirs à barbe blanche, de votre âge, ne me parait pas très sain.
Si vous avez des doutes sur vos préférences sexuelles, je connais LA personne à consulter... Oh91... En plus, si j'ai bien compris, vous l'appréciez beaucoup, non ?
RépondreSupprimer(pas la tête Didier, pas la tête...)
Vos compétences sont requises en ce beau lieu de perdition :
RépondreSupprimerhttp://ilikeyourstyle.net/2009/09/24/collection-ed-la-pleiade-2050/comment-page-1/#comment-74371
Voir les commentaires.
Bien à Vous...
Paul : ah ? Vous trouvez ? A la relecture, je le trouve un peu "pataugeux-dans-la-semoule", moi...
RépondreSupprimerNicolas : c'est le Père Noël africain ?
Mademoiselle Ciguë : c'est une bonne fessée que vous mériteriez !
Nebo : voilà, c'est fait, je suis allé répandre mes faibles lumignons et assurer XP que je ne détestais point : il est paranoïaque, ce garçon ?
Didier: Si vous me prenez par les sentiments...
RépondreSupprimerAh, vous appelez ça comme ça, en Belgique ?
RépondreSupprimerNon, XP n'est pas paranoïaque... c'est un joyeux drille et un schtroumpf métaphysique... pour l'avoir rencontré je vous certifie que c'est un mec bien... il faut juste le prendre tel qu'il est et rigoler de concert, même lorsqu'il débarque avec ses gros sabots crottés... c'est dans ces instants-là, d'ailleurs, qu'il sait faire mouche, je trouve, et être brillant. ;-)
RépondreSupprimerJe ne demande qu'à vous croire ! Il n'empêche qu'il semble persuadé que je le déteste, ce qui est faux...
RépondreSupprimerAAAAh, enfin, vous le reconnaissez!
RépondreSupprimerLe dites pas au Pélicastre, il vous bouderait!
XP vous invite à déjeuner pour se faire pardonner... ^^
RépondreSupprimerhttp://ilikeyourstyle.net/2009/09/24/collection-ed-la-pleiade-2050/comment-page-1/#comment-74396
Voyez avec lui... ;-)
Eh bien ça m'a plu :)
RépondreSupprimerEn tout cas... pour revenir sur le fil... moi ça m'arrive d'être pédé... mais uniquement avec le cul des femmes, sinon, y'a pas moyen...
RépondreSupprimer... Pierre, Paul, Jacques... ou Michel bien sûr..
RépondreSupprimerhaha DGeargies