samedi 9 janvier 2010

Tant que l'esprit demeure

Depuis trois ou quatre heures, je suis plongé dans ces Demeures de l'esprit que je suis donc allé chercher au bureau de poste hier. Paradoxalement, mais ce ne doit être un paradoxe qu'en apparence, ces livres (celui-ci est déjà le quatrième de la série inaugurée en 2008 avec la moitié sud de la Grande-Bretagne) où le sujet principal, donné comme tel, est les “demeures”, c'est-à-dire les maisons, les châteaux, leurs ruines aussi bien, les points fixes, le matériel, le solide, ces livres sont en fait une puissante invitation au voyage, au déplacement rapide, à la présence furtive, une ode à la lumière, à l'air, ainsi qu'un hymne aux fantômes, à ce et à ceux qu'on ne peut plus voir, une nostalgie en mineur – en quoi ils sont camusiens de pleine naissance. Les noms y ont autant de droits et d'espace que les lieux, ce qui est bien naturel puisque, sans les noms qui s'y rattachent, qui les habitent peut-être encore, les lieux ne seraient rien d'autre qu'eux-mêmes, parfois plus ou moins conservés (souvent moins), parfois plus ou moins défigurés ou réduits à presque rien par leurs immédiats alentours (souvent plus).

Il y a aussi, pour le lecteur de culture médiocre ou lacunaire, l'étonnement puis le plaisir d'entendre parler pour la première fois de tel ou tel poète du XVIe siècle – par exemple –, et de le découvrir charmant ; de se dire que l'on va sans tarder se procurer ses œuvres et le lire plus avant – se doutant que l'on n'en fera probablement rien. Car pendant le temps que l'on se fait cette réflexion, la page a tourné et déjà nous quittons Honorat de Racan pour Honoré de Balzac. Non sans nous promettre de revenir ensuite à la maison de Tante Léonie, trop vite aperçue, en prenant cette fois par le côté de Méséglise.

6 commentaires:

  1. Est-ce qu'on avait tenté semblable entreprise auparavant ?

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  2. En tant que lecteur de médiocre culture, je confirme vos dires et vous remercie pour cet excellent billet cher Didier ! J'(ai cependant amélioré ma culture (physique) en déneigeant à la pelle 50 cm de bonne neige bien lourde avec le vague espoir d'aller travailler lundi...

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  3. Chez nous, ça tombe à nouveau depuis quelques heures. Cela dit, je ne travaille pas avant mercredi : ça devrait avoir le temps de se tasser !

    Et songez, mon vieux Pluton, à quel point on doit faire ricaner l'excellent Ygor Yanka qui, lui, doit en avoir déjà un mètre cinquante !

    Suzanne : oui et non. Il existe des livres sur le sujet (Camus les cite en notes du reste), notamment un, d'Evelyne Bloch-Dano, qui s'appelle tout simplement Maisons d'écrivains : ne le connaissant pas, je ne vous en dirai rien.

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  4. Ça ressemble pas plutôt au Ruskin traduit par Proust dans sa jeunesse? Je dis ça comme sans savoir, à l'intuition... Geargies

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  5. « Et songez, mon vieux Pluton, à quel point on doit faire ricaner l'excellent Ygor Yanka qui, lui, doit en avoir déjà un mètre cinquante ! »

    Et comment que je rigole ! On n'en a pas un mètre cinquante, mais suffisamment pour avoir déjà de beaux biceps à force de pelletage, unique activité envisageable en cette saison au Québec, avec le patinage sur rivière gelée (mais ça, je laisse aux pingouins).

    À propos de réjouissances, je ne sais trop si je dois prendre avec le sourire de vanité qui convient la nouvelle effroyable apprise il y a deux jours, comme quoi il était question de moi et d'Asensio dans le volume 2007 du Journal de votre ami Camus. Je crains fort qu'il ne me cite pas pour la perfection de mon style, vu qu'en 2007 a eu lieu la polémique que vous savez (vous êtes cité aussi, m'a-t-on dit).

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  6. Geargies : je ne peux vous dire : même traduit par Proust, j'ai très peu pratiqué Ruskin...

    Ygor : il est probablement qu'il s'agisse en effet du ramdam dont Juan et moi fûmes la cause (et vous aussi, mais bien involontairement). Je dois recevoir le journal d'ici trois ou quatre jours : je vous tiendrai au courant !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.