Pour l'instant, on prend encore tout cela plus ou moins à la légère. Certains – dont je confesse faire partie, à ma grande et courte honte – trouvent même qu'il y a de quoi rire dans les mésaventures vulcanoïdes d'Homo touristicus. En tout cas, on n'ira pas se recouvrir la tête de cendres en imaginant les théories de familles hagardes, en shorts à fleurs et cousues d'enfants cramoisis d'énervement, qui peuplent actuellement ces immenses morgues que sont les aéroports internationaux – fantômes charnus et suants, tout étonnés de flotter dans les limbes vaguement inquiétantes qui séparent leur camp de vacances “tout compris” de leur zone pavillonnaire inondable. On n'ira pourtant pas jusqu'à se féliciter du calme tout momentané dont peuvent enfin jouir les riverains de Roissy et autres lieux aéroportuaires, sauf s'ils sont installés là depuis plus de trente ans : les autres ont choisi – au moins accepté – de venir s'installer en bordure d'enfer de leur plein gré.
Seulement, imaginons que le gros furoncle islandais persiste à donner du souffle : combien de véritables drames, alors ! Plus d'avion pour les six mois à venir, vous vous rendez compte ? Comme dans une nouvelle de Cortàzar, des gens bloqués une demi-année dans leur aéroport de transit ! Et au retour tant espéré : « Tiens, salut Étienne ! Comment va depuis le temps ? Dis donc, au fait, cette année, ma femme et moi, on a fait l'aéroport de Tunis : ça te dirait, une soirée diapos, un de ces quatre ? »
Et les petits Indiens ? Ces petits garçons z'et filles aux grands yeux confiants et au sourire si doux, qui ne vivent que dans l'attente de la manne que va faire pleuvoir sur leur innocence Maman Céleste ? Nib ! Plus de manne, plus de Céleste ! Pour elle, ce n'est encore pas trop grave : elle pourra toujours aller déverser son implacable bonté au camp d'hébergement pour clandestins tout proche. Mais eux, les grands yeux confiants et les sourires si doux ? Tiens, je préfère n'y pas penser, ça me fait trop mal.
Je ne dirai rien non plus des petites Thaïes qui guetteront en vain dans le ciel (de leurs grands yeux confiants) les gros avions venus de Francfort, Liverpool ou Cincinnati, tout remplis de devises aux noms bizarres mais immédiatement convertibles en roupies de sansonnet locales, en échange de quelques privautés mécaniques. Des drames, des drames en cascades, vous dis-je. Le plus poignant étant peut-être celui de ces sémillants séminaristes, qui attendaient avec ferveur et frémissements de partir pour Rome afin d'y passer leur examen de pédophilie active, dernier saut d'obstacle avant leur accession à la prêtrise, et qui devront patienter une année de plus, au risque d'une irrémédiable perte de vocation.
Et il y a tous les autres. Les alter-mondialistes contraints de se rassembler à Garches plutôt qu'à Porto-Trucmucho ; les difficultés d'approvisionnement des dealers de proximité ; les citoyens du monde reclus dans les limites de leur département ; les découvreurs de l'Autre ; les excités de l'Ailleurs ; les embrasseurs de cultures authentiques...
Je préfère m'arrêter là : voir le monde basculer dans le noir et blanc, sinon le sépia, vraiment il n'y a pas de quoi rire.
Seulement, imaginons que le gros furoncle islandais persiste à donner du souffle : combien de véritables drames, alors ! Plus d'avion pour les six mois à venir, vous vous rendez compte ? Comme dans une nouvelle de Cortàzar, des gens bloqués une demi-année dans leur aéroport de transit ! Et au retour tant espéré : « Tiens, salut Étienne ! Comment va depuis le temps ? Dis donc, au fait, cette année, ma femme et moi, on a fait l'aéroport de Tunis : ça te dirait, une soirée diapos, un de ces quatre ? »
Et les petits Indiens ? Ces petits garçons z'et filles aux grands yeux confiants et au sourire si doux, qui ne vivent que dans l'attente de la manne que va faire pleuvoir sur leur innocence Maman Céleste ? Nib ! Plus de manne, plus de Céleste ! Pour elle, ce n'est encore pas trop grave : elle pourra toujours aller déverser son implacable bonté au camp d'hébergement pour clandestins tout proche. Mais eux, les grands yeux confiants et les sourires si doux ? Tiens, je préfère n'y pas penser, ça me fait trop mal.
Je ne dirai rien non plus des petites Thaïes qui guetteront en vain dans le ciel (de leurs grands yeux confiants) les gros avions venus de Francfort, Liverpool ou Cincinnati, tout remplis de devises aux noms bizarres mais immédiatement convertibles en roupies de sansonnet locales, en échange de quelques privautés mécaniques. Des drames, des drames en cascades, vous dis-je. Le plus poignant étant peut-être celui de ces sémillants séminaristes, qui attendaient avec ferveur et frémissements de partir pour Rome afin d'y passer leur examen de pédophilie active, dernier saut d'obstacle avant leur accession à la prêtrise, et qui devront patienter une année de plus, au risque d'une irrémédiable perte de vocation.
Et il y a tous les autres. Les alter-mondialistes contraints de se rassembler à Garches plutôt qu'à Porto-Trucmucho ; les difficultés d'approvisionnement des dealers de proximité ; les citoyens du monde reclus dans les limites de leur département ; les découvreurs de l'Autre ; les excités de l'Ailleurs ; les embrasseurs de cultures authentiques...
Je préfère m'arrêter là : voir le monde basculer dans le noir et blanc, sinon le sépia, vraiment il n'y a pas de quoi rire.
Pour une fois, aéroport peut se prononcer arrêt au port.
RépondreSupprimerDuga
"Les alter-mondialistes contraints de se rassembler à Garches"
RépondreSupprimerCe n'est pas tout à fait le genre du coin !
A moins que les alter-mondialistes puissent être considérés comme des accidentés de la vie ?
RépondreSupprimerDuga
Bravo pour ce flot de lave incandescente...j'en suis toute ravie. Surtout pour Rome, fallait pas les louper !
RépondreSupprimerC'est un billet trop horrible. Rien que de penser au pauvre dealer coincé à l'aéroport avec plein de crack dans ses bagages, n'osant pas fermer l'oeil à cause des myriades de mômes qui courent et fouinent partout, ça me fait pitié. Si tous les avions redémarrent en même temps, en plus, ils ne vont pas se rentrer dedans ? ça va être le fouillis, là-haut, si les aiguilleurs du ciel se mettent en grève dès la reprise du trafic. (Ils auraient tort de louper une aussi belle occasion).
RépondreSupprimerAucun rapport avec le billet, mais la phrase de Bossuet en frontispice, n'est-ce pas plutôt : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » ?
RépondreSupprimerBien dit et bien vu.
RépondreSupprimerJe pense que le "voyage" n'est plus qu'un petit ou grand détour pour rentrer chez soi, indemne et intact.
(Beuche a raison.)
Beuche & Christophe : OK, OK, je corrige...
RépondreSupprimerLe plus poignant étant peut-être celui de ces sémillants séminaristes, qui attendaient avec ferveur et frémissements de partir pour Rome afin d'y passer leur examen de pédophilie active"
RépondreSupprimerAh bin si vous vous y mettez aussi! Vous êtes fier de vous sur ce coup-là?
Pour ma part, je pense surtout et aussi à nos compatriotes des DOM qui attendent de se faire opérer du coeur en métropole, vu que les hôpitaux high tech de là-bas ne sont pas équipés, ou quand ils le sont, sont toujours en grève...
Ah qu'ils sont fragiles nos grands oiseaux blancs! Ils font de l'asthme à la moindre éruption volcanique.
RépondreSupprimerQuant aux islandais je leur collerais bien une méga taxe carbone au c...pour leur apprendre à vivre.
J'arrête là par peur de tomber dans un tonneau de lieux communs. Mais quel symbole!
Ces (braves) gens ne vous ont rien fait. N'avez-vous qu'un œil, comme les cyclopes ? Tant de mépris !
RépondreSupprimerMoi, je trouve salutaire cette pagaïe aéro-portuaire.Ca remet les pendules à l'heure. L'homme n'est maître que de ce qu'il maitrise. Il est bon que la nature nous rappelle qu'elle est plus forte et insoumise , na
RépondreSupprimerdixit!
Carine : l'expression "examen de pédophilie" ne vous a pas alertée ?
RépondreSupprimerFredi Maque : ce ne sont pas les avions qui sont fragiles, ce sont nos ceveaux (ou nos couilles, selon le point de vue).
Mifa : du mépris ? Allons, voyons !
Corto : il n'est en tout cas plus maître de ses paniques absurdes et infantiles.
Mais n...de d... ces libéraux qui hier appelaient au secours l'état pour sauver les banques et qui recommencent aujourd'hui pour l'aéronautique...
RépondreSupprimerQu'ils écoutent un peu leur patronne b...: la vie est précaire, tout est précaire en ce bas monde!!
L'état que je sache est là pour assurer le chomage des jeunes, payer le RSA et la CMU aux nouveaux français, verser les allocations familiales aux familles polygames; pas pour sauver les compagnies aériennes.
RépondreSupprimerO.K. Vous n'avez qu'un œil, et il est fermé.
RépondreSupprimerAlors qu'est-ce que vous racontez si bien ?
Didier Goux, le Dealer Máximo de la blogosphère... S'il était roux, on l'appèlerait « Notre Goux Roux » (c'est tiré par les cheveux, je sais).
RépondreSupprimerQuel bon billet que celui-ci, on va devenir accro, si ça continue...
RépondreSupprimerUne maldone de message envoyé par erreur donc à un de ces "malheureux" emmuré à New-York, le consolait en lui signalant qu'il y avait un pressing à Courthezon, la réponse ne s'est pas fait attendre : « Je ne comprend pas le message. », on sentait le type qui pensait qu'on se foutait de lui... Didier, ne me dites pas que c'est "un foutoir" !
« (c'est tiré par les cheveux, je sais). »
RépondreSupprimerJ'aurais pu dire que ça ne volait pas haut, mais en ces temps de disette aérienne, ça va de soi.
Un billet comme on les aime...
RépondreSupprimerMoi je prends l'avion pour aller de ma salle à manger aux chiottes. Tout le monde s'en fout, c'est dingue !
RépondreSupprimerBelle flamboyance, je découvre et je crois que je vais y prendre goût.
RépondreSupprimerSi ce n'est que pour les Séminaristes, êtes-vous bien sûr que la présente charge soit à la hauteur de ce que ce que je pensais déjà de vous ?
Un petit relâchement sans doute.