...Ou peut-être hier, je ne sais pas. En fait, il y a déjà quelques jours, mais je voulais m'offrir un incipit à la Camus – Albert, pour une fois. Manon était la chienne des voisins d'en face, ceux qui sortent la tondeuse dès que l'on s'installe pour un apéritif en terrasse – ce qui ne risque pas de nous arriver en ce moment, Dieu en soit remercié. Elle était déjà là, derrière son grillage, arpentant le jardin et la cour du matin au soir, lorsque nous sommes arrivés au Plessis en 2002. Toute jeune elle était, environ contemporaine de Swann. Fort bien élevée : jamais un aboiement plus haut que l'autre. Depuis deux ou trois semaines, on avait bien remarqué que son cerveau et son arrière-train semblaient avoir cessé entre eux toute communication cohérente. Quand on a tout à fait cessé de la voir, il y a donc trois ou quatre jours, on a compris – confirmation est arrivée ce matin : plus de Manon. Et c'est curieux comme les chiens des autres s'arrangent pour tout de même laisser leur petit vide dans nos vies à nous.
Des histoires de chiens je ne sors guère, du reste, puisque je suis occupé – quand je ne travaille pas d'arrache-pied (incise-parapluie à l'attention de l'Irremplaçable...) – à relire Cœur de chien, de Boulgakov, et que m'attend sur la table aux livres postulants le Flush de Virginia Woolf, récemment reparu en français. Si j'ajoute les facéties diaboliques auxquelles se livre le chat protéiforme du Maître et Marguerite, on verra que je ne me sors guère de toutes ces histoires d'animaux. Je m'y sens bien : reposants et un peu tristes, ils changent avec bonheur de mes frères humains, péniblement hilares.
Des histoires de chiens je ne sors guère, du reste, puisque je suis occupé – quand je ne travaille pas d'arrache-pied (incise-parapluie à l'attention de l'Irremplaçable...) – à relire Cœur de chien, de Boulgakov, et que m'attend sur la table aux livres postulants le Flush de Virginia Woolf, récemment reparu en français. Si j'ajoute les facéties diaboliques auxquelles se livre le chat protéiforme du Maître et Marguerite, on verra que je ne me sors guère de toutes ces histoires d'animaux. Je m'y sens bien : reposants et un peu tristes, ils changent avec bonheur de mes frères humains, péniblement hilares.
Il me semble, Monsieur Goux, déceler plus de tendresse en vous pour les animaux que pour le humains ? Ce n'est pas un reproche.Amitiés quand même.
RépondreSupprimerC'est mon côté Léautaud...
RépondreSupprimer(Mais c'est hélas le seul.)
Et nous, nous avons fait piquer notre chatte, Minette, avant-hier... elle ne se rendait plus à sa litière depuis quelques jours. Elle avait 14 ans. Une brave mémère qui n'a jamais griffé personne... que de la tendresse et des câlinades. Et puis elle s'est occupé de mon fils de sa naissance à son adolescence... toujours à le chercher pour quelques caresses et ronronnements appropriés. Il est anéanti d'avoir perdu sa Minette. Nous sommes restés avec elle jusqu'au bout tandis que le véto l'a shootait.
RépondreSupprimerDans la nuit j'ai vraiment senti sa présence sur notre lit... et mon épouse aussi. Curieux non ?
Nebo : oui, pour les enfants, les adolescents, c'est terrible car, pour eux, l'animal a toujours été là, durant toute leur vie. Si bien qu'il devait avoir acquis, à leurs yeux, une forme d'immortalité.
RépondreSupprimerQuant à votre "hallucination nocturne", je ne la trouve pas bizarre du tout. Pas plus que l'amputé qui continue à souffrir de sa jambe en allée.
Toute ma compassion sincère pour vous Didier et Nébo...
RépondreSupprimerNebo, je compatis aussi, et surtout avec votre fils. Quand ma chatte préférée a disparue, je l'entendais gratter et miauler à la fenêtre la nuit. Alors non, je ne trouve pas que ce soit bizarre que vous sentiez sa présence.
RépondreSupprimerC'est étrange comment on peut s'attacher aux chiens des autres...
RépondreSupprimerNicolas : parfois ça marche aussi avec les femmes des autres, mais c'est vachement plus dangereux !
RépondreSupprimerPlus sérieusement, c'est que les chiens des autres, quand ces autres sont très proches géographiquement, font partie de notre paysage familier, s'intègrent à notre petit univers.
"C'est mon côté Léautaud...
RépondreSupprimer(Mais c'est hélas le seul.)"
À voir.
Tout vu : je sais lire.
RépondreSupprimerTout nu : je sais dire.
RépondreSupprimerCurieusement, moi aussi en vieillissant, je me brigittebardose. Ce chat (à qui est-il ?) est maintenant le bienvenu. Il en arrive à me manquer quand il n'est pas là. Et je détestais les chats !
RépondreSupprimerA la Camus, c'est vous qui le dites...
RépondreSupprimerLui parlait de sa mère, vous parlez de la chienne du voisin...
Tzatza, cette nuance si je puis me permettre : Camus ne parlait pas de sa mère, il faisait parler Meursault - un patronyme, du reste, qui doit être très cher à notre hôte... - qui lui-même parlait de sa mère.
RépondreSupprimerEnfin bref.
C'est ça, une vie de chien ou de chat a la durée d'une enfance. Quand l'animal disparaît, on se rend compte que les enfants n'en sont plus.
RépondreSupprimer"reposants et un peu tristes, ils changent avec bonheur de mes frères humains, péniblement hilares."
RépondreSupprimerReposants et un peu tristes, chapeau, c'est parfaitement dit.
Pauvre bête. Tiens ça me donne envie de relire le maître et marguerite. Je ne l'ai pas fait depuis longtemps et c'est une erreur.
RépondreSupprimerReposants... tout dépend pour qui. Ainsi, le chien de ma voisine avait beau faire partie de mon paysage familier, en raison de ses aboiements incessants au moindre souffle du vent dans le feuillage ou à la moindre apparition d'un chat venant majestueusement le narguer du haut du toit, il s'intégrait assez peu à mon petit univers, en tout cas pas au sens que l'on tend désormais à donner à ce verbe.
RépondreSupprimerJ'ai eu pour tout dire plus de peine lorsque le poisson rouge d'une vague connaissance, bestiole dont je connaissais à peine l'existence, s'est suicidé en se jetant dans l'atmosphère après s'être accroché une bulle d'air autour du cou que lorsque Galop – le nom de l'affreux quadrupède rase-mottes et couvert de poils – est mort des suites de je ne sais quelle nouvelle goinfrerie dont il était coutumier.
Cela, naturellement, ne m'a pas empêché de ressentir, comme tout un chacun en pareil cas, de la tristesse devant ce que j'imaginais être la peine de la vieille dame, qui n'a pas eu à ce jour d'autre animal et, m'a-t-elle dit, exclut formellement la possibilité d'en reprendre un.
Aujourd'hui, Marion est sotte.
RépondreSupprimerPutain, Goux, de Boulgakov, lisez donc son meilleur livre, et de loin : « La garde Blanche » ! Repeat after me : LA GARDE BLANCHE. Exécution mon bonhomme ! Avec « Cœur de chien », « Les carnets d'un jeune médecin » sont pas mal forts (ah ! le réalisme, la cruauté des Russes !).
RépondreSupprimerYgor, j'ai déjà lu ce roman, il y a quelques années. Mais comme, à cette époque, j'ai "avalé" des dizaines de romans russes les uns à la suite des autres, ils ont tendance à se mélanger un peu dans ma pauvre tête. Donc, oui, je vais relire La Garde blanche, qui, par chance, se trouve dans le même volume que Le Maître et Marguerite.
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