Parmi tous les récits, préceptes, lois et interdits dont foisonne la Bible, il en est un qui a le don d'exaspérer les fureurs de Modernœud, et c'est bien sûr le péché originel. Comment ? Parce qu'Adam et Ève, nos hypothétiques ancêtres communs, ont commis un péché majeur, et ont été condamnés à mort pour cela, nous devrions tous être marqués de la même tache de naissance et subir une peine identique ? Inacceptable ! Inique ! Et Modernœud d'en tirer une implacable et fière condamnation de la religion dans son ensemble.
Là-dessus, il se détourne du texte sacré, dont il pense s'être affranchi une bonne fois, et vaque à ses occupations. Lesquelles consistent à s'en aller à genoux jusqu'à Ouagadougou pour implorer qu'on veuille bien lui pardonner l'imprescriptible crime d'esclavage dont l'Occident s'est rendu coupable envers l'Afrique. Par là, acceptant comme une fatalité d'endosser les crimes de ses pères, il réactive la notion de péché originel, malgré qu'il en ait.
Car que prétend-il, Modernœud, ce faisant ? Que le drame de la faute commise par les esclavagistes est devenu pour leurs descendants un état, une condition : le crime était si grave qu'il a engendré une dégradation de nature, laquelle ne peut ensuite que se transmettre par la génération. Or, saint Augustin ne dit pas autre chose à propos du péché originel, allant jusqu'à parler de “nature séminale”.
Modernœud, dans son élan, ne s'arrête pas là. Du même mouvement, en exonérant systématiquement les Africains de toute faute, ou du moins de toute responsabilité dans leurs fautes, il ajoute au péché originel une nouvelle notion que l'on pourrait appeler innocence originelle, laquelle aurait sans doute beaucoup surpris saint Augustin.
D'où une nouvelle contradiction, que Modernœud préfère ignorer – après tout, il n'en est pas à une ignorance près : comment concilier ces nouveaux péché et innocence originels avec son propre dogme intangible qui veut que l'homme, l'individu, soit l'alpha et l'oméga de toute humanité, et que chacun soit de ce fait rigoureusement équivalent à son voisin (on ne dit plus : à son prochain, c'est mal...). Pour y parvenir, pour tenter d'y parvenir, il devrait de nouveau faire appel à saint Augustin, pour qui la nature humaine est bonne (puisque créée par Dieu), mais qu'elle est viciée par la volonté humaine, laquelle est mauvaise. Ainsi pourrait-il ranger l'homme blanc du côté de la volonté, et tous les autres de celui de la nature : le tour serait joué.
En bref, revivifier le péché originel en s'appuyant sur saint Augustin et ses discriminations, c'est en gros ce que Modernœud fait, mais il vaut mieux ne pas le lui dire trop nettement : ce serait prendre le risque de désespérer Disneyland.
Là-dessus, il se détourne du texte sacré, dont il pense s'être affranchi une bonne fois, et vaque à ses occupations. Lesquelles consistent à s'en aller à genoux jusqu'à Ouagadougou pour implorer qu'on veuille bien lui pardonner l'imprescriptible crime d'esclavage dont l'Occident s'est rendu coupable envers l'Afrique. Par là, acceptant comme une fatalité d'endosser les crimes de ses pères, il réactive la notion de péché originel, malgré qu'il en ait.
Car que prétend-il, Modernœud, ce faisant ? Que le drame de la faute commise par les esclavagistes est devenu pour leurs descendants un état, une condition : le crime était si grave qu'il a engendré une dégradation de nature, laquelle ne peut ensuite que se transmettre par la génération. Or, saint Augustin ne dit pas autre chose à propos du péché originel, allant jusqu'à parler de “nature séminale”.
Modernœud, dans son élan, ne s'arrête pas là. Du même mouvement, en exonérant systématiquement les Africains de toute faute, ou du moins de toute responsabilité dans leurs fautes, il ajoute au péché originel une nouvelle notion que l'on pourrait appeler innocence originelle, laquelle aurait sans doute beaucoup surpris saint Augustin.
D'où une nouvelle contradiction, que Modernœud préfère ignorer – après tout, il n'en est pas à une ignorance près : comment concilier ces nouveaux péché et innocence originels avec son propre dogme intangible qui veut que l'homme, l'individu, soit l'alpha et l'oméga de toute humanité, et que chacun soit de ce fait rigoureusement équivalent à son voisin (on ne dit plus : à son prochain, c'est mal...). Pour y parvenir, pour tenter d'y parvenir, il devrait de nouveau faire appel à saint Augustin, pour qui la nature humaine est bonne (puisque créée par Dieu), mais qu'elle est viciée par la volonté humaine, laquelle est mauvaise. Ainsi pourrait-il ranger l'homme blanc du côté de la volonté, et tous les autres de celui de la nature : le tour serait joué.
En bref, revivifier le péché originel en s'appuyant sur saint Augustin et ses discriminations, c'est en gros ce que Modernœud fait, mais il vaut mieux ne pas le lui dire trop nettement : ce serait prendre le risque de désespérer Disneyland.
Très bien vu!
RépondreSupprimerLe même Modernoeud qui rejette la notion de laid, d'inégalité, de hiérarchie du beau et du bon, se mord la queue et s'auto-administre le knout (simultanément car il est souple de l'échine) pour ce que ses aïeux, adoptant les modes africains d'exploitation de l'homme par l'homme (devançant d'autres modes géographiquement plus parlants) se sont crus autorisés à trafiquer. Et encore, ce ne sont pas mes ancêtres. Personne de chez moi n'a fait fortune avec le bois d'ébène. Sont-ce les leurs pour qu'ils se vautrent autant dans le mea culpisme durable et virulent?
Je ne me sens pas concernée par leurs jérémiades "nous leur devons bien ça". Je ne me sens pas redevable, je donne trop, sans le vouloir.
De même que je ne me sens pas coupable ni responsable du péché d'Eve.
RépondreSupprimerCarine : il n'a jamais été question du péché d'Ève, mais de celui d'Adam ET Ève, du péché d'un couple : elle se laisse séduire et tenter, c'est vrai, mais ensuite, Adam, par une sorte de "solidarité conjugale" accepte sciemment de la suivre dans son amorce de péché. Ainsi, il le consacre, si l'on peut dire, et il est au moins aussi coupable qu'elle, contrairement à ce qu'une lecture hâtivement féministe cherche à faire croire.
RépondreSupprimerouais mais c'est qui qu'y a trouvé la pomme hein?
RépondreSupprimerAutrement dit: qui a l'esprit d'observation le plus affûté? Ce gros balourd d'Adam n'avait rien vu.
Je ne résiste pas à vous faire partager l'intéressante illustration de l'épisode du péché originel que j'ai découverte au cinéma pas plus tard qu'hier soir (ici, à partir de la douzième minute, et là, jusqu'à la troisième).
RépondreSupprimerDu reste, le péché originel a quelque chose de totalement ambigu. En effet, n'est-ce pas Dieu lui-même qui insinue la tentation en prenant soin de dire au couple que le fruit de la connaissance leur est interdit ?
RépondreSupprimerCette allégorique déchéance est autant une élévation parce qu'elle porte l'Homme vers la conscience. Elle lui donne par la même le choix de suivre Dieu ou de l'ignorer. Sans péché originel, il n'y aurait pas d'athées en somme...
Aujourd'hui, il n'y a en effet plus de péchés. Reconnaitre leur existence, c'est basculer du coté de l'Inquisition. Tout doit être toléré, en dépit de toute la condescendance que cela implique, soigneusement ignorée.
Quoiqu'on en dise, ce p..... de péché original, qu'est ce qu'il est pesant, non ?
RépondreSupprimer2 bobillés en enfilade, vous nous gâtez !
Dorham, vous m'avez coupé la chique juste au moment où j'allais indiquer que l'extrait que je venais de citer était tiré de On a volé un tram ("La ilusion viaja en tranvía"), film – mineur – de la période mexicaine de Luis Buñuel, que diffusait hier soir mon cinéma préféré.
RépondreSupprimerVoilà qui est fait.
"Modernœud, dans son élan, ne s'arrête pas là. Du même mouvement, en exonérant systématiquement les Africains de toute faute, ou du moins de toute responsabilité dans leurs fautes, il ajoute au péché originel une nouvelle notion que l'on pourrait appeler innocence originelle, laquelle aurait sans doute beaucoup surpris saint Augustin."
RépondreSupprimerOn réactualise donc l'idée du "bon sauvage" de Rousseau - auteur fétiche de Robespierre, lui-même très apprécié par Marx et ses suivants -, mais cette fois-ci, on y met une couleur...
C'est pas du racisme, ça?
Un peu comme ces savants voulant à tout prix qu'il y ait une origine commune à l'Humanité et qu'elle soit forcément partie d'Afrique... pour dire... que... finalement... y a ceux qui ont quitté l'Afrique et y a ceux qui y sont restés...
C'est pas du racisme, ça? Sacré Coppens!
PS: on aurait trouvé une origine commune à tous les êtres vivants, juste après la soupe originelle, mais... personne n'en a tiré de conclusion, car idéoligiquement, c'est sans intérêt de dire que l'amibe, le kangourou, le diplodocus et moi, nous sommes issus de la même souche!
Laurent l'Anonyme
Trouvé sur yahoo:
RépondreSupprimerSakineh va-t-elle mourir demain ?
Il est grand temps de faire monter des ballons...
Les ressemblances entre le christianisme dans ce qu'il a de plus cucul et le gauchisme sont si frappantes qu'il me semble inutile de les souligner.
RépondreSupprimerCe que j'en dis, einh, c'est histoire de causer vu que je ne suis ni chrétien ni gauchiste...
La Genèse illustre la naissance du raisonnement chez l'Homme et la perte irrémédiable de l'innocence de l'enfant. Le dommageable de l'histoire est que la naissance du raisonnement n'implique pas forcément son intelligence.
RépondreSupprimerChesterton, sors de ce corps!
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