mardi 15 mars 2011

Pour moi ce sera deux tournées de blanc

Notre canton porte le dossard numéro 26 : celui, complètement à droite (ça tombe bien…), qui menace tout le temps de verser dans les Yvelines. Bien entendu, forts de nos cartes d'électeur toutes neuves – l'encre est à peine sèche – l'Irremplaçable et moi sommes fermement décidés à aller voter lors des deux tours de ces élections cantonales : elle parce qu'elle ne sait pas comment se déroule un vote en France ; et moi parce que, depuis avril et mai 1981, j'ai eu tout le temps d'oublier les détails de cette bouleversante cérémonie citoyenne. On imagine donc notre surexcitation, ce matin, lorsque dans deux enveloppes à nos noms nous avons reçu les professions de foi de nos candidats. Enfin on allait savoir pour qui voter…

Eh bien, pour moi, ce sera “blanc”, même si je suis cruellement déçu d'avoir à le dire. Enfin, au premier tour, en tout cas, je suis sûr. Bon, d'abord, l'absence de candidature écologiste m'a évité d'avoir à me demander si par hasard je ne leur accorderais pas mon suffrage : on se doute qu'après l'obscénité antinucléaire dont ils font preuve depuis les successives catastrophes japonaises de ces derniers jours j'étais pourtant très tenté…

J'espère que Carole ne m'en voudra pas mais, étant un garçon à principes, il est hors de question que je puisse accorder ma voix à une candidate “présentée par le parti communiste français” – donc, poubelle. Restait les trois autres.

Le maire de Pacy-sur-Eure, conseiller général sortant, fait partie de l'UMP. Sauf que, à lire son tractounet, on a l'impression nette qu'il n'a pas les couilles de l'avouer, puisqu'aucun sigle de parti politique ne figure nulle part. Par conséquent, s'il a lui-même honte de s'afficher UMP, qu'il ne compte pas sur moi pour le décomplexer.

Ensuite vient le parti socialiste. Eux ils osent s'afficher tels. Le candidat n'a pas une mauvaise tête et, pas plus tard que la semaine dernière, Catherine et moi avons mangé des crêpes avec sa suppléante, ce qui crée des liens, forcément. Seulement voilà : ces gens veulent “défendre les intérêts et les valeurs du canton avec un nouveau souffle solidaire”. Déjà je ne savais pas qu'un canton pouvait s'enorgueillir de valeurs, de valeurs particulières, et ensuite pas davantage qu'un conseiller général puisse avoir le souffle solidaire. Bref, leur jargon m'a fait rejeter loin de moi la tentation socialiste – d'autant plus facilement qu'ils parlent entre autres de construire des logements sociaux dans les centres-villes et les centres-bourgs, et qu'on sait parfaitement à quel type de populations sont attribués, quasi exclusivement désormais, ces logements dits sociaux. Un petit couplet nauséabond qui m'amène à passer à la dernière liste.

Il s'agit bien entendu du Front national, représenté ici par Lydie Braconnier (dans une région de chasseurs : bonjour la bourde…). Souriante et plutôt accorte, Lydie. Seulement, elle ne dit pas un mot, ni d'elle-même ni de ses projets pour le canton, se contentant de reproduire, au dos de son tract, un petit mot passe-partout de Marine Le Pen, et des propositions tellement “génériques” qu'elles pourraient tout aussi bien convenir à n'importe quel département de France plutôt qu'au nôtre. Donc, poubelle aussi. Si c'est comme ça qu'ils veulent s'enraciner, les pourfendeurs d'allogènes, c'est mal parti pour eux.

Après ce rapide et dévastateur tour d'horizon, il me restait donc le choix entre l'abstention et le vote blanc. Ma flemme naturelle me poussait bien sûr vers la première option, lorsque Catherine m'a fait fermement savoir qu'il n'était pas question que je la laisse aller faire toute seule la guignolette citoyenne à la mairie, dimanche prochain.

Ce sera donc un coup de blanc.

59 commentaires:

  1. Ah la solitude devant la page blanche....
    ""on sait parfaitement à quel type de populations sont attribués, quasi exclusivement désormais, ces logements dits sociaux.""
    Ah toi aussi tu as peur que ces logements reviennent aux enfants de...(...pour préciser; la famille de l'ancien maire ou du beauf...)

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  2. Pendant que j'y pense, heureusement que le vote blanc s'appelle le vote blanc et pas le vote noir.

    Un commentaire sérieux néanmoins : à Bicêtre, on ne vote pas, cette fois, mais j'étais à Loudéac ce week-end. Toutes les professions de foi (ou de foie...) étaient orientées par le pognon que le candidat allait pouvoir récupérer auprès du département...

    Personne ne précise ce qu'il fera en tant que membre du "parlement" de ce département, donc en tant que participant à la distribution du pognon en question...

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  3. Nicolas, vu que les conseils généraux doivent gigler, c'est sans doute une dernier moisson de blé

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  4. Ouais, bon bin ça peut donc tranquillement continuer comme ça. Tout va bien on vous dit, et les Français sont contents. Vous aussi, donc.
    Je suis contente que vous soyiez content.
    Je me demande pourquoi ça gueule autant ici, dans ce cas. Pourquoi toutes ces polémiques ?
    Comme dit notre amie Dixie, si je n'étais pas mère de famille, je n'en aurais plus grand chose à battre de ce qui va arriver aux Français. Ils n'auront que ce qu'ils auront mérité.

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  5. Fidel,

    Ouais... Mais justement, c'est la première fois que je m'intéresse à cet aspect du sujet, justement parce que les cantons devraient sauter aussi...

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  6. Fidel,

    Puisque tu es là, tu peux m'expliquer le commentaire de Carine par rapport au billet de Didier ?

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  7. Nicolas : je crois que Carine est furieuse de mon non-vote pour le Front national…

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  8. Faut tout lui expliquer à Nicolas.
    Didier:
    je vois pas trop comment votre jolie (ça c'est important quand même non ?) candidate du FN peut stopper l'immigration sauvage dans votre seul canton. En revanche, êtes-vous bien sûr qu'elle ne dit rien des logements sociaux ? même pas un tout petit et timide "logements sociaux aux Français d'abord" ?
    Cela dit, vous faites comme vous voulez, hein !
    Votre attitude est la plus banale. Vous verrez en 2012 ! 8% habituels.
    Donc, j'en reviens à ce que je disais, et j'espère que mes enfants trouveront une planque géographique. Saint Pierre et Miquelon ? Ou la Patagonie.
    Les gens d'ici se démerderont avec le reste.

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  9. Ils n'ont pas d'extrême droite à Saint Pierre et Miquelon et en Patagonie ? Pourtant ils vont avoir une vague d'immigration...

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  10. Ho j'aurais pu être d'accord avec Carine si elle eut écrit
    ""logements sociaux aux Français: d'abord nos enfants, nos cousins, nos voisins " ? qui reste une bonne idéologie du efeuneu

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  11. Ce qu'il faut comme candidat aux Français, c'est un chanteur ou un acteur engagé qui distribue aux humbles:

    http://www.domhebdo.com/modules.php?name=politique&id=2746&level=2&module_title=politiquexcxc1

    Mimi Mathy ? Goldmann ?
    Je précise pour Nicolas que le Aristide dont il est question dans l'article n'est pas notre Aristide à nous !

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  12. le lien:
    http://www.domhebdo.com/modules.php?name=politique&id=2746&level=2&module_title=politiquexcxc1

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  13. Election présidentielle à Haïti : le chanteur Sweet Micky est donné favori (Dom Hebdo).

    c'est là:
    http://www.blada.com/

    Vous n'avez qu'à chercher ^^

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  14. Ah Didier, je parie que vous faites partie de toute cette génération qui a voté Mitterrand en 1981...

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  15. Je dois être mal luné, aujourd'hui ! Je ne comprends pas ce que Carine veut démontrer. Que les bougnoules tiers mondistes votent n'importe comment, pour des chanteurs et tout ça, et que si nous ne votons pas pour Marine Le Pen nous allons finir comme des bougnoules tiers mondistes, ce qu'on accueille en masse dans nos cités HLM ?

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  16. la , tu m'as coupé la chique , et en plus tu déplaces pour voter , mince je vais réfléchir à te mettre dans ma blogroll, mais tu l'a peut être fait exprès :)))

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  17. @Carine
    Saint Pierre ou la Pataganie, c'est froid.
    La Réunion, c'est pas mal !

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  18. Non Carine. N'essayez donc pas de comprendre les autres sans avoir fini votre propre analyse...

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  19. Je n'en doute pas, Bruni Meli, mais vous galérez, d'après votre blog et vous hurlez dans le désert.
    Comme ici ^^

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  20. je veux dire "comme nous le faisons ici"

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  21. Carine : cette jeune femme ne dit absolument pas UN MOT du canton dans lequel elle se présente ! Rien, nada, comme si elle ne savait même pas où c'est. Tout ce qu'il y a sur son tract, c'est un catalogue de mesures générales et de vœux pieux, sorte de copié/collé des propositions du FN pour la France au niveau national. Je suis désolé mais ça ne me suffit pas !

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  22. Petit Louis : le bureau de vote est au bout de ma rue… Et on en profitera pour nourrir les canards de la mare.

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  23. Cherea : non seulement je fais partie de la génération maudite, mais EN PLUS j'ai voté Mitterrand, oui. Juste après j'ai commencé à boire.

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  24. Profitez en pour sortir les chiens,une arrivée en fanfare de canidés , c'est une integration pleinement réussie en pays normand

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  25. Cette année, je n'ai pas à voter et ce n'est pas plus mal. Mais je me reconnais bien dans ce billet puisque dans ce genre d'élection, on ne vote pas forcement pour ses convictions politiques. J'ai voté aux municipales pour un gars du cru avec qui j'étais à l'école et qui était encarté UMP.

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  26. Didier, p'tain, j'ai fait pareil que vous, merdalors...!

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  27. @Didier, vous n'allez pas nourrir des canards sauvages quand même !

    @Petit_Louis, si tu fais ça, je te sors de ma blogroll !

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  28. Je crois que je vais voter blanc moi aussi... tant qu'on peut encore, bien sur ... ;-))

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  29. Le vote blanc ? C'est le vote courtisé par l'extrême-droite ça? Bon je sort.

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  30. Solidarité avec Didier, moi aussi j'ai voté Mitterrand en 81. Mais les petits jeunes, sachez que cette époque vous est incompréhensible (rétrospectivement à moi aussi !)

    Il y a un océan entre la Marine et le FN localement parlant (à ce sujet très bon article sur MLP dans Marianne - ça m'arrive de le lire). Localement le FN s'est majoritairement une bande de crétins, faut le dire..... J'ai dit majoritairement, pas uniquement. J'en connais des très bien.

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  31. Tant qu'un vieux con m'explique qu'une période est incompréhensible aux petits jeunes, j'aurais du mal à être réac, surtout s'il m'explique avec la larme à l'oeil qu'il a voté Mitterrand...

    Romain,

    Bordel, quand tu commentes chez le vieux, fais gaffe à l'orthographe, tu ressembles à un gauchiste.

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  32. Didier, je comprends aisément que vous ayez commencé à boire après la victoire de Mitterrand, mais ce qui m'étonne, c'est que vous ayez voté pour lui alors que vous étiez sobre. À part cela, votre papier m'inspire quelques réflexions, dont je ferai peut-être un billet quand j'aurai le temps, ce qui hélas - encore que certains s'en féliciteront - n'est pas pour tout de suite.

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  33. Tiens, c'est aùusant, cette expérience. Je me demande si je ne vais pas tenter le coup aussi, au moins une fois.

    Mais comment faut-il faire? Aller s'inscrire à La mairie de sa ville de naissance ou de celle où l'on habite?

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  34. C'est vrai que vous n'avez pas très bien l'air de savoir quoi faire… pour qui voter, une "jolie" candidate qui n'a rien a dire ou une moche qui débite des "slogans" écrit par un chargé de communication qui travaille pour la rue de Solférino? le choix est Cornélien! (d'autant que ce chargé de communication travail aussi pour l'UMP et les écolos…) prenez donc celle qui a les plus gros seins…
    Finalement vous ne savez pas ce que vous voulez comme la majorité des hommes…

    Faites donc comme Octave Mirbeau : faites la grève des électeurs.
    (et prenez un Lexomil)
    Grosses bises

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  35. Hervé : tu vas remplir un papier à la mairie de ta ville, ensuite ils s'occupe du reste. Au bout de X semaines, tu reçois ta carte d'électeur dans ta boîte aux lettres…

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  36. Je crois qu'il faut être inscrit avant le 31 décembre pour pouvoir participer aux scrutins de l'année suivante. Ainsi, si Hervé s'inscrit sur les listes électorales maintenant il ne pourra pas voter avant les présidentielles de 2012 (sauf événement particulier début 2012).

    Et je ne sais pas si je tiens particulièrement à ce qu'il participe à cette élection...

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  37. Didiet et Pierre-Robe...merci les mecs pour avoir voté mitterrand en 1981, parfois, je me dis que le suffrage censitaire avait du bon...bon tout n'est pas perdu, vous allez voter en 2012, pour une des premières fois depuis 1981, donc on peut prévoir un grand changement...

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  38. Cherea : il y a pis (je parle pour moi, pas pour PRR) car, en votant socialiste, alors, j'avais l'impression de M'EMBOURGEOISER…

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  39. @David , DOU que tu me sermonnes vil chenapan , tu l'a bien déjà toi ,l'amateur de magret, dans ta blogroll

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  40. …/…
    Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?
    À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus... Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ?
    Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat.
    Et c’est cela qui est véritablement effrayant.
    Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.
    Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.
    Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ?
    Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces.

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  41. …/…
    Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.
    Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maitres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles.
    Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.
    Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera.
    Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.
    Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.
    Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève.

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  42. …/…
    Octave Mirbeau
    La grève des électeurs

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  43. Putain ! Elle est en forme, mémère ! J'espère qu'elle se rend compte qu'elle casse les couilles à tout le monde, dont moi qui suis abonné aux commentaires.

    Pourrait-elle lire le dernier billet du taulier où il explique qu'il n'a pas forcement envie de tout supporter ?

    Y compris mes conneries, d'ailleurs.

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  44. "Octave Mirbeau".

    Comme c'est dommage : j'entretenais, le temps de la lecture, l'illusion que quelqu'un avait été capable d'écrire ça en 2011.

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  45. La Gerbille des ciments : Hélas, ce que l'on écrit en 2011 c'est le commentaire de Nicolas…Voyez son sens de la dialectique.
    On a les grands théoriciens que l'on mérite!

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  46. Je suis d'accord ! Mais c'est surtout "le sens de fermer sa gueule" qui mériterait d'être étudié ce soir.

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  47. La gerbille des ciments :
    J'ai été injuste avec Nicolas car il faut aussi lui reconnaître une subtilité et une finisse d'esprit sans égal.
    Mais à le lire, vous l'aviez compris.

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  48. Nicolas (n. masc.): nom d'une crécelle gauchiste, dotée d'une languette flexible en bois, dont les moulinets produisent un crépitement exaspérant destiné à signaler l'approche d'un lépreux.

    La Gerbille des Ciments

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  49. Les "filles" me rappellent mes jeunes années, quand j'ai animateur en centre de vacances avec des 8-11 ans...

    Ca rafraichit...

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  50. Ce qui a de bien avec Nicolas, c'est qu'il s'enfonce tout seul…

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  51. C'est bien ce que je disais (à part la faute à "étais"). Quand j'étais animateur en centre de vacances, les gamins accusaient les autres de leurs propres bêtises...

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  52. C'est un peu faiblard Nicolas. Vous m'aviez habitué à pire que le : "C'est ci qui dit qui est".
    On se croirait sur votre blog…

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  53. Julie,

    Je vous explique : il est neuf heures, j'ai mieux à foutre que de discuter avec une furie qui prouve sa bêtise de commentaire en commentaire tout en essayant de prouver la mienne.

    En outre, de la part de réactionnaires, j'aurais imaginé un côté "vieille France"... avec un fond de savoir vivre...

    Je suis déçu.

    Et je me désabonne des commentaires. Je vous laisse parler toute seule ou avec la Gerbille ce qui revient à peu près au même.

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  54. Quand je me suis levé, tout à l'heure, Catherine (qui se lève avant l'aurore ces temps derniers) m'a dit : « Tiens, y a Nicolas et Julie qui ont opéré leur jonction : ils s'engueulent… »

    Mais ça va, ce n'est pas bien méchant, ce blog a connu pis.

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  55. Je crois que Nicolas a un faible pour moi. Hélas je suis trop jeune pour lui… Ayons pitié de cette âme en souffrance.

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  56. Oh, depuis un moment déjà ! Je suis parfois un peu dubitatif quant aux billets de moi qu'ils retiennent (celui-ci par exemple), mais enfin…

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  57. J'ai compris : vous avez commencé à boire, vous avez alors été frappé de delirium tremens, et c'est à ce moment-là que vous avez commencé à penser voter écolo : j'ai bon ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.