mardi 31 mai 2011
lundi 30 mai 2011
La halte-garderie de la Bastille (fait aussi maison de retraite)
Voici les deux derniers paragraphes d'un reportage sur place, qui est à lire ici :
« On verra si la poignée de journalistes qui avaient renoncé à leur repos dominical pour couvrir « l’événement » auront été séduits par ce lyrisme de bazar. C’est qu’en fait d’événement, on a pu observer un attroupement de jeunes fumant un joint une bière à la main et chantant un refrain à la gloire de Che Guevara, un atelier « dessine-moi ton monde » où des gamins, indifférents à la gesticulation carnavalesque, peignaient arbres et fleurs, sans oublier les irrésistibles cahiers de doléances, dont les initiateurs se voyaient déferler dans les rues de Paris, en héroïques héritiers des sans-culottes de 1789 et des Communards.
« On ne pouvait s’empêcher de penser à la remarque de Marx sur l’Histoire qui, après la tragédie, revient sous forme de farce. Alors que les morts égyptiens, tunisiens, yéménites et syriens jonchent les sentiers de la liberté arabe, les indignés de la Bastille rejouaient hier le remake burlesque de leur sacrifice. Ces candides de la révolution post-adolescente donnent envie de voter à droite. Ça leur fera les pieds. »
dimanche 29 mai 2011
La Cagoule, drôle de casquette pour François Mitterrand
Bien entendu, les nombreux historiens qui font de cette revue ce qu'elle est se marquant à droite, on ne manquera pas de balayer tout cela d'un revers de main négligent, étant entendu qu'un bon historien se doit d'être de gauche – sinon c'est tromper. Mais c'est une objection dont on se contre-pignolera joyeusement, si l'on veut m'en croire.
vendredi 27 mai 2011
Le candidat idéal pour une gauche enfin unie et acceptant la victoire
Le brochet semble dont être le résultat d'une hybridation réussie entre Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn.
Les blogueurs de gauche, dans un bel élan d'enthousiasme citoyen, appellent pour 2012 à une candidature unitaire du brochet – souhaitons qu'ils soient entendus.
jeudi 26 mai 2011
Splendeurs et misères de M. l'ambassadeur de France
“ À ces affaires générales étaient mêlées, comme dans toutes les ambassades, des transactions particulières. J'eus à m'occuper des requêtes de M. le duc de Fitz-James, du procès du navire l'Eliza-Ann, des déprédations des pêcheurs de Jersey sur les bancs d'huîtres de Granville, etc., etc. Je regrettais d'être obligé de consacrer une petite case de ma cervelle aux dossiers des réclamants. Quand on fouille dans sa mémoire, il est dur de rencontrer MM. Usquin, Coppinger, Deliège et Piffre. Mais, dans quelques années, serons-nous plus connus que ces messieurs ? Un certain M. Bonnet étant mort en Amérique, tous les Bonnet de France m'écrivirent pour réclamer sa succession ; ces bourreaux m'écrivent encore ! Il serait temps toutefois de me laisser tranquille. J'ai beau leur répondre que le petit accident de la chute du trône étant survenu, je ne m'occupe plus de ce monde : ils tiennent bon et veulent hériter coûte que coûte. »
C'est tout de même curieux cette propension des Bonnet de toute époque à toujours récriminer hors de propos et de saison – et en tendant la sébile.
mercredi 25 mai 2011
Se faire teindre pour mieux se faire tondre
Et ils ont raison, je le dis bien haut : ces pratiques sont un véritable scandale, exigeant au minimum un soulèvement citoyen, si ce n'est une insurrection durable, un frichti à la tunisienne. Si l'on veut traquer le clandestin, il faut le faire équitablement et partout. Dans le bocage silencieux comme dans les cités sensibles ; chez les gardiens de chèvres de Lozère aussi bien que parmi les dealers du forum des Halles. Seul mot d'ordre pour la police : yapa d'raison. Et encore, je ne dis rien du cas scandaleux des mamies à cabas et à cheveux mauves qui, elles, passent systématiquement entre les mailles du filet répressif, alors que nombre d'entre elles – j'ai mes sources… – en ont gros sur la conscience. Donc mobilisons-nous, camarades modernœuds papillons, et exigeons que pour chaque pitbul à capuche dont on aura sur le boulevard exigé le pedigree et l'inscription au L.O.F., on fasse immédiatement de même pour le petit caniche artistiquement tondu qui passe au même moment en rasant le mur – sans doute dans l'intention de le souiller de son urine.
Et pourquoi s'arrêter à la police, camarades modernœuds volants ? Il m'est venu aux oreilles que nos prisons logeaient et nourrissaient infiniment plus de crépus que de mauves : cela aussi doit cesser ! Exigeons d'une seule voix que, désormais, pour chaque noir ou Arabe incarcéré, on entôle aussi sec une mamie à cabas (qu'on lui confisquera au greffe) et à cheveux mauves – qu'on lui tondra à la peau –, non sans avoir au préalable dûment vérifié sa parfaite desoucherie. Et on les bouclera dans la même casemate, au nom du vivrensemble.
En vérité je vous le dis : il est temps de trancher dans le vif, camarades modernœuds gordiens !
mardi 24 mai 2011
Sénilité révolutionnaire à la mode ibérique, voire iberbère
Habitant Madrid, j'ai fait un tour à la Puerta del Sol et voilà ce que j'ai observé :
il y a un premier cercle assez sérieux, de jeunes engagés ou "dégagés" des partis, qui ne fait pas confiance à la classe politique et syndicale, bref aux institutions. Ceux-là sont assez conscients de la situation économique et expriment leur ras-le-bol en espérant obtenir deux ou trois choses pour leur génération. Ils sont bien organisés, ont rationalisé la distribution de nourriture et d'eau… ont même construit une cabane réservée aux cartes de presse afin de faire passer leur message. Certains de ceux-là feront carrière comme ceux de la génération 68.
À ce premier groupe structuré, s'ajoutent divers cercles qui viennent grossir le noyau tout en lui faisant du tort. Drogués, militants des causes palestinienne et des sans-papiers, complotistes de tout bord, des pancartes sur le 11 septembre décrit comme un Inside Job, complot sioniste, punk à chiens de 40-45 ans… ces groupes nuisent au premier cercle décrit plus haut et je ne serais pas étonné que des tensions internes au camp naissent assez rapidement ; tout cela combiné à la fatigue, à l'exaspération, à la chaleur… Enfin, le phénomène est assez inédit, les Espagnols protestent peu, mais le regroupement est assez monté en épingle. Quelques centaines de personnes tout au plus dorment sur place et peut-être 10 à 15 mille viennent faire la claque à la fin de la journée de travail. Il n'y a pas de leader, pas de réclamations claires. C'est l'expression d'un ras-le-bol, un mouvement spontané qui à mon avis disparaîtra aussi vite qu'il est apparu.
Enfin, toute la symbolique d'extrême gauche est présente : livres marqués, portraits de Che Guevara et, nouveauté, une flopée d'exemplaires de ¡ Indignaos !, les quelques feuillets de Stéphane Hessel, qui d'ailleurs figure en tête de classement des livres de No Ficción (tout ce qui n'est pas roman) avec celui du Docteur Dukan. Étrange coïncidence que le succès concomitant de ces deux livres, l'un servant le prêt-à-manger, l'autre le prêt-à-penser.
Voilà.
(…) Bon, et puisque je suis sorti de mon silence habituel, je voulais confirmer les observations de Cherea. Je vis au Pays basque espagnol, qui est plutôt épargné par la crise, et je suis allé faire un tour sur le Boulevard, à Saint-Sébastien, histoire de voir à quoi ressemblaient ces indignés.
Samedi, ils étaient quelques centaines à s'être réunis pour ce qu'ils appellent une "Assemblée citoyenne". En fait, les badauds étaient plus nombreux.
Ceux qui ont l'air d'y croire, et qui semblent avoir trouvé là une raison d'exister, sont en général des étudiants. Leur discours est plutôt puéril et ultra-stéréotypé. Nourris à la télé-réalité, le fascicule de Stéphane Hessel, un succès ici en librairie, est sans doute le premier livre qu'ils ont lu depuis des années : une lecture facile qui leur permet, à peu de frais, de se draper dans la posture de l'indigné – contre les banques, contre le capitalisme, contre Israël, contre le racisme, contre la droite. Il faut les voir, leur iPhone en main, s'élever contre la société de consommation !
Ensuite, il y a les perroflautas : des punks à chien cradingues et abrutis par le shit qui ont choisi de vivre en marge de ce système qu'ils détestent tant. Ils essaient de profiter du mouvement pour vendre aux sales bourgeois des tee-shirts sur lesquels ils ont écrit des slogans débiles au feutre. Il y a des joueurs de djembé, aussi, qui donnent un vague air festif au truc.
Bref, une fois de plus, les journalistes en font des tonnes. Contrairement à ce qu'ils veulent nous faire croire, on est loin des "révolutions arabes"… C'est juste un petite transpiration de l'Hessel.
Deux témoignages – dont je remercie les auteurs – qui n'empêcheront évidemment pas nos braves Ruminants et autres gauchistes à cornes de faire sous eux d'enthousiasme en croyant voir la révolution embraser la Sierra Morena et le Grand Soir se déchaîner dès le matin…
lundi 23 mai 2011
Quand Chateaubriand stigmatisait, de Paris à Jérusalem
Le “il” dont il est question ici est le cardinal de Beausset, qui vient d'écrire à Chateaubriand une lettre fort louangeuse à propos de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, tout juste paru – nous sommes en 1811. Évidemment, celui-ci ne peut s'empêcher de la reproduire, avec ce mélange de fatuité naïve et de protestation de modestie qui est l'une de ses marques de fabrique ; de celles dont on s'horripile au début des Mémoires pour s'en amuser dans la suite. Du reste, la lettre du cardinal mérite bien d'y figurer car elle n'est pas d'un mauvais lecteur. Et voici ce qu'écrit le prélat, à propos du passage de l'auteur en Égypte :
« Que je vous sais gré, monsieur, d'avoir voué à la juste exécration de tous les siècles ce peuple stupide et féroce, qui fait, depuis douze cents ans, la désolation des plus belles contrées de la terre ! On sourit avec vous à l'espérance de le voir rentrer dans le désert d'où il est sorti. »
Fichtre ! Sa Pourpritude n'y va pas avec le dos de l'ostensoir ! Ignoreriez-vous, Éminence, que la plus pure lumière est sortie de ce peuple péninsulaire que vous calomniez si injustement ? Que nous leur sommes redevables de tout ce qui se fait de beau et de bon en nos contrées, mais qu'il convient de les absoudre énergiquement des haines et violences qui ne furent jamais que par nous propagées ? Hmm ?
Encore sous le choc de ce jugement cardinalice, m'est alors venu le désir de le relire, cet Itinéraire. D'autant que je suis bien sûr qu'il est, lui, sagement rangé dans ma bibliothèque : je l'y ai aperçu, voici quelques jours, tandis que je cherchais un certain Manuscrit, trouvé à Saragosse et reperdu au Plessis-Hébert.
La gauche qui fait où on lui dit de faire : nouveau concept
Des émeutes en Tunisie ? Victoire ! gloire aux camarades-de-gauche qui ont décidé de se débarrasser d'une dictature-de-droite ! On duplique en Libye ? Même réaction : so-li-da-ri-té ! Ça passe le détroit de Gibraltar pour se propager en Espagne ? On troque vite fait le camarade contre un compañero ou un hermano et on reprend la vieille antienne.
À ce moment, le chaland qui passe – et qui est sans nul doute un gros réac cynique vendu aux banques et à Sarkozy – fait observer à voix mesurée que ces Espagnols qui campent sur la Puerta del Sol, et qui ont en effet toutes les apparences de la colère, manifestent contre un gouvernement socialiste et non contre un mini-Hitler enturbanné ou un roi nègre quelconques. Naïf par essence, le chaland pense qu'il va sacrément ennuyer ses amis de gauche, avec la contradiction XXL qu'il leur brandit juste sous la banderole ; les réduire au silence. Penses-tu ! En deux coups de cuiller à pot dialectique, et avec ce petit sourire de pitié condescendante qui caractérise Modernœud lorsqu'il se rassemble en troupeau, on lui explique qu'il y a eu erreur d'étiquetage en sortie d'usine : même si le señor Zapatero est persuadé d'être socialiste, il se trompe : en réalité, c'est un fantoche de droite, un valet des puissances invisibles, un bousilleur d'avenir radieux. Par conséquent, pas besoin de raturer les slogans ni de remiser les ballons : tout est comme d'habitude. La devise de nos révolutionnaires machinaux pourrait être la même que celle de Sertorius : Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis. La gauche n'est plus au PS, ni d'ailleurs au PC, ni dans aucun parti ou syndicat, elle est où mes vieux yeux myopes de militant cacochyme croient la distinguer.
L'œil de Modernœud, c'est l'équivalent de la Sainte Ampoule : le regard qui en dégouline crée la divine révolution, transforme n'importe quel jeune énervé en un rebelle thaumaturge capable de guérir les écrouelles nauséabondes. Et même pas besoin de faire le voyage à Reims.
jeudi 19 mai 2011
J'y vais ou j'y vais pas ? L'angoisse devant l'inconnu
Je me suis alors dit que, ajoutant ce petit fait irritant à l'engorgement chronique de mes rayonnages, je devrais peut-être acquérir un livre électronique, dans lequel je reconstituerais une seconde bibliothèque avec tous les classiques que j'ai possédés à un moment où à un autre et qui ont disparu Dieu sait comment. Opération peu coûteuse pour peu que je me cantonne strictement aux ouvrages tombés dans le domaine public et donc téléchargeables gratuitement.
Et c'est là que l'enfer du doute m'a poigné : quel appareil choisir ? Sera-t-il d'un maniement agréable ? Un nœud volant de mon espèce se montrera-t-il capable de manipuler l'engin et, avant cela, de le garnir en bonnes et saines lectures ?
Autant de questions torturantes qui requièrent des réponses avant le grand plongeon : je compte un peu sur vous tous et vos lumières…
mercredi 18 mai 2011
Renaud Camus en majesté
Renaud Camus, là-bas
Petite maxime pour mes amis libéraux
Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées
mardi 17 mai 2011
DSK, la goutte d'eau qui fait déborder le désert
samedi 14 mai 2011
Islam, ce grand corps malade ?
N'ayez plus peur, les petits, Maman Aubry est là…
Et le plus inquiétant, pour les infirmiers spécialisés à qui on a bien dû accepter de confier ces pauvres âmes erratiques, c'est qu'ils savent très bien qu'à peine ils auront réussi à faire s'évanouir l'incube Sarko dans l'esprit des enfants qu'il s'en trouvera forcément un pour s'imaginer découvrir, dans le panier à linge sale ou le placard à chaussures, le masque haineux de la goule Marine.
Alors, devant tant de désespérance citoyenne et de chocottes durables, la question revient nous hanter, bien entendu : quel reste de pitié nous commande encore, ces petits militants en pleurs, de ne point les piquer ?
* Ce billet est celui qui a disparu dans la tourmente Blogger, avant de ressusciter cette nuit. Mais il ne mérite pas d'être actualisé, donc je laisse tout comme c'était avant son passage au tombeau…
mercredi 11 mai 2011
Mais pourquoi publier cette photo ? Qui s'y cache donc ?
Et puis, en y rêvassant un peu, une île ne serait-elle pas la solution définitive à ce dégoût de nos semblables qui nous poigne de plus en plus ? Avec un couple de domestiques relativement âgés et si possible muets, pour accomplir les basses besognes – et notamment se rendre au ravitaillement sur le continent, pour éviter aux maîtres tout contact souillant avec leurs pitoyables congénères. Avec aussi une muraille d'enceinte, et quelques canons de marine braqués vers le sud.
Je me souviens des soirs là-bas…
mardi 10 mai 2011
La sinistro-blogosphère saisie par le gâtisme
Et merci à l'Irremplaçable pour la photo toute fraîche.
À la découverte de Nicolas Malfin
Très accessoirement, Nicolas Malfin se trouve aussi être pour moi comme une manière de gendre…
lundi 9 mai 2011
Nom de peintre : le nom
dimanche 8 mai 2011
samedi 7 mai 2011
La naissance du valeureux Don Ricardo Pastaga
vendredi 6 mai 2011
– Vous vous moquez. – Je ne me moque point.
Le récit secret de la traque de Ben Laden. Relisez-moi ça, pour voir… Lentement… Le récit secret : quelqu'un dans la salle pourrait-il m'expliquer à quoi ressemble un récit secret ? Est-ce un récit que le journaliste a gardé pour lui, préférant rendre copie blanche ? Ou un récit qu'il a juste chuchoté à l'oreille de son rédacteur en chef en lui faisant promettre solennellement de ne rien en répéter ? (Patron, si ça sort d'ici, je saurai que c'est vous !) Ou bien, est-ce que par hasard Leurs Suffisances Journalistiques, Leurs Majestés Folliculaires, n'auraient pas eu dans l'idée de nous servir Le récit de la traque secrète de Ben Laden ? Hein ? Et que la langue, comme un vieux Rossinante fourbu, se serait soudain effondrée sous leurs imposants fessiers ?
Entendons-nous, je ne m'étonne nullement qu'un certain nombre d'analphabètes prospère à la rédaction du Point : la presse a ses quotas, elle aussi. Mais enfin, je sais comment se décide le titre de la une, sur lequel on espère vendre le numéro tout entier aux populations ébahies : ça conférence, ça brain-truste, ça reconférence jusqu'à plus soif. Et je te convoque les chefs de services pour avoir leur avis, et les rédacteurs en chef pour qu'ils y mettent leur granum salis, et le directeur de la rédaction vieillit de dix ans en deux heures à force d'angoisse et de doute métaphysique…
Et sur cet interminable défilé de branquignols galonnés, il ne s'en est pas trouvé un pour faire remarquer qu'ils s'apprêtaient à sortir avec un titre absurde ? Ben mon cochon…
jeudi 5 mai 2011
C'est le bouquet !
Elle semblait plutôt pressée d'arriver puisque la voilà avec un mois d'avance, la salopiote !
Deux kilos et demi, tout même : une crevette format gamba, en quelque sorte…
Longue vie à elle et à sa descendance.
mardi 3 mai 2011
En attendant ma vraie sirène du Danemark…
Tu généraliseras quand t'auras ton diplôme, d'accord ?
D'abord, il va à peu près de soi que toute personne soupçonnée d'être raciste (soupçonnée par qui ? par quelle autorité compétente ? Peu importe : soupçonné suffit amplement), ou plus simplement encore : de n'être pas de gauche, est interdite de généralisation dans tous les cas de figure. Même s'il s'agit de dire du bien de populations tenues pour discriminées. Ainsi, déclarer que les noirs sont d'excellents rempailleurs de chaise ou que les aborigènes d'Australie ont un sens inné de la peinture sur plantes de pied suffirait, si je m'y risquais, à me valoir les torves regards de Modernœud, si ce n'est une assignation à comparaître. Alors que si une vieille gauchiste en phase terminale déclare que les Indiens sont restés merveilleusement proches de la grande mère nature et du communisme primordial, elle récoltera les applaudissements des autres vieilles gauchistes en phase terminale.
Et cela nous amène à une importante nuance de la proposition initiale, qui désormais se formulera ainsi : on ne doit jamais généraliser, sauf si on a la carte et si c'est pour exalter ce qu'on n'est pas soi-même. C'est ainsi que, ce matin, l'une des vieilles folles que j'évoquais à l'instant (je ne mets pas de lien : ce serait pour vous appuyer le plat mais interminable déroulé d'un scénario de film colombien que jamais vous n'aurez l'idée de regarder – ni moi d'ailleurs) a pu écrire, sans se faire rappeler à l'ordre par aucune police de la pensée, une connerie aussi pitoyable que :
Manuel et Juliano, son meilleur ami, sont des fondus de football, comme tous les enfants Latino-Américains.
Le soulignage est de mon fait, mais pas les fautes de français. Donc, quand on est une vieille folle gauchiste, on a le droit de penser que tous les enfants d'Amérique du Sud adorent le football. Tous, absolument tous. Si par extraordinaire il s'en trouvait un que l'idée de passer des heures, des jours, des années à taper dans un ballon en plein soleil ne soulève pas d'enthousiasme, il serait déchu de sa continentalité sud-américaine illico. Chemin faisant, notre momie chavezolâtre ne se rend absolument pas compte de ce que son risible cliché a de méprisant, en plus d'être profondément stupide. Mais ce n'est pas important : grâce au stage de premiers secours antiracistes (Apprenez les gestes qui déstigmatisent !) qu'elle a suivi il y a 72 ans et au brevet de progressisme qui s'en est suivi, elle s'est acquis des droits de généralisation inaliénables. Cependant que toi, mon con, tu resteras cantonné toute ta vie au cas par cas. Et si tu t'amuses, par goût de la provocation malsaine, à comparer Pierre à Paul, en fonction de Jacques et par rapport à Émile, eh bien tu vas voir un peu ta gueule !