Grands Normands – sous-titré Études sentimentales
– est une sorte de vagabondage littéraire auquel s'est livré Jean de La
Varende, dans les années trente du siècle qui nous fuit. Le livre
comprend deux douzaines de petits textes, initialement publiés ailleurs,
qui parlent de Barbey d'Aurevilly, Flaubert et Maupassant. Dès la
seconde page de son introduction, on tombe sur cette anecdote que je
n'ai pas cru devoir garder pour moi seul (je précise que j'ai
scrupuleusement respecté la ponctuation parfois déconcertante de
l'auteur) :
«
J'ai connu la princesse de M… Elle trompait outrageusement son confiant
mari. Après la mort du prince, cette ardente personne tint, à toute
force, malgré les supplications de sa famille et les pleurs de ses
enfants, à épouser son dernier amant, hélas ! si jeune. Quelqu'un lui
dit : “ Mais voyons… épargnez-nous ce scandale… Du temps du pauvre Guy,
vous n'aviez pas de tels scrupules… ”. Le conseilleur lui proposait, en
somme, de continuer… La princesse eut cette réponse : “ Du temps où Guy
vivait, j'arrivais à lui cacher mes liaisons. Maintenant qu'il me voit,
ce n'est plus possible ”… Je salue, bien bas, la princesse moustachue,
et remariée. »
Voilà pour le sourire. Quant aux opinions, très tranchées, de La Varende à propos des romans de Flaubert, elles me déconcertent et m'incertisent, dans la mesure où elles sont à l'exact opposé de celles que je pense avoir, lui mettant Salammbô
au sommet de la pyramide, alors que ce Flaubert-là, le Flaubert
“peplum” m'a toujours profondément ennuyé. Le pire est que ses arguments
me troublent, et que me semble bien proche le moment où, soupirant et
résigné, je vais devoir relire le roman, en tentant de le faire avec les
yeux de La Varende. Et en sachant, moi aussi, qu'il me verra.
C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar…
Qu'ouïs-je ? vous considérez Salammbô comme un péplum ? Infamie !
RépondreSupprimerMais pourquoi diable ?
Bon, bon, peplum est sans doute caricatural ! C'était pour l'opposer au Flaubert “normand” qui a toujours eu ma préférence – mais dont La Varende soutient que, justement, il l'est finalement fort peu, normand.
RépondreSupprimer"Caressez votre phrase, elle finira bien par sourire" (Anatole France) Mais celle de Flaubert ressemble à "La pierreuse consciencieuse" : "Jamais la garce ne jouira".
RépondreSupprimerJe pense que Salammbô est plutôt un roman barbare que Flaubert a écrit avec une joie d'autant plus mauvaise que l'Antiquité avait longtemps été idéalisée par les classiques.
RépondreSupprimerIl en a peut-être un peu trop fait, mais justement, on est à l'opposé du peplum qui verse à peu près, d'une manière différente, dans le même travers que celui des Classiques.
Votre vision de Salammbô rejoint en grande partie celle de La Varende.
RépondreSupprimerElle est très bien la ponctuation du monsieur, très soignée.
RépondreSupprimer"Sale mambo" ? Pas vraiment du grand Gustave. Pompeux, pompant. Du Shadok sans la voix de Claude Piéplu - autrement dit rien, du grandiloquent, un étalage de statuettes figées dans la graisse d'un vocabulaire de manuel d'histoire antique.
Euh, roman barbare, c'est en fait exactement ce que dit Flaubert lui-même de son roman. Il l'avait même annoncé avant de l'écrire.
RépondreSupprimerLa manière assez rustre dont le désir de Mathô s'exprime pour Salammbô m'a toujours frappé, de même que le sort des malheureuses carpes apprivoisées que Salammbô caresse au début du roman.
RépondreSupprimerCela dit, pour ce que je connais de Mathô, il paraît avoir été un orateur habile et un diplomate peu commun.
Flaubert l'a réduit à un sublime instinct appuyé de fulgurances fortes, et noie cette réduction dans un flux continu de détails exotiques destinés à étourdir le lecteur. Il s'est rendu à plusieurs reprises à Carthage et je le sais un lecteur assidu de Polybe. Son tour de force, c'est d'avoir mis en place une scène très réaliste, mais d'avoir construit des personnages beaucoup trop d'une pièce pour être crédibles.
Et la bébête qui monte qui monte guiliguili !
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne je ne suis chatouilleuse que sous les aisselles, tout le reste vous pouvez y aller ça ne m'empoisonne le moins du monde.
Maintenant. hihi..
Ca c'est de la main baladeuse...
RépondreSupprimerJPB