Il y a quelque temps – ici même, je crois bien –, je me divertissais de ce que les invalides et les infirmes s'étaient d'abord transformés en handicapés (sans que cela ne les aide d'ailleurs à se mouvoir plus facilement), avant de devenir des personnes en situation de handicap – formule charabiesque qui ne signifiait plus rien. Et je pronostiquais que, dans un proche avenir, ce mot de “handicap” deviendrait lui-même inacceptable. Eh bien, l'avenir est devenu présent, le changement c'est maintenant et toutes ces sortes de choses. Voici ce que je lis, dans mon magazine de télévision, à propos d'un documentaire diffusé ce soir :
« Après une année difficile, Ronnie et Donnie Galyon, deux frères siamois, ont décidé de déménager dans une maison adaptée à leur spécificité. »
La rédaction souhaite beaucoup de bonheur à ces jumeaux spécifiques. Et attend avec impatience le prochain palier linguistique.
On dit les "personnes à mobilité réduite".
RépondreSupprimerEt en plus vous n'imaginez pas les "spécificités" en question pour des siamois. Par exemple, dans les toilettes, il faut des trônes juste à côté et un porte-revues de chaque côté même si un seul est constipé.
Ah! Ma petite clientèle est donc bourrée de spécificités, la principale et non la moindre étant de porter à merveille le paletot de sapin, enfin...potentiellement!
RépondreSupprimerPluton connaît pas la crise.
Il existe depuis longtemps dans l'Éduc' nat' des « élèves à besoins particuliers ». Que pourrait être la prochaine étape dans l'ellipse générale du réel ? « Élèves à besoins » serait un peu aventuré, certes, mais on sait bien que tout ce qui est aventuré finit par advenir, de nos jours.
RépondreSupprimerNicolas, vous êtes ignoble…
RépondreSupprimerPluton : du sapin ? Mais pourquoi discriminer le chêne, alors que – c'est connu à Paris – tous les bois se valent ?
DF : je pensais que les élèves “à besoins particuliers” étaient ceux qui demandaient à aller pisser chaque fois qu'une interro se profilait à l'horizon.
2 par jour...? pour un type qui voulait fermer ya pas longtemps...
RépondreSupprimerLe précédent ne compte pas, il était de Lévi-Strauss…
RépondreSupprimerA vue de nez, le nombre d'individus en situation de connerie s'alourdit dangereusement.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerBen moi je le trouve un peu violent ce mot. Le pronnoncer me donne des crampes dans la machoire.
RépondreSupprimerUn peu comme le mot civilisation.
C'est encore du langage d'énarque...
RépondreSupprimer"Spécificité" c'est moins stigmatisant que "siamois"...
Les mots n'ont plus de sens, la politique non plus, et finalement c'est toute la société qui s'effondre...
Est-il permis de discriminer entre le petit et le gros besoin ?
RépondreSupprimerUn commentaire supprimé à une heure du matin par vous Didier ?
RépondreSupprimeralors, c'est que ça devait être du saignant qui vous a tenu éveillé jusqu'à ces heures bien tardives ou plutôt matinales…
Complètement d'accord, cher Skandal : les mots n'ont plus de sens, et le plus grave, c'est l'auto-censure.
Emma : le commentaire date d'une heure du matin (un anonyme qui faisait de la retape pour son propre blog…), mais je ne l'ai supprimé que ce matin en le découvrant.
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