Rien de tel, pour se remettre d'une campagne électorale que de se
replonger dans la lecture des journaux ; pas ceux que l'on vend au
kiosque, ceux des écrivains. Suite à la lecture de Travers Coda, dernier volume des églogues de Renaud Camus, j'ai repris son Journal de Travers, dont j'alterne la lecture avec celui de Virginia Woolf.
Il serait sûrement intéressant de tenter de dégager les points de
contact, les espaces de résonance entre ces deux journaux, et pas
seulement parce que Virginia Woolf et ses différents romans sont très
présents dans le Journal de Travers (ainsi que dans Travers,
bien entendu), notamment lors des glissements onomastiques que l'auteur
a introduits après coup dans ce journal d'une année complète (du 20 mars
1976 au 19 mars 1977). On croise beaucoup de gens chez l'un comme chez
l'autre, on se perd un peu dans les noms et les prénoms, on effectue au cœur des villes des
parcours presque immuables et sans cesse répétés qui, de ce fait,
prennent à la longue des allures un peu initiatiques ; et il y a aussi en commun cette même
course haletante derrière le fugace, le presque rien, en particulier
lorsqu'il s'agit de rendre compte d'une conversation à plusieurs voix,
d'en retrouver les cheminements, les incises, les “causes à effets”,
etc. Avec, au bout du compte, chez les deux diaristes, la même
frustration de n'y point parvenir, ou en tout cas fort imparfaitement.
Ils partagent encore la course contre le temps qui galope, elle aussi perdue
d'avance, cette noyade progressive mais irrémédiable dans
l'enchevêtrement des faits qui surviennent alors que l'on est occupé à
noter ceux qui ont été vécus la veille, ou même de se plaindre, sur le
papier, que l'on n'a pas eu le temps, la veille, d'écrire ce qui s'était
produit deux jours plus tôt, et ainsi de suite.
Mais, évidemment, on s'encule beaucoup moins chez Virginia que chez Renaud.
"la même frustration de ne pas y parvenir" avec quelque chose de beaucoup plus douloureux, diffus et envahissant chez Woolf.
RépondreSupprimerOui, bien entendu. Et je me rends compte, en me relisant ce matin, que parler d'une “noyade progressive mais irrémédiable“ lorsqu'il est question de Virginia Woolf était assez malencontreux…
SupprimerPeu ou pas de rapport, enfin peut être, mais en lisant votre billet, j'ai pensé à ce jeune homme. Il a du Renaud Camus dont le style aurait été très fortement chamboulé par une haine saine et ancrée.
RépondreSupprimerhttp://lhorreurduchateau.blogspot.fr
On s'y encule pas non plus a-priori.
J'ai lu son billet pas plus tard que cet aprem, genre c'est à celui qui travaille le mieux son écrit afin de devenir le meilleur des électeurs FN, c'est assez amusant...finalement.
SupprimerQuel dommage de ne pas avoir droit à un court extrait de chacun..
RépondreSupprimerEn ces soirées mon jeune garçon de 9 ans, se régale à lire " La guerre des boutons ", lecture dirigée par sa maîtresse d'un âge assez avancé déjà, avec beaucoup d'humour me répète très souvent Evan, que je soupçonne porter une certaine admiration pour la dame. Il s'étonne ! Il me dit qu'il ne savait pas qu'avant les enfants étaient mal-élevés, que leurs petits mots ne sont pas aussi gracieux que l'époque pourrait prétendre, puis il finit << Ah, j'ai compris, elle est trop forte la maîtresse, elle a choisi exprès celui-ci pour qu'on le lise, les autres c'est pas pareil peut-être ! >>
Après les boutons, il reprit les manettes, attendant le prochain livre, le sourire en coin, curieux de savoir quelle idée encore sa vieille maîtresse qui lui rappelle sa grand-mère allait bien pouvoir dénicher !
Ce sont de très jolies photographies par ailleurs, d'une grande douceur.
RépondreSupprimerMais, évidemment, on s'encule beaucoup moins chez Virginia que chez Renaud.
RépondreSupprimerPenser ça, l'écrire, se relire en se tapant la cuisse, vous êtes bien un blogueur.
Après le Président des riches.
RépondreSupprimerVotre conclusion est très raffinée…
RépondreSupprimerFaut pas dire "Flamby", parce que c'est malséant, mais on peut parler d'enculage sans problème.
RépondreSupprimerL'essentiel de la liberté d'expression est conservé, merci.
L'enculage c'est malséant à tous les coups.
RépondreSupprimerL'enculage c'est malséant à tous les coups.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si vous quittez la "bêtise électorale", les derniers journaux de Renaud Camus, sont encore une soupe idéologique et politique.
RépondreSupprimerLe Journal de Travers date de 1976-1977…
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