Maurice Chevit est mort. Bon. Pas de quoi réveiller un blog, sans doute ; sauf si un rédacteur en chef demande au tenancier du blog en question de lui écrire une petite nécrologie en trois mille signes du comédien disparu. Du coup, ajustant sa casquette de journaliste, l'impétrant creuse un peu son sujet. Rapidement, grâce à l'intercession de saint Google, il trouve un article consacré au bonhomme ; puis un autre ; et cinq, et dix… Tout le monde se presse et frétille de l'hommage : Libération, AlloCiné, La Croix, Le Progrès, France Info, et encore d'autres. La moisson à première vue semble riche ? Pur trompe-l'œil.
Première constatation, qui n'étonne point le reporter sur le retour : tous ces petits articles sont exactement semblables, à la virgule. Ce qui signifie que l'un de mes co-tâcherons s'est dévoué et que tous les autres l'ont recopié, sans même prendre la peine de tourner les choses un peu autrement – pas de quoi faire sonner les trompettes de l'indignation, c'est toujours comme cela. Mais autre chose attire l'œil du gros bonhomme de presse et dissipe tant soit peu les brumes qui environnaient son esprit : dans tous ces articles, il est noté que Maurice Chavit était un acteur et dramaturge français. Diable ! se dit aussitôt le plumitif, il aurait donc, ce brave homme, écrit des pièces de théâtre en plus d'en jouer ? Voilà qui pourrait être intéressant, d'autant qu'aucun de mes chers chosefrères n'a pris la peine de le signaler. Voyons donc si l'on peut trouver ce qui est tombé de la plume du mort…
Or il n'est rien tombé de la plume du mort, en tout cas dans le domaine de la scène. Il se trouve simplement que la personne qui a rédigé sa fiche Wikipédia l'a défini comme acteur et dramaturge français, confondant visiblement ce dernier mot avec “comédien de théâtre”, ce qu'il fut en effet. Et tout le monde, troupeau de moutons ou d'ânes, a retranscrit sans sourciller.
Moutons ou ânes ? Eh bien oui, forcément. Car soit les folliculaires dont nous parlons se sont contentés de suivre la tête du troupeau sans chercher à savoir quelles pièces avait bien pu écrire ce Chevit qu'on leur donnait à brouter, soit ils ignoraient le sens du mot “dramaturge” : moutons d'un côté, ânes de l'autre.
« À chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance. », écrivait Morvan Lebesque, en conclusion de son Essai sur la démocratie française. Apparemment, beaucoup de mes confrères ont choisi leur camp. Et quand je dis “choisi”…
Hé ho ! Rien ne vous empêche de corriger sa fiche Wikipedia, feignasse ! Ah ! C'est facile d'accuser les confrères...
RépondreSupprimerVous vous sentez concerné ?
SupprimerComment vous est venue la citation finale ? Par quelle association d'idées ? Je ne m'attendais pas à trouver Morvan Lebesque dans la phrase finale.
RépondreSupprimerVous avez raison, bien entendu.
Le mot ignorance de mon titre. Mais je n'en sais pas plus…
SupprimerZEURLEPLUSOMBRES
RépondreSupprimerDE NOTRISTOUAR
Poème anti-fâchiste
Lorsqu'ils sont venus pour prendre l'orthographe, je n'ai rien dit ; ce n'était pas grave.
Lorsqu'ils sont venus pour prendre la grammaire, je n'ai rien dit ; c'était une convention bourgeoise.
Lorsqu'ils sont venus pour prendre le vocabulaire, je n'ai rien dit ; il fallait bien évoluer.
Quand je me rendis compte qu'ils avaient liquidé toute la langue française, il était trop tard...
2/10. Hors sujet. Bel effort.
SupprimerCommentaire de Dorham : 0/20. Aucun effort, aucun intérêt, complètement faux, gaspillage d'électrons venant trouer la couche d'ozone et augmentant le flot des réfugiés climatiques.
SupprimerMoi aussi, je sais jouer au petit chef, et remplacer une discussion par des attaques personnelles.
Gaston, vous avez lu Morvan Lebesque ? Non ? Alors il y a un autre commentaire inutile à produire ici même. Par avance, pour la beauté et la créativité attendues de votre style je propose un 18/20.
SupprimerMerci, très bonne intervention de votre part. Commentaire fascinant de pertinence et d'à-propos. Vous êtes, décidément, Léon, le meilleur d'entre nous.
SupprimerDe cette histoire et ce procédé récurrent dans les dépêches d'agences, je tire un enseignement et un questionnement angoissé :
RépondreSupprimerD'abord, il me semble que vous devriez écrire vitre notice nécrologique sans tarder. J'ai hâte de la lire sans devoir attendre sa publication (faut pas déconner...)
Ensuite la question : N'ayant pas trouvé la version manuscrite des Burgraves réécrite par Chavit, qu'avez-vous fait d'autre que copier-coller pour satisfaire le rédac'chef ? Osez nous dire la vérité !
J'ai "mis en scène", mon cher !
Supprimer"En août 1950 est créé au théâtre de la Huchette à Paris, Pepita ou Cinq cents francs de bonheur, une comédie en trois actes qu'il a écrite avec Henri Fontenille, dont il interprète l'un des rôles aux côtés de Jacqueline Maillan, Pierre Mondy et Jacques Jouanneau."
RépondreSupprimerC'est du moins ce que dit Wikipédia...
Damned ! Aurais-je lu trop vite ? D'un autre côté, avoir co-écrit trois actes dans sa vie, est-ce être dramaturge ? Et pourquoi, s'ils sont allés y voir, mes confrères n'ont-ils pas cité cette pièce, qui aurait au moins étayé un tant soit peu leur "dramaturge" ?
SupprimerLe seul souvenir qu'il m'en reste est celui d'un bonhomme empoisonnant la fondue savoyarde avec du fil dentaire...
RépondreSupprimerJe crois que c'est le seul souvenir qu'il en reste à tout le monde…
SupprimerJe me souviens, quant à moi, qu'il jouait déjà dans un « Bourrel » et dans un drame historique concernant le duc de Praslin. Mais c'est loin tout ça, pas loin de quarante ans.
SupprimerLu sur « Yahoo-Cinéma », citant l'A.F.P. :
Supprimer"Mort de l'acteur et dramaturge français Maurice Chevit."
Tout le monde reprend les mêmes titres ...
Je crois me souvenir que c'est lui qui, dans Voyages, d'Emmanuel Finkiel, lançait à sa femme, au cours d'une dispute dans le car qui les emmenait en « pèlerinage » sur les lieux de leur martyre : « La prochaine fois, tu iras à Auschwitz en stop ! ».
SupprimerEt il savait très bien faire de très jolis boukroux, feu Maurice…
RépondreSupprimerN'oubliez surtout pas ça dans votre nécro.
RIP.
Flûte, j'ai oublié les boukroux…
SupprimerC'est pas clair.
SupprimerVous avez oublié l'épisode des boukroux ou vous avez oublié d'ajouter les boukroux à la nécro ?
j'aimerais bien savoir, moi !
Les deux, en fait.
SupprimerMaurice Chevit, c'est encore un de ces acteurs que je connais mais dont je n'apprends le nom que le jour de sa mort.
RépondreSupprimerPour mieux les identifier à l'avenir, sachez que vous pouvez toujours vous entraîner ici.
Supprimersinon, non, il n'existe pas de billet sur le lapsus de Cohn bandit.
RépondreSupprimerLe lapsus est incorporé dans le truc existant ^^
Blogger n'en fait qu'à sa tête.
Réduire Maurice Chevit à son rôle de Marius dans les "bronzés" montre la connerie colossale de la coterie journalistique...
RépondreSupprimerDans sa longue carrière, il n'a pratiquement jamais été au chômage, ce qui représente une sacrée performance dans le métier.
Oui, Maurice a écrit 2 ou 3 pièces qu'il a eu beaucoup de mal à faire jouer.
Faire rédiger des nécros par des ignorants qui vont toucher 200 ou 300 € pour une pige minable est bien représentatif de notre société médiatique... À pleurer !
Je ne trouve nulle part trace des “deux ou trois” pièces, mais seulement de celle, co-écrite, que signale Jacques Étienne.
SupprimerEt si vous pensez que l'on puisse payer deux ou trois cents euros pour une petite nécro de vingt lignes, c'est que vous n'avez pas la moindre idée de ce qu'est la presse aujourd'hui : je ne suis pas certains que les jeunes “stagiaires” incultes à qui l'on confie ce genre de rogatons touchent cela pour une semaine de travail.
Les (ou plutôt la) nécros ne nient pas sa carrière au théâtre.
SupprimerOn remarque simplement qu'une coquille de vocabulaire peut être un révélateur...
Amike
Didier, comme l'écrit JeVous Arrête, lire au propos du même le terme "dramaturge", associé à Jaqueline Maillan et Pierre Mondy, ça pique les yeux.
RépondreSupprimerC'est moi, ou bien ?
Eh oui... Un petit article publié sur le même sujet, voilà déjà trente mois :
RépondreSupprimerhttp://www.generationsengagees.fr/?p=1953