Depuis hier, lorsque je suis devant mon écran levalloisien, je semble être devenu brusquement étranger à moi-même. C'est-à-dire à ce blog. Si je puis encore créer de nouveaux billets – la preuve –, je ne parviens plus à écrire de commentaires sous eux, pour cause de perte de profil. Quelqu'un a-t-il déjà songé à ce que peut avoir de dramatique et de dérisoire le fait de perdre son profil ? On a glosé à l'envi sur les hommes qui se retrouvent privés de leur ombre, on a bien dû, même, en faire des livres ; mais un profil ? En dehors du côté désagréable, dépossédant, du phénomène, on sent vaguement qu'il y a là quelque chose qui ne va pas : si j'ai effectivement perdu un profil (soit ! je pense être capable de m'accoutumer à cela), il devrait bien me rester le second. Et il me vient des envies de saisir cet ordinateur par ses côtés verticaux, de le secouer un peu, tout en lui présentant ma joue gauche et ma joue droite alternativement :
« Enfin, regarde-moi, Robert (cet ordinateur amnésique se prénomme Robert : je viens de le baptiser à l'instant pour tenter de l'attendrir, de l'humaniser un peu) : je suis toujours le même, quoique amputé d'un profil ! C'est bien moi, ton seigneur et ton servant ! Fais un effort, bon sang de bois ! »
Mais non, rien ; impavide, l'œil borgne et stupide, il n'a même pas un éclair de curiosité pour ma face changée, pour le demi-moi que je lui présente, avec pourtant beaucoup d'humilité et de bon vouloir.
Je ferais peut-être mieux de rentrer à la maison : mon second profil, celui qui est encore opérant, doit bien y traîner quelque part…
Angoissant, en effet…
RépondreSupprimerJe n'ai perdu que mon pseudo, chez Dixie, et j'en suis toute perturbée.
C'est pas beau à voir !
Vous avez raison de le bichonner ce Robert.
RépondreSupprimerDans certaines provinces reculées d'Asie ils font chaque jour une prière à leur ordinateur, afin que celui-ci ne les rende pas accros.
En gros, ils vénèrent le Dieu Ordinateur pour qu'il ne leur envoie pas les foudres.
Donc, plus vous lui ferez la bise, et plus il vous le rendra bien, vous donnera peut-être une inspiration à laquelle vous ne semblez plus croire.
L'ordinateur est le nouveau papier de ce siècle. Et peut-être qu'en tant que rédacteur, vous le ressentez plus froid que le papier traditionnel.
Car même un papier journal classique bouge, fait du bruit, se plie. Il est bien plus vivant qu'un ordinateur, qui marche à l'électricité, et ne vous fait
aucun signe sympathique quand vous l'allumez, à part BBbzzziii-BBBzzzziiii.
Courage Didier, c'est peut-être le phénomène estival qui vous donne l'impression de vous déposséder de cet ordinateur.
Vous m'avez rappelé l'histoire de Peter Pan perdant son ombre...
RépondreSupprimerEn parlant d'ombre, un siècle plus tôt.
SupprimerLa poussée d'Archimède est la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans un fluide (liquide ou gaz) soumis à un champ de gravité. Cette force provient de l'augmentation de la pression du fluide avec la profondeur (effet de la gravité sur le fluide, voir l'article hydrostatique) : la pression étant plus forte sur la partie inférieure d'un objet immergé que sur sa partie supérieure, il en résulte une poussée globalement verticale orientée vers le haut. C'est à partir de cette poussée qu'on définit la flottabilité d'un corps. ( pêché sur wikipédia )
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé mon profil !
RépondreSupprimerAh. Voilà. Comme quoi j'y étais pour rien, hein...
SupprimerVoyons, tout ne peut pas toujours être de votre faute ! Un peu de modestie, que diable !
SupprimerEt moi mon pseudo !
SupprimerOn peut perdre son profil sans perdre la face. Mais face à un profil perdu, on se sent tout de suite moins efficace, alors on s'efface...
RépondreSupprimerC'est en effet un syndrome inquiétant !
RépondreSupprimerBonjour Didier, je me permets de mettre l'adresse sur laquelle je poste des trucs.
RépondreSupprimerAprès tout, pourquoi je ne partagerai pas avec vous tous ce que je fais...
Bonne journée!
Mais elle où, cette adresse ?
SupprimerC'est dans le lien en cliquant sur mon nom.
SupprimerIl y a plein de dessins, plus ou moins perspicaces..
Regardez Monsieur Goux comme aujourd'hui c'est la Saint Amour je vous ai ramené un Robert, il sera tout autant utile pour les gens qui s'effacent !
RépondreSupprimerJean Muno (pseudonyme de Robert Burniaux) naît à Molenbeek le 3 janvier 1924. Son père, Constant Burniaux, est un écrivain reconnu. Sa mère, Jeanne Taillieu, est elle aussi écrivain. Tous deux sont professeurs. Robert Burniaux connaît une enfance solitaire, studieuse mais déjà traversée de fantasmes et de rêves secrets. Après des humanités gréco-latines et un bref exode en 1940, il fait des études de philologie romane à l'Université libre de Bruxelles. Dès 1945, il collabore à des revues littéraires et choisit le pseudonyme de Jean Muno, allusion à un village gaumais où il passa des vacances.
Bien que particulièrement reconnu comme romancier et nouvelliste, Muno écrit tout d'abord des chroniques sur le cinéma, ainsi que des pièces radiophoniques. Dès 1947, il devient professeur à l'École normale Charles Buls, se marie, mène en apparence la vie tranquille d'un jeune fonctionnaire-enseignant. Jusqu'en 1955, bien après son mariage, il vivra dans la maison familiale, avant de s'établir dans la périphérie bruxelloise, exactement à Malaise, petit village franco-flamand dont il apprécie à la fois le nom — qui peut s'appliquer à une part notable de son œuvre et de sa vie — et la tranquillité. Reste cependant que Jean Muno, comme en témoignent plusieurs livres — Ripple-Marks, L'Île des pas perdus, L'Hipparion — sera un écrivain, non pas de la mer, mais des bords de mer, endroits de prédilection pour la plupart de ses personnages, jusque et y compris avec Jeu de rôles, son tout dernier roman, paru quelques jours avant sa disparition.
Sa première publication importante, après Saint-Bedon (1955) et L'Homme qui s'efface (écrit en 1958, mais publié seulement en 1963) est L'Hipparion, en 1962, un court roman poético-satirique qui paraît chez Julliard. Toutes les caractéristiques, ou presque, des livres postérieurs sont déjà présentes ici : primauté de l'imaginaire sur le réel, portrait de l'enfant solitaire perdu dans des rêves compris de lui seul, candeur du vieillard qui se heurte à l'enfer c'est les autres sartrien, portrait implacable d'un conformisme belge passé au vitriol, certes, mais aussi traversé par le fantastique issu du quotidien le plus banal.
En 1968, avec Le Joker, Muno affirme sa maîtrise d'écrivain.
Les années septante seront, pour l'écrivain, une période de doutes, d'hésitations et conjointement, un moment de consécration et durant laquelle des livres majeurs verront le jour. Parution de Ripple-marks, première confession autobiographique qui appartient à ce que l'on pourrait appeler la veine du règlement de comptes social en 1974, puis d'Histoires singulières, où voisine un fantastique du quotidien trempé d'humour noir ou absurde, récits avec lesquels il obtient, en 1979, le prix Rossel. En 1981, la pièce-monologue Caméléon, nouveau portrait de l'enfant surprotégé et incapable de désobéir aux ukases de la société bien-pensante dont il est issu, est représentée au théâtre de l'Esprit Frappeur. Cette même année 1981, il est élu le 14 mars à l'Académie, au siège d'Edmond Vandercammen et il publie un ravissant conte de Noël, Les Petits Pingouins, au sein duquel l'humour se tempère de tendresse et d'humanité vraie. En 1981 toujours, il participe à la création du Centre international du fantastique, à l'Abbaye de Forest-lez-Bruxelles, prélude à un véritable mouvement collectif d'écrivains fascinés, comme lui, par le fantastique (parmi lesquels Thomas Owen, Anne Richter ou Jean-Baptiste Baronian).
Et c'est là qu'on chante !
SupprimerNe pleure pas Jeannette,
Tra, lallallallalla lla llallalla lla lla,
Ne pleure pas Jeannette,
Nous te marierons, Nous te marierons,
Avec le fils d'un prince,
Tra, lallallallalla lla llallalla lla lla,
Avec le fils d'un prince,
Ou celui d'un baron, Ou celui d'un baron
Je ne veux pas d'un prince,
Tra, lallallallalla lla llallalla lla lla,
Je ne veux pas d'un prince,
Encore moins d'un baron ! Encore moins d'un baron !
Je veux mon ami Pierre,
Tra, lallallallalla lla llallalla lla lla,....etc !
À Muno, les femmes semblent avoir deux roberts.
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