Le paragraphe qu'on va lire est extrait d'une interview donnée par Renaud Camus à Valeurs actuelles. Comme l'entretien a paru tronqué dans le magazine, il est reproduit ici dans son intégralité. J'ai choisi ce passage car je trouve très heureusement venue la formation de ce néologisme, la fait-diversité. Camus y répond à la question suivante : Y a-t-il un génie des peuples, et plus spécialement un génie français
? Et si oui, en quoi consistent-ils les uns et les autres ? Et en quoi
sont-ils menacés ?
« Il y avait des caractères propres à chaque communauté ethnique ou
culturelle, qui se manifestaient dans des formes de toit, de fenêtre ou
d’arcades sourcilières, dans des répartitions de l’ombre et de la
lumière à l’intérieur des tableaux, des timbres et des nuances
chromatiques au sein de la musique instrumentale, des galbes de meubles,
des expressions du visage, des lignes de fuite au sein des jardins, des
prééminences de saveur dans la cuisine, des façons d’être de bouleaux,
de chênes, de chiens, de pivoines, de ruisseaux, de jeunes filles.
Stendhal, quand il voyage dans le Midi, prend soin de décrire le type
physique des femmes de chaque ville — pas le costume, non : la bouche,
le nez, les yeux. « Le divers décroît » constatait déjà Segalen.
L’humour noir du sort veut qu’il décroisse au nom même, menteur, comme
tout le reste, de la sacro-sainte “diversité”, de même que le triomphe
du même a pour meilleur fourrier, par un apparent paradoxe, le culte
officiel et obligatoire de l’“autre”. Plus il y a d’“autre(s)”, c’est
curieux, moins il y a d’altérité dans le monde, dans la cité, dans la
vie de l’esprit et dans l’être. Quant à la “diversité”, désormais
quatrième mousquetaire de la devise républicaine, elle semble, à en
juger par ses conséquences sur l’ordre public et l’harmonie sociale, le
nom générique des faits-divers. Bien que les “divers” ne soient pas
seuls à les alimenter on est parfois tenté, tant leur place y est
éminente, d’appeler fait-diversité la chronique de la nocence, les
annales de l'“insécurité” — à moins qu’il ne faille parler de la
mauvaise fée Diversité, inspiratrice des méfaits de tant de ses “issus”… »
"Et voilà pourquoi votre fille est muette..."
RépondreSupprimerDe plus en plus hilarant ces histoires, on part de l'ombre et de la lumière dans les tableaux et on en arrive au fait divers en ce qu'il est l'expression courante et normale d'une diversité qui est censé, remarquons-le, ("Plus il y a d'autres, moins il y a d’altérité dans le monde") ne plus exister sous la plume de Renaud Camus
"... à moins qu’il ne faille parler de la mauvaise fée Diversité, inspiratrice des méfaits de tant de ses “issus”… »
RépondreSupprimerUn peu réducteur mais si bien formulé et malheureusement si proche de la réalité (ou du moins de celle ressentie par bon nombre de concitoyens).
Amicalement.
Al.