Manifestation triomphale de couples LGBT fêtant leur prochaine accession à l'adoption d'enfants vivants |
Si je savais manier une caméra et que j'avais un peu d'argent devant moi, j'aimerais bien tourner un film de zombis. J'ai déjà le scénario. Ça démarrerait classicos, on reprendrait le mythe où le Grand Maître Romero l'a saisi, voilà 44 ans. Les morts se mettraient à sortir de terre pour investir le monde des vivants. On ne perdrait pas son temps en explications oiseuses : ils sortent de terre, c'est tout, c'est comme ça. D'abord un, puis dix, puis mille, puis trois millions cinq cent mille – comme les loups dans la chanson de Reggiani (d'ailleurs, j'y pense, on pourrait faire un billet parfaitement nauséabond, sans même dire un mot : il suffirait de reproduire les paroles de cette chanson en intitulant le billet quelque chose comme “Actualité brûlante de Reggiani” : tout le monde comprendrait et on se ferait insulter, que c'en serait un bonheur, sans avoir rien dit – bref…).
À partir de là, l'humanité se diviserait en deux parties inégales. La plus importante en nombre (environ 80% au bas mot), se souvenant des combats passés, s'empresserait de sortir de la paille les fusils, la mitraille, les grenades, afin d'exploser la tête des zombis, dans le but dérisoire de survivre, et de survivre en tant que vivants. Se dresseraient alors contre eux les petits 20% restant, certes largement minoritaires mais tenant les gouvernements en place, les télévisions, les journaux, ainsi que tous les coins de rue par le truchement de leurs clowns appointés. Eux-mêmes se feraient appeler les “ouverts aux morts”, par opposition aux “pue-la-vie”, nom donné par eux aux détenteurs d'armes désireux de survivre selon l'ancienne manière. Ceux-là prétendraient que dans “morts vivants”, il y a d'abord “vivants”, que nous sommes tous des humains, ceux qui vivent sur la terre et ceux qui sortent de dessous, qu'il serait ignoble de discriminer nos frères et sœurs qui ont déjà été condamnés par notre égoïsme de vivants à passer un paquet d'années dans une bière (pardon, Nicolas…), à se faire bouffer par les vers, etc., et que non seulement il faut arrêter de leur niquer la tête au fusil à pompe, mais qu'il conviendrait au contraire de réparer nos torts envers eux, soit financièrement, soit par cargaison de viande humaine fraîche.
Au cours du film, dans la seconde moitié disons, on verrait les morts vivants passer du stade de crétins congénitaux à celui où une certaine conscience se fait jour, dictée par l'instinct de survie : emmenés par une frange de zombis au cerveau moins rongé des vers que les autres, l'armée des morts comprendrait que le monde est à portée de leurs mains, ou de ce qui leur en reste. Pendant qu'ils investiraient peu à peu les citadelles retranchées des derniers vivants – en singeant leurs démarche, sourire niais, paroles accueillantes, etc. – , ils verraient venir à eux leur garde-manger sur jambes, décidé à fraterniser quoi qu'il en coûte. On aurait soin de montrer qu'à chaque fois qu'un zombi se prend à jouer des mâchoires sur le mollet d'un ouvert-aux-morts, celui-ci, avant de devenir lui-même zombi, a toujours soin de murmurer qu'il comprend son agresseur, au nom de la faim qui unit tous les damnés de la terre, que ceux-ci viennent de dessus ou de dessous : séquence émotion indispensable.
Le plus difficile, dans un film, c'est de le terminer. Ici, comme souvent, il y aurait deux fins. Dans le director's cut, les pue-la-vie comprendraient où se situe pour eux le danger principal et, prenant au mot les ouverts-aux-morts, ils les réuniraient aux zombis, aux damnés-de-la-sous-terre, afin qu'ils se démerdent entre eux, par exemple dans un gigantesque parc d'attractions. Dans la version studio, les pue-la-vie confesseraient leur ignominie, tendraient le cou à la morsure, et tout le monde finirait frère-zombi de son frère-zombi. La dernière image serait celle d'une gigantesque barbe-à-papa sur fond de grande roue illuminée ; la bande-son serait muette, ou alors saturée de grognements fortement mixés.
Il y a encore une troisième fin possible ; celle, classique, du film dans le film : lors de la dernière scène, on voit l'équipe de tournage abandonner caméras, micros, trucmuches et machins, pour, visages blêmes et lèvres dégoulinantes de vermeil artificiel, se diriger d'une démarche titubante vers les figurants chargés de jouer les ouverts-aux-morts.
Le mot “fin” apparaît et emplit l'écran juste après le premier égorgement.
(Billet écrit pendant que passait sur l'écran le film (déjà vu) de George A. Romero : Land of the dead.)
Je n'ai pas tout compris : va falloir que je relise.
RépondreSupprimerMais il y a une chose qui est sûre, c'est que vous aggravez dangereusement votre cas.
Trois millions cinq cent mille ?
RépondreSupprimerCaroline Fourest dit six millions, mais il me semble qu'en passant en-dessous des quatre millions vous aggravez effectivement votre cas.
Contrairement à Mildred, j'ai tout compris mais je suis d'un naturel taquin.
Je viens de le relire et j'ai tout compris aussi.
SupprimerOui hélas, on comprend bien!
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerUne voix on ne peut plus autorisée me signale que le Georges ci-dessus n'a rien à voir avec le vrai Georges, l'authentique, le bio, celui qu'on aime tous. Par conséquent : poubelle !
SupprimerC'est bien vot' film c'est bien, un peu trop "art et essais" mais c'est bien quand même!
RépondreSupprimerIl faudrait une scène où "l'humain (qui fraternise avec les morts vivants) essai de convaincre l'immonde (le résistant)" qu'il se perd dans la nostalgie des messes et des images pieuses…
et pis y faut une scène de fesse…(pas trop faisandé si possible)
Ah non ! jamais de sexe dans un film de zombis, jamais !
SupprimerSoit, mais tout de même de jolies actrices, "Land of the Dead" justement.
SupprimerJustement, vous seriez un précurseur pour les vrais mordus du X. Créez un fan-club basé à Morteau avant qu'il ne soit trop tard (cette phrase est pour Mildred).
SupprimerJS : bien sûr !
SupprimerGoyboy : pas de problème pour Morteau : Catherine doit y être en ce moment même…
Promis, dès que je gagne au loto, je vous produis !
RépondreSupprimerEst-ce que vous jouez au moins ?
SupprimerBien sûr ! Je paye l'impôt sur la connerie moi, Monsieur !
Supprimer"... l'impôt sur la connerie..." , elle est très bien vue, celle-là, je la ressortirai. Merci, JS :)
SupprimerVotre scénario me fait penser au livre I am Legend de Richard Matheson.
RépondreSupprimerÀ ceci près que je ne suis pas le dernier survivant. Enfin, j'espère…
SupprimerMais on dirait une photo de la Bastille le 6 mai 2012.
RépondreSupprimerWhere are the flags?
L'absence de Catherine a des effets inquiétants.
RépondreSupprimer(non, il n'y pas de zombis sous le lit...)
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
SupprimerIl parait que Reggiani, en 44, il a voulu s'engager dans les volontaires de la RSI (République sociale italienne), un truc nauséabond, mais façon maccaroni, glauque, non?
RépondreSupprimerle Père B.
Erreur de jeunesse, onvadir…
SupprimerLe père de Reggiani a justement émigré en France pour échapper à la police de Mussolini, et Serge Reggiani a tout fait pour ne pas être enrôlé de force dans l'armée italienne en 1943 (il n'a obtenu la nationalité française qu'après la guerre, en 1948). Je me demande quelles sont les sources du Père B... Mais il est vrai qu'Internet est le lieu de toutes les rumeurs ("Il parait que..."), et que nul n'est à l'abri, ni les vivants, ni les morts.
Supprimerun certain Carlo Panzarasa, qui en était aussi... n'en déplaise à Mr Emmanuel F.
Supprimervoire ses mémoires "Volontari di Francia", bon, mais il faut lire l'italien...
Ah bon, si c'est M. Panzarasa qui le dit, il n'y a plus qu'à s'incliner (d'autant plus que l'intéressé n'est plus là pour le contredire). Je suis tout de même étonné que Reggiani, après avoir quitté l'Italie pour fuir le fascisme triomphant, ait souhaité y revenir quelques années plus tard pour soutenir le fascisme agonisant (ce qu'il n'a finalement pas fait, puisque la réalité est qu'il n'a pas rejoint les volontaires français de la "Decima MAS")...
SupprimerCa ne peut pas marcher votre histoire ! Les "ouverts aux morts" tels que décrits sont généralement des crématistes convaincus donc ils feraient d'abord repentance d'avoir laissé les zombis tant d'années sous terre se faire bouffer par les vers et puis ils les passeraient au lance-flamme le soir de la
RépondreSupprimerNuit Blanche avant de danser festivement autour en un joyeux happening salué par Art press.
Anonyme réincarné.
Les fantasmes de suzanne sont par trop inquiétants! je me retire !
RépondreSupprimerMagnifique scénario, j'adhère !
RépondreSupprimerVous avez pensé à le proposer aux Qataris pour le financement ?
Cette idée des "ouverts aux morts" me rappelle les "quisling" du roman World war Z de Max Brooks - pas mal au demeurant. Les quisling agissent comme les zombis sans être contaminés. Et oui, le nom fait bien référence au collabo norvégien, nom devenu synonyme de traître en anglais. Tout ça me fait penser que j'ai commandé un film de zombies allemand, Berlin undead. Des zombies, des allemands, des collabos dans un même commentaire, mon cas est désespéré, il semble.
RépondreSupprimerNotons au passage que "Land of the dead" du "grand Romero" est un film gauchiste. Et que son premier film, "Night of the living dead", est un classique de l'antiracisme.
RépondreSupprimer