Le moment où disparaissent les hôtes, même si leur séjour fut, comme c'est le cas, des plus agréables, ce moment ressemble toujours plus ou moins à un retour à l'ordre ancien, celui que l'on pensait immuable et qui fut bousculé un instant. Pour compenser le (discret) surcroît d'agitation des derniers jours, on se glisse dans une immobilité nonchalante, on a envie de lectures un peu paresseuses et distraites, on se montre plus attentif au lent écoulement du temps, on laisse la maison et son silence se refermer autour de soi comme un cocon. – Même les chiens semblent avoir une qualité de sommeil différente ; ils dorment plus intensément.
Mais en même temps, l'absence reste sensible pendant plusieurs heures après le départ ; à chaque changement de pièce, on cherche machinalement du regard ceux qui y étaient et n'y sont plus. Il y a un vide, de taille et de forme indéfinissable, qui semble refuser de nous lâcher pour se dissoudre ; et c'est un vide de poids. Un peu comme si un invisible bistouri venait de nous retirer un organe et que les autres, autour, se trouvaient tout désemparés de cet espace accru qui leur est offert. Il en restera peut-être une infime cicatrice à l'âme, mais on ne peut pas le savoir à l'avance : certains hôtes sont des praticiens fort habiles.
RépondreSupprimerSuperbe étude. Merci de ce texte...fort habile.
Ah ? Vous trouvez ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
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Supprimer- Ah ? Vous trouvez ?
- Superbe chleuasme !
(Votre billet m'a tout simplement enthousiasmé. - Mais je ne peux pas me pâmer après chacun de vos billets, je les aime tous. Et là, il y a du Proust derrière et vous lire m'a laissé essoufflé; c'est tellement bienétudié et narré. Et sauf le plaisir de votre chleuasme, j'ai cru que vous aviez compris mon compliment d' "admireur".
Le pire est qu'avant leur départ, l'apéro est de rigueur. Après, prendre l'apéro tout seul, ça fait ivrogne.
RépondreSupprimerExact ! Heureusement, on a une autre visite demain soir…
SupprimerEnfin ! Un nouveau billet ( je ne dirai rien des phrases discrètement allusives), et le soleil recommence à briller !
RépondreSupprimerMichel, parlez nous des phrases allusives. J'en ai en stock aussi. On veut savoir !
SupprimerSans me vanter, je suis un champion de la phrase allusive…
SupprimerChampion, mes couilles (si je puis me permettre). Moi je suis cité par causeur.
Supprimerhttp://www.causeur.fr/langues-regionales-identite-nationale,23776
Je ne sais pas pourquoi, il faudrait que je les lise à jeun. (Et merci à notre ami commun qui m'a filé le lien).
Il est vrai que pour allusiver, nul ne vous arrive à la cheville...
SupprimerBah ! moi j'ai été cité par Libération, il y a quelques mois... et je n'ai pas de blog. Je n'ai pas convoqué une conférence de presse pour autant.
SupprimerBob, tu devrais. C'est amusant, on trouve toujours quelques trous du cul qui croient qu'on se voit importants et qui voudraient se croire importants.
SupprimerLes physiciens se rassurent en disant que le vide, ce n'est pas le néant.
RépondreSupprimerA part ça, on vous sent toujours sous l'emprise du monde médical. Et j'espère que c'est pour votre bien.
Duga
Je l'espère également…
SupprimerVoici quelques lignes trés fines !
RépondreSupprimerCe qui me tracasse c'est que je n'arrive pas à vous identifier formellement sur la photo.
RépondreSupprimerLa gravure est authentique. La présence d'un immense parapluie prouve que nous sommes bien en Normandie. En fait, Didier Goux est l'enfant. Pendant que les femmes bavardent, lui est à table et il boit. Ne vous y fiez pas, ce n'est pas du café au lait, c'est du calva. D'ailleurs, la fiole qui est devant lui confirme cette hypothèse.
SupprimerDuga
Expert en scènes de la vie normande
C'est un texte qui a un petit je ne sais quoi de carrément proustien !
RépondreSupprimerJe vous en prie, Mildred, restez polie !
SupprimerÉtaient ils venus le soir, là la visite aurait été peut être plus angoissante.
RépondreSupprimerFinement ciselé.
RépondreSupprimerLe bonheur du jour je le confirme
Merci