mardi 14 janvier 2014

Souvenir de la maison des morts : la bibliothèque d'Orléans

La bibliothèque, alors installée dans l'ancien palais épiscopal

La nouvelle merdathèque…
Longtemps j'ai fréquenté la bibliothèque d'Orléans. C'était dans mon jeune âge et les années soixante-dix. On y venait par une rue descendant de la cathédrale, on pénétrait dans la cour en passant sous un porche de pierre et l'on entrait dans le bâtiment par la porte que l'on voit sur la photo ; ensuite, on gravissait l'escalier en majesté et l'on poussait la porte. Plutôt, non : l'eût-on simplement poussée que cela n'aurait servi à rien, car c'était une porte à l'ancienne, faire de panneaux de bois plein, nantie de gonds et d'une poignée de cuivre. Donc, il convenait de tourner cette poignée avant d'ouvrir la porte.

On pénétrait directement dans la profonde salle de lecture, à l'une de ses extrémités. On n'y entendait pas une parole, même les après-midi d'affluence, ce qui ne signifie pas qu'y régnait le silence : le vieux parquet, qui sans doute avait dû voir glisser maint prélat, craquait abominablement. C'était d'ailleurs un signe de reconnaissance tacite entre authentiques habitués, que d'être capable, à force de poser le pied à certains endroits plutôt qu'à d'autres, et avec une pression de la semelle mesurée au plus juste, de le faire seulement gémir plutôt que crier.

Sans que quiconque ait levé la tête à son entrée, on traversait la salle dans sa largeur afin de pénétrer, à droite, dans une pièce de moindres dimensions, et à peu près carrée, entièrement occupée par les fichiers, bataillon serré de tiroirs longs et étroits, à l'intérieur desquels chaque livre proposé avait sa petite fiche, soit tapée à la machine, soit parfois écrite à la main : suivant que le bristol étincelait où se recroquevillait dans les jaunes, on pouvait deviner, mais avec beaucoup d'approximation, l'ancienneté du locataire. Sur le dessus boisé des tiroirs groupés en meubles rectangulaires étaient disposées d'autres fiches, de simple papier et à remplir par l'emprunteur, celles-là ; et aussi des stylos-billes asservis à leurs socles individuels par de petites chaînes perlées, comme on en trouve encore parfois dans les bureaux de poste.

On passait là un long moment, à naviguer d'un tiroir à l'autre afin d'y trouver les objets de sa convoitise du jour, ainsi qu'à reporter sur sa feuille préremplie les références des livres élus et à lire. Ensuite, il convenait de revenir dans la grande salle, de déposer sa requête sur la petite table installée sous l'une des hautes fenêtres donnant sur le jardin, puis de s'armer de patience. Un employé toujours vêtu d'une blouse bleue venait prendre votre fiche, y jetait un regard presque soupçonneux, puis, tournant les talons, remontait toute la salle de lecture, en longeant par la droite les rangées de tables perpendiculaires, avant de disparaître par l'une des deux grandes portes du fond. 

C'est là que la patience commençait de jouer son rôle. Dans cet ancien palais épiscopal, pour aller chercher les trois ou quatre livres dont vous aviez par écrit exprimé le désir de les lire, il fallait à ces hommes monter des escaliers, emprunter des couloirs, pousser des portes à demi dérobées, bifurquer ici, tourner là, gravir ce petit escalier à peine décelable dans sa pénombre séculaire, et cela pour chaque volume de votre commande. Cela prenait généralement… un certain temps, comme le fût du canon pour refroidir. Bien heureux encore étions-nous, si l'homme des cavernes profondes ne revenait pas les mains vides, la totalité des livres que nous souhaitions étant ce jour-là déjà de sortie. Il fallait alors retourner dans la salle des fichiers et reprendre la danse da capo : tout cela pouvait prendre la moitié de l'après-midi. La récompense était la demi-heure de bus pour s'en retourner chez soi, que l'on mettait à profit pour caresser, ouvrir, humer, frôler ces œuvres encore inconnues mais qui, on n'en doutait jamais, allaient bouleverser notre existence pour toutes les éternités que l'on avait devant soi.

*****

Afin de quitter ces poussières et nous ramener dans notre présent radieux, voici un très court extrait d'un livre non encore paru, mais dont j'espère qu'il trouvera bientôt un éditeur :

« En quoi le métier de bibliothécaire se distingue-t-il aujourd'hui d'un autre métier en milieu informatisé ? En rien, à vrai dire. Le bibliothécaire fait comme tout le monde : il allume son unité centrale, puis il tape sur un clavier et manipule sa “souris”. Il clique. Il navigue. Il googlise. Il imprime. Il crée des documents. Il ouvre des documents. Il enregistre des documents. Il remplit des tableaux. Il remplit des cases. Il remplit des champs. Il remplit des bons de commande. Il envoie des messages. Il lit des messages. Il fait suivre des messages. Il joint des pdf. Il nettoie sa messagerie. Il appelle la Cellule informatique. Il attend. Il saisit des données. Il modifie des données. Il entre des codes. Il génère des rapports. Il attend. Il fusionne des rapports. Il attend. Il comptabilise. Il compare. Il valide, puis il éteint son unité centrale. »

Rude journée…

31 commentaires:

  1. Robert Marchenoir14 janvier 2014 à 21:14

    En quoi le métier du bibliothécaire d'Orléans se distinguait-il d'un autre métier de manutentionnaire ou de gratte-papier ?

    En quoi le fait de jeter des regards soupçonneux sur des fiches en carton, ou de gravir des escaliers, est-il plus noble, ou plus culturel, ou plus socialiste, ou plus réactionnaire, que de taper sur un clavier et de joindre des PDF ? En quoi nettoyer sa messagerie et appeler la cellule informatique serait-il un faux emploi de merde imposé par la mondialisation néo-libérale, alors que nettoyer sa fraiseuse et appeler l'électricien serait un noble travail effectué par la glorieuse classe ouvrière au service de, euh... je sais pas, moi... du gaullisme ? du communisme ? du réactionnariat ?

    Et le bibliothécaire d'aujourd'hui, il ne jette pas des regards soupçonneux sur les usagers ? Il ne monte plus d'escaliers ? Il prend l'ascenseur ? C'est moins bien ? C'est mieux ? C'est pareil ?

    Ce que je remarque, moi, c'est que dans ma bibliothèque, il n'y a même pas de fiches en papier, à côté du catalogue, pour que les usagers puissent noter les livres qu'ils veulent emprunter. Les boîtes à fiches cartonnées ont été remplacées par des ordinateurs en libre-service, et c'est très bien comme ça. Mais comment fait-on pour noter la cote des livres qu'on veut ? Eh bien, on se démerde. Il faut penser à apporter carnet de notes et crayon de chez soi.

    Ca a un rapport avec l'informatisation ? Non. Ca a un rapport avec la connisation. Ca a un rapport avec la fonctionnarisation.

    Ce que je remarque, c'est que le catalogue informatisé, et le site de la bibliothèque en général (municipale, évidemment, la bibliothèque) est conçu comme mes pieds et fonctionne une fois sur deux.

    C'est la faute de l'informatique ? Bien sûr que non. C'est pas la faute du pinceau si les tableaux de Marcel Duglandu sont moins bons que ceux de Poussin.

    En revanche, le foutage de gueule, le mépris de l'usager qui paye pourtant votre traitement, l'ignorance de la technique et le mépris de l'outil, ça c'est la faute du type qui est devant l'ordinateur, et qui est, oh ! quelle surprise ! un fonctionnaire, et parmi ceux qui travaillent le moins en France : moins que ceux de la fonction publique d'Etat, moins que ceux des "services publics", ce qui n'est pas peu dire : jours de vacances supplémentaires "offerts" par le maire (avec l'argent des autres), horaires encore plus réduits que dans la fonction publique normale, congés-maladie frauduleux encore plus nombreux...

    S'il y a un domaine où les avantages de l'informatisation sont évidents, c'est bien dans les bibliothèques. Mais les mauvais ouvriers blâment toujours les mauvais outils, y compris quand leur travail consiste à concevoir l'outil. Personne, dans le privé, n'oserait faire un site aussi merdeux que celui de ma bibliothèque. Evidemment, il est financé par l'impôt, auquel nul ne peut se soustraire.

    Si le site de La Redoute est mal foutu, je peux décider de donner mon argent à Amazon (et c'est d'ailleurs ce que je fais). Si le site de ma bibliothèque est conçu en dépit du bon sens, eh bien c'est tant pis pour moi, puisque c'est "gratuit" -- en d'autres termes, payé par mes impôts.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet, s'il y a un métier qui a toujours été un boulot de con, c'est bien celui de bibliothécaire, qui se résume en une bureaucratie de petit niveau. Cependant je ne vois pas ce que l'ordinateur apporte ; la gestion des fiches se faisait très simplement. Bien sûr on aurait pu en profiter pour supprimer quelques emplois mais cela ne s'est pas fait, et je suis prêt à parier qu'il y a plus d'employés aujourd'hui dans les bibliothèque que dans les années 70 ou 80, car c'est généralement le lieu où l'on recase les employés de mairie qui ne sont plus bons à rien (et qui en général n'ont jamais été bons à grand-chose. Il y a aussi les musées pour cela).

      Il me semble d'ailleurs que l'informatique n'est utile à peu près nulle part, et qu'elle est même bureaucratiquement catastrophique en ce qu'elle permet une complexification du traitement des données qui ensuite est souvent mal gérée humainement. Regardez Louvois, le logiciel de merde de l'armée, alors que les bureaucrates à l'ancienne parvenaient très bien à payer comme il faut une armée bien plus nombreuse.

      L'ordinateur permet des fantaisies évidemment inutiles, des calculs compliqués dont on se passait très bien, toute une panoplie d'enquêtes pointilleuses et de gestion de données qui n'amuse que ceux qui les inventent et sont payés pour les inventer. C'est un système qui tourne en rond.

      L'ordinateur n'est pas un outil comme les autres. Il est simpliste de comparer un ordinateur à un tournevis, en prétendant que c'est l'ouvrier qui est responsable du bon ou du mauvais usage de son outil. Autant dire que s'il y a plus d'accidents mortels en voiture automobile qu'en charrette c'est la faute des conducteurs qui sont beaucoup plus dangereux qu'avant.

      Ce qui distingue la machine de l'outil (et l'ordinateur est une machine), c'est le moteur, c'est-à-dire la capacité d'autonomie de la machine, impliquant que celle-ci impose son rythme à l'usager. C'est parce que l'ordinateur permet des calculs ultra-rapides qu'on a complexifié les actions bureaucratiques, ce n'est pas parce qu'on voulait complexifier le traitement des données que l'on a inventé l'ordinateur. Il faut remettre les choses dans le bon ordre.

      Cela n'empêche pas les voitures et les ordinateurs d'être aussi très utiles. mais pas pour tout le monde ni tout le temps ni dans tous les domaines.

      Je passe sur la charge contre les fonctionnaires, c'est du remâché, mais je fais observer quand même que les bâtiments de merde qui se construisent partout, et pas seulement pour la Fonction publique, sont le fait d'entreprises privées et d'architectes libéraux. Les sites internet décriés ci-dessus sont également bâtis par des boîtes privées. Soyons clairs : la bêtise règne partout en maître, hélas, et pas seulement dans la Fonction publique.

      Supprimer
    2. Merci à Marco Polo. L'ordinateur n'est pas un outil comme un autre, ça me semble évident. Il serait temps de commencer à sortir un tout petit peu de cette fausse analogie qui est vraiment la tarte à la crème des technolâtres extatiques.

      Supprimer
    3. Entièrement d'accord, pour ma part, avec Marco Georges Polo de La Fuly.

      Supprimer
    4. Robert Marchenoir15 janvier 2014 à 19:43

      Au-delà d'énormes avantages, l'informatique a évidemment certains effets négatifs. L'ennui est que personne ne les évoque jamais, et encore moins Marco Polo et ses amis luddites.

      L'effet négatif de l'informatique n'est évidemment pas de remplacer par une base de données le catalogue de fiches cartonnées d'une bibliothèque municipale. Il faut être singulièrement de mauvaise foi, ou socialiste, ou fonctionnaire, ou français, pour nier les avantages évidents, énormes, nets, indiscutables, du remplacement de tiroirs en bois remplis de fiches cartonnées tapées à la machine, par un logiciel de base de données disponible sur Internet, capable d'être instantanément mis à jour, permettant toutes les recherches possibles et imaginables en une fraction de seconde sur des millions de documents, et pouvant être consulté par n'importe quel chercheur ou amateur dans le monde, chez lui, dans une grotte ou dans l'autobus.

      J'ajoute que dans cette application particulière, l'informatisation ne présente aucun inconvénient. Pas le moindre. Zéro. Zilch. Nada. J'aimerais bien qu'on me dise en quoi le fait d'informatiser ce fichier tuerait les petits oiseaux, trouerait la couche d'ozone, diminuerait la quantité de poésie dans le monde ou abolirait le Beau, le Bon et le Bien.

      Cela n'empêche pas la nostalgie. Regretter son enfance et les parquets qui craquent est parfaitement légitime. Préférer un beau château à une immonde merde en acier conçue par un architecte nul, commandée par le lobby politico-fonctionnarial franchouillard, et ayant pour but d'effectuer de juteux détournements de fonds publics, est bien naturel.

      A condition de reconnaître que le beau château inscrit à l'inventaire supplémentaire des biens historiques est probablement un cauchemar dès qu'il s'agit de poser un robinet pour que les employés puissent se laver les mains, de tirer une ligne électrique pour, même pas brancher l'ordinateur, mais mettre un peu de lumière, et aussi d'éviter que le noble bibliothécaire à blouse grise, gauloise entre les dents et crayon sur l'oreille, escaladeur d'escaliers et pousseur de lourdes portes moyenâgeuses, ne brûle vif suite à la difficulté de rénover correctement l'installation électrique.

      Il y a quelques années, un rapport officiel avait dressé un tableau effrayant, non pas de l'état de la bibliothèque municipale de Trou-du-Cul-les-Oies, mais de la noble et grande Bibliothèque nationale, la vraie, l'ancienne, pas le Lego à Mitterrand : son installation électrique violait toutes les règles imposées depuis un demi-siècle au dernier des clochards voulant poser un interrupteur dans sa baraque de jardin.

      Et, scoop, dans une bibliothèque, il y a des livres, et les livres, ça brûle. Y compris les nobles témoignages d'une époque révolue reliés en peau de zob, sur lesquels on se lamente dans les blogs réacs.

      Il faut donc arrêter de tout mélanger : la politique, l'art, la littérature, la nostalgie, le progrès technique, l'architecture et mon cul sur la commode.

      Il faut cesser de mettre l'absence de talent, la paresse, la lâcheté, la malhonnêteté et la bêtise sur le dos du progrès technique. Donnez une perceuse à un bandit, il va vous cambrioler une banque. Donnez une perceuse à un bon ouvrier, il va vous bâtir le palais Stoclet.

      Supprimer
    5. Robert Marchenoir15 janvier 2014 à 19:44

      J'ajoute que les thuriféraires du fichier en carton n'ont probablement jamais visité (ou utilisé via Internet) une vraie bibliothèque contemporaine -- c'est à dire non située en France. Le monde ne se limite pas à la France, où le choix est en effet, la plupart du temps, entre la vieille bibliothèque charmante où l'on risque de passer au travers du parquet, et la médiathèque communiste, peuplée de fonctionnaires paresseux et incompétents où l'on trouve tout Anna Gavalda.

      Au hasard :

      Bibliothèque municipale de New York :
      http://www.nypl.org/collections

      Bibliothèque municipale de Vancouver :
      https://www.vpl.ca/electronic_databases/

      Bibliothèque municipale d'Amsterdam :
      http://www.oba.nl/

      Bibliothèque Beinecke de livres rares et de manuscrits à l'université de Yale :
      http://www.fotopedia.com/items/flickr-4286475665
      http://beinecke.library.yale.edu/

      Bibliothèque Thomas Fisher de livres rares à l'université de Toronto :
      http://fisher.library.utoronto.ca/

      Bibliothèque de l'université Humboldt à Berlin :
      http://www.ub.hu-berlin.de/de
      Stages de formation à la recherche sur catalogue informatisé :
      https://www.ub.hu-berlin.de/en/learning-how-to-search/libraryinductions

      Bibliothèque Pie IX de l'université pontificale du Latran :
      http://www.pul.it/info-generali/?lang=en

      J'aimerais bien que quelqu'un m'explique en quoi les services informatiques offerts par ces bibliothèques sont nocifs, et en quoi il serait bon, beau, juste, souhaitable ou moral qu'elles abandonnent l'informatique et Internet pour revenir au bon vieux fichier en carton uniquement consultable sur place.

      J'aimerais bien qu'on m'explique en quoi la mauvaise architecture moderne condamne la bonne architecture moderne.

      Rendez-vous à l'évidence, les gars : la France est un musée branlant qui sent le pet et le socialisme. C'est à l'extérieur que ça se passe.

      Supprimer
    6. http://www.fotopedia.com/items/flickr-4286475665

      Celle-la a quelque chose de la cathédrale Sainte-Foy, à Conques.

      Supprimer
    7. Il y a longtemps que vous n'êtes pas allée à Conques ?

      Supprimer
    8. Ben non, trois ou quatre ans à peine !
      (il y a toujours les vitraux, quand même ?)

      Supprimer
  2. Hé ho ! Je ne suis pas mort, Le vieux. Ce n'est pas la peine de pondre des tartines et de faire trois billets par jour.

    RépondreSupprimer
  3. Votre histoire de bibliothèque qui déménage et se transforme me fait penser au jour où j'ai vu un étudiant maghrébin arracher une page d'une encyclopédie, parce que c'est plus rapide et moins cher que la photocopieuse qui est à 5 mètres...

    RépondreSupprimer
  4. Pardon pour mon intrusion pénible: " dont vous aviez par écrit exprimer le désir de les lire ". Il fallait écrire "exprimé" si j'en crois les souvenirs de mes leçons de français à l'école.

    RépondreSupprimer
  5. Cela existe encore les bibliothèques comme c'est bizarre, je ne les fréquente plus, les ouvrages exposés sont souvent à la couleur politique du maire, ce qui dans notre belle ville de Paris, tous bien pensants,les autres nauséabonds comme je les aime, raouste;

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le nom existe encore, mais, apparemment, la chose a considérablement muté.

      Supprimer
  6. Je vois que vous n'avez pas évoqué un élément incontournable de certaines bibliothèques d'aujourd'hui : entre l'emprunteur et les livres, à l'aller, puis, au retour, entre l'emprunteur (délesté des livres qui prennent un circuit direct) et l'employé enregistreur : le portique de sécurité.
    Mais la passion du texte, et le désir de jouir du contenu des livres, fussent-ils numériques, sont plus forts que l'environnement hostile. Et il y a Amazon, aussi, qui vient nous aider pour que tout cela cohabite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est que je ne vais plus dans les bibliothèques publiques depuis au moins 35 ans…

      Supprimer
    2. Geneviève, s'il n'y avait que le portique...

      Je regrette que des bibliothèques soient devenues des médiathèques, et que les salles de prêt et de lecture aient une rangée d'ordinateurs à côté des rayons. C'est un aimant à ados qui utilisent leur carte de lecteur pour venir jouer pendant des heures, à plusieurs et bruyamment. N'aurait-on pas pu les mettre ailleurs ? Non, répond-on. Il est important que la présence tutélaire des livres s'impose partout, comme si les atomes du vieux papier pouvaient doucement contaminer ceux qui ne viennent que pour être avec des potes devant l'ordi. S'ils empruntent des DVD, peut-être un jour quelque bon film les raccrochera à quelque chose de culturel. Et puis, les jeux vidéo, faut pas croire, c'est aussi de l'art et de la culture, et yen a des bien. Le silence ? Quoi, le silence ! Vous voulez consulter des livres en silence ? Eh, oh, restez chez vous si vous ne supportez pas les autres.
      Les bibliothèques anciennes avaient quelque chose de communautaire, même si les membres de la communauté ne se connaissaient pas, enfin, ne se connaissaient pas tous, enfin, se connaître et œuvrer communément n'était pas le sens premier de ce temple de la lecture. Le silence était le même que celui qu'on offre dans les églises, consenti, respectueux, et communautaire si on oppose le communautaire au collectif. Une médiathèque, c'est quelque chose qui est au service de la collectivité. C'est bien aussi, mais c'est plus horizontal.

      Supprimer
    3. Oui, Suzanne, c'est ça, qu'il faudrait : des temples de la lecture. Dans chaque médiathèque une pièce à part, où on consent au silence, avec les livres. On ne demande pas une église, juste une sacristie, pour les objets sacrés, qui s'attacheraient à leur âme et la forceraient d'aimer. Un vrai piège à lecteurs, la contamination douce c'est trop doux.
      Mais le désir de savoir ? quand on leur explique trop tôt comment on fait les bébés, ils ne l'ont plus, la pulsion épistémologique.

      Supprimer
    4. Robert Marchenoir16 janvier 2014 à 17:10

      C'est une tendance mondiale : les bibliothèques publiques sont conçues comme des centres de divertissement et "d'inclusion sociale". Elles deviennent des salles de réunion pour écoliers et des refuges à clochards.

      C'est un peu la même chose pour les musées, dont les responsables, en tous cas en France, sont jugés selon leurs performances à faire venir des "nouveaux publics" : en clair, des nègres et des Arabes. Fort heureusement, ceux-ci ne manifestent pas le moindre intérêt pour la chose, et les stato-gauchistes continuent de se tordre les mains en déplorant que la culture reste réservée à une "élite".

      Supprimer
  7. Qu'il est vivifiant et nuancé le regard que porte M. Marchenoir sur les fonctionnaires!
    On croit voir et entendre Francis Blanche dans la cuisine de Lino Ventura, lorsqu'une étudiante, entrée à l’improviste, tend la main vers le monceau de billets qui jonche la table! "Touche pas au pognon, salope!"
    Mais ça c'est du cinéma...

    Emily

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le grisbi, Émilie ! Pas le pognon : le grisbi !

      Supprimer
    2. Robert Marchenoir15 janvier 2014 à 19:53

      L'oppression et le pillage que les fonctionnaires exercent sur la France n'ont rien de nuancé. Je ne vois donc pas pourquoi ma dénonciation de cette caste funeste devrait en quoi que ce soit être nuancée.

      D'autre part, Emily, le jour où vous aurez, non pas un regard nuancé, mais un regard tout court sur quoi que ce soit à nous faire partager ici, vous nous ferez signe. Depuis le début de votre jeté de crottes sur ce blog, vous avez dérangé beaucoup d'électrons pour nous dire... absolument rien.

      Ce n'est pas que vos interventions soient nuancées ou fermes, ce n'est pas qu'elles soient justes ou fausses, c'est que vous passez votre temps à ne rien dire.

      Vous feriez mieux de vous enfermer dans votre cuisine et d'apprendre à faire une blanquette de veau, au moins vous serviriez à quelque chose.

      Supprimer
    3. Pour le cas bien improbable où vous suivriez le sage conseil de Messire Robert, n'oubliez pas les petits oignons “grelots”, dans la blanquette…

      Supprimer
    4. Là, le M. Marchenoir, nous fait Bernard Blier...
      Il possède le répertoire.


      Emily

      Supprimer
    5. Robert Marchenoir15 janvier 2014 à 20:32

      Arrêtez, Emily, je vais finir par être flatté.

      Supprimer
  8. C'est drôle, mais quand j'ai vu la photo, j'ai aussitôt pensé au château de la Douye, qui se trouve pas très loin de chez moi, mais bon, ça fait une éternité et demie que je n'y ai pas mis les pieds (on y trouve aussi une bibliomédiathèque à l'étage).
    http://commons.wikimedia.org/wiki/File:B%C3%A9thisy-Saint-Pierre_%2860%29,_ch%C3%A2teau_de_la_Douye,_parc_municipal_4.jpg

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.