À la faveur d'un trop court séjour dans le Vaucluse – mais toutes les vies, y compris la nôtre, ont leurs contraintes –, nous pûmes effectuer un passage dans le Gard, par les grâces conjointes de Ludwig van Beethoven et d'un gros sac de croquettes pour chien ; pour ce qui concerne le premier, on aura la patience d'attendre la parution de mon journal de septembre.
Les croquettes se présentaient sous la forme d'un baril de plastique d'une contenance d'environ quinze kilogrammes ; comme il était un peu trop plein et que, de ce fait, le couvercle en fermait mal, la personne qui venait de nous les fournir suggéra l'addition d'un fort ruban d'adhésif afin de parer à toute mésaventure : c'était la raison même, et c'est sans doute pourquoi nous n'en avons rien fait. Le lendemain, nous reprîmes le chemin de septentrion, le baril posé sur le siège arrière de Liselotte, à droite. Dans un virage serré à droite, une bretelle d'entrée sur l'autoroute, le prévisible survint : le réceptacle bascula vers la gauche, et nous entendîmes un inquiétant éboulis derrière nous. Sur l'aire de repos suivante, il fut très rapide d'évaluer les dégâts : rien qu'en ouvrant la portière, ce furent quatre à cinq kilos de nourriture fortement odoriférante et grasse qui se déversèrent sur le macadam : quant au reste, une dizaine de kilos donc, il était épandu un peu partout dans la voiture, sur les vestes, sous les sièges, etc. ; le tout ayant par surcroît disséminé aux quatre vents intérieurs une fine poussière d'un assez joli brun rouge, certes alléchante pour qui est de race canine, mais extraordinairement salissante et apte à se loger dans les moindres recoins de l'habitacle.
Il nous fallut bien vingt minutes pour remettre les petites billes en place, sauf celles qui étaient inaccessibles et le sont toujours à l'heure où je mets sous presse ; cela sous l'œil incompréhensif de Bergotte qui, depuis le coffre où se trouvait son panier, semblait se demander quelle mouche venait de nous piquer pour que nous décidions aussi soudainement, et avec un tel enthousiasme, de nous mettre à jouer avec ses futurs repas.
Une satisfaction cependant : le baril étant désormais un peu moins plein, du fait des croquettes vicieusement évanouies, le couvercle fermait impeccablement ; et aucun nouvel incident grotesque ne fut ensuite à déplorer.
PLLLLOM, PLLLLOM,PLOOOOM, quand la cuvée Diva se conjugue au mode Beethovenien, la valse des croquettes est assurée! Et en plus ça fait caler le mistral et clignoter les luminaires..!
RépondreSupprimerMon Luminaire se prendrait-il pour une libellule ?
SupprimerPlutôt pour un ver luisant, voire un verre luisant…
SupprimerPour finir de nettoyer votre voiture, ouvrez les portes, attrapez votre voiture par le pare-choc de devant puis, secouez-la par la fenêtre comme vous le feriez d'un vulgaire tapis. C'est assez simple. (Quel idée aussi d'aller dans le Vaucluse !)
RépondreSupprimerVotre solution me paraît en effet frappée au coin du bon sens : j'essaierai demain. Pour le Vaucluse, ce n'est pas ma faute si des amis chers vivent là…
Supprimer15 kilos de croquettes pour un week end, quel appétit !
RépondreSupprimerSi Bergotte avait eu un meilleur appétit, on aurait pu fermer le couvercle dès le départ et rien de tout cela ne serait arrivé ; donc, c'est sa faute.
SupprimerDites moi Didier, votre chien (ou votre chienne... Je parle de l'animal évidemment) ne pourrait il pas manger de la côte de bœuf comme tout le monde ?
RépondreSupprimerJe pense qu'elle n'aurait rien contre…
Supprimercomme une buse j'ai lu l'article en cherchant à comprendre pourquoi le titre était des TANAGRAS de croquettes
RépondreSupprimerfaut que je change de lunettes
On devrait envisager de lancer le concept des tanagras de croquettes : je suis sûr qu'il y a d'la thune à s'faire.
Supprimerpour une clientèle de maîtres esthètes
Supprimermais y en a-t-il assez ?
"un vers luisant"... Clignotant j'espère!
RépondreSupprimerUn vers ? Mais je ne suis pas poète, bon sang de bois !
SupprimerHeureux de vous relire, on commençait à s'inquiéter.
RépondreSupprimerJ'espère que vous n'avez pas oublié Bergotte attachée à son arbre -ça fait mauvais genre.
Non, non : là, elle fait le chien mort sur la terrasse, tellement ces cinq jours l'ont crevée. Elle ne se lève même pas quand des gens passent devant le portail.
SupprimerOn s'inquiétait donc à tort. Vous avez eu un temps qui ne vous convient guère, vous l'homme de la pluie ?
RépondreSupprimerVotre dernier billet laissait une impression bizarre...l'enterrement d'un illustre de notre classe, militairement parlant évidemment.
C'est-à-dire qu'après l'été que nous avons enduré ici, on s'est dit qu'un peu de soleil ne pouvait pas nuire…
SupprimerJe vous avais prévenus, hein. Je ne dis pas que des conneries.
RépondreSupprimerJe dois reconnaître que nous sommes absolument sans excuse.
SupprimerEt voilà, encore quelques kilos de croquettes abandonnés sur l autoroute... Avant, ce sont les chiens que l on abandonnait mais ça, c'était avant !
RépondreSupprimerAh mais non : on a presque tout ramassé ! Bon, il est tout de même resté de quoi faire le bonheur des deux ou trois chiens suivants…
Supprimer"Vers" , j'avais du abuser de Diva...
RépondreSupprimerVotre aspirateur à croquettes doté de quatre pattes ne vous a pas aidé, c'est vrai que 5 kilos de croquettes l'aurait peut être fait vomir et l'odeur de gerbe surtout acnine c'est pire que l'odeur de croquettes mais dans ça comment va la Volvo car personne ne demande de ses nouvelles et là c'est un scandale!
RépondreSupprimerLa Volvo s'habitue malaisément à être aussi crade qu'une vieille Peugeot d'immigré saharien…
SupprimerJ'espère que vous faites plus attention quand vous transportez du Riesling.
RépondreSupprimerLe riesling m'est livré à domicile : je ne prends aucun risque avec la nourriture liquide.
SupprimerPauvre bête, lui gâcher sa pitance et ce sans repentance
RépondreSupprimerIl y a, dirait-on, une véritable malédiction des croquettes :
RépondreSupprimer« Donc, on y était enfin : après avoir rewrité et brigademondainisé tout l'été comme une [mouche tsé-tsé] bête de somme, votre aimable serviteur partait enfin pour une semaine de vacances. Direction Malataverne, un hameau dépendant du très beau village de Lussan, à vingt kilomètres au nord d'Uzès (faites attention, il y a quelques virages assez velus...). Le départ avait été fixé, la veille, à neuf heures, ce vendredi 28 septembre, jour de la Saint-Venceslas, comme nul n'en ignore.
Vers huit heures et demie, le mâle de la maisonnée entreprend donc de charger la voiture, mais sous la direction de l'Irremplaçable, sinon, il en laisse la moitié sur la pelouse, faute de place : dès que l'Épouse arrive, la 307 se dilate gentiment et tout rentre sur la banquette arrière (le coffre est réservé aux deux pépères).
Parce qu'il faut bien commencer par quelque chose, c'est justement le sac de croquettes que j'empoigne. Je me courbe légèrement pour le glisser entre mon dossier et la banquette, me redresse... paf ! tour de reins, comme on dit chez moi.
(7,5 kg, le sac : c'est assez dire la puissance du colosse...)
Si vous ajoutez à cela huit cents kilomètres passés au volant (dont cinq cents sous des trombes de flotte), vous obtenez, à l'arrivée en terre gardoise, un superbe lumbago, qui vous fait grimacer de douleur à chaque fois que vous devez vous extirper de la voiture et déplier votre Grand Corps Malade. Quand je marche, ça va un peu mieux, mais la station assise va assez rapidement devenir très désagréable, même avec un pastis consolateur dans la main gauche (la droite est occupée par la cigarette).
Le première conséquence est que, le patron étant lumbagagiste, c'est la patronne qui monte les valises au gîte (bâti en hauteur, en raison des inondations régulières de ces contrées). La deuxième est que l'Irremplaçable se charge également de nourrir les cadors, vu qu'il est hors de question que je retouche à ces saloperies de croquettes.
J'ai tout juste la force d'extraire les glaçons de leur bac. Oui, parce que la propriétaire, l'excellente Mme Duffaud, a la prévenance, lorsqu'elle nous loue son gîte, de faire des glaçons le matin de notre arrivée - elle n'oublie jamais.
Le temps est gris et plutôt froid, je me déplace à demi courbé : la semaine s'annonce enchanteresse... »
(Didier Goux, Journal de vacances, I : les croquettes qui tuent, dimanche 7 octobre 2007)
P.S. : désolé pour ce mouche tsé-tsé non pas barré, mais entre crochets : la balise html censée produire l'effet souhaité est refusée par Blogger.
Alors là, vous m'épatez vraiment ! Vous êtes l'archéo-ethnologue de ce blog !
Supprimermoi , j'eusse écrit , juste pour l'assonance
Supprimeralors là, vous m'épatâtes vraiment .........
Pour écrire ce que vous suggérez, il eût fallu que je m'exprimasse au passé, ce qui n'était point le cas.
SupprimerEt comme le Riesling revient sur la table, pourrais-je connaître sa provenance, Alsace mise à part?
RépondreSupprimerSi tu veux, je t'envoie l'adresse de leur site par mail…
Supprimer