Nous ne pouvons plus nous taire ; c'est pourquoi j'en appelle aujourd'hui à toutes les grandes consciences de la blogoboule, pour une mobilisation rapide, massive et sans faiblesse. Un grand pays comme la France, démocratique, citoyen, bio-responsable, raccommodeur de couche d'ozone et antiraciste à s'en mouiller les braies, ne saurait tolérer plus longtemps en son sein des poches d'oppression caractérisée, où chaque jour, depuis des années, les droits de l'homme sont bafoués à coups de petite cuiller rouillée mal affutée. Le plus terrifiant de ces trous noirs fascistoïdes, à côté de quoi Guantanamo fait figure de centre aéré pour bambins socialistes, porte un nom bien anodin : C dans l'air. Et il est grand temps de sauver du désespoir les pauvres zeks de ce nouveau goulag.
Le camp se présente comme une innocente émission de télévision, dans laquelle des experts viennent chaque soir, par roulement, nous expliquer de quelles horreurs demain sera fait si on ne les écoute pas, et quelles décisions les grands de ce monde devraient prendre pour que ce même demain se mette à chanter à tue-tête. Cela, c'est la façade bonasse du cauchemar concentrationnaire. Car il est temps de révéler au monde ce qui se trame derrière. Les forçats – communément appelés “intervenants” ou encore “participants”, afin de cacher si faire se peut la merde au chat – sont estimés à une quarantaine par les experts en carcérologie. Nul procès n'a jamais sanctionné leur enfermement, et pourtant certains n'ont pas vu le monde extérieur depuis de nombreuses années. Ils vivent parqués dans deux immenses dortoirs non mixtes, cachés derrière le studio, où sont entassés de méchants châlits assortis d'une paillasse malodorante. Le réveil est sonné chaque matin à cinq heures trente, et aucun prisonnier ne pourra se nourrir, ni même se rendre aux toilettes, avant d'avoir épluché toute la presse du jour et produit par écrit quelque commentaire bien senti. Ce n'est qu'ensuite qu'ils se verront servir une écuelle de triste gruau, lequel composera aussi leur second repas de la journée. Ensuite, ils passeront des heures à confectionner des chaussons de lisière, qui seront envoyés dans tous les pays du monde où l'on pratique également cette torture moderne qu'est l'émission de débat politique, afin d'en chausser tous les intervenants emprisonnés.
À quatre heures de l'après-midi, le gardien-chef procède au décompte du travail effectué ; c'est le point culminant de la journée, le plus intense en émotions violentes et contradictoires. Car tous les zeks savent que les quatre d'entre eux qui auront confectionné le plus de chaussons depuis le matin seront sélectionnés pour participer, devant les caméras, au débat du soir, dont le sujet ne leur sera communiqué qu'a moment d'entrer dans le studio, ce afin de stimuler leurs capacités à faire des phrases péremptoires sans y avoir réfléchi au préalable. Les heureux élus seront les seuls zeks à avoir droit à une douche ainsi qu'à des vêtements corrects, qu'on leur reprendra évidemment dès que les projecteurs seront éteints, pour leur rendre leur pyjama réglementaire lie-de-vin, aux coutures infestées de punaises assoiffées. Ils auront également droit à une tranche de jambon avec leur gruau, sauf les rares zeks musulmans, pour qui le jambon sera remplacé par une corne de gazelle confectionnée à l'aspartam.
Mais le principal avantage que confère cette sélection, celui qui fait battre le cœur de tous les zeks intervenants, comble les élus et désespère les rejetés, c'est que ce passage d'une heure à la télé constitue leur seul moyen de faire savoir à leurs familles et proches qu'ils sont toujours en vie ; car, bien entendu, les prisonniers sont interdits de correspondance tant que dure leur peine, dont aucun tribunal n'a jamais fixé la longueur. – Quant aux iPhone, iPad et autres gadgets, c'est même pas en rêve.
Il est donc temps de mettre fin à cette ignominie, que les téléspectateurs français sachent que cette bonne parole dont ils s'abreuvent chaque jour au déclin de l'après-midi leur est prodiguée par des malheureux que l'on bafoue dans leurs droits les plus élémentaires, et dont le ton faussement professoral et les sourires contraints serrent le cœur des plus endurcis, dès lors que l'on sait les conditions de vie qui leur sont faites.
L'heure est venue de la mobilisation et de l'insurrection.
Jamais vu cette émission donc je ne peux pas commenter le fond du billet.
RépondreSupprimerPar contre, les réactions des guignols dans Twitter m'amusent toujours. Depuis "toujours", ils regardent l'émission et disent qu'elle est nulle sauf quand les sujets sont à leur avantage. Ils feraient mieux d'aller au bistro.
Où est-ce que vous avez vu du fond, vous ?
SupprimerVous rendez-vous seulement compte de la peine que vous allez faire à la star des media audio et télévisuels, j'ai nommé le sieur Yves Calvi ?
RépondreSupprimerYves Calvi, ce n'est qu'à la fin de l'émission qu'il est mis au courant du thème de celle-ci.
SupprimerEn temps que gardien-chef, Calvi est bien entendu au courant de toutes ces horreurs depuis longtemps.
Supprimer@ Didier Goux
SupprimerOui, puisqu'il est le gardien-chef en tant normal !
ah! Vous continuez à vider les pots de chambre.
RépondreSupprimerRobin
Même Philippe Dessertine est prisonnier ???
RépondreSupprimerNon !!! Pas lui !!!!
On murmure que certains privilégiés seraient en quelque sorte des zeks "demi-pensionnaires" : peut-être votre talentueux ami est-il de ceux-là…
SupprimerIl y a quelque chose à signer?
RépondreSupprimerLa pétition est en cours de rédaction, mais c'est compliqué : il faut respecter les diverses sensibilités, tenir compte des courants…
Supprimer"...aucun prisonnier ne pourra se nourrir, ni même se rendre aux toilettes, avant d'avoir épluché toute la presse du jour...".
RépondreSupprimerObligé de lire la presse avant, et non "pendant" le passage sur la cuvette ....
Voilà un raffinement dans la torture qui vous vaudrait sur le champ le grade de capitaine à Guantanamo, master Goux.
N'oublions pas que j'ai eu un père militaire : la torture doit être inscrite dans mon génotype.
SupprimerCétropafreu, cétroporrib'! Ca existe encore en 2014 ce genre de choses? Et aux pays des droits de l'homme? Il est grand temps d'organiser une manifestation citoyenne pour dénoncer ces pratiques dignes des zeur les plus sombres de notristoiare.
RépondreSupprimerVous pouvez commencer à réfléchir aux slogans pour les banderoles.
SupprimerN'oubliez pas les lâchers de ballons et les fanfares qui devront jouer, toutes ensembles, à l'heure dite, afin que le bruit de la contestation qu'elles illustrent s'entendent jusqu'au fin fond des cachots où ces pauvres malheureux sont remisés. Il y a un truc qui est également très bien, c'est la lecture de quelque texte bien senti, mais néanmoins émouvant, par un groupe d’enfants sortis de leur école primaire. Et si vous avez de l'argent un ou deux clips vidéos où figureront des figures du monde des arts et lettres, adossés à quelques people afin de fédérer les jeunes.
SupprimerCeux qui regardent souvent cette émission et ce depuis longtemps, ont pu constater que les mauvaises conditions de détention avaient de graves conséquences sur l'apparence des intervenants qui semblent vieillir plus vite que ceux qui les regardent. Les cheveux se raréfient, les peaux se plissent, les prunelles s'opacifient, les mentons se doublent, les fanons apparaissent sur les cous décharnés.
RépondreSupprimerMais ils tiennent bon: malgré les assauts de l'âge, les discours ne changent pas. Chacun joue son rôle et récite son texte sans faiblir comme au premier jour.
Un exemple pour tous les jeunes qui veulent entrer à la télé.
Roland Cayrol, nourri d'un triste gruau ? Je n'y crois pas !
RépondreSupprimerNon Môssieur, le gruau ce n'est pas triste! Le gruau c'est le vivre ensemble, le mélange des cultures, des couleurs et des références venues du monde entier.
Supprimer"Le gruau (de l'allemand, grütze, grain mondé)... c'était, sous le nom de kacha, l'alimentation de base des paysans russes d'autrefois (généralement à base de sarrasin grillé, appelé aussi blé noir en France)" (dixit wikitruc).
Qu'est-ce que serait si l'émission s'était intitulée C dans le Q!?
RépondreSupprimerElle serait plus gay...
SupprimerVous consommez trop de champignons hallucinogènes...
RépondreSupprimerBonjour Monsieur Goux,
RépondreSupprimerVous avez oublié de signaler que les malheureux zeks choisis pour le débat du jour sont obligés de subir la vision de près des multiples chemises flashy, fuchsia, ou vert pomme, ou violet craignos, ou à rayures du gardien chef Calvi.
Que fait donc la police du Goux qui oublie de signaler ce scandale esthétique ?
OK c'est nul, je sors.
avec tout ce que vous faites et tout ce que vous lisez, vous trouvez le temps de regarder cette émission pour retraités ou pour gens qui s'emmêlent le soir car rediffusée en seconde partie de soirée ?
RépondreSupprimerJe reconnais qu'ils sont aux choix comiques ou angoissants ou les deux à la fois ( je vois ça en différé).
J'imagine qu'on peut se sentir bien seul ou incompris. C'est comme si je regardais un débat entre Zemmour et Le Pen animé par le maire de Béziers dont j'ai oublié provisoirement le nom, alors que M' Alliot serait president de la république ....
Robert Ménard.
SupprimerAvant hier - je crois - Dominique Régnier s ' est surpassé en décrivant la vraie nature du FN . Il trémulait ,
RépondreSupprimerau bord des larmes , presque secoué de sanglots mal contenus , des larmes perlant à ses yeux vitreux .
Un grand moment de service public par un fonctionnaire grasouillettement appointé , j en fus ému , enfin
presque : )
Jérôme
En y réfléchissant, je me demande si tous les zeks de cette émission ne sont pas, à un titre ou à un autre, "grassouillettement appointés ? Cependant, pour être honnête, force est de constater que c'est une des seules émissions qui prend encore le temps de développer un sujet, au risque d'ailleurs de quelques fois s'emmêler les pédales, ou - pire - de nous endormir.
SupprimerÀ propos de zeks.
RépondreSupprimerMais pourquoi écrire en blanc sur fond noir, bon sang !
SupprimerN'oublions pas ce légendaire intervenant de cette émission, censé être un spécialiste du monde arabe, qui nous avait gratifié d'un très savant : "Le corps de Ben Laden a été jeté dans la mer pour ne pas aller au Paradis", le même qui se félicite de la révolution en Tunisie et qui avait rédigé un opuscule hagiographique à la gloire de Ben Ali.
RépondreSupprimerVous devriez faire un billet sur "rendez-vous en terre inconnue".
RépondreSupprimerJosiane Balasko que je n'aime pas pour diverses raisons a dit à ce sujet, et je l'approuve entièrement: ""Je ne me sens pas, moi, privilégiée, riche, connue, d'aller voir des gens qui vivent culs nus et qui n'ont rien, et de jouer avec les bons sauvages et montrer mes larmes en disant c'est formidable. C'est une forme d'indécence que je n'aime pas. Un échange avec le civilisé occidental, et après ? Pour moi, c'est de la téléréalité d'une autre manière. Ces gens qu'on va voir, qui sont simples, honnêtes, authentiques, ils vont avoir un échange pendant trois semaines avec le civilisé occidental, et après qu'est-ce qui se passe ? Quel est le trauma qu'on a apporté à ces gens ? Est-ce qu'on est revenu les filmer trois semaines ou deux mois après pour savoir ce qui s'est passé parce qu'ils ont reçu un tel de mon cul sur la commode, et qu'ils ont pleuré ensemble, parce que c'était formidable et tellement émouvant ?Je ne condamne pas, je comprends tout à fait qu'on puisse le faire. Mais c'est comme ça que moi je le juge,"
Le prochain c'est Arthur et Patrick Timsit a dit à ce sujet: "La terre inconnue pour lui ce serait un centre des impôts."
Et sinon, c'est quoi le psychotrope qui suscite les visions et guide la plume pour un tel billet ? J'en veux aussi !
RépondreSupprimerSur le même sujet :
RépondreSupprimerhttp://rabouilleur.wordpress.com/2014/05/09/virginie-martin-reine-du-paf/