Nous venons d'aller récupérer Golo à la clinique vétérinaire de Saint-Aquilin, suite à une bénigne opération de la patte avant gauche, pratiquée hier soir. Évidemment, afin d'éviter les léchouilleries néfastes, elle est affublée d'une collerette de plastique blanc qui lui enserre la tête à la façon d'un entonnoir : elle semble la tolérer assez bien.
Assez bien pour un chat, ces pittoresques félidés devenant fréquemment à moitié hystériques lorsqu'ils se retrouvent ainsi affublés. Plus confiants, ou d'une nature davantage résignée, les chiens s'en accommodent en général beaucoup mieux ; mais aucun, je crois, au point de Balbec.
Suite à une opération dont j'ai perdu le souvenir de sa nature exacte, il avait dû lui aussi passer par cette épreuve durant une dizaine voire une quinzaine de jours. Dès le lendemain de son retour à la maison, nous comprîmes qu'il était inutile d'attacher l'engin autour de son cou, car il ne cherchait nullement à s'en débarrasser. Au bout de trois jours, nous lui retirions dans la journée puisque, ne nous quittant jamais d'une patte, il était facile de l'empêcher de mordiller les fils de la cicatrice. Nous ne lui remettions la collerette que si nous devions sortir, et chaque soir au moment du coucher. L'affaire était fort simple. Je saisissais l'entonnoir par sa partie large et le tendait vers le chien en disant : « Balbec ! Ta collerette ! » Et, docile, avec même un rien d'empressement, il venait glisser son museau par l'ouverture étroite, avant de rejoindre son panier – ce qui n'est qu'une image car ce chien-là a toujours obstinément refusé de dormir dans le panier que nous avions acheté pour lui, préférant la dureté lisse du carrelage.
Et voilà comment, depuis une grosse demi-heure, je ne fais que penser à ce gros ours, mort depuis dix ans, presque mois pour mois. La collerette de plastique, c'est ma madeleine à moi.
C’est le moment de citer un auteur qui a récemment fait parler de lui :
RépondreSupprimer"Tant que vous n’avez pas aimé un animal, une partie de votre âme sera toujours sans éclat, endormie."
Anatole France
Il a fait parler de lui, l'Anatole ?
SupprimerOn peut même dire qu’il a acquis une nouvelle célébrité .
SupprimerIl n'y a aucun doute là-dessus : la fabrique du crétin tourne à plein régime !
SupprimerLe doux regard de Golo convient pile poil (si je peux me permettre) à ce beau billet.
RépondreSupprimerJe dispose d'une excellente photographe…
SupprimerQuand on pense à ces boules de polis qui ne sont plus, on devient humain.
RépondreSupprimerPas toujours !
SupprimerSt Aquilin, près de St Astier ?
RépondreSupprimerNon : près de Pacy-sur-Eure.
SupprimerFaux avoir du nez quand même.
SupprimerOn a encore frôlé la nauséabonderie : Golo, Geneviève de Brabant, le palatin Siffroi, Charles Martel… Si vous croyez qu’on ne voit pas où vous voulez en venir, avec vos chats…
RépondreSupprimerVous êtes tombé presque juste : Golo s'appelle en effet ainsi par référence au Golo de Geneviève de Brabant. Mais c'est à cause de Proust, qui en parle dans Combray, dans la scène de la lanterne magique.
SupprimerJe m'en doutais. Mais n'empêche...
Supprimerje sais pas comment vous faites pour rester sans chien.
RépondreSupprimerMais nous avons un chien !
SupprimerAyant acquis, récemment, un félin, je lis vos billets les concernant avec passion! Si si!
RépondreSupprimerD'autre part, je vous remercie pour les conseils que je suis à la lettre ...
Oh, à la lettre, n'exagérez pas : je ne suis ni vétérinaire, ni "psychologue félin" !
SupprimerIl m'est très agréable de pouvoir vous écrire - sans que personne y puisse trouver à redire - que vous avez un chat merveilleux !
RépondreSupprimerLe talent de la photographe y entre pour beaucoup ; en fait – mais n'allez pas lui répéter –, Golo est un chat assez ordinaire…
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