La cabane à graines, c'est un peu comme un Mac Do suspendu : chacun y consomme à sa convenance, ou selon les exigences de sa race. Les chardonnerets, de plus en plus nombreux à mesure que l'hiver gagne en intensité, sont adeptes du “sur place” : quand l'un arrive à la mangeoire, tel celui de la photographie, on peut être sûr, si rien ne vient le perturber, qu'il ne quittera pas la place avant d'être rassasié. Les mésanges, par contre, aussi bien charbonnières que bleues (une de chaque sorte sur la photo) pratiquent un “à emporter” de stricte observance : elles arrivent, se posent, piquent rapidement une graine de tournesol et s'envolent pour aller banqueter plus loin ; certaines se contentent de monter dans le cerisier de deux ou trois branches, d'autres disparaissent dans le verger des voisins ; avant de revenir une minute plus tard quérir une nouvelle graine : un repas très physique, comme on voit. Il y a aussi ceux que l'on pourrait appeler les miséreux – moineaux, pinsons, rouge-gorge essentiellement –, qui se contentent de picorer les graines tombées au pied de l'arbre, sans jamais oser s'inviter au restaurant lui-même : ils “font” les poubelles du fast-food, en quelque sorte. Heureusement pour eux, le gâchis est d'importance, notamment grâce aux verdiers.
J'ai déjà évoqué ici même ces oiseaux qui ne se déplacent qu'en bande et que nous avons surnommés les cailleras, pour ce qu'ils passent plus de temps à s'empêcher les uns les autres d'accéder à la mangeoire qu'à se nourrir ; résultat prévisible de leurs incessantes chicanes : ils font tomber force graines par terre, dont profitent nos miséreux. L'ardeur des verdiers à se battre entre eux, jointe au fait qu'ils semblent néanmoins inséparables et toujours prêts à s'allier contre les mésanges et les chardonnerets, tout ce modus vivendi nous a conduits à l'hypothèse que, peut-être, comme chez certains mammifères affligés de bipédie, il y aurait des verdiers chi'ites et des verdiers sunnites, ce qui expliquerait l'ambiance particulière qu'ils instaurent dès qu'ils arrivent. Nous formons régulièrement des vœux pour qu'il n'existe pas de verdiers salafistes, car l'idée de voir le jardin parcouru en tous sens par de petites bombes volantes n'a rien de rassurant.
Il faudrait aussi parler des merles et de leurs merlettes, chez qui l'ornitho-féminisme ne semble pas encore avoir répandu ses bienfaits ; mais on verra une prochaine fois : pour l'heure, ma propre mangeoire m'attend pour y casser une petite graine.
Et moi qui vous croyais occupé à écrire la nécro de la reine d'Angleterre !
RépondreSupprimerMais elle n'est pas morte ! (Enfin, je crois…)
SupprimerLe vivre-ensemble à l'exemple des oiseaux. Sympa!
RépondreSupprimerEt quid de ceux qui viennent juste prendre un ver(re)?
Il y en a ! Car on a également prévu deux abreuvoirs (dont l'eau gèle toutes les nuits en ce moment, et qu'il faut donc arroser d'eau chaude le matin), fréquentés principalement par les mésanges, lesquelles s'en servent aussi de baignoires.
SupprimerAh, ces oiseaux qui se baignent dans leur verre... aucune tenue! ;-)
SupprimerEn revanche, ils ne se privent pas de marcher dedans.
RépondreSupprimerGrande nouvelle : j'ai naguère aperçu le premier chardonneret depuis des années. Malheureusement, comme j'oublie d'acheter des sacs de graines, l'expérience ne s'est pas renouvelée.Demain, j'en achète. Ou après-demain. Enfin, bientôt...
RépondreSupprimerRègle à observer impérativement : si vous commencez à nourrir les oiseaux, il faut ensuite le faire sérieusement, c'est-à-dire que votre cabane à graines soit toujours garnie. Mais pas de repas intermittents ! Ce qui risque d'être difficile pour vous, l'éternel vagabond normando-corrézien…
SupprimerPS : Merci pour ce talentueux constat des mœurs aviaires.
RépondreSupprimerVous n'avez plus votre collaboration avec cette revue animalière ? ça ferait une charmante chronique
RépondreSupprimerCe n'était pas une revue animalière, mais la "page animaux" de Détective.
SupprimerLes chardonnerets sont d'excellents chanteurs que des gougnafiers dénichaient (j'espère que mon passé n'est plus un présent) pour les mettre en cage et les vendre sous le manteau au marché aux oiseaux.
RépondreSupprimerDurant mon enfance, j'ai toujours vu des chardonnerets (et d'autres) dans la cuisine de mes grands-parents maternels. Mais mon grand-père allait les chercher lui-même au nid. Et il n'en faisait pas commerce.
SupprimerFaites attention à la concurrence, LIDL serait capable de venir pour installer une mangeoire à son enseigne.
RépondreSupprimerJe les attends…
Supprimer..."Puis il envoie les administrés au diable ;
RépondreSupprimeret la Muse des comices agricoles n’a plus qu’à se voiler la face.
Voile-toi la face, à Muse des comices agricoles !..
Lorsque, au bout d’une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître,
sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d’horreur...
M. le sous-préfet était couché sur le ventre, dans l’herbe, débraillé comme un bohème. Il avait mis son habit bas ;
... et, tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers."
Voilà à qui vous me faites penser 🙂
Hélène dici
Si je me mettais à faire des vers, les oiseaux viendraient sans doute me les bouffer !
Supprimer" chacun y consomme à sa convenance, ou selon les exigences de sa race."
RépondreSupprimerOui, c'est bien un blog réac, finalement !
Comme si la démonstration n'avait jamais existé.
RépondreSupprimerDécidément, le second degré passe mal, sur les forums de discussions...
SupprimerCe doit être pour cela qu'on a inventé les "smileys"…
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=fr-IJ5FURp0
RépondreSupprimerJolie chronique du nouvel an, qui a en outre l'avantage de nous démontrer que l'auteur cynique et impitoyable que vous aimez jouer n'existe pas. Vous êtes en réalité un gentleman débonnaire, grand observateur de la nature et bon avec les bêtes... merci pour tout cela !
RépondreSupprimerJe fais semblant d'être bon et débonnaire : c'est en quoi je suis réellement cynique.
SupprimerBien joué, Callaghan !
SupprimerEt pendant que vous nous faites de la poésie sur les chardonnerets à qui pas grand monde ne veut du mal, vous laissez aux seuls Helvètes le soin d'élaborer une loi qui empêcherait tout ce qui cuisine pour les grands de ce monde, d'ébouillanter les homards !
RépondreSupprimerJ'avoue que, chaque fois qu'il m'est arrivé de manger un homard, j'ai toujours évité de penser à ce qui lui était arrivé juste avant d'atterrir dans mon assiette…
SupprimerLa prochaine bataille, ce sera celle contre les sadiques qui font dégorger les escargots.
SupprimerSi vous étiez comme moi tranquillement végétariens, tous ces tourments vous seraient épargnés...
SupprimerCe sont les Gypaetes barbus qui sont salafistes...
RépondreSupprimerHeureusement, ils sont trop gros pour accéder au "chalet", comme le nomme Fredi Maque ci-dessous !
SupprimerMais ils portent de plus grosses bombes... gare à la Case!
SupprimerOncle Pluton
Le Y dans « ornytho-féminisme » n'a pas été remplacé par un I ?
RépondreSupprimerPersonne ne l'a signalé ?
Oui, tiens, qu'est-ce qui m'a pris ?
SupprimerPour moi ce sera une boîte de 9 Ortolans Mc Nuggets !
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