Regroupés en une solide armée, trois lecteurs de ce blog me pressent de toutes parts pour que je publie un nouveau billet. Mais pour parler de quoi ? De politique française ? Du beau temps qui revient ? D'un carnage anglais qui ne doit surtout pas entraîner d'amalgames ? Mais pour parler de qui ? De M. Macron ? Des Républicains ralliés et de ceux qui les boudent ? De Pujadas outragé, Pujadas brisé, Pujadas martyrisé ? Restons sérieux, voulez-vous bien.
Évidemment, je pourrais vous entretenir assez longuement d'Alejo Carpentier, magnifique écrivain en compagnie de qui je vis depuis près d'une semaine, qui fait partie de ces grands Sud-Américains découverts autour de ma vingtième année et que j'exhume l'un après l'autre, quarante ans plus tard, ce qui entraîne de bonnes surprises (Vargas Llosa) et de mauvaises (Garcia Marquez). Depuis le début de ces travaux d'archéologie littéraire, Carpentier est ce qui m'est arrivé de meilleur. Et je pourrais facilement vous livrer une demi-douzaine de pages, pour vous dire tout le bien que je pense du Partage des eaux, du Siècle des lumières, ainsi que du Recours de la méthode que je suis occupé à terminer aujourd'hui. Je crois que je m'attacherais à montrer en quoi, tout en étant uniques, différents les uns des autres, ces trois magnifiques romans ont tout de même une forte unité, qui est celle de la vision et du style de leur auteur.
Mais je suis fatigué rien que d'y penser. Et puis, quoi : vous n'avez pas besoin de moi. Lancez-vous ! Ces trois livres sont disponibles d'occasion pour quelques piastres : achetez n'importe lequel, en vous laissant guider par leurs titres ou votre humeur, et sautez-y à pieds joints. Ou plutôt “tête la première”, car l'eau est d'une grande importance chez Carpentier ; celle du fleuve amazonien que l'on remonte dans Le Partage des eaux ; celles des mers Caraïbes que l'on écume à ses risques et périls à l'époque de la Révolution française et de l'Empire dans Le Siècle des lumières ; celles de l'Atlantique, enfin, que traverse plusieurs fois dans les deux sens le savoureux dictateur du Recours de la méthode, au gré des golpes que tentent les généraux de son pays pour le renverser, dès qu'il se trouve en France pour se livrer à ses instincts lubriques.
Du reste, rien n'est plus normal que ces traversées (il y en a aussi dans Le Siècle des lumières), dans la mesure où, de nationalité cubaine, Alejo Carpentier est pourtant né d'un père breton et d'une mère russe élevée à Genève, et a vécu un quart de siècle (mais en deux fois) à Paris. Un exemple de métissage parfaitement réussi : il en faut.
Remarquable roman, en effet.
RépondreSupprimerVous devriez passer à Bolaño, après (si ce n'est déjà fait)...
RépondreSupprimerJ'ai lu 2666 : à ma grande et courte honte, je dois avouer n'y avoir pas compris grand-chose. Enfin, disons que j'ai eu l'impression assez frustrante de demeurer constamment à l'extérieur du livre.
SupprimerEssayez quand même le troisième Reich (aucun rapport direct avec les HPS...), la piste de glace, ou les détectives sauvages, qui ne posent, à mon avis, aucun problème de compréhension. 2666, il faut accepter de ne pas tout comprendre et on n'est pas toujours dans l'état d'esprit pour ça,
SupprimerPhoto terrifiante: cette pile de livres à dédicacer, et pas un seul acheteur...
RépondreSupprimerJe pense que la photo n'a pas été prise dans une quelconque librairie ou foire du livre, mais dans les locaux de Gallimard : il s'agit de rédiger les envois pour les journalistes, les "personnalités", etc. Ce qui explique l'air profondément accablé du malheureux vieillard…
SupprimerIl n'avait que 71 ans lorsque cette photo a été prise. Aujourd'hui, un vieillard du même âge aurait sans doute un aspect moins usé.
SupprimerSympa !
RépondreSupprimerPour une fois qu'on le tient... Didier Goux, plus fuyant qu'une tanche depuis sa mise en retraite et ses disciples qui se lamentent, solitaires et incompris.
Il est question d'une brève escapade lundi et mardi. en principe ici.
RépondreSupprimerAh! oui joli, dans le Calvados. Tout un poème...
RépondreSupprimerVous repérez les Relais & Châteaux de France en vue de situer l'intrigue d'un prochain roman ?
RépondreSupprimerJe n'écris plus de roman…
RépondreSupprimerAu moins vous pourriez, depuis les luxueux châteaux où vous aimez désormais à vous prélassez, nous gratifier d'une sorte de journal de bord. Vous aurez sans aucun doute un style nettement plus raffiné que cet autre châtelain littéraire qu'est Renaud Camus !
RépondreSupprimer&l'euro Carpentier est un immense écrivain, que j'ai moi aussi découvert à l'adolescence, mais c'est aussi un musicologue qui redécouvert les partitions d'Esteban Salas, qui est pour moi un des grands musiciens baroque du nouveau monde. La musique tient une grande place dans ses romans et j'aime tellement l'écrivain que j'ai lu tous jusqu'à son histoire de la musique cubaine.
RépondreSupprimerJe viens de relire mon mot, que de fautes, je suis désolée.
RépondreSupprimerVous pourriez aussi faire les choses de signer vos commentaires ! En principe, si j'étais obéissant à mes propres règles (voir ci-dessous), j'aurais dû les supprimer impitoyablement…
SupprimerFaire l'effort, et non "les choses", bon sang !
SupprimerC'est une suggestion sérieuse : où que vous soyez, au bord de la piscine, au bar en sirotant du champagne avec votre épouse, ou encore sur le parcours de golf, vous pourriez pianoter quelques mots sur votre ordinateur portable à l'attention de votre fan club esseulé...
RépondreSupprimerAu bord de la piscine ! LOL. Au golf, double LOL !
RépondreSupprimerUn roman policier avec pour personnages principaux M. Goux, écrivain et Mme Goux, photographe, entraînés bien malgré eux dans de troubles et excitantes intrigues ayant pour cadre le Castel Marie-Louise, autour du golf et de la piscine, avec comme personnages secondaires quelques écrivains et attachés consulaires sud-américains.
RépondreSupprimerJe suis ravi que le roman vous plaise ! Le Partage des eaux a quelque chose d'encore plus fascinant, dans la richesse de l'écriture, sorte d'efflorescence tropicale toujours maîtrisée. Quant au Recours de la méthode, c'est un portrait de dictateur comme seuls les grands Sud-Américains ont su en brosser (même si le tout premier, chronologiquement, Tirano Banderas, est né de la plume d'un écrivain espagnol) : irrésistible !
RépondreSupprimerDifficile à dire : je n'ai pas lu le moindre roman d'Eco depuis Le Pendule de Foucault…
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