J'aime ce long moment que je prends en acompte au jour. Je me lève entre quatre heures et demie et cinq heures : la nuit est encore si parfaite que le village semble n'exister pas ; il attend un signal. Avec, en accompagnement, le cliquetis griffu des animaux jouant à se poursuivre d'une pièce à l'autre, la lecture est plus calme et plus profonde que sous le soleil, quand on sait que personne d'autre ne lit que soi. Mais le temps qui paraît immobile passe très vite ; il est déjà six heures, ou il va l'être. Je sors sur la terrasse, café en main et Charlus en escorte, juste avant qu'elles ne sonnent, pour voir s'allumer tous ensemble les réverbères automatiques des rues. Dès que se répandent leurs petites flaques de lumière jaune, ce sont les faux semblants qui commencent, et croyant à la venue du jour, dans la seconde ou presque, les coqs s'épuisent en fanfares. Au café suivant il sera six heures et demie, et leur pétarade de cuivres aura déjà été remplacée par le concert des merles ; la nuit se retire.
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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.