Tout à l'heure, à la suite d'un commentaire un peu trop copieux et bourratif de ma part (moi qui suis d'ordinaire la légèreté même, chacun sait), sur un blog où nous nous invitons parfois lui et moi, M. Arié m'a fait remarquer, avec un nuage d'ironie comme sur le thé le lait, que si c'était pour venir écrire mes billets chez les autres, j'aurais aussi vite fait de rouvrir mon blog (c'est l'idée, c'est pas les mots, comme disait ma rédactrice en chef il y a quelques années). J'ai bien dû reconnaître qu'il n'avait pas tort – donc voilà. Le commentaire dont auquel était le suivant :
« À propos d’anti-sarkozysme (dont il est question un peu plus
haut dans ce « fil »), je suis en train de terminer le livre de Patrick
Buisson intitulé La Cause du peuple, et je me demande pourquoi, sinon par préjugé, par a-priorisme,
il n’est pas devenu la bible de tous les antisarkozystes, tant
l’ex-président en ressort en lambeaux. Il n’est d’ailleurs pas le seul,
loin de là. Parmi les mieux « servis », Henri Guaino et encore plus
Carla Bruni ; mais aussi Brice Hortefeux et NKM. Le livre est évidemment, pour une part, un plaidoyer pro domo,
couplé avec une plongée dans le quinquennat de Sarkozy. Mais, s’il
n’était que cela, je ne serais sans doute pas allé plus loin que les
trente ou quarante premières pages. Or, il se trouve que Buisson est
surtout un analyste particulièrement perspicace et profond des fractures
béantes qui minent le peuple français (même si on n’est pas d’accord
avec ses conclusions). Et que, de plus, il n’est pas, stylistiquement
parlant, dénué d’un certain panache, même s’il a l’irritante faiblesse
de céder aux tics langagiers les plus stupides de l’époque (« initier »
dans le sens de commencer ou lancer, « au final », « acter », etc.) Bref, c’est un livre que tout un chacun pourrait lire avec profit. À
condition d’éprouver encore un soupçon d’intérêt pour le peuple français
évidemment. »
Au chapitre des curieuses lacunes langagières de M. Buisson, il y a celle-ci qu'il semble ignorer l'existence de deux verbes “ressortir” : l'un, le plus courant, ressortir de, du troisième groupe et voulant dire “sortir à nouveau” ; l'autre, ressortir à, appartient au deuxième groupe et signifie “relever de”. Il est tout de même bien étrange qu'un homme de sa culture méconnaisse ce distinguo, comme il le prouve à deux reprises dans son livre ; qui, malgré cela, reste une riche lecture.
Je ne sais si c'est le fait d'avoir fugitivement fermé blog et journal, et donc de me sentir seul au monde, protégé des chafouins et des envieux, mais je me vautre depuis deux jours dans le réactionnariat le plus éhonté puisque, au sortir du Buisson, je m'apprête à m'enfoncer dans le maquis maurassien, m'étant offert le volume qui vient de sortir dans la collection Bouquins de Robert Laffont, lequel rassemble aussi bien les textes autobiographiques et esthétiques de Maurras que ses poèmes et, naturellement, ses grands écrits politiques.
L'amusant est que la préface à ce recueil de mille deux cents pages est due à un certain Jean-Christophe Buisson : je ne sors pas des lectures épineuses.