Parvenu à peu de chose près à la moitié du roman, je ne peux pas dire que Robinson Crusoé
me séduise beaucoup. D'abord, on s'y ennuie tout de même pas mal, avec
ces descriptions interminables des mille et un travaux que le naufragé
doit exécuter pour tenter d'assurer sa survie. Certes, il est sans doute
toujours utile de savoir comment s'y prendre pour tailler des pieux et
se monter une petite clôture, mais enfin…
Ensuite, il me paraît que
l'ensemble est tout à fait impossible à croire. Voilà un jeune homme né
en ville – à York pour être précis –, qui nous informe dès le début
qu'il n'a jamais appris aucun métier, qui s'est ensuite, certes,
vaguement occupé un temps d'une plantation au Brésil, et qui, soudain,
se trouve capable d'exercer à peu près tous les artisanats, de tresser
des paniers, de tourner l'argile pour en faire des pots, de se creuser
une pirogue (et même deux !) dans un tronc d'arbre, de récolter du blé,
d'en faire de la farine puis du pain, d'apprivoiser des chèvres pour se
monter un troupeau, de se faire couturière pour remplacer ses fringues
usagées, et ainsi de suite. Il est même d'une habileté redoutable,
puisque capable de se confectionner un parasol repliable !
Avec
tout cela, des négligences incompréhensibles. Lorsque Robinson
débarque sur son île, il a avec lui un chien, rescapé comme lui. (Il a
aussi deux chattes, mais pour l'heure on s'en fout un peu.) Or, dans la
suite, alors qu'on s'attend à lui voir jouer au moins un petit rôle de
compagnon, quasiment plus rien. Lorsque Robinson, dans sa pirogue
fraîchement creusée, part faire le tour de son île, il reste absent plus
d'une semaine, suite à diverses difficultés : et le chien alors ? Soit
il l'a embarqué avec lui, mais alors il faudrait au moins nous le
signaler, soit il l'a laissé at home. Auquel cas, il mange quoi,
ce pauvre cador ? Il se prépare sa pâtée tout seul ? À un moment, Robinson nous signale que l'animal est
devenu vieux et infirme. Et c'est tout : entre le naufrage et cette
brève notation, des années plus tard, le chien est quasiment inexistant,
tout en étant censé se trouver là, avec son maître.
Je
poursuis tout de même ma lecture, au moins jusqu'à l'arrivée de
Vendredi, qui va peut-être mettre un peu d'animation dans la casemate :
un soupçon de vivre-ensemble ne pourra que pimenter agréablement ce
morne récit. Et puis, tout de même : la vie d'un homme confiné au grand
air, en ce moment, ça dépayse méchamment.
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